mécanisme et réponse



Réponse à la vidéo de la chaîne Youtube : hygiène mentale


Commentaire/Analyse

Commençons par l’auteur de cette vidéo plutôt drôle et efficace, reconnaissons le. Si le fond est déplorable, on peut reconnaître une qualité sur la forme. Ce professeur de philosophie, en parcourant un peu ses vidéos, s’est fait un devoir, au nom de la raison toute puissante, d’armer les jeunes face aux théories du complot. Et il a même pu donner une conférence de comment faire, devant les instances européennes. C’est dire s’il fait partie du système qui nous occupe et nous asservit. Il faut bien comprendre que l’Europe (en tant que construction politique et économique) est un ennemi acharné de l’Église. Elle promeut des modes de vie et une éducation en contradiction directe avec la volonté divine. Pour ce qui est des théories du complot, c’est ainsi que l’on nomme habituellement la vérité factuelle lorsqu’elle diverge de la version officielle sur des actes impliquant souvent des morts. Il est bien évident que certaines « théories du complot » sont des constructions complètement fantaisistes ayant davantage trait à la névrose et à l’imagination débordante qu’à la vérité froide et pure. Ainsi, notre défenseur zélé des histoires étatiques aurait probablement soutenu mordicus la version de l’état sur les crimes imaginaires du capitaine Dreyfus. Car oui, les états mentent, communiquent, font de la propagande, et il est parfaitement noble de soumettre ces discours et ces versions au crible de la raison, justement.



Mais revenons au religieux, maintenant que nous avons bien compris que nous avons affaire à un commissaire politique de l’athéisme. Plusieurs choses à commenter. Premièrement, l’auteur fixe le cadre, ce qui est normal me direz-vous. Mais son cadre a justement pour effet (ou pour but) d’éliminer les choses les plus propices à la réflexion religieuse. Jamais il ne pose la question de l’origine de tout. Il ne pose pas cette question philosophique ô combien fondamentale : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? quel est le sens de la vie ? a-t-elle un sens ou bien tout est il régi par le hasard ? d’où vient la vie ? Il prend l’univers, la vie, l’humanité pensante et agissante comme un présupposé qui ne sera pas questionné. En soi, cela pose question, ce manque de question. Deux réponses possibles à ce manque : ou bien ce commissaire politique sait que ces questions existentielles sont les meilleurs recruteurs de la religion et il les évite soigneusement, ou bien il considère que ces questions seront pour toujours sans réponse, et qu’il est donc inutile de les poser. Dans les deux cas il s’agit d’une lâcheté philosophique. Notre commissaire politique n’a pas l’envergure d’un Nietzsche, on l’aura compris.

Puis vient le moment de l’énumération de toutes les croyances. Le subliminal auquel nous sommes appelés ici, est de voir dans cette multiplicité d’approches la vacuité du religieux, et son caractère hautement conflictuel. On nous invite gentiment à considérer que l’homme s’invente des dieux, qu’il l‘a toujours fait et qu’au sein de cette invention fertile et plurielle il apparaît très audacieux et arrogant d’en élire une seule comme étant la vraie religion, reléguant ainsi, dans un terrible élan contre le vivre-ensemble, toutes les autres au rang de superstition ou d’hérésies. C’est là où notre professeur de philosophie fait peine à voir. Car la logique commande simplement au nom des attributs de la vérité, de considérer que lorsqu’il y a plusieurs vérités en compétition sur un fait, elles sont toutes fausses ou bien une seule est vraie. La vérité est exclusive, c’est ainsi. Ainsi, toutes ces religions exposées ici sont d’ailleurs fausses car pour l’auteur de la vidéo, il y est présenté le catholicisme romain qui est également une fausse religion. Si l’auteur avait mis l’Orthodoxie au sein de cette longue énumération, elle eut été la seule vraie religion. Car il n’y en a qu’une seule. Il est ensuite intéressant du point de vue de la sociologie (avec des gens comme Durkheim) ou de l’anthropologie (avec des gens comme René Girard) ou de l’histoire des religions (on ira voir du côté de Mircea Eliade) de constater, d’étudier et de comprendre cette prolifération religieuse. La ruse diabolique de l’auteur est de considérer qu’il est lui-même en dehors de cette problématique religieuse : il pense regarder le religieux de l’extérieur. Il le pense sincèrement. Mais comme je le disais précédemment, l’athéisme est une religion. Elle a ses mythes fondateurs, ses explications du monde et de la réalité, ses valeurs, etc. Cette vidéo n’est ni plus ni moins qu’une vidéo d’un croyant qui tourne en dérision les autres croyances. Il a raison sur le principe, car la vérité doit triompher.

Passons au passage le plus grotesque de la vidéo. Celui sur l’inefficacité de la prière. On nous sort une étude (probablement américaine pour amener le ridicule à son comble) qui montre deux groupes distincts de malades. Un premier pour qui l’on prie et un second pour qui nul ne prie. Ceux pour qui l’on ne prie pas s’en sortent mieux nous dit le commissaire politique de l’athéisme. Par où commencer devant un tel tissu d’âneries ? Comment savoir si nul ne prie pour le second groupe ? Comment peut-on créer deux groupes absolument égaux en terme de pathologies, de conditions médicales, etc. Car si la prière a un effet dans certains cas que je vais expliquer, il est bien évident que la réalité médicale a un effet également. Si un diabétique prend du sucre, cela nuira évidemment à sa santé, que l’on prie ou non pour lui. Mais surtout la vidéo part du principe que la prière est toujours efficiente, quoi qu’il arrive. C’est plus compliqué que cela. Prenons un cas hypothétique pour bien comprendre. Imaginons deux hommes dans un duel à mort. Avant le duel, chacun prie Dieu de l’emporter. Dieu ne peut pas exaucer les deux ! il faut bien qu’il y ait un vainqueur et un perdant. Il pourra même y avoir des gens qui prient pour l’un et pour l’autre. On voit bien avec ce simple exemple que toute prière, par définition, ne peut être exaucée. Ensuite, la vidéo enlève un paramètre de très grande importance : la volonté divine. S’il n’est pas souhaitable dans le plan divin que tel personne l’emporte dans le duel, ou que telle personne guérisse, alors la prière devient sans effet. Mais comme la vidéo part du principe subliminal que Dieu n’existe pas, c’est un axe de réflexion qui a été malencontreusement oublié… Mais surtout, la réponse orthodoxe de par une connaissance minimale du synaxaire (la vie des saints) sera la suivante : peu nombreux sont ceux qui se voient accordés le don de guérison. L’Église les appelle des thaumaturges. Ce sont des saints vénérés comme tels. Les croyants font des pèlerinages pour aller vénérer leurs reliques. Chaque génération en compte peu. Le Père Jean de Krondstadt en était un. Il recevait des milliers de lettres pour demander sa prière. Si cette puissantissime étude américaine a fait prier des gens qui ne sont pas saints et qui ne sont pas thaumaturges, cette étude est donc sans fondement. Ceci n’est pas étonnant, venant d’un pays protestant (qui nie les saints et qui n’en produit probablement pas ou peu) rongé par l’athéisme le plus vulgaire. Mais surtout, l’auteur a considéré qu’on pouvait mettre la prière comme un objet d’étude dans une éprouvette. Quelle sottise !!! Prions Dieu que personne n’étudie la philosophie avec un homme aussi peu instruit… ou que son esprit s’illumine enfin.