Franc-maçonnerie : ésotérisme chrétien : avant propos (suite 9) : foi, confiance, connaissance
ésotérisme chrétien : préambule
Voici un mot bien ambigu, recouvrant un certain nombre de notions, dont chacun privilégie inconsciemment un aspect ou un autre, selon ses propres convictions.
Lorsque Jésus déclare à celui ou celle qu’il vient de guérir : « ta foi t’a sauvé » ou à ses disciples, s’agissant du centurion romain : « jamais je n’ai rencontré une telle foi en Israël » s’agit-elle de la même foi de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, s’agit-il du même degré dans la foi, que celle du choix de Pascal ?
Depuis des générations l’Église nous a amené, jusque dans notre inconscient, à considérer la foi comme un devoir d’adhésion sans condition. Le doute est permis mais comme un état transitoire de faiblesse humaine dont il faut vite revenir en demandant le secours divin.
Or avoir la foi, c’est croire. Et croire n’est pas savoir.
Cependant avoir « foi » en quelqu’un signifie lui faire confiance, d’où l’ambiguïté.
Lorsque Jésus dit « si vous aviez la foi comme un grain de sénevé » ou lorsque l’Ange parle de « manque de foi en LUI, en moi, en toi » (dialogue avec l’Ange, entretien 6, avec Lili) il s’agit bien de faire confiance. L’Ange confirmera d’ailleurs : « c’est LUI qui aide à travers toi, aie confiance en LUI » (Dialogue avec l’Ange, entretien 7, avec Lili).
Très subtilement, depuis des siècles, l’Église n’a fait aucune distinction entre la foi en Dieu, je dirais la confiance en Dieu, et l’obligation de croire aux hypothèses de ses exégètes.
Un savant, en cours d’expérience croit en l’hypothèse qu’il va expérimenter. Si l’expérience réussit, il ne croit plus. Il sait.
Croire, c’est adhérer à une hypothèse vraisemblable. C’est pourquoi, malgré l’espérance que cela implique, croire c’est avouer son ignorance, son incapacité momentanée ou absolue de savoir.
Lorsque Jésus dit « cherchez et vous trouverez, frappez et il vous sera ouvert » (Mt 7 :7), il nous encourage à user de toutes nos capacités humaines, pour avancer sur sa voie. Il nous encourage à transformer notre croire en savoir, nos hypothèses en connaissances.
C’est ainsi que la foi, ni dans le sens de croire, ni dans le sens de faire confiance, ne peut être la même selon le degré d’avancement sur la voie.
Celui qui ne sait pas encore comment prier, et dans quelles conditions, ne peut pas connaître l’efficacité de la prière. De même, celui qui n’a jamais été l’objet ni le témoin d’une expérience dite paranormale (guérison immédiate, vision, voyance, etc) aura beaucoup de mal à accepter les faits. Selon son caractère et sa culture, il y croira ou n’y croira pas. Le guérisseur ou le voyant authentique ne croit pas, il sait.
S’agissant des choses de l’au-delà, l’homme, et l’Église, ne peuvent émettre que des hypothèses plus ou moins vraisemblables mais dont la vérité est invérifiable. Ces hypothèses, même les plus crédibles, s’avèrent d’autant plus improbables que chacun spécule, en utilisant les données connues dans un monde limité et chronométré, en les appliquant à un monde inconnu, sans limites et sans contrainte de temps ou d’espace.
Jésus n’a pas la foi, il sait. Du moins n’affirme-t-il rien sans savoir. Les miracles qu’il opère sont le témoignage de sa connaissance. Pourtant, mais peut-être devrais-je dire voilà pourquoi, au sujet de l’au-delà, il a la prudence de ne s’exprimer que par des analogies. Ainsi, il ne se permet jamais de donner un nom à Dieu. Il l’appelle « Notre Père ». J’adhère sans réserve à ce qu’il nous dit. Jésus n’est pas un exégète, un professeur de théologie, c’est un maître. Je crois en lui et en ce qu’il enseigne. Voilà mon seul Credo.
Quant aux hypothèses, y compris les miennes, puisque personne ne sait, il est préférable d’utiliser des expressions comme : « c’est vraisemblable », « tout se passe comme si », « je crois volontiers que », ou, dans le meilleur des cas « je suis persuadé que ».
Il est envisageable d’affirmer une vérité historique. La plupart des hypothèses historiques sont vérifiables. Dans certains cas, elles peuvent être remises en question, notamment à la suite d’une découverte archéologique. S’agissant des hypothèses théologiques, chacun a le droit de supposer, ou même de proposer , mais personne n’a le droit d’affirmer, encore moins d’imposer, car seul Dieu sait.
Une autorité cléricale, aussi éminente soit-elle, en est réduite aux suppositions, et supposition ne peut être que proposition, et non affirmation. La béatification d’un grand théologien ne garantit pas que ses affirmations soient vérité. Dieu seul sait.
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Commentaire/Analyse
Quel paragraphe savoureux. Il se déguste comme un nectar de grand prix. Quel dommage que l’auteur ne se soit pas appliqué ces sages maximes de doute, de précaution et d’humilité à lui-même !!! car on ressort de ce passage avec une approche apophatique de Dieu, qui est ma foi tout à fait louable, compréhensible et acceptable. L’auteur a raison lorsqu’il dit que la foi est un mot à tiroir et qui recoupe aussi bien l’adhésion à des points de doctrine, que la notion de confiance. L’auteur a raison lorsqu’il dit que croire n’est pas savoir. L’auteur a raison lorsqu’il dit que Jésus n’appelle jamais Dieu « Dieu » mais bien « Père ». Quel dommage qu’il ne sache pas expliquer pourquoi. Il divague probablement dans son gloubiboulga maçonnico-bouddhiste pour trouver une bonne raison. La raison est double et ma foi fort simple : la sanctification du Nom de Dieu implique en milieu Juif de ne jamais prononcer le Nom de Dieu, puisque le nom de quelqu’un révèle son essence profonde. Ainsi le Nom de Dieu étant porteur de Son essence, on ne peut pas le dire, car c’est impossible à circonscrire dans un langage humain. De plus, Jésus utilise le terme « Père » qui indique une relation.
Nous avons fait le tour de ce que l’auteur a bien vu. Passons maintenant à la phase plus longue : ses erreurs. L’auteur ne sait pas si Jésus est un grand initié. Il le croit. L’auteur ne sait pas si Jésus est influencé par les religions extrêmes orientales. Il le croit. L’auteur ne sait pas si les dialogues relatés dans le livre « les dialogues avec l’ange » dans lesquels il puise abondamment sont authentiques et intéressants sur le plan théologique. Il le croit. L’auteur ne sait pas si les exégètes de l’Église comme il les appelle ont raison ou tort. Il le croit. Je ne sais pas exactement ce qu’il pointe exactement derrière cette appellation, mais il y a quelque chose que chaque chrétien sérieux sait : les Pères de l’Église (pour la plupart) sont morts en martyr pour la défense de leurs « hypothèses ». L’auteur a toujours vécu confortablement (d’après ce que je sais de sa vie). Je crois qu’il ne finira jamais dans le calendrier chrétien comme un martyr de la foi. Je ne le sais pas, mais je déclare humblement que je le crois.
L’auteur ne sait pas le grec, ou très très peu. Je crois que c’est un peu limite pour analyser un texte qui nous est parvenu en grec. L’auteur ne sait pas l’hébreu. Je crois que c’est tout de même handicapant pour un texte qui a vu le jour dans un contexte Juif. Tout ceci ne sont que des hypothèses personnelles, basées sur certains faits, et chacun pourra ensuite se déterminer ensuite vis-à-vis de son propre scepticisme sur ces domaines. Passons maintenant non pas à ce que je crois de la franc-maçonnerie, mais à ce que je sais. En effet, j’ai été un peu moins de deux ans dans cette institution, au grade d’apprenti, puis de compagnon, avant d’en être exclu, ce qui reste pour moi une grande fierté de ma vie spirituelle. La franc-maçonnerie est, pour sa dimension officielle, issue d’Angleterre, et a été créée par des hommes liés à la religion chrétienne, mais qui n’a rien d’orthodoxe. Je comprends qu’ils aient considérés que la seule religion pratiquée en Angleterre à leur époque ne suffisait pas à remplir une vie spirituelle sérieuse, mais ils ont décidés de recourir à la « voie initiatique ». L’auteur va ensuite expliquer du haut de sa vertigineuse sagesse ce que signifient ésotérisme et exotérisme, et j’aborderai plus avant ces notions-là à ce moment-là. Toujours est-il que je peux témoigner la chose suivante : officiellement dans son discours, la franc-maçonnerie déclare ne pas vouloir aborder de problématiques religieuses, mais passe son temps au contraire à aborder des questions finalement très religieuses. Dans l’obédience qui était la mienne (la GLTSO), la doxa officielle était : nous nous relions à Dieu via la voie initiatique. Nous ne parlons pas de religion. Tout discours sur le Jésus des conciles œcuméniques était absolument proscrit. Par contre, tout discours sur un Jésus alternatif, était lui le bienvenu. Ainsi l’auteur avait son Jésus bouddhiste, mais d’autres avaient un Jésus magicien, un Jésus médecin alternatif, un Jésus grand initié, un Jésus alchimiste, etc etc. Le seul dogme maçonnique était donc de voir Jésus comme vous le voulez, mais surtout pas comme ceux qui l’ont connu et ont été enseigné par Lui. C’est tout de même assez particulier comme démarche, comme méthode. Ainsi, non pas ce que je crois, mais ce que je sais, c’est que l’obédience à laquelle j’appartenais était au final, à sa façon, farouchement anti-chrétienne. Je tiens à préciser pour être parfaitement clair, que j’attaque ici la maçonnerie et non pas les maçons. C’est à un maçon que je dois d’avoir découvert l’extraordinaire travail de René Girard. J’aborderai ceci plus tard dans le blog. La maçonnerie est gnostique. Il s’agit de la forme moderne de la gnose, cette constellation d’hérésies des premiers temps de l’Église. Bien que j’ai rencontré des catholiques sincères dans mon parcours maçonnique, en étudiant je suis arrivé à la conclusion qu’il n’est pas possible d’être chrétien et franc-maçon. On ne peut en même temps être orthodoxe (voire même catholique romain) et être en même temps gnostique. Ces deux approches s’excluent mutuellement. Ce que je peux dire en ayant assisté à des tenues données par le Grand Orient, est qu’il règne dans ces loges un conformisme de la pensée assez navrant (ça ne vole pas très haut en fait), et une approche du religieux issue des Lumières. Il y a une volonté de détruire l’Eglise, vue comme le responsable de bien des maux aujourd’hui. Ils ânonnent sans cesse le mot laïcité, comme si c’était le remède à tout. Un mal de crâne, prenez une pilule de laïcité, ça ira mieux !! Il ressort de mon parcours maçonnique qu’il s’agit d’une organisation farouchement anti-chrétienne que ce soit via la défense de la gnose, soit par le combat politique. J’invite tous les maçons à quitter leurs loges, et à aller en confession. J’invite les évêques à expliquer, à éduquer, puis à excommunier, le cas échéant.