ésotérisme chrétien : préambule

Partages et vérification de mes découvertes

Plus que jamais, j’étais décidé à aller au bout de ma quête.

Il me fallait pour vérifier mes convictions, réunir le maximum d’informations incontestables, en les puisant chez des auteurs dignes de foi. Je consignais mes travaux par écrit. Ma quête commençait, en quelque sorte, par une enquête.

J’ai la chance de pouvoir fréquenter quelques personnes particulièrement cultivées. Pour la plupart, Jésus aurait pu les appeler des « brebis égarées du christianisme », en ce sens que, de culture chrétienne, ils ont abandonné sous différents prétextes la pratique religieuse.

Pour mon plus grand bonheur, mes amis furent très intéressés par ma quête. Grâce à eux, et à leurs propres relations, les informations intéressantes s’accumulaient selon le principe de la boule de neige. Grâce à eux, j’évitais certaines erreurs de traductions, de raisonnement.

Ce sont ces amis qui, convaincus de la crédibilité de mes hypothèses, m’incitèrent à les faire connaître au plus grand nombre, en les publiant.

Conscient de l’aspect dangereusement prétentieux d’une telle démarche, je me suis souvenu de Gamaliel, ce membre du Sanhédrin qui avait déclaré au sujet des premiers disciples : « si c’est des hommes que viennent leur dessein ou leur œuvre, ils se détruiront d’eux-mêmes ; si au contraire ils viennent de Dieu, vous ne pourrez les détruire… » (Act 5 :38-39).

Si c’est ego, qui d’une manière ou d’une autre, a conduit, ce travail périra de lui-même, si c’est l’esprit de vérité, d’autres, plus compétents que moi, prendront le relai.


Commentaire/Analyse





On avouera que la méthodologie de l’auteur est stupéfiante. Autant l’ambition énoncée au départ est classique, autant son implémentation est déconcertante. Vouloir se baser sur des informations incontestables est la fondation de toute entreprise sérieuse. Mais le biais de l’auteur est ici révélé : les auteurs incontestables sont les « brebis égarées du christianisme ». Ainsi, tout sera basé sur des gens qui sont en dehors du cadre. Donc, tout ce qui pourrait ramener l’auteur précisément dans ce cadre chrétien est inexistant. Il ne sera que dans un cadre qui a justement pour fondement de nier les fondations chrétiennes officielles. Il valide donc méthodologiquement, non pas de parvenir à la vérité, mais de bien rester en dehors du cadre « officiel ». On pourra rétorquer : un chrétien qui veut rester dans la cadre dogmatique officiel, participe de la même méthode, mais sur d’autres bases. Pourtant, les deux attitudes ne sont pas comparables.

Il est possible d’établir un travail scientifique et académique dans le cadre chrétien, sur des bases historiques, linguistiques et philosophiques. Par exemple, il est aujourd’hui incontesté, de la part des historiens qui enquêtent sur cette période, qu’un homme du nom de Jésus a été crucifié par les romains sur demande des autorités sacerdotales juives vers l’an 30. Que cet homme soit Dieu incarné, né d’une vierge et ressuscité après avoir été crucifié, sont des vérités d’un ordre qui n’est pas historique, et qui ne sont donc pas du ressort d’un travail scientifique. Ce qui est de ce domaine par contre, est que ses fidèles ont été persuadé de sa résurrection, et que leur foi dans cet événement a donné lieu à de grands bouleversements. La matrice de toute cette histoire était juive. Tous les gens sérieux travaillant sur cette période s’accordent au moins sur ce substrat minimal.

Mais pas l’auteur. Il s’évertue à amener un élément exogène, sans aucune preuve, sans aucun sérieux : un élément religieux extrême-oriental, en déjudaïsant Jésus, ce qui est indéfendable sur le plan historique, religieux, linguistique, etc. Ce qui est fascinant sur la méthode, est qu’il invoque Gamaliel, et la théorie de celui-ci sur la pérennité historique pour justifier sa position. Il pense ainsi être inattaquable, car il manque le recul historique. Mais son hérésie, niant la divinité du Christ et la réalité de la résurrection, est très ancienne. Et si elle perdure historiquement, ce n’est pas sous une forme unique. C’est une erreur qui mute sans cesse. Elle prend sans cesse de nouveaux visages. Mais elle ne perdure pas au niveau des hommes. Donc, Gamaliel nous montre, si on l’invoque, que ceci n’est pas de Dieu, mais bien des hommes. Par contre, qu’est-ce qui dure depuis bientôt deux millénaires ? le christianisme officiel dogmatique tant décrié par l’auteur et ses amis égarés et incontestables. Donc, le travail de l’auteur n’a pas de durée et est des hommes, tandis que l’Eglise orthodoxe a la continuité, la durée et est de Dieu. Il est évident que c’est l’égo de l’auteur qui a guidé son travail. Le manque de sérieux académique y rivalise avec l’amateurisme des théories. Il le démontre tout seul ici, bien involontairement…



Ceci n’a pas de valeur en soi, mais il est toujours amusant de voir les arguments de quelqu’un se retourner contre lui. Pour la suite de cette analyse, non verrons à quel point tout ce que l’auteur a jugé incontestable est à ce point fragile et peu crédible. La question ouverte par l’auteur et à laquelle il convient de répondre, est la suivante : peut-on chercher chez des auteurs marginaux quelque chose de signifiant pour la théologie chrétienne ? La réponse est oui. En fait, il faut voir de quoi est constituée cette marginalité. Les auteurs marginaux intéressants ont le profil type suivant : ils produisent un travail théologique qui amène des nouveautés et est basé sur une solide connaissance historique, linguistique, patristique et théologique. Prenons l’exemple du Père Boulgakov. Sa sophiologie est considérée par beaucoup aujourd’hui comme une hérésie. Il a le tort suivant : avoir été trop en avance pour les gens de son époque, qui n’ont pas saisi sa théologie. Il s’est passé la même chose avec Saint Syméon le Nouveau Théologien. Ce vocable de « nouveau » est au départ une moquerie de ses contemporains, quant à sa prétention à amener du neuf dans la théologie. Bien évidemment qu’on peut amener du neuf en théologie : ce qu’on peut dire de Dieu n’est pas circonscris ! Simplement, on se doit d’être cohérent avec la théologie précédente. Le Père Serge a posé une pierre sur la colonne théologique préexistante pour la faire grandir. L’auteur de ce livre, avec son Jésus Bouddha qui médite mais qui ne ressuscite pas n’est pas du tout dans cette catégorie. Il n’est pas cohérent avec ce qui précède. En niant sa judéité au Christ et au texte, il commet une folie logique, historique et linguistique. Sa connaissance patristique est quasi-nulle et il se positionne en opposition, et pas en continuation. Sa théologie est inexistante, ou en tout cas déviante par rapport à ce qu’exprime le livre étudié (je parle de l’Evangile de Matthieu). Car finalement, qu’on adhère ou pas à la naissance virginale, à la divinité du Christ et à la réalité de sa résurrection importe peu dans la problématique qui nous occupe ici. Les disciples de l’école matthéenne rédigent un texte qui expose ces éléments de doctrine. L’auteur va donc irrémédiablement se fracasser sur cette dure et austère réalité : le texte appelé Evangile selon Saint Matthieu, expose pour un public juif, le témoignage d’un juif du premier siècle, Jésus, que sa mère a mis au monde tout en restant vierge, qui est l’incarnation de Dieu et qui offre le salut au monde en ressuscitant. Qu’on y adhère ou pas, c’est ce que dit le texte.