Quelques pensées sur les faux moines

Qu’est-ce qu’un faux moine ? C’est un chrétien (orthodoxe en l’occurrence puisque c’est ici l’objet de mon blog) qui a poussé l’hypocrisie à son comble. Lorsque résonne le « que Ta volonté soit faite », je pense qu’aucun chrétien ne peut se dire sérieusement qu’il a, en toute occasion, oublié sa propre volonté pour suivre celle du Père. Nous sommes toujours tiraillés entre notre voix intérieure malade, et la volonté divine, pas toujours simple à percevoir. Ceci scelle notre hypocrisie. Si la volonté de Dieu est parfois complexe à saisir, néanmoins, comme lors d’un péché majeur, il n’est nul besoin de recevoir une communication angélique majeure pour savoir que notre volonté diverge de celle de Dieu.

Le monachisme est une partie importante du monde orthodoxe. Il est auréolé pour nombre d’orthodoxes laïcs d’un prestige et d’une supériorité indéniable. J’ai partagé cette admiration au tout départ. Aujourd’hui je classe ceci dans les erreurs de débutants. Pourquoi ? Parce que je ne vois que très peu de moines véritables dans l’Église. Ce que je vois sont des gens portant l’habit monastique, et ne réalisant pas la vocation qui l’accompagne. En cela, ils poussent l’hypocrisie dont nous sommes tous porteurs à un degré bien supérieur. Ce qui est au plus haut point désolant, est que la plus grande partie des orthodoxes que Dieu me donne de côtoyer ne voient pas la différence entre les vrais et les faux moines. Pourtant, il n’est pas nécessaire d’être titulaire d’un doctorat en théologie pour voir l’escroquerie s’étaler dans l’indécence la plus grande.

Comment discerner ? Comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Il est bien évident que le moine ne peut pas vivre de la charité. Il doit travailler pour établir sa subsistance. Cela signifie que les monastères que l’on peut observer, réalisant des appels aux dons, mais n’étant pas porteurs d’une activité économique, ne sont pas des monastères. Ce sont des nids d’escrocs. Les moines subventionnés ne sont pas des moines. Ce sont des parasites. Qu’ils relisent Saint Paul. Ensuite, vous ne devriez pas être capable de porter de jugement sur beaucoup de moines. En effet, les moines sont censés être coupés du monde. Que sont devenus aujourd’hui la plupart des monastères ? Des lieux touristiques !! Les moines sont devenus des auxiliaires touristiques, vendant un produit « séjour » avec un petit supplément d’âme. Un moine doit se couper du monde et vivre de façon communautaire ou érémitique une vie toute entière dévouée à Dieu. Un monastère qui devient une paroisse le dimanche contrevient à cette évidence élémentaire. Les orthodoxes qui sont dans le monde ne devraient pas côtoyer les moines qui sont en dehors du monde. Si vous côtoyez quelqu’un chaque dimanche, et que vous êtes du monde, alors il l’est tout autant que vous.

On me répondra que les moines ont une vie difficile ? J’espère que vous voulez rire. Aucun moine n’a les conditions de travail d’un ouvrier en bâtiment. Aucun moine n’est tiraillé autant que peut l’être une mère de famille entre la vie de famille et la vie professionnelle. Les faux moines dont je fais état se lèvent moins la nuit pour prier Dieu comme le réclame leur vocation, que des parents du monde pour répondre aux sollicitations de leurs enfants en bas-âge. Ils souffrent moins que les gens du monde dans l’univers professionnel, dans les transports, dans les embouteillages, dans les mille et un problèmes de la vie moderne. Alors que penser du faux moine ? C’est quelqu’un qui se la coule douce par rapport aux gens qui la plupart du temps l’admirent, chose qui n’en finit pas de me sidérer. Je précise que je parle ici des faux moines. Ceux qui travaillent, qui prient dans les vigiles, qui crucifient leur volonté à leur higoumène ont tout mon respect et toute mon admiration. J’en ai rencontré quelques uns, mais si peu. Mon Dieu, si peu !!

Quelle est la conséquence de ce relâchement plus que problématique ? Ce sont les moines qui deviennent évêques. Donc, nous nous retrouvons avec des évêques provenant de ce monachisme artificiel et aboutissons à un épiscopat artificiel qui pose le problème de l’obéissance. Il me semble compliqué d’obéir à une escroquerie spirituelle. Car le but de l’obéissance au père spirituel, est d’incarner une obéissance au Christ. Mais si les moines n’obéissent pas au Christ dans leur vie, alors leur obéir n’est pas une obéissance au Christ non plus. On décèle les conséquences funestes de cet épiscopat relativement au pseudo concile de Crète de 2016, et dans l’affaire ukrainienne. Si nous avions de vrais moines, nous aurions de vrais évêques, et cet hérétique de Bartholomée qui occupe le trône de Constantinople aurait été déposé depuis bien longtemps. Mais non. Nos évêques et patriarches tergiversent. Ils attendent. Ils souhaitent préserver la communion. Nos Saints Pères, vrais moines et vrais évêques, la plupart martyrs, ceci explique peut-être cela, ont rompu et anathématisés immédiatement les ariens, les nestoriens, les monophysites, les monothélites, les iconoclastes, etc. Lorsque paraîtra l’Antéchrist, il se peut que ce ne soit pas seulement sa puissance spirituelle diabolique qui agisse sur l’Église, mais bien la lâcheté consubstantielle de nos faux moines et de nos faux évêques, qui permette à celui-ci de réaliser sa funeste mission.

Un message à ceux qui liront cette page : avant d’admirer un moine et de le ou la prendre comme père spirituel, demandez vous si vous avez en face de vous un vrai moine. Le proverbe « l’habit ne fait pas le moine » n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui. A l’époque du monastère Stoudion, ce sont les moines, qui contre le clergé mondain ont sauvé l’Eglise de tous ses travers. Aujourd’hui, là où l’évêque restait muet, c’est le professeur de théologie dogmatique de la faculté d’Athène qui a déclaré que le patriarche Bartholomée était sur des positions non canoniques (un gentil mot pour dire hérétique). A méditer.