Texte original grec du fragment (et traduction)

texte original

Ἀ. [sc. τὰ ἄστρα εἶναι] πιλήματα ἀέρος τροχοειδῆ, πυρὸς ἔμπλεα, κατά τι μέρος ἀπὸ στομίων ἐκπνέοντα φλόγας. 15, 6 (D. 345) Ἀ. καὶ Μητρόδωρος ὁ Χῖος καὶ Κράτης ἀνωτἀτω μὲν πάντων τὸν ἥλιον τετάχθαι, μετ' αὐτὸν δὲ τὴν σελήνην, ὑπὸ δὲ αὐτοὺς τὰ ἀπλανῆ τῶν ἄστρων καὶ τοὺς πλάνητας. 16, 5 (D. 345) Ἀ. ὑπὸ τῶν κύκλων καὶ τῶν σφαιρῶν, ἐφ' ὧν ἕκαστος [sc. ἀστήρ] βέβηκε, φέρεσθαι [sc. τοὺς ἀστέρας].

traduction proposée

Anaximandre [concernant l’être des astres] disait qu’il s’agit de fins cercles d’air, remplis de feu, qui expulsent des éclairs via des orifices. 15,6 (D. 345). Anaximandre et Métrodore de Chio affirment que tout est arrangé pour la domination du soleil, puis de la lune, des étoiles fixes et des planètes 16,5 (D 345). Anaximandre affirme que par des anneaux ou des sphères, chacune des étoiles est mue ou portée.



Commentaire/Analyse





Ayant déjà réfléchi dans des billets précédents sur la dimension scientifique ou religieuse des textes d’Anaximandre, le propos portera sur ce que l’humanité sait aujourd’hui des étoiles et de la cosmologie en général. Une remarque en préambule : on voit l’apparition de Métrodore de Chio dans ce court texte, un disciple de Démocrite, ce qui continue de rendre vraisemblable la théorie de lecture rabbinique des présocratiques. Ce philosophe est un autre présocratique, mais moins connu de par les fragments disponibles actuellement.

Après avoir critiqué si durement la relation entre la science et la théologie, voici que je rédigerai un billet qui tombe exactement dans ce travers ? Certainement pas ! La seule conclusion théologique que l’on pourra tirer de ce que sait la science aujourd’hui, est que la probabilité la plus écrasante est la certitude de l’existence de Dieu. A l’heure où j’écris ces lignes, il n’y a rien dans le ciel et les étoiles qui permettent de dire quoi que ce soit de Dieu, hormis qu’il est. La possibilité même de la théologie n’affirmait pas autre chose. La science actuelle ne réalise pas des affirmations un peu gratuites comme Anaximandre, mais a des arguments relatifs à la méthode scientifique, tirés de l’observation.

Les scientifiques ont observés deux choses assez extraordinaires relativement à notre compréhension de l’univers : premièrement il est en expansion, et deuxièmement il y a un rayonnement fossile dans tout l’univers. L’univers est en expansion : depuis que vous lisez ce blog, l’univers a grandi ! les galaxies s’éloignent les unes des autres. Mais si elles s’éloignent, et que l’on remonte mentalement dans le passé, alors elles se rapprochent… et il existe un moment, à priori distant de nous de quelques treize milliards d’années, où elles étaient toutes réunies dans un seul point, concentrant toute la masse, toute l’énergie. Ce point infiniment petit a explosé, créant l’univers, et cette explosion absolument incroyable de puissance, est souvent appelée Big Bang. C’est-à-dire qu’il a fallu attendre le vingtième siècle pour que la science rejoigne cette vieille affirmation judéo-chrétienne d’un commencement à l’univers. Nombre de conceptions voyaient l’univers éternel et infini, comme la conception grecque pré-chrétienne (pas forcément pré-socratique d’ailleurs). Les scientifiques ont également observé un rayonnement fossile, l’onde choc de cette explosion, son résidu si vous voulez. Il faut toujours être très prudent avec la science, mais cette théorie du big bang passe les tests de l’observation et des modèles mathématiques et physiques. Elle est donc très très crédible. Elle engendre aussi quelques conséquences très intéressantes du point de vue de la certitude que l’on peut poser relativement à un Dieu créateur. Le chrétien ne devrait pas avoir de souci avec le Big Bang. Il sait juste en plus, qui a fait le bang ! Bien que nous soyons dans un endroit périphérique de l’univers, il est saisissant de voir combien l’univers est finalement centré sur nous. En effet, tout est organisé, réglé de façon à ce que la vie soit possible sur terre. Les statisticiens ont d’ailleurs donnés plusieurs analogies pour montrer la très grande improbabilité de ne s’en remettre seulement qu’au hasard.

Première analogie : l’univers est si précisément réglé que cela correspond au fait de lancer une flèche à 14 milliards d’années lumières dans une cible d’exactement un centimètre carré.

Deuxième analogie : l’univers est si précisément réglé que cela correspond au fait de démonter un airbus, de mettre les pièces dans un grand hangar, et qu’une tornade rentre et qu’elle reconstitue « par hasard » l’avion exactement comme il était avant d’être démonté, et ceci 150 fois de suite.

Troisième analogie : l’univers est si précisément réglé que cela correspond au fait de réunir dans une pièce 150 singes avec des machines à écrire, et que tous taperaient « au hasard » sur leurs machines, mais qu’il en sortirait pour chacun des singes, l’intégralité de l’œuvre de Shakespeare.

Quelques précisions sur ce réglage avant d’en tirer les conclusions : la vitesse de la lumière est de 300000 km/s. Elle aurait pu être de 285000 ou 325000. Il y a en tout une trentaine de paramètres de ce genre. Si on change un seul de ces paramètres, au milliardième de milliardième, la vie humaine n’est pas possible comme aujourd’hui. Nous constatons donc une chose relativement évidente : l’univers nous apparaît donc comme fait sur mesure, pour nous. La conclusion théologique est la suivante : l’athéisme est une position frivole et stupide. C’est une forme de foi lugubre et absurde. Il est évident que tout a été organisé pour nous. On ne peut rien dire de plus, et n’en tirer aucune conclusion religieuse d’aucune sorte. Simplement, les athées qui aiment bien convoquer la science, sont des gens frivoles et stupides. Comme le dit le psalmiste : les cieux chantent ta gloire Seigneur !!!