Apophtegmes du désert : Saint Antoine le Grand - Apophtegme 5 : Saint Antoine et les trois piliers du salut
Saint Antoine le Grand - Apophtegme 5
A întrebat cineva pe avva Antonie, zicând : « ce trebuie să păzesc eu ca să plac lui Dumnezeu ? ». și răspunzând bătrânul, a zis lui : « cele ce- ți poruncesc ție, păzește-le : oriunde vei merge, pe Dumnezeu să-L ai înaintea ta totdeauna, orice vei face, să ai mărturie din Sfintele Scripturi și ori în ce loc vei ședea, să nu te miști degrabă. Pe acestea trei păzește-le și te vei mântui ».
traduction proposée
Quelqu’un a demandé à Abba Antoine, disant : « Que dois-je observer pour plaire à Dieu ? ». L’ancien, lui répondant lui a dit : « Ce que je te dis, observe-le : quel que soit le lieu où tu vas, que Dieu soit toujours devant toi ; quoi que tu fasses, aie le témoignage des Saintes Écritures ; quel que soit le lieu où tu demeures, ne te hâte pas. Si tu observes ces trois choses tu seras sauvé »
Commentaire/Analyse
Comme d’habitude, un texte court et subtil. Presque aussi court qu’un haïku (petit poème japonais très bref, de généralement trois vers), mais très profond. Première remarque, l’interlocuteur ne demande pas à Saint Antoine d’être sauvé. Il lui demande de pouvoir plaire à Dieu. On pourra répondre qu’il n’y a pas de nuances, mais il y a une nuance, et c’est justement l’un des premiers enseignements de cet apophtegme. On voit une dynamique question-plaire et réponse-salut. Plusieurs possibilités de lecture ici : d’abord celle qui va poser une équivalence entre le fait de plaire et Dieu et le fait d’être sauvé. La nuance est une volonté littéraire de non répétition dans le texte. Pourquoi pas. Je propose néanmoins de voir ici une sorte de dialogue invisible qui serait plutôt :
- Je veux plaire à Dieu
- Ceci est une attitude qui se coupe de l’essentiel. Le but n’est pas de « plaire » à Dieu, mais d’être sauvé. Je ne vais donc pas répondre à ta question inutile, mais comment être sauvé.
Analysons maintenant les trois piliers du salut selon Saint Antoine, le Père des moines…
Le premier est de toujours se souvenir que Dieu est toujours présent. Nous faisons des choses lorsque nous sommes seuls, ou avec certaines personnes, que nous ne ferions pas devant d’autres personnes. Par exemple, nous utilisons des fois un langage qui ne conviendrait pas à une réunion familiale, ou devant les enfants. Nous gagnerions beaucoup à considérer Dieu de la sorte, fragile comme un enfant de 5 ans. Nous n’emmènerions pas un enfant de 5 ans dans une boîte de nuit. Ainsi, n’y allons jamais… L’invisibilité de Dieu conjuguée à notre connaissance intellectuelle de sa présence est une source immense de désobéissance. Si un ange de lumière était en permanence avec nous, nous ne pécherions pas… mais nous ne serions pas libres. Une bonne définition du saint, est celui qui se souvient tout le temps qu’il vit sous le regard de Dieu.
Le second permet d’illustrer avec précision le premier. En effet, tous les idolâtres et hérétiques du monde s’essaient à la même discipline : considérer leur idole comme étant présente et toute puissante. Il ne fait pas de doute que les hérétiques musulmans essaient de se souvenir que Dieu est présent, mais leur dieu n’est pas Dieu. Il est bien évidemment faux de croire que chrétiens et musulmans ont le même Dieu, puisque les postulats sur Dieu sont différents. Les Saintes Écritures, bien lues et bien comprises sont le moyen infaillible de saisir qui est le vrai Dieu qui est toujours présent et dont nous devons acquérir la conscience de cette présence. Les Écritures doivent donc êtres lues, priées et méditées quotidiennement. C’est une façon de rendre Dieu présent, car il est l’inspirateur de ces textes.
Le troisième pilier permet aussi de définir le second, comme le second précisait le premier. Car, il existe plusieurs lectures des Écritures, et de multiples hérésies provenant parfois de ces différentes lectures. Attention à bien saisir la dynamique ici : un verset des Écritures peut se lire de multiples façons, car la pensée divine qui l’a inspiré est infinie. Néanmoins, il peut y avoir des lectures déviantes, dont l’histoire fut riche, qui ne sont pas le sujet ici. Et c’est là-dessus que porte le troisième point, un peu mystérieux de Saint Antoine. Lorsque tu es dans un lieu qui permet de lire les Écritures, ne soit pas pressé de comprendre. Donne toi le temps. Reste et travaille avec ceux qui ont déjà suivi ce chemin exigeant. Car tu ne peux pas lire le texte seul. Le texte biblique se lit en église. Au sein d’une communauté, d’une paroisse. Ces trois piliers sont valables aussi bien pour nous aujourd’hui, qu’au désert égyptien où Antoine a initié tout le fabuleux monachisme du désert.