Texte original grec du fragment (et traduction)

texte original

Ἀ. [|sc.| τὸν ἥλιον] κύκλον εἶναι ὀκτω και εικοσαπλασίονα τῆς γῆς, ἁρματείῳ τροχῷ παραπλήσιον,τὴν ἁψῖδα ἔχοντα κοίλην, πλήρη πυρός, κατά τι μέρος ἐκφαίνουσαν διὰ στομίου τὸ πῦρ ὥσπερ διά πρηστῆρος αὐλοῦ. καὶ τοῦτ' εἶναι τὸν ἥλιον. 21, 1(D. 351)

traduction proposée

Anaximandre disait (à propos du soleil) qu’il est un anneau vingt huit fois plus grand que la terre, ressemblant à la roue d’un char, une arche creuse, pleine de feu, dont une partie est révélée au travers d’un orifice, comme un éclair passant dans un tuyau. Et ceci est le soleil. 21, 1(D. 351)



Commentaire/Analyse





En lisant le fragment d’Anaximandre sur le soleil, on a envie immédiate de répondre : non, il s’agit d’une sphère, 109 fois plus grande que la terre (et non pas 28 fois), pleine d’hélium et d’hydrogène dont la combustion permanente permet à l’humanité de bénéficier de lumière et de chaleur. Merci Seigneur ! Et une fois de plus, on a envie de se demander : mais comment Anaximandre, et les grecs en général peuvent affirmer des choses à ce point fausses. Il faut se souvenir que la science affirme au final des choses toujours incomplètes, et donc partiellement fausses, démenties par les progrès successifs au niveau des observations. Avant l’avènement de la physique quantique, tous croyaient que le monde entier était régi par la gravitation et les lois newtoniennes. Et quand les hommes se sont mis à regarder du côté de l’infiniment petit, et non plus de l’infiniment grand, quelle ne fut pas leur surprise de voir que les lois y étaient rigoureusement différentes. Une des quêtes actuelles de la science est d’essayer de fournir une théorie qui rende compte aussi bien des phénomènes newtoniens et relativistes dans l’infiniment grand et des phénomène quantiques dans l’infiniment petit. Il y a des théories proposées, mais pas d’acceptation complète du monde scientifique. Où mettre notre bon Anaximandre dans tout cela ? Dans une déduction basée sur l’observation, très vieille. Il aura fallu le développement des sciences et surtout de l’optique pour arriver à des choses plus précises. Il ne faut donc pas voir Anaximandre comme une sottise scientifique, mais plutôt comme un des premiers jalons, sous-tendu par cette idée Ô combien chrétienne : le monde est ordonné. Ce n’est pas un chaos. C’est un ordre. On peut l’étudier et le penser. La possibilité même de la science pointe vers Dieu. C’est le paradoxe du scientisme athée. On pourra en tout cas considérer Anaximandre comme l’une des plus anciennes pensées relatives à une démarche scientifique. En ceci il est déterminant dans l’histoire des idées.

Le soleil nous apprend autre chose. Il brûle ses réserves. D’après la seconde loi de la thermodynamique, “Toute transformation d’un système thermodynamique s’effectue avec augmentation de l’entropie globale incluant l’entropie du système et du milieu extérieur. On dit alors qu’il y a création d’entropie.” ce qui brûle est basé sur des réserves et ce n’est pas infini. Donc le soleil ne brûle pas depuis un temps infini dans le passé. Donc il connaîtra une fin, et surtout il a connu un début. Ainsi, nous pouvons tirer d’une courte réflexion sur ce fragment, avec les connaissances actuelles : le soleil nous prouve que le monde a eu un début, il va vers une fin, et tout est ordonné pour que nous puissions observer cet ordre. Qui ne voit pas ici la première trace de Dieu ne fait pas grand usage de son esprit…