Premièrement, il convient de définir le terme pour ceux à qui il n’évoque rien. Il s’agit de considérer que la Bible ne commet pas d’erreurs dans ce qu’elle déclare. Si l’assertion paraît un peu folle pour les modernes, il paraît cohérent de dire que jamais aucun Père de l’Église n’en a douté le moins du monde. Le souci provient à l’heure actuelle des récits historiques, archéologiques, ou encore scientifiques qui rentrent en contradiction avec ce qu’affirme la Bible.

Pour les récits historiques, le plus grand souci provient assurément de Champollion. Ce génie linguistique français est à la source d’une traduction des hiéroglyphes égyptiens qui aboutit à une histoire de l’Egypte antique bien différente de celle de la Bible. La où la Torah en hébreu affirme un monde vieux d’un peu moins de 6000 ans, les traductions des égyptologues officiels remontent bien avant dans le passé. Dans le grec c’est un peu plus vieux (1500 ans de plus environ, sujet en soi à traiter, mais qui ne change pas l’enjeu en question).



Pour les récits archéologiques, ils sont de deux natures : ceux qui sont liés à l’archéologie de l’histoire du peuple hébreu, et ceux liés à ce qu’il convient d’appeler « préhistoire ». Pour l’histoire sainte, l’archéologie officielle nous apprend que tout est faux. Aucune trace d’un règne comme celui de Salomon. Aucune trace d’un exode de centaines de milliers de personnes dans le désert vers la terre promise. Pas de géants non plus. En revanche, des fossiles innombrables, nous ramenant à un passé très très lointain, se comptant cette fois en millions d’années.

Pour les récits scientifiques, ils s’inscrivent également dans un temps long. Cette fois en milliards d’années. Tout concourt à ridiculiser le récit biblique dans sa littéralité. Une terre de 4,5 milliards d’années, qui n’est au centre de rien mais davantage à la périphérie de tout, dans un colossal univers de 14 milliards d’années, terre sur laquelle la vie apparaît mystérieusement, mais dans une forme très basique, puis évolue vers une complexité toujours plus grande, par les miracles de la sélection naturelle. Phénomènes improbables sur un temps « court », mais rendus crédibles par la magie du temps : sur plusieurs milliards d’années, tout devient possible.

Comment adapter son exégèse ? Cette question fut ma boussole pendant des années. J’ai donné des cours de Bible qui utilisaient toujours des exégèses de contorsion pour coller avec le récit scientifique. Je me rends compte aujourd’hui de mon erreur. Je n’ai pas été dans le sérieux patristique. Je voudrais donner ici quelques lignes d’une exégèse qui me semble véritablement « orthodoxe ». Mon but ici n’est pas de disqualifier ceux qui ne s’y rendraient pas. Simplement, le modernisme exégétique est une pente glissante sans fin. Si aujourd’hui on apprend au séminaire romain que Moïse n’est pas l’auteur du Pentateuque, cela montre bien que l’exégèse non littérale et le relativisme de la Tradition ecclésiastique sont des dangers majeurs.



Voici les contours d’une exégèse littérale possible : tout d’abord le texte n’est pas d’un formalisme parfait. Ceci demeure. Il comporte des fautes d’orthographes et de grammaire. Il est contradictoire avec lui-même sur un plan de la logique. Ces contradictions demeurent. Sinon les Pères n’auraient pas exprimé le besoin d’expliquer ces contradictions apparentes. Ces « problèmes » sont des données de l’exégèse. Il s’agira en fait de considérer que Dieu parle par énigme dans ces « erreurs ». Je prends un exemple pour illustrer : Elohim est un terme pluriel tandis que bara est un verbe à la troisième personne du singulier. Or, dans le tout premier verset de l’Écriture, le sujet Elohim est au pluriel mais le verbe est au singulier. Ceci n’est pas correct grammaticalement. Il s’agit ici de bien comprendre que le texte veut nous dire quelque chose sur l’unicité de Dieu. Dieu est donc pluriel mais également singulier en même temps. On voit donc que la littéralité, bien loin de poser problème, donne une indication théologique très importante.

Le texte ensuite appelle à l’exégèse et rend la lecture complexe, par nature. C’est surtout le texte hébreu qui présente cette caractéristique. La vocalisation ne fait pas partie du texte de la Torah dans sa graphie, mais simplement dans son rendu sonore traditionnellement tel que rapporté par Moïse. Je m’explique. Moïse a écrit le mot bara, mais il écrit quelque chose sans voyelle. Ainsi, cela pourrait tout aussi être buru, biri, béro, boré, baru, etc, avec toutes les combinaisons possibles imaginables. Mais Moïse a dit « bara » quand il a dit le texte. C’est ce que rapporte la tradition. Ainsi le texte comporte aujourd’hui des petits signes (qu’on doit aux massorètes) permettant de lire bara et non buru. Mais l’exégète peut aller vers tous les sens possibles des mots qui peuvent être substitués. Les rabbins ont massivement utilisé cette souplesse et possibilité de l’hébreu. Ainsi, la littéralité n’est pas toujours aussi aisément accessible. Il conviendra de garder ceci à l’esprit dans cette quête du sens. Et le sens littéral est le premier étage de la fusée. On ne peut rien bâtir de plus complexe en exégèse, si le sens premier n’est pas présent.

Quel est l’enjeu de l’inerrance en fin de compte ? Il est immense. Si jamais les deux premiers chapitres de la Genèse sont faux, alors on se demande bien pourquoi ne pas douter aussi du troisième chapitre. Et si le péché est aussi une allégorie, pourquoi le Christ est-il mort ? Si les deux premiers chapitres sont faux, alors le Christ s’est trompé. C’est un terrain théologique vers lequel je ne saurais m’aventurer sérieusement. J’ai côtoyé des petits comiques qui remettaient en cause l’existence de l’enfer dans la même démarche. Si la Bible ne dit plus ce qu’elle dit, alors plus rien n’a de sens. Et ceci n’est pas exégèse, mais destruction.

S’il y a une chose à détruire, c’est la science. Entendons-nous bien. Son empire sur nous. En ce qui me concerne c’est fini. Je m’emploierai dans ce blog à vous donner également la pilule rouge. L’ampleur du mensonge est stupéfiante. La science en soi n’est pas mauvaise. C’est son détournement satanique, qu’on peut nommer scientisme qui est à dénoncer. Le scientisme aujourd’hui est une mystification qu’il convient de mettre en lumière, comme tout mensonge. Son seul objet est d’empêcher la lecture de la Genèse. Le mépris que le scientisme a eu pour la religion depuis quelques décennies, elle le mérite comme un boomerang : une bande de faussaires, de mystificateurs, et de menteurs. Voici ce qui restera de la science formée comme une arme anti Dieu.