La révélation naturelle comme base de la croyance naturelle et d’un sens de l’existence

partie 3

texte original roumain

In aceasta poziție a omului, se arată ca lumea are o raționalitate pentru a fi cunoscută de noi – ființe raționale. De aceea ea trebuie sa aiba originea într-o ființa care a urmarit prin crearea lumii – si urmărește prin conservarea ei – cunoasterea lumii, si prin ea însăși si cunoasterea ei de către om. Noi aparem ca unica ființa care, aparținand lumii vazute si imprimate de raționalitate, e constienta de aceasta raționalitate a ei si, odata cu aceasta, de sine insasi. Fiind singura ființa din lume constienta de sine, omul este totodata constiința lumii si factorul de valorificare a raționalitații lumii si de prelucrare constienta a ei în favoarea noastra, iar prin aceasta, de autoformare constienta a noastra. Noi nu putem fi constienți de noi inșine fara a fi constienți de lume si de lucrurile din ea. Cu cât cunoastem mai bine lumea, sau suntem mai constienți de ea, cu atat suntem mai constienți de noi insine. Dar lumea, contribuind în modul acesta pasiv la formarea noastra si la adancirea constiinței de sine a noastra, nu devine prin aceasta si ea insasi constienta de sine. Aceasta inseamna ca nu noi suntem pentru lume, ci lumea pentru noi, desi lumea ii este necesară omului. Omul e scopul lumii, nu invers. Chiar faptul ca noi ne dam seama ca lumea ne este necesara e un fapt care arata poziția de superioritate a omului fața de lume. Caci lumea nu e in stare sa simta necesitatea noastra pentru ea, lumea, existand ca obiect inconștient, exista pentru. Ea e subordonata lui, fara insa sa o fi facut el.

traduction proposée

Dans cette position de l’homme, on voit que le monde a une rationalité pour être connu par nous – êtres rationnels. Pour cela il faut qu’il (le monde) ait son origine dans un être qui avait pour but au travers de la création du monde – et de sa préservation – la connaissance du monde par l’homme, et au travers de cette connaissance du monde, la connaissance de cet être créateur par l’homme. Nous apparaissons comme étant l’unique être, qui, relevant du monde visible et marqué de rationalité, est conscient de sa rationalité et en même temps, de lui-même via sa rationalité. étant le seul être du monde conscient de lui-même, l’homme est également la conscience du monde et le facteur de valorisation de la rationalité du monde et de son processus de transformation consciente, et au travers de ceci, de l’autoformation de notre conscience. Nous ne pouvons être conscients de nous-mêmes sans être conscients du monde et des choses en lui. Plus nous connaissons le monde, plus nous sommes conscients de lui, et en même nous sommes davantage conscient de nous-mêmes.
Mais le monde, contribuant en un mode passif à notre formation et à l’approfondissement de notre conscience de nous-même, ne devient pas, au travers de ceci conscient de lui-même. Ceci signifie que nous ne sommes pas pour le monde, mais que le monde est pour nous, bien que le monde soit nécessaire à l’homme. l’homme est le but du monde, et non l’inverse. D’ailleurs le fait en lui-même que nous comprenions que le monde nous est nécessaire est un fait qui montre la position de supériorité de l’homme par rapport au monde. Car le monde n’est pas capable de sentir notre nécessité envers lui, le monde, existant en tant qu’objet inconscient, existe pour. Il est son subordonné à l’homme, mais sans que l’homme en soit le créateur.




Commentaire/Analyse

Avant de passer au commentaire proprement dit, je voudrais faire une petite introduction liée à la traduction. Un lecteur roumanophone verra aisément que j’ai changé des choses au niveau de la traduction, qui n’est pas littérale. Ceci est dû au fait que le Père Dumitru n’avait visiblement pas dans ses objectifs premiers de produire le texte le plus abordable possible. Ses phrases sont longues et il utilise beaucoup de pronoms pour rappeler des concepts manipulés avant. Un exemple : en roumain le monde et la connaissance sont tous deux féminins. Le pronom pour les désigner, l’équivalent du « la » français est « ea » en roumain (et le « sa » est « ei »). Ainsi vous avez souvent dans ses textes des « ea » ou des « ei » dont il faut parfois regarder avec précision et patience s’ils désignent le monde ou la connaissance. C’est pourquoi j’ai rajouté des précisions entre parenthèses, ou parfois substitué le nom au pronom pour clarifier le sens, au risque d’alourdir le texte dans sa dimension purement littéraire. Mais le but du blog est bel et bien l’élucidation théologique, et pas l’émotion poétique…



Le Père Staniloae met ici en avant une relation à trois acteurs et en montre les subtilités : Dieu, l’homme et le monde. Il choisit pour commencer sa dogmatique (car nous sommes encore dans le premier texte de sa théologie dogmatique) de montrer les relations entre ces différents acteurs sous l’angle de la rationalité et de la connaissance. Et pour le Père Dumitru, les relations sont les suivantes : l’homme va connaître le monde, et au travers de cette connaissance il va pouvoir se connaître lui-même et connaître Dieu. Cette connaissance est rendue possible parce que l’homme est doué de rationalité. Cette rationalité est donnée par Dieu à l’homme pour que toute cette connaissance et que toutes les relations qui en découlent soient possibles. Cette connaissance s’accompagne de conscience. L’homme a conscience de lui-même, de la même façon que Dieu a conscience de Lui-même. En cela il est image de Dieu. Pour le Père Dumitru, le monde n’a pas conscience de lui-même. Je voudrais ici me distancier humblement du Père Dumitru. Rien n’indique que le monde n’ait pas conscience de lui-même. Rien n’indique non plus que le monde ne soit pas vivant sous d’autres degrés et dans d’autres paradigmes. Un verset du livre de la Genèse, dans l’hébreu uniquement, permet de parvenir à cette conjecture. Lors du troisième jour, Dieu demande à la terre de créer des arbres. Son commandement est précis : וַיֹּ֣אמֶר אֱלֹהִ֗ים תַּֽדְשֵׁ֤א הָאָ֙רֶץ֙ דֶּ֔שֶׁא עֵ֚שֶׂב מַזְרִ֣יעַ זֶ֔רַע עֵ֣ץ פְּרִ֞י עֹ֤שֶׂה פְּרִי֙ לְמִינ֔וֹ אֲשֶׁ֥ר זַרְעוֹ־ב֖וֹ עַל־הָאָ֑רֶץ וַֽיְהִי־כֵֽן. (Gn 1:11) Systématiquement les traductions perdent cette subtilité. Exemple dans la Bible de Jérusalem : “Dieu dit : ‘Que la terre verdisse de verdure : des herbes portant semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semanece.’ et il en fut ainsi.”. Le verset traduit précisément est “Elohim dit : ‘Que la terre soit couverte de verdure, herbe semant semence, arbre fruit faisant fruit selon son espèce, qui en lui sa semence sur la terre !’ il fut ainsi”. La demande de Dieu concerne donc des arbres fruits qui produisent des fruits. Puis au verset suivant la terre répond à l’ordre divin : וַתּוֹצֵ֨א הָאָ֜רֶץ דֶּ֠שֶׁא עֵ֣שֶׂב מַזְרִ֤יעַ זֶ֙רַע֙ לְמִינֵ֔הוּ וְעֵ֧ץ עֹֽשֶׂה־פְּרִ֛י אֲשֶׁ֥ר זַרְעוֹ־ב֖וֹ לְמִינֵ֑הוּ וַיַּ֥רְא אֱלֹהִ֖ים כִּי־טֽוֹב (Gn 1:12) ce qui se traduit littéralement par “La terre produisit verdure, de l’hebre semant semence selon son espèce, et arbre faisant fruit qui sa semence en lui selon son espèce. Elohim vit que bon”. Lorsque Dieu a demandé des arbres fruits nous avons eu des arbres (pas fruits). Comme nous n’en avons pas eu, il est difficile de décrire ce qu’aurait pu être un arbre-fruit (qui n’est pas arbre fruitier). La tradition rabbinique a bâti une tradition de la terre qui désobéit à Dieu ici, expliquant la colère divine différée en Gn 3:17 (“maudite la terre à cause de toi”) verset où elle est maudite alors qu’elle n’a pas grand-chose à se reprocher dans la séquence avec le serpent. Cette tradition de la désobéissance implique donc une conscience du monde, une révolte étant impensable sans conscience, et sans conscience de soi.



Nous sommes ici dans le domaine des theologoumenons, c’est-à-dire « opinions théologiques personnelles ». C’est souvent un écueil pour les débutants en patristique (et il y a d’éternels débutants) : un Père peut avoir une opinion théologique personnelle sur un point, et l’on peut être en désaccord avec lui, sans cesser pour autant d’être orthodoxe. L’on cesse d’être orthodoxe lorsque l’on est en désaccord avec un canon issu d’un concile œcuménique. Et encore, lorsque je dis que l’on cesse d’être orthodoxe, il s’agit plutôt de dire que sur le point en question, notre position cesse d’être orthodoxe. L’on cesse véritablement d’être orthodoxe au cœur de notre relation à Dieu (ou que l’on s’inscrit dans une forme institutionnelle de relation à Dieu qui ne l’est pas de façon revendiquée : catholique romain, protestant, autre). Ainsi, aucun concile n’ayant abordé ce point de savoir si le monde est conscient ou non, chacun est libre de se déterminer en fonction d’arguments scripturaires ou patristiques.

Autre point très intéressant à souligner, la relation subtile qui unit l’homme et le monde. L’homme n’a pas créé le monde. Mais l’homme est vu supérieur au monde par le Père Dumitru, car l’homme est conscient et rationnel, et pas le monde. Pourtant, au cœur de cette supériorité indéniable, existe une surprenante relation de dépendance : l’homme est conditionné au monde. Si le monde dysfonctionne, l’homme disparaît. C’est absolument inédit dans les relations qui unissent inférieurs et supérieurs. Cette supériorité de dépendance introduit donc une relation au monde qui sera celle de la responsabilité. En Gn 2:15, Dieu demande à Adam d’être le gardien du jardin. Il sera donc responsable de cette création. En prenant soin du monde, il prend soin de lui-même. L’homme en respectant la nature se respecte lui-même. En la détruisant, il se suicide. Ma vision de la vie et de la conscience du monde n’entre pas en contradiction avec cette idée du Père Dumitru. Il la développe de façon intéressante : l’homme peut ne pas être conscient de sa relation au monde, et être seulement renfermé sur lui-même. C’est-à-dire que l’homme a divers degré de conscience, et dans le plus bas, il se pense lui, et seulement lui. En augmentant son degré de conscience, il accède à la relation, qui est le but de sa nature humaine. Le monde est à un degré de conscience plus bas que celui de l’homme. Difficile de dire s’il est conscient de nous, ou comment il l’est si jamais il l’est. Ce qui est sûr, c’est que l’homme peut progresser dans sa conscience. Le monde le peut-il ? Et en ce cas, quelles conséquences pour l’homme ? Salomon disait que la crainte de Dieu est le début de la sagesse. On pourrait faire le parallèle avec le monde. Si le monde avait à devenir conscient, nous devrions le craindre, sachant comment nous le bafouons régulièrement.