Saint Antoine le Grand - Apophtegme 2

texte original roumain

Cronie, preotul Nitriei, ne-a istorisit nouă că fericitul Antonie povestea : “un an întreg m-am rugat să mi descopere locul drepților și al pacatașilor. Și am văzut un uriaș care ajungea până la nori. Era negru și avea mâinile întinse până la cer, și sub el se afla un lac având măsura mării. Și am văzut suflete zburând ca niște păsări. Cele ce zburau deasupra mâinilor și capului uriașului se mântuiau. Dimpotrivă, cele ce erau prinse de mâinile lui cădeau în lac. Și a ajuns la mine un glas care a zis : “aceste suflete, pe care le vzei zburând mai sus de acela, sunt sufletele drepților care se mântuiesc în rai. Iar celelalte sunt atrase în iad, urmând voilor trupului și ținerii de minte a răului"

traduction proposée

Cronie, prêtre de Nitrie, nous a raconté de nouveau que le bienheureux Antoine racontait : « une année entière( j’ai prié pour découvrir le lieu des hommes droits et des pécheurs. Et j’ai vu un géant qui arrivait jusqu’aux nuages. Il était noir et avait les mains tendues jusqu’au ciel, et sous lui se trouvait un lac grand comme la mer. Et j’ai vu des âmes voler comme quelques oiseaux. Celles qui volaient au-dessus des mains et de la tête du géant étaient sauvées. Au contraire, celles qui étaient prises par les mains tombaient dans le lac. Et une voix est venue jusqu’à moi disant : « ces âmes, que tu vois voler au dessus de ceci, sont des âmes qui se sauvent au paradis. Tandis que les autres sont attirées en enfer, suivant les volontés du corps et se souviennent du mal » ».




Commentaire/Analyse

La tradition populaire montre Saint Pierre comme celui qui « filtre » les gens qui se retrouvent au paradis ou en enfer en fonction de leur vie. C’est le fameux passage où le Christ lui donne les clés du paradis qui a forgé cette solide tradition populaire. Ici, Antoine renvoie une vision qui donne quelque chose de totalement différent. Ce n’est pas Saint Pierre qui fait le tri à l’entrée des Cieux, mais un géant noir. La différence est saisissante, mais l’enseignement qu’on peut en tirer est très profond.

En effet, lorsque c’est Saint Pierre on peut considérer que c’est le monde « positif » qui fait cette sélection. Comme si Saint Pierre était le portier d’un établissement très sélectif et dont il faut avoir la carte de membre. Antoine nous montre une sélection mais qui est plutôt réalisée par le monde « négatif ». C’est le fait que ce géant soit noir qui permet de tirer cette conclusion. C’est comme si, ici, tout le monde par défaut pouvait aller au paradis, et c’est le mal et sa grande force (il s’agit d’un géant) qui fait que certains se voient privés d’entrée au Royaume des Cieux. Antoine inverse donc le paradigme populaire : ce n’est pas Dieu qui a bâti un monde céleste qui refuse des âmes. C’est l’homme qui choisit de ne pas aller aux Cieux. Antoine nous explique que l’homme, lorsqu’il choisit les volontés du corps et tourne ses pensées vers le mal, se prive des Cieux. Mais l’enseignement vital ici est qu’il ne s’agit pas d’un choix divin, mais bien d’un choix humain. En fait Dieu ne va pas sauver quelqu’un contre son gré. Pour être sauvé, il faut vouloir être sauvé. Les athées doivent comprendre que Dieu les aime mais que cet amour fait qu’il ne s’imposera pas à eux. Surtout que cette union est prévue pour l’éternité.

Transposons ceci dans le cadre purement humain pour mieux saisir ce dont il s’agit. Un homme veut séduire une femme. Il la poursuit de ses assiduités. Mais rien n’y fait. Elle n’est pas intéressée. Que dirions nous de l’homme s’il rentrait dans une phase en disant : je l’aime tellement que je vais la forcer à m’aimer !!! qu’il s’agit d’un malade ! Et bien Dieu est dans la position du séducteur. Il essaie de nous séduire pendant notre vie, mais si nous lui faisons comprendre que nous ne voulons pas de Lui, il s’en va. C’est effrayant, glaçant, mais logique au final. Lorsque les habitants du village dont Jésus avait guéri un possédé lui ont demandé de partir au lieu de le remercier comme il se devait, il est parti. Dieu est l’amoureux transi qui attend un signe. Mais si on ne veut pas de Lui, alors on a fait le pire des choix. Mais il n’y a pas d’amour sans liberté…

Résumons : ce n’est pas Dieu qui nous place en enfer, c’est nous même qui nous plaçons en enfer, en Le refusant. Mais c’est Dieu qui nous accepte au paradis, dans Sa miséricorde, car même si nous voulons accéder au paradis, nous n’en sommes pas digne.