Etude canonique du concile pan-orthodoxe de 2016 en Crète : chapitre 1 : la mission de l'Eglise
Etude canonique du concile pan-orthodoxe de 2016 en Crète
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Commentaire/Analyse
Pour des non orthodoxes, le sens de ce titre est ambigu : « mission de l’Eglise dans le monde » peut signifier « but de l’Eglise dans le monde », car mission est parfois synonyme de but. Mais ici, il s’agit bel et bien, et la suite du texte le confirme, de la mission au sens missionnaire, c’est-à-dire du fait d’amener le monde entier au baptême. Et le texte rappelle avec justesse ce que beaucoup oublient parfois : après le baptême, nous avons tous revêtus le vêtement d’apôtre. Oh bien sûr, pas des apôtres comme le collège apostolique élu par le Christ en personne, mais d’un apostolat à la mesure de chacun.
L’encyclique précise que cette mission doit se faire dans la charité, l’amour et le respect. Une image me vient immédiatement : les Témoins de J. On pourrait avoir la sensation qu’ils sont très actifs, très efficaces, très déterminés. Les trois sont probablement vrais. Mais ils passent pour les plus grands emmerd… que la terre ait portés lorsqu’ils viennent sonner à votre porte. Il est donc finalement très contreproductif de réaliser la mission de cette façon. Mais alors comment faire de la mission ?
Le livre qui décrit la mission de l’Eglise primitive est celui des Actes des Apôtres. Ce n’est bien sûr pas son unique objet, mais il montre bien cet aspect des choses. La question sera : peut-on appliquer simplement ce qui y est décrit, ou devons-nous réaliser un certain nombre d’adaptations relativement à notre époque ? Les deux ! Mais nous devons être très sensibles aux deux faits marquants pointés par l’encyclique : notre mission doit s’enraciner dans une vie liturgique véritable, profonde. Et surtout, le meilleur argumentaire de la mission, ce sera nous. Chacun d’entre nous. Nous serons en même temps les pires contre-exemples et parfois même des sources de scandale lorsque nous donnerons par nos mauvaises actions une piètre image de l’orthodoxie. Mais si nous agissons bien, et que nous suscitons par l’exemple une jalousie bien orientée, alors nous aurons peut-être gagné une sœur, un frère. Mais ceci ne tombe pas du ciel (uniquement). Dieu envoie sa semence dans la terre. Mais la terre, c’est nous, et nous devons donc préparer une terre qui puisse accueillir favorablement cette parole. La formation théologique est vitale pour cela. Les paroisses doivent dispenser une liturgie dans la langue vernaculaire avec une musique traditionnelle et merveilleuse. Nous en sommes loin. Les diasporas doivent profiter de leur présence dans des lieux non orthodoxes pour propager l’orthodoxie. Nous en sommes loin. Les fidèles et pas seulement les prêtres devraient être pétris des Pères de l’Eglise. Nous en sommes loin. La Bible devrait être connue aussi bien que les œuvres profanes les plus populaires. Nous en sommes loin. La tâche est donc immense. Ce blog pourra aider, modestement…