la terreur des apôtres

original anglais : Deedat's speech

Now, to get to the point, as the defense counsel for the Jews, I could have had this case against the Jews dismissed in just two minutes - in any court of law, in any civilized country in the world, simply by demanding from the prosecuting counsel the testimonies of these witnesses, Matthew, Mark, Luke and John, And when they are presented, in the form of sworn affidavits, as we have them in the gospels, I could say that, in their original, they are not attested. And the proof - you get any authorized King James Version of the Bible, and you'll find each and every affidavit begins: "The Gospel according to St. Matthew, the Gospel according to St. Mark, the Gospel according to St. Luke, the Gospel according to St. John." I'm asking, ladies and gentlemen of the jury, what is this "according ... according ... according"? Do you know what it means? It means Matthew, Mark, Luke and John didn't sign their names. It is only assumed that these are their work. And as such, in any court of law, in any civilized country, they would be thrown out of court in just two minutes.

Not only that, I can have this case dismissed TWICE in two minutes in any court of law in any civilized country. I said twice because one of the testators in the Gospel of St. Mark, chapter 14, verse 50, tells us that at the most critical juncture in the life of Jesus, all His disciples forsook Him, and fled. ALL. If they were not there, the testimony of those who were not there to witness what happened will be thrown out of court. I said, twice in two minutes, in just 120 seconds flat, the case would be over. In any court of law. in any civilized country in the world.

But where is the fun of it? You have come a long way from far and wide, after all the threatening rains. And now, if we say the case is closed and go home, where is the fun of it? To entertain you, I will accept those documents as valid, for the sake of this dialogue, and we are now going to put these witnesses into the box for cross- examination. And I want you to see where the truth lies.

The first witness that I'm going to call, happens to be St. Luke. And St. Luke has been described by Christian authorities as one of the greatest historians. As a historical book, the Gospel of St. Luke is unique. Now, we get St. Luke. chapter 24. verse 36. I'm going to tell you what he has said - what he has written in black and white. He tells us that it was Sunday evening, the first day of the week, when Jesus Christ walked into that upper room, the one in which He had the Last Supper with His disciples. This is three days after His alleged crucifixion. He goes in, and He wishes His disciples, "Peace be unto you." And when He said, "Peace be unto you," His disciples were terrified. Is that true? We're asking you. I would like to ask Him, why were the disciples terrified? Because when one meets his long-lost master, his grandfather, his guru, his Rabbi - we Eastern people embrace one another; we kiss one another. Why should His disciples be terrified? So Luke tells us they were frightened, because they thought He was a spirit.

I'm only quoting what he said. And you can verify in your own Bible at home. They were frightened, they were terrified because they thought He was a spirit. I'm asking Luke, did He look like a spirit? And he says no. I'm asking all the Christians of the world again and again, of every church and denomination, this master of yours, did He look like a spirit? And they all say no. Then I say, why should they think that man is a spirit when He didn't look like one?

And everyone is puzzled - unless Josh can explain. Every Christian is puzzled. Why should they think the man is a spirit when He didn't look like one? I will tell you. The reason is because the disciples of Jesus had heard from hearsay that the Master was hanged on the cross. They had heard, from hearsay, that He had given up the ghost. In other words. His spirit had come out: He had died. They had heard from hearsay that He was dead and buried for three days. All their knowledge was from hearsay, because as I said at the beginning (Mark, chapter 14, verse 50), your other witness says that at the most critical juncture in the life of Jesus all His disciples forsook Him and fled. All! They were not there.

traduction : discours de Deedat

Maintenant, pour en venir au point, en tant qu’avocat des Juifs, je pourrais terminer cette affaire contre les Juifs en seulement deux minutes – dans n’importe quelle cour de justice, dans n’importe quel pays civilisé du monde, simplement en demandant de la part de l’accusation le témoignage de ces témoins, Matthieu, Marc, Luc et Jean. Et lorsqu’ils sont présentés, sous la forme déclarations sous serments, ainsi que nous les avons dans les Evangiles, je pourrais dire que, dans leur original, ils ne sont pas attestés. Et la preuve – dans n’importe quelle King James Version de la Bible, vous trouverez toujours chaque déclaration commençant ainsi : l’Evangile selon St Matthieu, l’Evangile selon St Marc, l’Evangile selon saint Luc, l’Evangile selon St Jean. Je vous le demande mesdames et messieurs du jury, qu’est-ce que selon… selon… selon… ? Savez-vous ce que cela signifie ? Cela signifie que Matthieu, Marc, Luc et Jean n’ont pas signés de leur nom. Il est seulement reconnu que ceci est leur travail. Et ainsi, dans n’importe quelle cour de justice, dans n’importe quel pays civilisé, ces témoignages seraient exclus de la cour en seulement deux minutes.

Plus encore, j’aurai cette affaire renvoyée deux fois en deux minutes dans n’importe quelle cour de justice de n’importe quel pays civilisé. Je dis deux fois parce que un des deux testateurs dans l’Evangile de Marc, ch 14 vs 50, nous dit lors du moment le plus important de la vie de Jésus : tous ces disciples le trahirent et fuirent. TOUS. S’ils n’étaient pas là, le témoignage de ceux qui n’étaient pas là pour témoigner de ce dont il s’est passé serait rejeté par la cour. J’ai dit deux fois, en deux minutes, en seulement 120 secondes, l’affaire serait terminée. Dans n’importe quelle cours de justice, dans n’importe quel pays civilisé.

Mais où est alors la partie intéressante ? Vous êtes venus de loin, après des pluies menaçantes. Et si l’on vous dit que l’affaire est close et que vous pouvez rentrer à la maison, alors où est l’intérêt ? Pour vous divertir, je vais accepter ces documents comme valides, pour le bien de ce dialogue, et maintenant nous allons soumettre ces témoins à l’interrogation contradictoire. Et je veux que vous voyiez où se trouve le mensonge.

Le premier témoin que je vais convoquer est St Luc. Et St Luc a été décrit par les autorités chrétiennes comme l’un des plus grands historiens. En tant que livre historique, l’Evangile de St Luc est unique. Maintenant nous voyons St Luc 24 :36. Je vais vous dire ce qu’il a écrit – ce qu’il a écrit en noir et blanc. Il nous dit que c’était dimanche noir, le premier jour de la semaine, quand Jésus Christ vint dans cette chambre haute, celle dans laquelle il avait eu son dernier repas avec ses disciples. Cela est trois jours après sa crucifixion supposée. Il vient, et souhaite à ses disciples « la paix soit sur vous ». Et quand il dit « que la paix soit sur vous », ses disciples furent terrifiés. Est-ce vrai ? Nous vous demandons. J’aimerai lui demander, pourquoi les disciples furent-ils terrifiés ? Parce que lorsque quelqu’un rencontre son maître perdu de longue date, son grand-père, son gourou, son rabbi – nous autres orientaux nous embrassons. Nous nous embrassons les uns les autres. Pourquoi ses disciples devaient-ils être terrifiés ? Mais Luc nous dit qu’ils étaient terrifiés, parce qu’ils croyaient que c’était un esprit.

Je cite juste ce qu’il dit. Et vous pouvez vérifier dans votre propre Bible chez vous. Ils étaient terrifiés, ils étaient effrayés parce qu’ils pensaient que c’était un esprit. Je demande à Luc : a-t-il vu un esprit ? et il dit non. Je demande à tous les chrétiens du monde encore et encore, de toute église et de toute dénomination, votre maître, ressemblait-il à un esprit ? et ils disent tous non. Alors je dis, pourquoi pensent-ils que cet homme est un esprit alors qu’il n’y ressemble pas ?

Et chacun est intrigué – à moins que Josh puisse expliquer. Chaque chrétien est intrigué. Pourquoi devaient-ils penser que l’homme était un esprit alors qu’il n’y ressemblait pas ? Je vais vous le dire. La raison est que les disciples de Jésus avaient entendu, par oui-dire, qu’il avait rendu l’esprit. En d’autres mots. Son esprit était sorti. Il était mort. Ils avaient entendu par oui-dire qu’il était mort et enterré depuis trois jours. Et tout leur savoir était par oui-dire, car comme je l’ai dit au départ (Mc 14 :50), votre autre témoin dit qu’au moment le plus critique de la vie de Jésus, tous ses disciples l’ont trahi et ont fui. Tous ! ils n’étaient pas là.


Commentaire/Analyse

L’argument de Deedat prolonge son point précédent centré sur le texte. J’ai déjà montré que l’approche n’était pas correcte ainsi, mais au final, l’Eglise étant la productrice de son texte, il n’y a pas de souci du point de vue chrétien. L’Eglise a produit un texte en accord avec sa doctrine. Saint Irénée disait que l’Eucharistie était conforme à la doctrine, et la doctrine conforme à l’Eucharistie. Je me mets à l’ombre du maître et le paraphrase : le NT est conforme à la doctrine et la doctrine est conforme au NT. C’est là bien sûr qu’intervient le travail individuel et théologique. Car que penser lorsque l’on trouve une contradiction entre la doctrine et l’Ecriture ? C’est ce que Deedat fait au final. Il nous dit : il y a contradiction entre la doctrine et le texte. Mais en ce cas, d’où vient cette divergence ? Une fois que l’on a compris que l’Eglise produit son texte, on comprend aisément que la divergence n’est en fait due qu’à un problème au niveau du lecteur. Je fais une digression informatique (mon métier) : on dit souvent que le problème est entre la chaise et le clavier, et pas dans l’ordinateur. Ici, c’est exactement la même chose. Je suis désolé pour tous les Deedat du monde, pour tous les Dan Brown du monde, mais la seule chose que cela indique est que vous ne savez pas lire. Il y a une excuse : lire un texte composé par des Juifs il y a environ deux mille ans afin de montrer l’action du Messie dans le monde, demande une formation très précise, très poussée. Lorsqu’on ne l’a pas, on se contente de la doctrine exprimée par la liturgie et les conciles.

Premier évidence de l’incapacité de Deedat à lire : le titre même d’un Evangile. On se demande bien comment l’on peut révoquer un texte parce qu’il est « selon » Matthieu, « selon » Marc, etc !! Car Deedat ici vient de révoquer, en toute simplicité, toutes les écoles rabbiniques de l’antiquité. Ce n’est qu’à partir du moyen-âge que les Juifs vont écrire eux-mêmes, sous leur nom, le fruit de leur travail intellectuel : Rachi écrit ce qu’il veut écrire, Maïmonide écrit ce qu’il veut écrire, etc. Il y a des précédents dans le monde Juif : les épîtres du NT. C’est Paul qui écrit ce qu’il envoie à ses communautés messianiques (en fait, d’un point de vue pratique, il dictait à un scribe, mais c’est SA dictée. Relisez le final de Galates pour voir cela). Mais beaucoup de textes juifs, dont les Evangiles, sont dus à des écoles. Lorsque l’on lit « Evangile selon Saint Matthieu », cela signifie dans le monde Juif : l’école des disciples de l’apôtre Matthieu qui a mis par écrit le support de mémorisation des catéchumènes de la communauté. Développons ; L’école de Matthieu a reçu ses enseignements, selon son optique théologique. Ces enseignements étaient mémorisés quotidiennement par les catéchumènes pour être récités la nuit de Pâque pour leur baptême. Cette école a produit des supports de mémorisation plus ou moins concordants qui servaient de support pour le métourgman (le répétiteur de la communauté qui connait déjà par cœur et qui a de très bonnes capacités de mémorisation) lors de l’apprentissage par les catéchumènes. J’ai déjà développé ces notions dans divers posts relatifs à l’oralité. Vous pourrez aussi vous référer aux travaux de Marcel Jousse qui a le plus travaillé ces notions dans le monde francophone. Ceci explique parfaitement pourquoi nous avons des divergences textuelles (absolument mineures sur le plan théologique) entre différents manuscrits datant de l’antiquité : les variations proviennent du fait que l’important est l’enseignement et la doctrine, et pas le texte en tant que tel. Le texte s’insère dans un processus ecclésial, et non l’inverse. Le NT ne doit pas être abordé comme un coran. Les catéchumènes venaient apprendre une doctrine et non un texte. Le texte est le support de la doctrine. C’est l’enseignement de Matthieu avant que d’être son témoignage. Cet enseignement, enseigne entre autre, que Jésus avait été crucifié et qu’il était ressuscité le troisième jour. Cet enseignement fonctionnait bien évidemment sous un mode de transmission orale, et il avait pour support des manuscrits, dont la version reçue par l’Eglise, disponible uniquement en langue grecque, a été traduite de par le monde sous le nom d’Evangile selon Saint Matthieu. Ce n’est pas Matthieu qui l’a écrit, car l’on n’a pas de notion d’auteur à cette époque-là. Mais c’est bien son enseignement, sa perspective théologique. Le cas particulier dans les Evangiles est que Matthieu et Jean sont en même temps apôtres et évangélistes, tandis que Marc et Luc ne sont pas apôtres. Mais ce sont les scribes des apôtres. Marc était le scribe de Pierre et Luc était le scribe de Paul. Ainsi, d’une certaine façon on peut dire que l’Evangile selon Saint Marc est l’Evangile de Pierre et l’Evangile selon Saint Luc est l’Evangile de Paul. Cela ne change absolument rien à la véracité historique de la crucifixion et de la résurrection.

Le deuxième souci rapporté ensuite par Deedat pour invalider son procès imaginaire est là carrément grotesque : Marc rapporte que les apôtres ont abandonné le Christ, donc il n’y a pas de témoin, donc rien dans cette histoire n’est valable. Mais, bien que les évangiles rapportent qu’effectivement les apôtres ont tous fui lors de l’arrestation, il y avait un témoin ayant vu le Christ en croix : Jean. Que Deedat le passe sous silence, avec sa connaissance des textes montrent une démarche davantage apologétique qu’honnête.

Mais Dieu merci, Mr Deedat consent à nous donner davantage d’arguments, car il est vrai tout ceci est bien mince. Son développement va être le suivant : le texte ne dit pas ce que dit l’Eglise. Le Christ n’est pas ressuscité. Il faut apprendre à lire le texte autrement. Et donc, Deedat va ajouter son nom à cette interminable liste de ceux qui pensent avoir trouvé une autre façon de lire ce que dit le texte, que ce que dit l’Eglise. Il passe sous silence le fait que l’Eglise a produit ce texte pour justement raconter dans son langage et dans ses paradigmes que le Christ est mort crucifié et qu’il est ressuscité. Cette déviance herméneutique entraine deux questions auxquelles j’aimerai un jour avoir une réponse sérieuse de la part de ceux qui produisent cette herméneutique alternative : pourquoi devrions-nous donner foi à cette herméneutique déviante, plutôt qu’à celle des franc-maçons ? celle des spirites ? celle des théosophes ? celle des mormons ? celle des témoins de Jehovah ? celle des adventistes du septième jour ? celle qui présente un Jésus zélote ? Un Jésus marxiste ? Un Jésus anarchiste ? Un Jésus bouddhiste ? Un Jésus extraterrestre ? Un Jésus magicien homosexuel ? J’arrête ici cette fastidieuse énumération de la bêtise humaine (je précise que toutes ces thèses ont déjà été avancées). Le Jésus prophète de l’islam n’est qu’une pierre supplémentaire à cet édifice de l’erreur herméneutique. Que l’on ne croit pas à ce que dit le texte du NT, relativement à la naissance virginale, aux miracles, à la crucifixion et la résurrection, je le comprends parfaitement. Par contre, qu’on dise que le texte qui parle de cela ne dit pas cela, c’est vraiment stupéfiant d’un point de vue intellectuel.

Deuxième question : comment l’Eglise a-t-elle pu élaborer sa dogmatique si celle-ci était en contradiction si flagrante avec ce que dit l’Ecriture ? Car si l’Ecriture explique que Jésus n’est pas ressuscité, c’est en l’état impossible de créer une dogmatique à ce point en opposition, surtout dans un contexte de persécution comme ce fut le cas dans les trois premiers siècles. Il a effectivement existé des petites sectes hérétiques sur les positions non orthodoxes au tout départ de l’Eglise, mais cela n’a jamais été la majorité. C’était localisé, et contenu dans une myriade de lectures déviantes du même type. La plus proche des positions musulmanes fut la position des docètes, une secte qui proclamait que la mort du Christ était une illusion. Leur nom provient du verbe grec doceo (δοκέω) qui signifie ressembler. Le Christ nous a semblé souffrant mais il n’a pas souffert. Le christ nous a semblé ceci, nous a semblé cela, mais c’était faux. Surprenante proximité avec les positions musulmanes. Lorsque l’on sait que l’islam est une fausse révélation, une fausse inspiration, il devient possible en historien des idées religieuses d’en retracer la généalogie. Et le docétisme qui proclamait la non souffrance, la non mort du Christ est un bon suspect pour une parenté dans la genèse de cette religion et de sa dogmatique. Mahomet n’a pas répété ce que lui disait la divinité, mais bien ce qui s’était transmis depuis les communautés fondées ou influencées par les courants docètes.



Pour finir je réponds à Deedat sur sa question pourquoi étaient-ils terrifiés : comme tous les humains qui ont été confrontés à quelque chose de totalement nouveau, inattendu, improbable, la réponse émotionnelle première sera la peur. Deedat bâtit alors un improbable scénario censé invalider la réalité de la résurrection : ils ont eu peur car ont cru voir un esprit, ce qui impliquerait que la résurrection est spirituelle. Or, comme Jésus affirme une réalité physique et corporelle, c’est qu’il n’est pas ressuscité. Voici très grossièrement résumée la grossière thèse de Deedat. Il développera cela plus longuement dans la suite de son discours, et j’y répondrai plus longuement alors. Pourquoi les apôtres ont-ils crus voir un esprit ? Parce que c’était l’explication la plus « logique » au vu des circonstances. La peur et la théorie du spectre est absolument logique en de telles circonstances. Les apôtres, en bon juifs croyaient en la résurrection des morts. Mais à la fin des temps. Après le jugement dernier. Le problème par rapport à cela est que Jésus est devant eux maintenant. Et qu’en toute objectivité le monde n’est pas encore parvenu à sa fin. Alors, oui, évidemment, il y a eu les annonces de la passion et de la résurrection par le Christ à ses disciples. Tous se souviennent de ces paroles. Mais elles étaient énigmatiques. Elles étaient théoriques. Là, ils entrent dans la phase concrète des choses. Ils rencontrent Le ressuscité. Ils rencontrent la vie qui triomphe de la mort. Tout le monde ne sait pas le voir…

vidéo du débat Deedat vs McDowell