le problème de la philosophie de l’économie

La philosophie et la vie

qu’est-ce que la philosophie ?

Définir le problème de la philosophe de l’économie, cela est inséparable de la conception que l’on se fait des tâches générales de la philosophie. Or, dans ce domaine, le désaccord est complet. On peut dire de surcroît que la réponse à cette question est fondamentale, en apparence rien que préjudicielle : qu’est-ce que la philosophie ? recèle d’habitude déjà les conclusions dernières et met à nu le nerf central du système. Prenons n’importe lequel des courants du passé et du présent : nous constaterons que tous divergent d’abord sur cette question primordiale. Il est clair que celle-ci ne comporte rien d’indiscutable et qu’elle n’est pas résolue, dans le cadre d’un système, par tels ou tels argument de caractère spécial. Elle surgit au contraire en-deçà du système, lequel est justement construit en tant qu’une réponse à la question préalablement posée. Qu’est-ce que la philosophie veut être, quel est l’intérêt qui l’oriente, qu’y a-t-il devant elle en tant que sa donnée dernière, directrice et immédiate ? c’est cela qui prédétermine le système.

Notre façon de poser le problème dénude cette colonne vertébrale. Pour beaucoup de penseurs contemporains, l’association de termes : philosophie de l’économie représente quelque chose d’inacceptable, voire de choquant, et non pas seulement parce qu’elle serait inhabituelle, mais aussi et surtout parce qu’un prédicat particulier y est délibérément et ouvertement accolé à la philosophie, tandis qu’à leurs yeux il ne peut pas du tout y avoir une philosophie de quelque chose ; seule la philosophie en général, se suffisant à elle-même, « pure », est possible.


Commentaire/Analyse

Le Père Serge pose ici le problème de l’origine. C’est LE problème qui rend tout athée grotesque et ridicule. C’est LE problème qui fait que la réponse via la science est oblique, biaisée, malhonnête ou mal pensée (faîtes votre marché et prenez ce qui vous plait). Pour traiter la question de la philosophie de l’économie il faut évidemment traiter de la question de la philosophie en tant que telle. C’est tellement évident qu’on est à la limite du truisme ici. Mais pourtant le Père Serge la pose, car elle n’est jamais posée.

En quoi est-ce le problème de l’origine ? Le Père Serge a ici un raisonnement purement théologique : l’économie dirige le monde. Qu’est-ce que l’économie ? Quelque chose qui au final déploie une approche philosophique du monde. Pour cerner la vérité de ce que cela recèle, il faut alors remonter au problème de la philosophie en tant que telle. On ne peut se contenter de donner ici la réponse scolaire de l’amour de la sagesse, qui est la marque d’un enseignement qui a pour conséquence (ou qui est justement fait, faites encore une fois votre choix) que l’on ne se pose pas la question de ce qu’est la philosophie en essence. En quoi ce raisonnement est-il théologique ? Parce que la théologie est la seule discipline qui se pose la question de l’origine, car celle-ci est constitutive de son existence même. Si l’on se pose un jour, honnêtement la question de l’origine, on finit au minimum déiste. C’est-à-dire qu’il y a une entité ineffable qui est responsable de ce problème de l’origine.

Prenons le cas de Darwin et de sa théorie de l’évolution. Celle-ci est souvent avancée par les antireligieux pour discréditer les vues des religieux. Or, cette théorie (car ce n’est qu’une théorie du point de vue scientifique et épistémologique elle n’a jamais été démontrée ni prouvée) ne résout pas le problème de l’origine. Elle avance simplement un mode de fonctionnement de la nature différent de celui des religieux. Mais elle part d’un donné, à partir duquel elle voit une évolution du vivant. Ce n’est pas la position officielle de l’Eglise Orthodoxe, mais admettons la pour un instant. Elle ne répond toujours pas à la question de l’origine. Si tout vient d’une première bactérie, d’où vient cette bactérie ? Certains tentent encore de façon désespérée des réactions physico-chimiques provenant de roches, mais cela ne fait que repousser d’un stade le problème. La reformulation de ce problème est bien connue des écoliers : c’est le paradoxe de l’œuf et de la poule, qui a lui seul devrait servir à remplir les églises. La seule réponse possible est celle de l’enseignement chrétien (et monothéiste ici en l’occurrence) : c’est la poule, créée par Dieu.

Ce problème de l’origine est un outil qui ne sert pas seulement à démontrer l’importance de la foi et de la théologie. C’est un réflexe de pensée. Le doute méthodique qui sert de boussole dans nos vies. Dans chacun de nos actes, est-ce le Christ à la racine ? Pourquoi dis-je ceci ? Pourquoi ai-je tel goût ? il ne s’agit pas ici de devenir un adepte de la déconstruction, ce système philosophique du 20ème siècle, mais de s’interroger sur l’origine des choses. Ce réflexe ne doit pas être réservé aux débats avec autrui (le plus souvent stériles mais Ô combien nécessaire avec les athées) mais les débats les plus exigeants : ceux que chacun engage avec lui-même. C’est ce que la tradition appelle la lutte contre les passions. C’est en gagnant des batailles sur ce terrain-là que l’on devient invincible sur les autres.