La révélation naturelle comme base de la croyance naturelle et d’un sens de l’existence

section 5 (p13)

texte original roumain

Unii Părinții bisericești au spus că omul e un microcosm, o lume care rezumă în sine pe cea mare. Sfântul Maxim Mărturisitorul a remarcat că mai drept e să se considere omul ca macrocosmos, pentru că el e chemat să cuprinde în sine toată lumea, fiind în stare să o cuprindă fără să se piardă, ca unul ce e deosebit de ea, deci realizând o unitate mai mare decât lumea exterioară lui ; pe când, dimpotrivă lumea, ca cosmos, ca natură, nu-l poate cuprinde pe om deplin în ea fără să-l piardă, fără să piardă astfel cea mai importantă și mai dătătoare de sens parte a realității.
Dar un termen mai precis pentru exprimarea faptului că omul e chemat să devină o lume mare este acela de macro-anthropos, care exprimă faptul că propriu-zis lumea e chemată să umanizeze întreagă, adică să primească întreagă pecetea umanului, să devină pan-umană, actualizându-se în ea o trebuință implicată în rostul ei ; să devină întreagă un cosmos umanizat, cum nu e chemat si nu poate deveni deplin omul, nici măcar la limita alipirii sale de lume, confundându-se deplin în ea, un om cosmicizat. Destinația cosmosului pentru om, și nu a omului pentru cosmos, se arată nu numai în faptul că cosmosul e obiectul conștiinței și al cunoasterii umane, și nu invers, ci și în faptul că tot cosmosul servește practic existenței umane.

traduction proposée (et corrigée par les soins d'Allan T., grand merci pour son aide)

Certains Pères de l’Eglise ont dit que l’homme est un microcosme, un monde qui résume le vaste monde en lui. Saint Maxime le Confesseur a remarqué qu’il était plus juste de considérer l’homme comme un macrocosme, parce qu’il est appelé à contenir en lui-même le monde entier, étant capable de le contenir sans s’y perdre, car il se distingue du monde, réalisant ainsi une unité plus grande que le monde extérieur. Tandis qu'au contraire, le monde, comme cosmos, comme nature, ne peut contenir l’homme pleinement sans le perdre, sans perdre alors la partie la plus importante et signifiante de la réalité.
Mais un terme plus précis pour exprimer le fait que l’homme est appelé à devenir un vaste monde est celui de macro-anthropos (macro-homme), qui exprime le fait que le monde entier est appelé à s’humaniser entièrement, c’est-à-dire à recevoir entièrement le sceau de l’humain, à devenir pan-humain, actualisant en lui (le monde) une nécessité impliquée par son objectif (au monde) ; Il est appelé à devenir un cosmos humanisé, chose que l'homme n'est pas appelé à devenir, ni ne peut pleinement devenir, ni même à la limite son union au monde, se confondant pleinement en lui (le monde), tel un homme cosmicisé. La destination du cosmos pour l’homme, et non de l’homme pour le cosmos, se voit non seulement dans le fait que le cosmos est l’objet de la conscience et de la connaissance humaine, et non l’inverse, mais aussi dans le fait que le cosmos entier sert en pratique l’existence humaine. 


Commentaire/Analyse





La question soulevée par le Père Dumitru est la suivante : est-ce que l’homme va se réaliser en percevant qu’il est au moyen d’analogies, de ressemblances, de correspondances, une image réduite du cosmos tout entier ? ceci est la vision de l’homme microcosme. C’est l’image issue des religions antiques, des pensées animistes et du new age. C’était l’image de l’homme la plus en vogue au moment de la Renaissance. Ce n’est pas faux. Considéré d’un certain point de vue, l’homme contient en lui tout ce qui constitue l’univers. Dans les religions considérées ici, l’homme se voyait dans un cycle sans fin (cycle de réincarnations par exemple) à l’image d’un univers éternel.

Le Père Dumitru répond, en citant Saint Maxime le Confesseur, que cette vision de l’homme microcosme est largement incomplète : l’homme est avant tout macrocosme. La notion est déroutante au départ. Comment, nous autres, êtres limités, pouvons nous avoir la prétention d’être macrocosmiques, face à l’immensité prodigieuse de l’univers ? Pour appréhender ce qui se joue ici, il ne faut pas raisonner dans l’univers physique. Il ne faut pas oublier que l’homme est l’image de Dieu, et donc, bien que poussière dans l’univers, il est image de quelque chose de plus vaste que l’univers. Il faut ici retrouver un peu d’ambition spirituelle (même si le manque d’humilité serait un obstacle fatal). Il faut ici passer dans le domaine non pas de ce qui constitue l’homme mais de son pourquoi ontologique : à quoi sert l’homme ? L’homme est ici pour agir. Il doit donc se découvrir non pas seulement porteur de l’univers mais également celui qui le transforme, qui le parachève. Il convient ici de ne pas opposer les deux approches, mais plutôt de voir leur complémentarité. C’est parce que l’homme est porteur de l’univers qu’il va pouvoir l’amener à son but. Mais son but n’est pas de jouir de la découverte de cette résonnance primordiale en nous. Cette résonnance est seulement une indication du pouvoir qui a été donné à l’homme.

Dans le récit de la création, Dieu au septième jour se retire et laisse l’homme agir. C’est le sens qui est déployé dans Gn 2:3, «Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu’il avait créée en la faisant. »  avec une indication très forte dans le texte hébreu : « וַיְבָ֤רֶךְ אֱלֹהִים֙ אֶת־י֣וֹם הַשְּׁבִיעִ֔י וַיְקַדֵּ֖שׁ אֹת֑וֹ כִּ֣י ב֤וֹ שָׁבַת֙ מִכָּל־מְלַאכְתּ֔וֹ אֲשֶׁר־בָּרָ֥א אֱלֹהִ֖ים לַעֲשֽׂוֹת ». C’est le dernier mot, לַעֲשֽׂוֹת, traduit le plus souvent par une notion d’accompli, « en la faisant » ici, mais ceci est très loin de la littéralité. La traduction littérale demande un temps inaccompli. C’est davantage l’idée de « pour faire ». L’homme est dans le monde pour agir dans le monde. Comme il est le monde en miniature, il a un pouvoir vertigineux au niveau de cette action. C’est le monde qui va être le porteur de l’étendue de l’action de l’homme. C’est ce qu’indique le Père Dumitru avec cette idée de sceau. Le monde attend cette transformation. Il a besoin de cette transformation. Il a besoin de cet achèvement. C’est, comme le dit le Père Staniloae, son objectif.



Une digression sur l’objectif. Lorsqu’il y a un objectif, il y a une volonté. Donc si le Père Staniloae imagine que le monde a un objectif, alors il lui attribue une volonté, donc d’une certaine façon, une vie. Cette vie est d’un autre degré, d’une autre nature, mais le monde est vivant. Ainsi, les choses lues précédemment dans sa dogmatique sont à nuancer, et j’avais noté que je me distanciais de cette vision d’un monde absolument inerte et sans un degré de conscience, aussi faible soit-il. Mais revenons à l’analyse de ce texte, et à la transformation qui doit être opérée par l’homme et qui est l’objectif du monde.

Quelle est la nature de cet achèvement, de cette transformation ? C’est d’y amener l’ordre divin. Le rôle de l’homme est d’amener le monde à refléter totalement la volonté divine, et à faire de ce monde, le reflet absolu de ce que voulait Dieu, qui a choisi de ne pas le terminer, mais de le faire terminer. Cette tâche, il l’a dévolue à l’homme. C’est en cela que l’homme devient non pas intérieur au monde (microcosme), mais extérieur au monde (macrocosme), car il prend une posture divine (c’est là qu’on peut légitimement l’appeler co-Dieu). C’est ce qui est exprimé entre autre dans « que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Le rôle de l’homme est donc multiple : comprendre la volonté divine, comprendre le monde, articuler les deux pour faire du monde un lieu de volonté divine. Le paradoxe de l’homme, est qu’il va pouvoir, premièrement se perdre et ne pas réaliser sa tâche cosmique. Et deuxièmement, il est placé de façon unique et totalement originale : il est à la fois dedans et dehors, tout et rien. Ce texte très court du Père Dumitru, mais très dense en terme de sens, nous invite donc à considérer notre place dans le monde. Les implications sont nombreuses : la science devient une part essentielle de la destinée humaine, puisque nous devons comprendre l’univers. La science peut devenir révolte. Nous le voyons aujourd’hui, puisque les plus grands athées viennent du monde scientifique et instrumentalisent la science pour nier Dieu (comme Stephen Hawking qui nous a quitté récemment). Mais ceci ne doit pas détourner le chrétien de la nécessité de comprendre le cosmos. La science doit néanmoins se marier avec prière et étude. La première étape de la transformation qui nous est confiée, est de retrouver l’émerveillement du regard. C’est le germe de l’amour nécessaire à la grande métamorphose à laquelle l’univers doit être amené.