texte original

Ἡροδότου Ἁλικαρνησσέος ἱστορίης@1 ἀπόδεξις ἥδε, ς μήτε τὰ γενόμενα ἐξ ἀνθρώπων τῷ χρόνῳ ἐξίτηλα γένηται, μήτε ἔργα μεγάλα τε καὶ θωμαστά, τὰ μὲν Ἕλλησι τὰ δὲ βαρβάροισι ἀποδεχθέντα, ἀκλεᾶ γένηται, τά τε ἄλλα καὶ δι᾽ ἣν αἰτίην ἐπολέμησαν ἀλλήλοισι.

traduction proposée

De Hérodote l'Halicarnassien qui a réalisé cette enquête, pour que ne s'évanouissent pas dans le temps les œuvres grandes et admirables des grecs d'une part et des barbares de l'autre, et que rien ne devienne anonyme ; Il explique les causes de la guerre que les uns les autres se sont faite.



Commentaire/Analyse





Hérodote est avec Thucydide, considéré comme le Père de l’histoire. D’ailleurs, cette introduction fameuse de son livre “Histoires” (en fait 9 livres) qui est traduit du terme grec ἱστορίης (qui a donné le mot histoire), est traduit à juste titre, par votre serviteur et par le consensus des traducteur “enquête”. En effet, même si Hérodote est reconnu par la postérité comme le premier des historiens, il n’est pas stricto sensu un “historien” tel que travaille les historiens aujourd’hui.

Que font les historiens ? Ils vont se servir de témoignages, de manuscrits, de textes, de documents pour établir une recherche historique. Mais ils n’ont pas, pour la plupart, vécu l’époque qu’ils étudient, ou en tout cas n’étudient pas le quotidien comme histoire, car l’histoire demande du recul. Que fait Hérodote ? Il voyage et note des choses relatives à ses voyages et relate sa vision de l’histoire. Son sujet principal : les guerres médiques. C’est le nom qu’on donne aux guerres qui ont opposé les Perses et les Grecs. Le ton, le style et la construction sont très homériques. Homère traitait de la Guerre de Troie, et Hérodote reprend l’exercice pour les guerres médiques. Mais rien de ce qu’il retrace ne peut vraiment être qualifié d’historique. On est ici dans une zone grise qui est ma foi passionnante, et qui a son importance pour la théologie. En effet, il n’y a pas de théologie sans histoire. Le théologien ne peut pas rester dans les cimes de la spéculation théologique. Le Christ s’est incarné, et est entré dans l’histoire. Il est venu à un moment particulier, dans un monde donné, avec ses équilibres, ses faiblesses, ses traditions, etc. Ainsi toute histoire antique doit être étudiée. Mais il va falloir l’étudier sous l’angle théologique.



Hérodote naît en -480 et meurt en -420. Il naît à Halicarnasse, côté occidentale de la Turquie actuelle (voir carte plus haut). Ami de Sophocle et contemporain de Périclès il est très impliqué dans les turbulences de son temps. Il meurt dans la colonie grecque en Italie, que Périclès contribue à fonder. Ses voyages sont devenus célèbres au point d’influencer la liste des sept merveilles du monde antique. Trois choses intéressantes dans l’œuvre d’Hérodote, qui justifie son étude dans ce blog : il donne le plus vieux témoignage sur les pyramides (ainsi qu’une tentative de réponse à l’énigme de leur construction), suscite aujourd’hui une école considérant qu’il a menti sur tout et que son travail est totalement fictif, et surtout il écrit beaucoup sur le religieux. Les dieux antiques font partie de son histoire. En quoi donc ceci est important ? Et bien parce que les pyramides égyptiennes posent un problème à l’histoire biblique. Leur absence du biblique interroge. Par contre les dieux païens sont très présents, dans la Torah et la littérature prophétique. Il est important de voir de “l’autre côté du miroir”. Certains historiens grecs ont même condamné Hérodote pour avoir été trop pro-barbare dans ses écrits. Nous verrons cet équilibre dans son œuvre.