Franc-maçonnerie : ésotérisme chrétien : avant propos (suite 17) : la république comme persécution de l’Eglise
ésotérisme chrétien : préambule
Le XXème siècle a enfanté dans la douleur la notion de séparation de l’Eglise et l’Etat. L’Etat français est désormais démocratique et laïc, ce qui signifie que nos lois garantissent la liberté de conscience. Cela représente un progrès considérable dont les répercussions ne sont pas terminées et dépassent de beaucoup le cadre géographique et politique hexaogonal. Désormais, en France, l’Eglise n’a plus de compte à rendre, en principe, qu’à Dieu (et à Rome). Quant à ses rapports avec l’Etat, il lui suffit de se comporter comme toute association citoyenne responsable.
Il devient dès lors acceptable d’envisager, selon mon vœu le plus cher, que la voie ésotérique soit à nouveau proposée aux chrétiens qui le souhaiteraient. Cette responsabilité devrait alors être confiée à des maîtres initiés ayant réellement atteint des degrés de spiritualité suffisants, ce qui ne peut se concevoir que dans le cadre de congrégations vivant en dehors du monde profane mais accueillant librement, à l’instar de ce qui se passe notamment dans les ashrams et monastères, des étudiants soucieux de progresser sur la voie.
Pour commencer, et jusqu’à ce que leur nombre soit suffisant, ces maîtres initiés devront probablement, peut-être même inévitablement, être parrainés par d’authentiques initiés en religion n’ayant jamais rompu au fil des siècles, la chaîne initiatique et possédant véritablement le pouvoir de transmettre une telle élévation spirituelle.
Des initiatives comme le rapprochement entre les bénédictins de la World Community for Christian Meditation et sa Sainteté le Dalaï Lama, permettent d’être raisonnablement optimiste (Le Dalaï Lama parle de Jésus, édition Brépols).
Le gouvernement et le fonctionnement de l’Eglise, les relations et prises de positions politiques et diplomatiques indispensables, l’action sociale et humanitaire chrétienne resteraient nécessairement la charge de la hiérarchie cléricale, telle qu’elle est constituée depuis des siècles.
Il appartiendrait aux clercs, plus que jamais, de contrôler les éventuelles déviances de certains inités présomptueux (on reconnaît un arbre à ses fruits), la dérive sectaire ou prétendue illuminée n’étant pas le moindre des risques potentiels.
Il n’y aurait plus aucune objection d’ordre spirituel à ce que les membres de la hiérarchie cléricale se marient. En revanche, les candidats aux ordres états initiatiques les plus élevés seront inévitablement appelés, au moins pendant un certain temps, à cette chasteté si peu comprise et supportée par bien des membres du clergé.
—
Commentaire/Analyse
Ce paragraphe commence par une articulation qui peut paraître maladroite, mais qui révèle un problème de fond très subtil. Le fait que la société française soit démocratique, et que l’ésotérisme doive être ou pas réintroduit dans l’Eglise sont deux problématiques à priori totalement séparées. La laïcité bien comprise en termes de domaines séparés correspond à une conduite politique sans intrusion de l’Eglise, et le domaine spirituel sans intrusion de l’état. On voit ici qu’il y a une contradiction flagrante. Mais comme je l’expliquais précédemment, les choses sont plus compliquées. L’Eglise, tout au long de son histoire a subi des influences du pouvoir toutes plus toxiques les unes que les autres. C’est l’empereur byzantin qui a de nombreuses reprises fut à l’origine de crises très profondes, ou apporta une aide importante à l’aggravation de la crise (en fonction des croyances personnelles de ce dernier) : crise arienne, crise iconoclaste, modification profonde du cadre légal et donc ecclésial du mariage, etc. Cette séparation moderne reviendrait donc normalement, à ce que ce genre de choses ne se produisent plus. Car souvent, les gens peu instruits voient dans la laïcité la préservation de l’état de l’influence de l’Eglise, alors que la problématique est tout à fait inverse. Il faut sauvegarder la direction spirituelle de toute intrusion extérieure. Alors pourquoi l’auteur relie-t-il les deux ? Parce que la maçonnerie est la religion de la république française (on pourra voir les déclarations de Vincent Peillon sur le sujet). Ainsi, la maçonnerie, éternelle ennemie de l’Eglise va instrumentaliser le pouvoir pour donner une orientation différente à l’Eglise. En effet, jamais, d’elle-même, l’Eglise n’introduira une doctrine ésotérique quelconque, contradictoire avec sa dogmatique sans que le pouvoir n’agisse fortement avec son influence. Actuellement, ce n’est pas véritablement l’ésotérisme le danger premier, mais bien la problématique liée à l’homosexualité. Le pouvoir va un jour agir pour forcer l’Eglise a marier deux hommes ou deux femmes. C’est-à-dire que le pouvoir, au nom de l’égalité, va persécuter la hiérarchie ecclésiale, le clergé, pour faire passer une loi profane dans le cadre spirituel. Ce moment là viendra sans aucun doute. Il sera juridiquement passionnant. Il faudra alors se souvenir de l’influence maçonnique aussi bien dans l’idée elle-même, que dans sa réalisation…
Il s’agit ici de bien définir l’articulation des choses, non pas pour tomber dans une sorte de paranoïa, ni dans un complotisme adolescent, mais bien dans une vision claire et limpide des interactions, des réseaux, des influences, et des causes profondes. Depuis le début historique de l’Eglise, on constate qu’elle a un ennemi acharné : la gnose. Cet ennemi fut très virulent au départ, et on pourrait considérer que cette phase historique est terminée. Or, la gnose revient sans cesse avec de nouveaux visages, mais toujours la même théologie. Le visage moderne en est la franc-maçonnerie ; il ne s’agit pas du seul. La maçonnerie a sa face gnostique, avec des gens versés dans « l’ésotérisme », et une face politique, avec des gens qui s’occupent de penser la société. Il faut bien comprendre que les deux sont les faces d’une seule et même médaille. Ainsi, ce que livre ici de façon inconsciente un auteur maladroit bien malgré lui, est la chose suivante : une demande à peine voilée aux maçons qui peuvent être influents dans le domaine politique d’agir sur l’Eglise pour qu’elle accepte (malgré elle) la part ésotérique qui est censée lui manquer. On voudra nous imposer de l’extérieur des choses relatives au mariage. On voudra nous imposer de l’extérieur toutes sortes de choses. Cela sera une persécution judiciaire. Et en fait, cela a du bon. Cette persécution est nécessaire pour une saine clarification. Cela permettra de séparer les évêques qui sont pour la religion du monde, et ceux qui sont pour le Christ. Il y aura fort à parier qu’il y aura une fausse « église », au début peut-être majoritaire, et une Eglise véritable, pauvre, persécutée, fragile. Celle qui dure depuis l’an 30…