ésotérisme chrétien : préambule

2 – Définitions et propos préalables : hypothèses

Une hypothèse, jusqu’à ce qu’elle soit démontrée, ne peut avoir valeur que de probabilité. Une hypothèse n’est donc pas vérité. Une hypothèse est une supposition ou proposition qui ne peut exclure d’autres hypothèses aussi vraisemblables. On peut donc adhérer ou ne pas adhérer à une hypothèse. Obliger à considérer une hypothèse comme unique vérité est un contre-sens. Mettre aux voix, fut-ce lors d’un concile, une hypothèse, pour ensuite la proclamer comme unique vérité peut être politiquement nécessaire, mais reste un non-sens. Celui qui a dit « Je suis la Vérité » et « cherchez et vous trouverez » ne peut nous tenir de chercher à savoir et à comprendre.


Commentaire/Analyse





L’auteur fait ici mine de ne pas comprendre ce qu’est un dogme. J’imagine pourtant que pendant son enfance on lui avait expliqué. J’imagine aussi aisément qu’à chaque fois qu’il avait interpellé un prêtre pour l’inviter à considérer plus positivement ses vues hérétiques, celui-ci lui avait expliqué pourquoi cela n’était pas possible. J’ai jusqu’ici fait suffisamment de posts pour expliquer ce que sont les dogmes, et comment l’on doit se différencier de la notion d’hypothèse que je n’y reviendrai pas une nouvelle fois ici. Il n’est pas bon que la continuité de la bêtise maçonnique tout au long de ce malheureux livre induise un propos qui tournerait un peu en rond dans ce blog. Je revendique bien évidemment la continuité dogmatique, mais je voudrais apporter ici un éclairage nouveau.

L’auteur fait une allusion au mode de fonctionnement des conciles de l’Église. Un concile est une réunion de hauts dignitaires de l’Église (prélats influents du type patriarche, métropolite, évêque, mais aussi laïcs ayant du poids dans la vie de l’Église). Le concile, à l’époque de Byzance était convoqué par l’empereur et devait répondre à certaines questions dont l’actualité était brulante pour la vie de l’Église. Les questions posées par ce livre n’ont plus cette actualité brulante, car elles ont été répondues il y a plusieurs siècles de cela. Je ne ferai pas l’injure à Arius de déclarer l’auteur arien ; il n’est pas assez subtil pour cela. Mais globalement, les questions qu’il pose sont adressées par le premier concile œcuménique. Les conciles, suivant qui les convoque et qui est appelé à siéger, ont plus ou moins d’autorité : conciles locaux, nationaux, œcuméniques. Le terme œcuménique n’est pas à prendre dans le sens du dialogue entre les différentes confessions chrétiennes mais bien dans celui qui considère que l’Église dans sa totalité est concernée par les décisions de ce concile. Le tout premier concile est décrit dans le livre des Actes des Apôtres. La question était : quelle halakha va s’appliquer aux païens convertis à l’ekklesia du Christ ? Ce sont les dignitaires de l’Église qui l’ont convoqué.

Comment fonctionne un concile dans son mode de décision : le vote qui doit déclarer l’unanimité. C’est là où la malhonnêteté intellectuelle de l’auteur franchit toutes les bornes. C’est là où l’on voit s’étaler toute la médiocrité maçonnique : mensonge, calomnie, indigence intellectuelle. Un concile ne vote pas « la vérité ». Il parvient à l’unanimité. Le concile proclame la voix de l’Église. L’auteur imagine qu’un concile est un débat entre ceux qui pensent que 2 et 2 font 4, et qu’ils s’opposent à ceux qui pensent que 2 et 2 font 5. Et il nous glisse cette petite idée perfide : et si le concile vote pour 5 ? alors la voix de la vérité deviendrait marginalisée, condamnée par un anathème, qualifiée d’hérétique. La version officielle deviendrait celle du mensonge. Mais justement, le fonctionnement d’un concile n’est pas celui-ci. Un concile se réunit pour confronter les opinions et faire émerger la vérité relativement au mensonge. Comment en être sûr ? à cause de la continuité théologique, biblique, traditionnelle. Et surtout la matrice juive peut nous servir à vérifier ce qui est correct ou pas du point de vue traditionnel. C’est là que la position maçonnique de l’auteur tourne au grand guignol. Il veut vérifier la validité d’un concile à la lumière du bouddhisme (ou de tout ce que vous voudrez qui provient de l’extrême orient). Or, la validité d’un concile se vérifie à la lumière du judaïsme. Et quand on parle de judaïsme ici, on ne parle pas de ce qu’est devenu le judaïsme en refusant Jésus comme Christ et comme Dieu à partir de l’an 30, et ensuite lors du concile de Yavneh, qui eut lieu en 90 et qui pose les bases du judaïsme rabbinique pharisien actuel, et qui se construit donc en opposition vis-à-vis de Jésus.

Les Pères l’ont expliqué, et on les a pris à la légère sur ce point-là : les Juifs sont les preuves vivantes de la véracité de tout le Christianisme. Les bouddhistes n’ont pas de fonction validante ou invalidante vis-à-vis de l’Église. En quoi la validité d’un concile se vérifie-t-elle à la lumière du judaïsme ? Il faut que ses conclusions et son fonctionnement soient en accord avec le judaïsme d’avant le Christ, c’est-à-dire qu’il doit pouvoir témoigner d’une possible continuité avec la source première : la Loi de Moïse qu’il a reçu au Sinaï. Du Sinaï viennent deux branches dans l’histoire : l’Église et la Synagogue. La Synagogue nous dit Paul reviendra à la fin des temps. Mais l’Église doit être dans la continuité du Sinaï. Prenons le premier des conciles œcuméniques, puisque c’est celui qui invalide tout ce triste livre d’errances théologiques diverses et variées. Il s’agit du concile de Nicée, qui eut lieu en 325. Ce concile affirme la divinité du Christ, au travers du terme technique de consubstantialité du Père et du Fils. Le terme cité est ὁμοούσιος : cela signifie « de même nature ». Le Père et le Fils ont tous deux la nature divine. C’est la façon conciliaire de déclarer la nature divine du Fils, d’affirmer que Jésus est Dieu. En quoi découlons-nous du Sinaï ? Parce que le Christ est identifié et identifiable au travers de ce qu’indique la Loi que Moïse a reçue et transmis. C’est pour cela que l’étude de toute cette Loi est absolument centrale. Amener du bouddhisme dans cette histoire est une sottise. Mais regarder le Christ au prisme de la Loi et de toute la tradition orale d’Israël c’est le reconnaître comme Messie et comme Dieu. C’est ce qu’ont fait les apôtres, et c’est justement ce qu’ils nous ont transmis au travers des évêques… qui ont fait les conciles. La boucle est bouclée !