Exégèse biblique : livre de la Genèse, préambule théologique
La Genèse annonce dès le départ, sans le justifier, sans le démontrer, qu’il y a un Dieu créateur et transcendant. Cette affirmation est la pierre d’angle philosophique de toute la révélation biblique. Ainsi, les fondations de notre foi orthodoxe sont celles d’un Dieu créateur qui raconte sa création dans le récit de la Genèse. Ce récit nous expose à nous, humanité, que nous a été donné la domination sur le monde qui nous héberge, que nous avons des ennemis que nous allons vaincre, et que notre domination et notre victoire passent par la descendance d’Abraham. Nous autres chrétiens, connaissons cette descendance : il s’agit de Jésus Christ.
La Genèse est donc à la fois à la rencontre de l’histoire puisqu’elle nous décrit le passé, et de l’eschatologie puisqu’elle nous décrit l’avenir. Même le NT est impensable sans la Genèse. Matthieu et Luc exposent des généalogies du Seigneur remontant jusqu’Abraham ou Adam. Paul parle d’Abraham et Adam. L’apocalypse de Jean dévoile une résolution cosmique de tous les soucis qui sont exposés dans la Genèse. Nous ne saurions nous passer d’aucun livre dans la Bible, c’est bien évident. Mais se passer de la Genèse est véritablement impensable. Ce serait perdre la vision orthodoxe du monde, de l’humanité et de l’histoire.
En 2 Chr 25:4 « Mais il ne fit pas mourir leurs fils, car il agit selon ce qui est écrit dans la loi, dans le livre de Moïse, où l’Éternel donne ce commandement:… » on voit que Moïse a écrit ce qui est considéré comme un seul livre, et il s’agit ici de tout le Pentateuque. Jésus reprend la même expression en Mc 12:26 « Pour ce qui est de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu, dans le livre de Moïse, ce que Dieu lui dit, à propos du buisson: Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob ? ». On voit que livre de Moïse et Loi de Moïse sont interchangeables. Ainsi il faut bien comprendre que la Genèse, bien qu’étant une partie du Pentateuque, est indissociable des 4 autres livres. Il ne faut donc pas la considérer seule, mais dans le Pentateuque et aussi dans toute la Bible. En effet, il y a une cohérence dans toutes les promesses qui sont faites à Abraham : la promesse des descendants qu’on voit débuter dès la Genèse, la promesse de relation avec Dieu qui va commencer à s’accomplir dans l’Exode et le Lévitique, la promesse de la terre qui va commencer à s’accomplir dans le livre des Nombres et qui va s’intensifier dans le Deutéronome. Ainsi, on voit que tout se déploie ensuite, en dehors du Pentateuque. La terre sera conquise de façon effective dans le livre de Josué qui n’est pas dans le Pentateuque. Mais on voit bien, que la Genèse pose toutes les problématiques. Avant d’étudier en détail le premier verset, il est évident qu’il faille adresser la toute première des problématiques : celle de notre attitude vis-à-vis du texte : le problème de la science moderne et la théologie de création. Le premier problème, est donc un problème de foi, de fidélité.
Comme le dit un théologien créationniste, dont je vais reprendre une bonne partie de l’exposé tant il est bien construit, qui n’est même pas orthodoxe, mais qui a raison sur ce point là : La création est une problématique théologique. Elle n’est pas une problématique scientifique. Notre seule source d’information sur la création vient de la Bible. La Genèse n’est pas le seul livre qui donne des renseignements sur la création. Il y a le livre de Job par exemple qui en donne également. Toute étude de la création ne peut avoir lieu que dans le paradigme de la théologie, car elle retrace ce que Dieu a jugé nécessaire de nous révéler. A une époque de plus grande intelligence, la théologie était appelée « reine des sciences ». Les gens de cette époque avaient compris que la théologie est le règne de la vérité. Toutes les autres sources de savoir et de connaissances s’effacent devant la théologie, et ainsi la science. Pendant des siècles, des millénaires mêmes, la création était une problématique théologique. Pas scientifique. Puis la science est venue donner des coups de boutoir dans la théologie. Des attaques d’une grande violence : Copernic, Darwin, Hubble ont produit des travaux terribles si l’on regarde les choses sous l’angle de la sotériologie (c’est-à-dire sous l’angle du salut). Pourtant, si l’on veut savoir comment l’univers s’est créé, c’est la théologie qu’il faut interroger, pas la science. La source de la théologie, vous le savez, est double : tradition de l’Eglise et canon biblique. Le credo affirme la création. La Bible n’expose pas des théories. Elle énonce des faits. Quel que soit le sujet qu’elle aborde, elle dit la vérité. La création de notre monde s’est faite sans témoin. Personne ne peut dire : « j’y étais, cela s’est passé de telle ou telle façon ». Il n’y a pas de témoin oculaire. Les deux premiers versets sont très précis et directs pour relater comment la création a débuté. Le tout premier verset est difficilement ambigu : « au commencement, Dieu créa les cieux et la terre ». Avant Copernic, Darwin et Hubble, personne n’était troublé par ce verset. Tout le monde le comprenait assez facilement. Un enfant, même jeune, peut le comprendre facilement. Le premier chapitre de la Genèse nous dit, que Dieu a créé tout le monde que nous connaissons, en 6 jours de 24 heures. C’est ce que dit le texte. Tout le monde en lisant cela, comprend cela.
« au commencement, Dieu créa les cieux et la terre » est la surface des choses. Le texte est en fait beaucoup plus riche. Mais sa richesse ne vient pas en contradiction avec son enseignement premier. Sa richesse vient nous donner des précisions incroyables. Mais avant de plonger dans cette richesse, vous devez comprendre que le texte ici s’adresse à vous. Croyez vous ce que dit le texte ? Croyez-vous ce que dit la Bible ? Car ce que dit la Bible dans ces versets décrivant la création, est contraire à ce que disent Copernic, Darwin, Hubble. Il y a ici un test. Une épreuve spirituelle. Dieu a fait en sorte que cela se produise exactement au départ. Pas besoin d’attendre de nombreuses pages pour avoir à se déterminer. Dès le départ, vous êtes confronté à un test : y croyez vous ? Vous rendez vous à ce que disent les Ecritures ? vous ne pouvez pas changer ce qui est écrit ici. Vous ne pouvez pas l’embellir. Il faut l’accepter ou le rejeter. Mais pourquoi la science devrait-elle se taire me direz-vous ? Beaucoup considèrent, tout en se proclamant chrétiens, que le récit donné dans la Genèse est inadéquat avec la vérité scientifique, et que nous devons l’adapter pour concilier ce qu’a écrit Moïse et ce qu’ont dit Copernic, Darwin, et Hubble. Pourtant, la science ne peut rien expliquer, et n’est d’aucune aide sur la compréhension de la création. Il n’y a pas de science de la création, et il ne peut pas exister, et n’existera jamais une science de la création. Cela n’existe pas. Pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas expliquer scientifiquement la création. Il n’y a pas eu un évènement naturel ou une série d’évènements naturels qui ont conduit à la création. C’était un événement qui échappe à la nature. C’était surnaturel. La science ne peut rien expliquer là-dessus. Pourquoi ne peut-il y avoir une science de la création ? Parce que la science est basée sur l’observation. Personne n’a observé la création. Toute science demande une vérification par répétition. Pouvons nous répéter la création ? Non ! donc elle ne peut être vérifiée sous l’angle scientifique. La création n’a pas eu lieu suite à des lois naturelles prédictibles, observables, fixes et répétables. C’est même tout l’inverse. La création a eu lieu à la suite d’événements surnaturels simultanés et totalement miraculeux. C’est pourquoi vous ne trouverez rien dans le texte de Moïse se rapportant, ouvertement ou de façon allusive, à la théorie de l’évolution darwinienne. Il n’y a pas de processus naturels dans la création. Tout est au-delà de la nature. L’évolution n’a pas été un des moyens ou le moyen utilisé par Dieu. Le seul témoignage de la création n’est pas scientifique, il est théologique. Il provient de ce qu’exprime le premier chapitre de la Genèse, et d’autres passages de l’Ecriture et de tout ce que rapporte la Tradition. Vous êtes libre de le croire ou pas.
Mais on dira : les animaux, les plantes, n’évoluent-ils pas ? Oui, d’une certaine façon, mais ceci n’a rien à voir avec la création. Comment le monde créé est organisé, cela nous pouvons l’observer, l’étudier. Comment la matière est régie par des lois, nous pouvons le deviner. Mais la façon dont le monde fonctionne, ne nous donne aucune information sur comment le monde a été créé. Aucune ! Cela ne nous dit pas comment il est venu à l’existence. Si vous pouviez rencontrer Lazare, après sa résurrection relatée dans l’évangile de Jean. Toucher ses mains, parler avec lui, l’observer manger, boire, marcher, dormir, cela vous expliquerait-il comment Jésus l’a ressuscité ? non. Cela ne vous apprendrait rien. Lazare qui mange est un phénomène naturel. Jésus qui ressuscite Lazare est un phénomène surnaturel. On le contemple, et c’est tout. Si vous aviez pu aller en Galilée pour essayer de comprendre comment Jésus a nourri la foule à l’aide de pains et de poissons, vous auriez pu interroger tous les témoins, manger vous-même de ces pains et de ces poissons, vous n’arriverez jamais à comprendre comment Jésus les a multipliés. Observer ce que sont les choses ne vous dit pas comment elles sont venues à être ce qu’elles sont. Si vous avez du mal à croire Génèse 1, et que vous vous considérez comme chrétiens, à quel moment est-ce que vous raccrochez les wagons ? Génèse 3, Genèse 4 ? Quand est-ce qu’on vous récupère à bord ? Parce qu’aucun Père de l’Eglise, aucun, et même si je n’ai pas tout lu, je ne prends pas beaucoup de risque, aucun Père de l’Eglise n’a jamais douté de la vérité de l’Ecriture. Eloignez vous comme de la peste des idiots qui essaient de marier science et théologie. Evitez comme les loups déguisés en agneaux ceux qui pensent leur articulation conceptuelle. Ce sont généralement de piètres scientifiques et de bien dangereux théologiens. Ce sont des pasteurs rongés par leur égo et qui se prosternent devant la modernité. Pathétique… La question de savoir si Dieu a pu utiliser l’évolution est une question stupide. Déjà parce que du simple point de vue scientifique, l’évolution est fausse. Mais cela ne nous concerne pas en théologie. Pas plus que la recette d’un plat thaïlandais. La science et la théologie ne s’articulent pas. Qui plus est la fausse science. L’évolution est la fable qui essaie de vous faire croire qu’un lapin peut devenir à force de mutations un tigre. L’assertion semble stupide, mais l’évolution dit que cela est possible, si on rajoute un composant magique : le temps. Ce qui est impossible dans notre temps d’observation de quelques années tout au plus, le devient sur des centaines et des centaines de millions d’années. Le dieu de l’évolution, c’est le temps. Grâce à des temps incroyablement long, tout devient possible. Ce qui était seulement réservé à Dieu, devient possible aussi pour le temps, si on lui laisse le temps. Mais le problème, est que Dieu nous dit qu’il a tout fait en 6 jours. Il y a quelques milliers d’années, presque 6 dans le texte hébreu. Pas assez donc pour que mon lapin reste autre chose qu’un lapin. Il aura peut-être un peu grandi, un peu grossi, un peu changé. Mais il restera, un lapin.
La question, si jamais on prend la Bible au sérieux, qu’on pourra poser à tous ces évolutionnistes, en soutane ou pas, est la question que Dieu pose à Job, à la fin du livre qui porte son nom, au chapitre 38, sarcastiquement :
« 4 Où étais-tu quand je fondais la terre? Dis-le, si tu as de l’intelligence.
5 Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu? Ou qui a étendu sur elle le cordeau?
6 Sur quoi ses bases sont-elles appuyées? Ou qui en a posé la pierre angulaire,
7 Alors que les étoiles du matin éclataient en chants d’allégresse, Et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie?
8 Qui a fermé la mer avec des portes, Quand elle s’élança du sein maternel;
9 Quand je fis de la nuée son vêtement, Et de l’obscurité ses langes;
10 Quand je lui imposai ma loi, Et que je lui mis des barrières et des portes; »
Où étais-tu monsieur l’évolutionniste ? Tu ne sais rien ! Et dire que des prêtres sont assez stupides pour te croire ! Au moins Job a l’intelligence de répondre 40 :4 « Voici, je suis trop peu de chose; que te répliquerais-je? Je mets la main sur ma bouche. ». Les pseudo scientifiques n’ont pas l’intelligence de Job. Ils n’ont pas l’humilité de Job.
Ne perdons plus notre temps avec l’évolution. Ecoutons Paul nous prévenir il y a 20 siècles de cela : Heb 11 :3 « C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la parole de Dieu, en sorte que ce qu’on voit n’a pas été fait de choses visibles. ». Lutter contre l’évolution ne va pas prouver le Christianisme. Comprendre qu’il n’y a pas un seul de tous les chainons manquants qui validerait la folle théorie de Darwin et que donc sa théorie est totalement fausse, ne prouve pas que le Christ est ressuscité. C’est cela qui a poussé des gens à créer il y a quelques années l’intelligent design. C’est une sorte de compromis : nous reconnaissons l’évolution mais disons qu’elle est guidée par Dieu. Il n’y a pas de compromis à faire. L’étude biblique est quelque chose de sérieux. Il faut prendre le texte au sérieux tout de suite. Maintenant. Il a été donné par Dieu. Donc il est vrai. Donc « au commencement Dieu a créé les cieux et la terre ». Et 5 jours plus tard les animaux non terrestres. Et un jour plus tard encore l’homme et les animaux terrestres. Moïse ou Darwin. Il faut choisir. Si Darwin a raison, vous êtes le résultat d’une évolution aveugle, où la mort est créatrice, et vous êtes le produit du hasard. Vous n’êtes pas libre. Vous êtes simplement un animal plus évolué, esclave déterminé par ses instincts avec de grandes capacités cognitives. La morale n’a pas de fondement transcendant. Rien n’a de but. Tout tend vers la mort et le néant et tout est permis. Si Moïse a raison, vous êtes créé libre par un être libre qui vous appelle à une éternelle relation d’amour. Tout a un but, tout a du sens. Tout tend vers la vie et l’éternité. On ne peut pas trouver de compromis entre ces deux positions. C’est impossible. Au delà d’un test c’est une lutte. Combien Paul a raison lorsqu’il dit 1 Tim 6:20-21 ”O Timothée, garde le dépôt, en évitant les discours vains et profanes, et les disputes de la fausse science dont font profession quelques-uns, qui se sont ainsi détournés de la foi”.
Avant de passer à l’étude véritable du premier verset, dans vos paroisses, posez la question suivante à vos prêtres et catéchètes pour vérifier l’avancée du modernisme et de la fausse science dans leur enseignement. Voici la question : croyez vous littéralement à ce que disent les deux premiers chapitres de la Genèse ? Si la réponse est non, ou si pour eux, ce texte est secondaire, poétique, allégorique, changez de paroisse. N’oubliez pas que vous avez un devoir de ne pas supporter, et encore moins de financer des gens qui ne considèrent pas la Bible inerrante, qui ne considèrent pas la Bible comme la parole de Dieu, qui ne reconnaissent pas l’enseignement véritables des Pères.