Introduction aux Conciles de l’Église

Concile et Synode sont des termes équivalents. Concile vient du latin Concilium, tandis que Synode vient du grec συνοδος. Le terme antique peut très bien renvoyer à une réunion non ecclésiastique. Pline donne la définition d’assemblée délibérante. Ici, dans notre cas, il s’agit bien évidemment d’une assemblée ecclésiastique, réunie pour délibérer et statuer en matière d’affaires religieuses. L’usage patristique latin le plus ancien revient à Tertullien, en 200, dans son traité De Jejuniis, et en grec dans les canons apostoliques, juste avant le troisième siècle. Dans les constitutions apostoliques, le terme συνοδος est utilisé pour une réunion à caractère liturgique.

Le modèle des conciles revient au tout premier d’entre eux, à savoir le Concile de Jérusalem, tenu par les Saints Apôtres, tel que rapporté dans le Livres des Actes des Apôtres. Le consensus exprimé donne la date vers le début 50. Il s’agit donc d’une institution apostolique, ayant une autorité particulière, puisque la décision est prise sous la guidance de l’Esprit-Saint. Si la réunion se tient au nom du Christ, Lui-même nous a assuré de sa présence. La conclusion et la communication du premier concile est éloquente : “Car il a paru bon au Saint Esprit et à nous de ne vous imposer d’autre charge que ce qui est nécessaire, savoir, de vous abstenir des viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des animaux étouffés, et de l’impudicité, choses contre lesquelles vous vous trouverez bien de vous tenir en garde. Adieu” (Act 15:28-29). Ce modèle sera repris à plusieurs reprises ensuite : dans la lettre de Saint Cyprien au patriarche de Rome Corneille, dans le Concile d’Arles en 314, dans celui de Nicée en 325 déclarent exprimer la volonté de l’Esprit-Saint. Saint Grégoire le Grand assimile l’autorité des quatre premiers conciles œcuméniques à celle des quatre Évangiles. Les plus anciens conciles dont nous ayons des traces dans les histoires ecclésiastiques datent du deuxième siècle, et avaient pour but la condamnation du montanisme et le besoin de trancher la problématique pascale. Ils se tinrent en Asie mineure. Il n’est pas illusoire de penser que certains conciles se sont tenus auparavant pour lutter contre la Gnose.

On reconnaît quatre catégories de conciles :

1) Conciles œcuméniques : il s’agit de conciles dont les décrets sont reconnus universels et ayant une valeur pour toute l’Église, en tout temps, et en tout lieu.

2) Conciles généraux : il s’agit de conciles réunissant seulement une partie de l’Église, mais au-delà d’un patriarcat. Cela peut-être un concile d’une grande partie de l’Église latine, ou un concile de tout l’orient. Par exemple, le concile de Constantinople, en 381 a réuni les patriarches de Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem, mais Rome était absent. C’était donc un concile général, avant que Rome ne le reconnaisse et qu’il soit considéré comme œcuménique.

3) Concile national ou patriarcal : comme son nom l’indique, réunit une juridiction recouvrant un patriarcat (ce qui peut être transnational) ou une nation. On prendra comme exemple le concile de Carthage qui a réuni les primats de l’Afrique latine.

4) Concile provincial : il se réunit sous l’autorité du métropolite et implique le clergé de celui-ci. Il peut arriver un concile réunissant plusieurs provinces en cas d’affaires communes.


Ceci reprend les catégories de l’ouvrage de droit canon écrit par un évêque catholique romain à la fin du XIXème siècle, Mgr Hefele. On pourra reprendre avec intérêt la définition qu’il donne d’un concile, quelle que soit son importance : « la recherche du bien de l’Église par une délibération commune de ses pasteurs » (histoire des conciles, tome I, page 9). La convocation d’un concile se fait généralement par le plus haut dignitaire ecclésiastique. Un concile important se veut la réponse à trouver pour sortir d’une grave crise, lorsque survient un schisme, une hérésie. Dans une réécriture assez étonnante de l’histoire, la vision romaine du droit canon semble vouloir donner au Pape l’unique privilège de convocation des conciles. Or, nous savons que c’est l’empereur qui a chacun des sept conciles œcuméniques convoqua lui-même les évêques à la délibération. La vision romaine tend à dire que l’empereur fit cela sur « mandat » du Pape, ce qui est assez savoureux historiquement… Cela doit déjà nous frapper sur la démarche du patriarche de Constantinople qui convoqua en 2016 le pseudo-concile de Crète. Cela fait partie des nombreux indices de dérive papiste de ce patriarcat. Historiquement, que ce soit en orient ou en occident, les grands conciles généraux ou œcuméniques furent tous convoqués par des personnalités liées au pouvoir politique, et jamais par les patriarches eux-mêmes : Constantin convoque l’Église au concile d’Arles en 314, Théodose le concile de Constantinople en 381, Childebert, roi des Francs convoque le concile national d’Orléans en 549, Charlemagne celui de Francfort en 794. Le souverain qui convoquait mettait en place la logistique pour le voyage des participants et prenait également à sa charge tous les frais de tenue du concile. Le prochain post sur le droit canon sera consacré plus en détail à la convocation des conciles.

Membres des conciles : la chose est un peu plus floue. Il semblerait que dans l’Église primitive il y ait eu une distinction entre les membres votants (des évêques donc) et des invités particuliers, mais ne semblant pas avoir le droit de vote. Par exemple, Saint Cyprien de Carthage, lors d’un concile qu’il convoqua en 256, consacré au baptême des hérétiques, invita également les clercs, les diacres, des confesseurs, et des laïcs. Il semble néanmoins que seuls les évêques purent voter. On note aussi parfois des invités exceptionnels, invités à cause de leur talent ou d’une aptitude particulière (tel Origène invité à des conciles en orient pour intervenir sur des sujets théologiques), mais qui ne votent pas. On notera une nuance pour la signature de l’acte de délibération, qui voit parfois certains prêtres invités signer, et parfois seulement les évêques signent. On notera également le rôle particulier des archidiacres, ayant parfois remplacé leur évêque, ou ayant signé en son nom. Et bien évidemment, nous terminerons en citant l’empereur, qui était présent également lors des conciles œcuméniques.