Très peu connaissent l’expérience de Michelson-Morley. C’est pourtant une expérience décisive dans l’histoire de la physique et dans le domaine religieux et sotériologique (si si). Tout d’abord, un peu d’épistémologie basique. Qu’est-ce que la science ? C’est l’étude de la relation entre les causes et les effets. Lorsque l’on fait de la science, on émet une théorie, puis on expérimente plusieurs fois, de façon à récolter des mesures, des données, et l’on confronte ces résultats d’expérience à la théorie, qui peut être abandonnée, ou au contraire devenir une loi scientifique. Mais encore, faut-il tirer les bonnes conclusions des données de l’expérience.

Une petite plaisanterie qui illustre à merveille le propos. Un scientifique veut étudier la corrélation entre le nombre de pattes d’un insecte sauteur et son aptitude à sauter haut. Le scientifique ordonne à l’insecte sauteur de sauter et l’insecte s’exécute et saute très haut (par rapport à sa taille). Il note consciencieusement l’heure, le nombre de pattes, la hauteur atteinte. Il lui arrache une patte. Et il lui ordonne de sauter de nouveau. L’insecte s’exécute mais moins haut. Le scientifique note de nouveau. Puis il continue en arrachant les pattes une par une. Et moins l’insecte a de pattes, moins il saute haut. Puis, l’insecte, au bout d’un moment se retrouve sans pattes. Le scientifique lui intime l’ordre de sauter, mais à plusieurs reprises, l’insecte ne saute plus. Le scientifique conclut : l’expérience n’a pas pu être mené à termes, car l’insecte, une fois dépourvu de pattes s’est avéré être devenu sourd.

Que nous montre cette petite blague ? Que d’après certaines données évidentes, on peut avoir parfois des conclusions parfaitement saugrenues…

Les conclusions de l’expérience Michelson-Morley n’ont rien à envier à celles de notre hypothétique scientifique. De quoi s’agit-il ? Michelson-Morley est rentré dans l’histoire comme l’expérience avec le résultat le plus éloigné de ce qui était recherché initialement. Et pour cause… Le but premier de cette expérience était de mettre en évidence la réalité de l’éther et de calculer la résistance provoquée par cet éther sur des rayons lumineux. En effet, à cette époque (nous sommes en 1887), beaucoup de scientifiques croient encore en l’éther, cette substance théorique dont les scientifiques (avant cette expérience) pensaient qu’elle transportait la lumière, les informations gravitationnelles, etc. Michelson et Morley voulurent quantifier la résistance de l’éther en mesurant le temps que mettent deux rayons lumineux perpendiculaires à frapper divers supports. Puisque, soit disant, la terre tourne autour du soleil, les divers rayons auraient dû avoir des vitesses différentes (certains allant dans le sens du mouvement de la terre, d’autres dans le sens contraire). Pour imager simplement, on calcule le comportement d’un cycliste avec le vent et un autre contre le vent. On s’attend légitimement à des différences. Mais Michelson et Morley furent absolument abasourdis en constatant que tout se comportait comme si la terre était parfaitement immobile. Et c’est à partir de là, pour sauver le principe copernicien (la terre tourne autour du soleil) que l’on s’est mis à élaborer des théories toutes plus étonnantes et déconcertantes les unes que les autres, avec pour apogée, la relativité restreinte d’Albert Einstein. Lorsque l’on vous donne les énoncés de ces théories, vous ne vous dites pas que le monde est décidément bien étonnant… Puisque la vitesse de la lumière est constante alors que la terre bouge, on se retrouve avec des longueurs qui changent, un temps qui s’écoule plus ou moins vite, etc. Mais voyez vous le postulat ici en jeu ? Jamais tous ces messieurs ne se sont demandés si l’on avait pas des bases de réflexions erronées… En fait, l’on peut dire que la relativité restreinte et sa vision délirante du monde est la conséquence naturelle de défendre un héliocentrisme dans un monde qui en fait, est véritablement géocentrique.



Imaginez vous la science déclarer qu’elle s’est trompée depuis des siècles en professant l’héliocentrisme ? Quel est l’enjeu derrière ? L’enjeu est la véracité du récit de la Genèse. Ni plus ni moins. Le but, est de continuer à discréditer le récit fondateur de tout l’édifice biblique. Si la page 1 est fausse, alors le reste est faux. Les chrétiens intimidés se réfugient dans des théories d’allégorie, d’accommodement, de concordisme, etc. Ce que prouve l’expérience de Michelson-Morley est précieux et multiple :

  • Galilée avait tort et tous les scientifiques géocentriques de l’antiquité avaient raison (malgré quelques faiblesses de leurs modèles) : la terre est immobile et le soleil bouge relativement à cette immobilité.

  • La science moderne dans sa branche astrophysique est une vaste supercherie délirante, contredite par l’expérience. C’est un château de cartes de théories. Un astrophysicien n’est pas un mec génial qui perce les secrets de l’univers. C’est un idiot bonimenteur, idiot utile de Lucifer. Il coûte cher et ne sert à rien.

  • La Bible est un livre qui est fait pour être lu de façon littérale.

Pour finir, passons en revue les réponses chrétiennes honteuses :



l’allégorie : il s’agit de dire que le texte est poétique. C’est un récit imaginaire, antique, plutôt littéraire et à portée exclusivement théologique. Mais en ce cas, où commence la vérité dans le texte ? La chute est-elle poétique ? Jésus est-il passé par la Croix pour une allégorie ?

L’accommodement (ou la condescendance divine) : il s’agit de considérer ici que Dieu a donné un texte en accord aux fausses croyances de ceux qui le recevaient pour ne pas les perdre complètement. Je crois que je ne vais pas répondre à cela, tellement l’énoncé en est stupide.



Concordisme : volonté de réconcilier les récits bibliques avec les « vérités » scientifiques. Par exemple, puisque la science dit que la terre a 4.5 milliards d’années et que la Bible dit qu’elle a 6000 ans environ, entre le verset 1 et 2, on glisse de façon élégante 4.5 milliards d’années, comme ça tout le monde est content.



Pourquoi l’allégorie est-elle honteuse ? Elle est honteuse, non pas en méthode de lecture d’une multiplicité de sens de l’écriture, mais bien dans le sens où, d’un point de vue littéral, Dieu nous aurait dit des sottises, des contes pour enfants, et qu’il faudrait creuser le texte pour en découvrir la vérité secrète, l’alchimie véritable. La vérité biblique est toute autre : elle est nue. L’interprétation peut servir à faire jaillir d’autres sens additionnels, mais à partir uniquement de cette vérité première.



Pourquoi l’accommodement est-il honteux ? Parce qu’il s’agit de regarder Moïse et les autres comme des bergers incultes et stupides, et de voir Dieu comme un Dieu qui mentirait. Alors évidemment, ce n’est pas un mensonge mal intentionné. C’est présenté comme un mensonge d’un père disant à son jeune enfant que son dessin est joli, alors qu’il est aussi laid qu’une production d’art contemporain. Mais cela pose un sérieux problème théologique de présenter Dieu comme un menteur attentif au niveau intellectuel de ses interlocuteurs.



Pourquoi le concordisme est-il honteux ? Parce que le concordisme donne un primat à la science. Ce n’est pas à elle de se plier à la Bible, mais l’inverse. Ce n’est pas elle qui doit revoir ses présupposés géologiques pour invalider la théorie de la terre vieille. C’est toujours au biblique de se contorsionner pour coller à la science. Donc la science est reine. Donc Dieu est second.

A noter que le CESHE, a sorti un cahier très complet sur la question intitulé “la contribution de F. Crombette au progrès de l’astronomie”, qui approfondit les données, le contexte et les conclusions de cette expérience.