La philosophie et la science

la philosophie de l’économie

la philosophie de l’économie

Selon cette conception de la nature de la philosophie, on peut définir aussi le sens de son histoire. Celle-ci n’est pas seulement « une découverte des idées sur l’absolu » (ce que Hegel y voyait à juste titre), mais aussi un exposé des différents motifs de la création philosophique, ou, ce qui revient au même, de ses orientations initiales. Nous supposons d’ailleurs que ces définitions coïncident pratiquement, car si l’on découvre de nouvelles idées sur l’absolu, c’est en suivant de nouvelles voies qui y mènent. Bien entendu, l’absolu est un, et il n’apparait divers qu’à ceux qui l’approchent de différents côtés.

Ce que nous venons de dire justifie le propos de la présente étude. Les objections de principe contre un essai de bâtir un système philosophique « orienté » sur l’économie comme fait de la vie, tombent. On ne saurait évidemment pas entendre une telle tâche dans l’esprit des prétentions absolutistes héritées des Lumières et de Hegel, comme celui de l’idéalisme intégral ou du matérialisme économique. La philosophie de l’économie ne se présente nullement comme un système absolu qui comprendrait toute la vérité philosophique à l’état pur et qui détiendrait la clef ouvrant toutes les serrures. En posant le problème, notre ambition est plus modeste : nous disons simplement qu’en partant de cet aspect-là de la vie, on peut aussi approcher la philosophie générale de cette dernière, et, chemin faisant, y apercevoir de nouveaux côtés. Bref, qu’on peut aussi construire un système en tant que philosophie de l’économie. On ne saurait pas plus objecter à une telle possibilité que contre une science de l’économie, à moins, encore une fois, de tomber dans le scepticisme en matière de connaissance.





Commentaire/Analyse

Le Père Serge aborde la problématique de la possibilité même de son travail. Ce qui est étonnant est qu’il juge de la pertinence de son travail dans la sphère philosophique exclusivement, en regard vis-à-vis de la science. Il ne se pose pas la question relativement au domaine théologique. On s’attendrait davantage à ce qu’il argumente sur la pertinence d’une philosophie de l’économie du point de vue de la théologie, ou mieux encore qu’il produise une théologie de l’économie.

Relativement à la science, il explique qu’il se positionne sur un autre terrain. La science économique va essayer de tirer des lois sur le fonctionnement économique. Elle va investir le champ du comment. Cette science a aujourd’hui pris une place fondamentale dans nos vies, car c’est en fonction de ses axiomes, et de comment les politiques menées s’articulent avec ces axiomes, que sont réalisées des périodes de vaches grasses ou de vaches maigres. J’ai déjà dit dans un précédent post que le titre même de science était très exagéré en ce qui concerne l’économie. C’est à regret qu’on voit le Père Serge décerner à l’économie la possibilité même d’avoir une science. Peut-être a-t-il voulu se démarquer totalement de son marxisme, ou bien avait-il une vision de celui-ci comme validant la possibilité conceptuelle d’une science économique ? Car qu’est-ce que la science économique : ce sont l’ensemble des règles non naturelles (et donc totalement humaines) qui s’habillent dans une certaine technicité et complexité et qui garantissent aux riches le fait de le rester, et aux pauvres, le fait de le rester également. On a anéanti tout instinct de révolte en le replaçant par une soif de réussite, réalisée pour une partie infinitésimale de la population, gage de calme chez ceux qui échoueront immanquablement : manque de talent, manque de chance, manque de vision… on aura finalement plus de chance à la loterie ! Il y a ici un oubli flagrant de ce qu’est le Christianisme en profondeur vis-à-vis de la logique économique : une rébellion, un refus frontal, une subversion sans merci !!! C’est dans la philosophie, à savoir le pourquoi, l’essence profonde de la chose que le Père Serge va regarder ce qu’est véritablement l’économie. Accompagnons le dans sa démarche…