Staniloae : Théologie Dogmatique Orthodoxe (vol1 - chap1 - comm10) : pourquoi la Trinité ?
La révélation naturelle comme base de la croyance naturelle et d’un sens de l’existence
section 10 (p18-20)
Fiinţa noastră nu-şi poate găsi împlinirea ca persoană decât în comuniunea cu o fiinţă personală superioară, care nu-şi poate descoperi bogăţia şi nu poate împlini fiinţa noastră într-o legătură cu treptele inferioare ei, sau reducând-o la starea inconştientă proprie unui obiect pasiv, ci într-o relaţie în care omul însuşi, într-o continuă noutate, îşi însuşeşte în mod liber şi conştient infinita bogăţie spirituală a Persoanei supreme.
Aceasta înseamnă că persoana noastră rămâne liberă în relaţie cu această fiinţă superioară. Relaţia aceasta îşi are o analogie în relaţia persoanei umane cu o altă persoană umană, relaţie în care se păstrează libertatea amândurora. în această relaţie, omul există pentru o altă persoană şi slujeşte aceleia, dar prin aceasta se îmbogăţeşte el însuşi. Fiecare om este pentru alţi oameni aşa cum nu e pentru lucruri. Dar el nu cade prin aceasta la nivelul obiectului, căci în slujirea celorlalte persoane el se angajează în mod liber şi prin efortul de a face bucuria acelora creşte el însuşi în libertate şi în conţinut spiritual, ca să nu mai vorbim de căldura vieţii care îi vine din comuniunea sau din iubirea acelor persoane.Numai cu alte persoane omul poate realiza o comuniune, în care nici el nici acelea nu coboară la starea de obiect de cunoaştere exterioară şi de folosire mereu identică, ci cresc ca surse de căldură inepuizabilă de iubire şi de gânduri mereu noi, întreţinute şi născute chiar de iubirea lor reciprocă mereu creatoare, mereu în căutare de alte manifestări ale ei. Dar daca persoanele umane sfârşesc prin moarte, nici una din ele nu poate comunica şi nu poate primi la infinit căldura iubirii, pentru a se dezvolta fiecare la infinit, aşa cum doreşte de fapt omul. Viaţa omenească încheiată definitiv prin moarte loveşte de nonsens şi deci de nonvaloare toată raţionalitatea existentă în lume şi însăşi lumea. Sensurile urmărite în orizontul vieţii terestre sunt lovite şi ele de nonsens şi de nonvaloare dacă orice viaţă omenească, în care toate par să-şi găsească un sens, sfârşeşte definitiv în moarte. Iar cea mai cumplită tristeţe a noastră e lipsa de sens, adică lipsa unui sens etern al vieţii şi al faptelor noastre. Necesitatea acestui sens e intim legată de fiinţa noastră. Dogmele credinţei răspund acestei necesităţi de sens a fiinţei noastre.
Prin aceasta ele afirmă raţionalitatea completă a existenţei. Numai eternitatea unei comuniuni personale cu o sursă personală de viaţă absolută oferă tuturor persoanelor umane împlinirea sensului lor, acordându-le în acelaşi timp posibilitatea unei veşnice şi perfecte comuniuni între ele înseşi.
traduction proposée
Notre être ne peut trouver l’épanouissement en tant que personne que dans la communion avec un être personnel supérieur, qui ne peut découvrir la richesse et qui ne peut accomplir notre être avec un lien avec ses niveaux inférieurs, ou en réduisant son état inconscient en un objet passif, mais plutôt dans une relation dans laquelle l’homme lui-même, de façon continue, s’approprie librement et consciemment l’infinie richesse spirituelle de l’être suprême.
Ceci signifie que notre personne demeure libre dans la relation avec cet être supérieur. Cette relation est analogue avec la relation d’une personne humaine avec une autre personne humaine, relation dans laquelle est conservée la liberté des deux. Dans cette relation, l’homme existe pour une autre personne et la sert, mais par cela il s’enrichit lui-même. Chaque homme est pour les autres aussi bien qu’il n’est pas pour les choses. Mais il ne chute pas pour autant au niveau de l’objet, car il s’engage librement au service d’autres personnes, et par l’effort de faire leur bonheur, il grandit lui-même en liberté et en contenu spirituel, sans parler de la vie provenant de la communion ou de l’amour de ces personnes. L’homme peut atteindre la communion seulement avec d’autres personnes, dans laquelle ni lui ni elles ne descend à l’état d’objet de connaissance extérieure et d’utilisation toujours identique, mais grandissent comme source d’inépuisable chaleur d’amour et de pensées toujours nouvelles, entretenues et nées justement de leur amour réciproque toujours créateur, toujours dans la recherche des autres manifestations de celui-ci.
Car si les personnes humaines finissent dans la mort, aucune d’entre elles ne peut communiquer ni recevoir la chaleur infinie de l’amour, pour se développer chacune à l’infini, comme le désire vraiment l’homme. La vie humaine conclue définitivement par la mort est frappée d’absurde, et toute la rationalité de l’existence dans le monde devient sans valeur, ainsi que le monde lui-même. Les significations poursuivies dans l’horizon de la vie terrestre sont également frappée de non sens et de non valeur si chaque vie humaine, en qui tout semble pouvoir donner un sens, se termine définitivement dans la mort. Tandis que notre tristesse la plus atroce est le manque de sens, c’est à dire le manque d’un sens éternel de la vie et de nos actes. La nécessité de ce sens est intimement liée à notre être. Les dogmes de la foi répondent à cette nécessité de sens dans notre être.
Par cela, ils affirment la rationalité complète de l’existence. Seule l’éternité d’une communion personnelle avec une source personnelle de vie absolue offre à toute les personnes humaines leur accomplissement, leur accordant en même temps la possibilité d’une communion éternelle et parfaite entre eux.
Commentaire/Analyse
Comme d’habitude avec le Père Staniloae, le texte est dense, et la rédaction peut laisser quelques doutes sur la compréhension. Je vais donc reformuler ce qu’il me semble devoir être compris : « l’épanouissement de l’homme ne se trouve que dans l’établissement d’une relation avec un être personnel supérieur, relation libre et non relation de sujétion, où la supériorité de l’un n’altère rien chez l’autre. Cette relation va enrichir l’homme et est tout à fait semblable à une relation qu’une personne humaine peut entretenir avec une autre personne humaine. Sans cette relation à cet être supérieur, la vie humaine qui se termine dans la mort aurait un caractère totalement absurde. Cette relation est le sens de la vie humaine, et sans cela rien n’aurait de sens : la vie, le monde, l’homme. C’est ce que rappellent les dogmes de foi, qui véhiculent ce sens et cette importance de la relation. La relation à cet être supérieur est éternelle. »
Staniloae répond ici à cette question souvent insoluble pour les chrétiens, ou même pour les autres : quelle importance revêt pour les humains la Trinité ? Que Dieu soit un monade absolue (comme dans les fausses visions juives ou musulmanes) ou une pluralité de personnes dans une unique essence, qu’est-ce que cela change au final ? Le terme « pluralité » ne rend pas l’importance de la chose, et on doit donc lui préférer celui de « communion ». La Trinité est une communion de personnes divines. Ceci est totalement ineffable et incompréhensible, mais dans le peu que nous pouvons percevoir, émerge déjà ceci : Dieu est une communion de personnes, personnes « liées » par des relations absolues et infinies. C’est ainsi que l’amour est possible dans l’éternité de la divinité, car l’idée même que Dieu ne puisse être amour sans sa création laisse entrevoir une imperfection dans la divinité. Car si Dieu est monade juive, s’il est singularité musulmane, qui aime-t-il ? L’importance de la Trinité est donc celle-ci : au sein même de la divinité il y a la relation inter-personnelle. Et les relations que nous pouvons déceler au sein de cette indivisible Trinité fondent le but même de nos existences. Les humains sont des êtres capables de relations. La théologie orthodoxe nomment ces relations, relations hypostatiques. Cela permet de comprendre qu’elles sont d’une toute autre nature que les relations familiales, amoureuses, sociales, professionnelles, etc. Et la particularité de l’homme, est que Dieu l’a créé de façon à ce qu’il puisse nouer des relations hypostatiques aussi bien avec d’autres hommes qu’avec Dieu. L’Église sur terre n’est rien d’autre que le reflet de la Trinité sur terre, et ce pont entre le ciel et la terre. Pont immatériel de prières, de supplications, d’exultations, de demandes, de révoltes aussi parfois. Mais la relation avant toute chose…
Staniloae évoque aussi avec justesse le caractère absurde de la mort sans la compréhension de cette libre relation entre l’homme et Dieu, relation qui fonde le but même de l’existence. Dieu a créé un homme relationnel, justement pour pouvoir nouer une relation avec lui. Mais Dieu étant un Dieu d’amour, il a laissé l’homme libre de nouer ou non cette relation. C’est à ce moment de l’histoire humaine qu’apparaisse le péché et la mort. La façon dont Staniloae introduit la mort avec l’absurde est très intéressante : cela montre que dans cette possibilité de relation avec le divin s’est immiscé un incident qui masque parfois le sens même de la vie. Mais puisque le théologien roumain ne va pas plus loin, je réserve cela aussi pour un futur commentaire.