Ce billet va vous sembler le moins théologique possible. Il est pourtant dans la droite ligne du précédent sur l’inerrance biblique, et vient lui donner sa première contextualisation. Viendront ensuite les billets de remise en cause du scientisme. Mais un détour par le complotisme m’a semblé nécessaire.

Tout d’abord, qu’est-ce que le complotisme ?

Si je devais en donner une définition la plus simple possible, ce serait « douter des versions officielles ». La version complotiste du complotisme (qui est la mienne aujourd’hui) serait davantage « ne pas douter que la version officielle contient une désinformation de façon partielle ou totale ». Il ne s’agit pas de croire que la vérité est occultée à tout jamais, mais au contraire que le présent est un mensonge omniprésent et que seul ce recul complotiste peut rendre, après enquête, recherche, réflexion et abnégation, à ce présent devenu passé (puisque ce processus d’investigation prend par définition du temps), une part de vérité, partielle ou entière. Prenons un exemple fameux de la nécessité du complotisme, et du doute lié à toute version officielle : l’affaire Dreyfus. Cette fameuse affaire a profondément marqué la société française dans la période précédent la première guerre mondiale. Si on reprend la rhétorique des anti-complotistes actuels, nervis stipendiés du pouvoir, il ne faut pas douter de la culpabilité de Dreyfus. Il est coupable. Tout le prouve. Il y a même des preuves irréfutables, des documents plus accablants les uns que les autres. Comment réagit le complotiste lambda ici ? Le pouvoir ment. C’est consubstantiel de sa nature pervertie. Machiavel expliquait déjà depuis des siècles aux souverains, combien le mensonge était un instrument du pouvoir. Il ne s’agit pas de conclure à l’innocence de tous les condamnés, et la culpabilité de tous les innocents. Tout n’est pas complot permanent. Il s’agit plutôt d’exercer l’attitude du doute méthodique. Ce n’est pas parce que le pouvoir communique ainsi sur la culpabilité de Dreyfus, qu’elle est établie. Et l’histoire a montré que les complotistes de l’époque avaient raison. On me dira que ceci pourrait tout à fait être un complot. On aurait fait accuser Dreyfus à tort pour discréditer toute l’armée. Pourquoi pas ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, avec le recul historique, est que l’état a menti. Il a sciemment accusé un homme pour suivre un agenda politique. Nietzsche disait que l’état était le monstre le plus froid de tous les monstres. Quelle perspicacité ! quelle clairvoyance ! quelle vérité brute !

L’autre évidence du recul et du doute méthodique est à poser sur ce qu’on appelle aujourd’hui les médias. Il suffit de bien se souvenir que les médias sont soit publics et donc affiliés à l’état, soit privés et donc détenus par des intérêts privés puissants. Il est bien évident que la vérité n’est pas au centre de leurs préoccupations. Les médias ne relatent pas les faits. Ils communiquent sur les faits. Ils veulent nous donner à penser ce qu’ils estiment important que nous pensions sur tel ou tel fait. Lorsque l’on lit un article rédigé par un média mainstream, il suffira de garder ceci à l’esprit. Le complotisme est donc avant toute chose un état d’esprit de scepticisme vis-à-vis du politico-médiatique.



Maintenant, en quoi est-ce biblique ?

Au-delà des froides logiques étatiques et des dures réalités politiques, il faut maintenant passer au complotisme de niveau théologique. Non pas pour douter de la théologie, de l’Église ou de tout ce qui sauve, mais bien pour ne pas douter le moindre instant qu’il existe avant tout un complot d’une ampleur cosmique. A part quelques petits impétrants théologiens, personne ne doute sérieusement dans une optique chrétienne que le Diable existe, et qu’il n’a de cesse de vouloir détruire l’homme, détruire l’Église et « prouver » à Dieu combien Sa création est misérable. Ouvertement, depuis le chapitre trois de la Genèse, lorsque le Diable vient tenter Adam et Eve pour leur faire manger du fruit défendu, un complot est ourdi contre nous. Le monde ayant chuté, le Diable est même qualifié par le Christ de « prince de ce monde ». Avez-vous jamais vu un état, un lieu, une organisation se revendiquer ouvertement et officiellement du Diable ? Je laisse de côté les organisations ouvertement sataniques, qui pour être sérieuses dans cette démarche satanique, n’en sont pas moins objectivement pas du tout aux commandes du monde. Là encore, il convient d’être dans le sérieux biblique et théologique. Ou bien le Christ est un affabulateur, un menteur, un rhéteur dans l’exagération, ou bien le Diable gouverne effectivement dans ce monde. Et s’il ne gouverne pas officiellement et ouvertement, c’est donc qu’il le fait officieusement et de façon cachée. Si le psalmiste parle de gens assis qui propagent le mal, de conseil d’impies, de complot contre Dieu et contre son oint, on peut se réfugier dans la poésie, mais ce ne serait pas très sérieux. Le complotisme raillé officiellement parle de structures occultes, type illuminati et autres, mais au-delà du nom et de la réalité historique et technique de cette organisation, si l’on se met dans un sérieux théologique, il y a une gouvernance occulte. Si le Diable gouverne véritablement ce monde, cela signifie qu’il y des structures, des réseaux, des relais. Une organisation.



Je voudrais traiter ici de deux complots, ou plutôt de deux facettes de ce grand complot qui prendra fin à la parousie, pour départager les résistants, les collaborateurs et ceux qui sont restés bien tièdes, au centre…

Premier complot : le scientisme. Et c’est là que se produit la jonction avec mon billet précédent. Le scientisme ne doit pas être vu comme un biais de civilisation, une tendance, une facilité, mais avant tout comme un complot. Il s’agit ici de donner un vernis scientifique à tout ce qui va décrédibiliser la véracité de la Genèse. Le livre de la Genèse est véritablement la fondation de tout l’édifice chrétien. Ce livre expose la création du monde, la chute de l’homme, et la constitution miraculeuse du peuple qui va susciter le sauveur du monde. Pour saper tout le Christianisme, il suffit juste de saper la crédibilité de ce livre précis. Tout le reste s’écroule comme un château de cartes. On pourra ainsi regarder avec intérêt les fonctionnements scientifiques sur les budgets de recherche, et comment ceux qui « trouvent » des paradigmes anti-genèse ont des budgets, des postes, des équipes, des publications, et peuvent en vivre confortablement. On peut également constater comment ceux qui parviennent à marier science véritable et récit biblique sont marginalisés, déconsidérés, ostracisés. Ce processus fait partie du complot en question. La science officielle depuis qu’elle est censée s’être libérée du pouvoir de l’Église est une redoutable machine à discrédit. Je vais essayer de montrer dans les billets suivants l’ampleur effarante du mensonge.



Second complot : l’Église persécutée. Si on reprend la dynamique que j’expose, on doit relire l’histoire de l’Église à l’idée qu’on peut se faire du Diable. On nous apprend en matière d’histoire de l’Église, que les persécutions ont cessé avec l’édit de l’empereur Constantin en 313, appelé édit de Milan, qui a permis aux chrétiens de vivre leur foi sans craindre de persécution de l’état romain. Peut-on sérieusement croire que le Diable s’est retrouvé échec et mat par un édit, fut-il signé d’un empereur romain ? Croit-on vraiment qu’il a cessé de persécuter un seul instant ? Il n’a eu de cesse de le faire. Il a ensuite « simplement » utilisé le pouvoir pour influer sur l’Église, défendant ou faisant carrément la promotion d’hérésies (on se souviendra par exemple que l’iconoclasme fut introduit et défendu par un empereur byzantin, Léon III). C’est une constante de l’histoire de l’Église, de voir ses adversaires les plus impitoyables être à l’intérieur d’elle : des prêtres, des patriarches, etc, afin de pervertir son histoire et sa doctrine. Il sera donc pertinent de considérer dans une approche complotiste, que la relation du pouvoir et de l’église ne peut jamais être simple, harmonieuse. La symphonie byzantine n’est pas exclusivement un mirage bien sûr, mais il convient de garder à l’esprit, qu’un souverain bienveillant est une accalmie, un moment où le Diable, inlassablement prépare autre chose. Rappelons une évidence avant de poser LA question : la véritable Église sera toujours persécutée, et le Diable au travers de relais de pouvoirs financiers ou politiques n’aura de cesse que de la pervertir ou de la détruire, selon le tempérament de ses serviteurs du moment. La véritable Église est donc par essence persécutée. Le Diable n’a eu de cesse que de mettre des simulacres d’Église, très ressemblantes, avec parfois de ci de là même un soupçon de grâce ou de sainteté qui pouvaient s’y épanouir car ainsi est la miséricorde divine. Voici donc maintenant la question : quelle branche de l’Église orthodoxe est l’Église, puisqu’il y a différents courants, en rupture de communion eucharistique, qui prétendent être l’Église. Qui est aujourd’hui, puisqu’elle est une, et sans vouloir nier l’indubitable sainteté, catholicité et apostolicité que l’on peut parfois constater dans les autres « églises », qui donc est la véritable Église du Christ sur terre ? Qui est reconnu par le pouvoir médiatique et politique, et qui ne l’est pas ? Êtes-vous dans l’Église fondée par le Christ ou dans un simulacre résultant des manigances du démon ? Ceci est une question à laquelle je vous invite et qui ne cesse de me hanter et qui explique mon parcours. Y a-t-il question plus impérieuse ?

Conclusion. Voir l’histoire de la science, l’histoire politique et ecclésiastique comme participant à ce gigantesque complot ourdi depuis la rébellion des anges, ce n’est pas être paranoïde, c’est juste être dans le sérieux biblique et théologique. Il serait totalement illusoire de croire que le monde scientifique serait exempt de cette volonté diabolique de couper la relation entre Dieu et l’homme. Le premier ministre allemand déclarait en 1916, qu’il n’avait pas compris comment les événements s’étaient enclenchés pour conduire à cette effroyable boucherie que constitue la première guerre mondiale. La réponse est, comme toujours dans Gn 3. La multiplication des sectes, des schismes, des hérésies participe de cette même inlassable volonté diabolique : rendre l’identification de l’Église véritable et de la vérité plus difficile, voire impossible. Je voudrais néanmoins terminer sur une note positive et optimiste : sur la Croix, le Diable a été vaincu. Cela ne signifie pas la paix universelle immédiate. Cela signifie que la vérité peut être connue, identifiée et suivie. Elle réside en un lieu contre lequel l’enfer ne peut rien : l’Église. Son portrait robot est connu : elle détient la doctrine inaltérée (puisqu’elle est la vérité sur terre) et elle est déconsidérée, persécutée, moquée et souffrante. Les prophéties de l’Écriture nous disent que son nombre est insignifiant. Je vous laisse réfléchir…