texte original

μουσάων Ἑλικωνιάδων ἀρχώμεθ᾽ ἀείδειν,
αἵθ᾽ Ἑλικῶνος ἔχουσιν ὄρος μέγα τε ζάθεόν τε
καί τε περὶ κρήνην ἰοειδέα πόσσ᾽ ἁπαλοῖσιν
ὀρχεῦνται καὶ βωμὸν ἐρισθενέος Κρονίωνος.

traduction très littérale

par les muses des Héliconiens sont commencés chanter,
qui du Hélicon ont montagne grand(s) aussi très sacré aussi
et aussi autour de source comme une fleur aux pieds (aux) doux
dansent et autel du très puissant (du) fils de chronos.

traduction proposée

Commençons à chanter, par les muses Héliconiennes,
qui habitent dans la grande et très sacrée montagne Hélicon
qui autour de la source semblable à une fleur, de leurs pieds délicats
dansent, ainsi que devant l'autel du très puissant fils de Chronos.




Commentaire/Analyse





Le premier mot de la Théogonie est μουσάων, muses au datif, c’est-à-dire « aux muses », ou mieux « par les muses », « grâce aux muses ». Hésiode commence donc en s’adressant via les muses. Pour ceux qui ne les connaissent pas, ou ceux pour qui les souvenirs sont vagues, il s’agit de neuf filles de Zeus, régnant sur les arts libéraux, dans la mythologie grecque.

Les muses font donc partie du monde des dieux grecs. Elles demandent à Hésiode, aède de son état, d’écrire un poème sur les dieux grecs : leur origine et leur histoire. Un aède ne doit pas être confondu avec un rhapsode : là où le second interprète les œuvres des autres, l’aède compose et interprète les siennes. Il s’agit d’une sorte de barde grec, chantant des vers selon des normes d’écriture très précises. Hésiode leur composera donc la Théogonie, œuvre que je me propose de traduire et de commenter. Je devance la question. Que vient faire cette traduction/analyse dans un blog de théologie chrétienne orthodoxe ?

Et bien, je poursuis ici deux choses. Une entamée au tout départ : comprendre ce qu’il s’est produit dans le monde grec pour qu’il donne naissance ainsi, de façon presque naturelle au monde byzantin. Qu’est-ce qui a préparé le monde grec à devenir aussi fortement chrétien ? Hérodote va fournir le cadre historique de la religion. Hésiode va donner le cadre mythique de la religion. Homère viendra compléter. J’essaierai de mettre en exergue ce qui est pré-chrétien.

Deuxième chose : ce qui est ouvertement biblique. Quel rapport entre Zeus, Athena, les autres dieux grecs et la Bible ? Le but du biblique n’était-il pas justement d’arracher les gens à l’idolâtrie de ce genre de faux dieux ? Le rapport est potentiellement le suivant. Et si les hommes de renom de la Genèse étaient les dieux grecs, et si Apollyon dans Apo 9 :11 était Apollon ? Ainsi pourrions-nous répondre à cette question d’une façon beaucoup plus biblique que cartésienne : les grecs de l’antiquité croyaient-ils vraiment en leurs dieux ? ils étaient dans des cultes démoniaques qui avaient probablement plus de réalité que la sagesse qu’on peut extraire depuis les mythes. Et si la Théogonie d’Hésiode était la Bible que les démons/dieux ont commandé aux hommes ? Je vous propose donc le postulat suivant : Génèse 6 se lit littéralement, et est même, d’une certaine façon, la pierre de rosette de toute une partie de la Bible, permettant de répondre à la question suivante : pourquoi Dieu est-il totalitaire et génocidaire dans certains passages et veut la mort inconditionnelle de certaines populations ? Partons du principe que des démons avaient réussi à s’unir aux hommes, ce qu’enseigne le livre d’Enoch, et que ces populations, Dieu a voulu d’abord qu’elles soient détruites par le déluge et également par l’épée, via son peuple choisi. Les dieux grecs sont les produits les plus fameux de ces unions rapportées par le texte biblique. Ils ont même souhaité laisser leur propre témoignage, proposer leur propre généalogie. En acceptant ce postulat, il me semble que beaucoup de choses prennent sens dans l’Ecriture et dans l’histoire au sens large.