Introduction au commentaire sur la Guerre des Gaules.

Commenter la Guerre des Gaules, c’est produire un commentaire théologique sur une œuvre historique. Comme pour l’économie avec l’ouvrage « philosophie de l’économie », la théologie peut bien évidemment servir à produire un commentaire sur un sujet profane, cette fois dans le domaine historique. L’idée ici sera de donner une signification spirituelle à un événement historique. Cela revient à se poser la question suivante : la rencontre des deux libertés absolues que sont la liberté divine et la liberté humaine a-t-elle une destination et un cheminement qui sont porteurs de sens ? La destination est un article de foi : il s’agit de la parousie. Notre vision du monde est eschatologique. Tout tend vers le retour du Christ en Gloire. Est-ce que le cheminement jusqu’à cette parousie est porteur de sens ? Là aussi il faut répondre par l’affirmative. La théologie orthodoxe postule bien évidemment que l’absurde n’est pas maître des destinées du monde. Dieu intervient en permanence dans Sa création. Ce qui est complexe à saisir, est qu’il intervient dans un mode qui laisse à l’homme son absolue liberté. Cette antinomie est quasi christologique. De la même façon que le Christ est à la fois Dieu et homme, le monde est intégralement dirigé dans les moindres détails par Dieu, et en même temps, l’homme qui intervient fortement dans les destinées du monde est absolument libre.

Ainsi l’on pourra dire que Jules César était totalement libre de faire ce qu’il a fait, qu’il aurait même pu échouer, et qu’en même temps il y avait dans le plan de Dieu quelque chose de relatif à sa destinée hors du commun. Postulons quelque chose de plus probable : l’empire romain ne pouvait pas ne pas exister. Une structure impériale ne pouvait pas ne pas exister et supplanter la république arrivée à son terme. Ainsi, cela aurait pu être un autre que César, mais il y avait quelque chose qui devait faire advenir l’empire romain depuis toujours. Est-ce à dire que si Jules César avait été chef gaulois, ceux-ci auraient triomphé des romains ? Jules César n’est pourtant pas né en Gaule, ou en Chine, ou je ne sais où. Il est le produit de sa culture, de sa civilisation. Si l’histoire s’incarne dans des hommes, il y a des forces historiques qui les dépassent infiniment. Si cela n’avait pas été Jules César, cela aurait été un autre. Cela aurait pris plus de temps, mais l’empire romain devait advenir. C’est ainsi qu’il faut le voir. Il n’y a pas un basculement à cause de Jules César. Jules César est celui qui librement, fait être ce qui ne pouvait pas ne pas être. Est-ce à dire que l’empire ne pouvait être que romain ? Pourquoi pas une autre cité antique ? Pourquoi pas Sparte qui avait également un savoir militaire reconnu ? Cela revient à se demander, qu’est-ce que Rome, d’un point de vue ontologique, au niveau des forces historiques, et de la signification théologique profonde que cela représente. C’est le but de cette étude. En quoi Rome est-elle importante pour la théologie ? Parce qu’il s’agit de l’empire qui a jugé le Christ. Il se joue donc quelque chose d’essentiel ici.