Franc-maçonnerie : ésotérisme chrétien : avant propos (suite 5) : le problème des sources
ésotérisme chrétien : préambule
Ce travail commençait à prendre tournure. Je venais de rédiger l’ébauche du chapitre 10, lorsque je dus arrêter en raison de priorités absolues.
Rien n’est dû au hasard. Alors que je fulminais parce que mon ouvrage n’avançait pas, un de mes amis m’incita à lire « les dialogues avec l’ange ».
Je commençais la lecture de ces dialogues avec beaucoup de prudence, en me tenant sur mes gardes.
Très rapidement ces textes sont devenus mon livre de chevet. Il s’agit d’un enseignement de mise en pratique, de maître à apprenti. Sans doute est-ce ainsi que Jésus procédait avec ses proches disciples.
Il s’agit incontestablement de la même voie originelle, enseignée par Jésus, consignée fidèlement, peut-être sans bien la comprendre, par les scribes rédacteurs, notamment de l’Evangile selon Matthieu, rééclairée par la découverte de l’Evangile de Thomas.
Le recueil des dialogues avec l’ange retranscrits par Gita Mallasz constitue un véritable manuel d’apprentissage individuel de dépouillement de soi et de pure spiritualité. Aucun commentaire ne saurait valoir. Il s’agit de lire, de relire, de se laisser imprégner, de faire sien, de se laisser transformer, de renaître afin de vivre dès ici et maintenant cette phrase de Paul « Ce n’est plus moi qui vit, c’est Christ qui vit en moi ».
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Commentaire/Analyse
Ce paragraphe est extrêmement révélateur. L’auteur ne nous dit pas pourquoi il se tenait sur ses gardes. Au vu des points précédents, il est probable qu’il a eu peur de tomber sur quelque chose de dogmatique, de compatible avec la théologie officielle. Il allait donc lui manquer ce petit parfum de « liberté » nécessaire à son bonheur, ce que toute personne sérieuse nommera… hérésie.
On notera avec intérêt le passage « il s’agit incontestablement de la même voie originelle » qui contient un bon résumé de tout le problème. On nous a promis des arguments irréfutables, basés sur des auteurs sérieux, et là, l’auteur se contente pour toute démonstration, de l’adverbe « incontestablement », censé probablement asseoir une quelconque autorité et certitude dans l’esprit de son lecteur… Un peu court quand même…
Pour être parfaitement transparent, je n’ai pas lu « les dialogues avec l’ange » car la vie est trop courte pour perdre son temps avec des sottises. Si c’est le livre de chevet de l’auteur, cela me suffit pour me dire qu’il s’agit probablement de sornettes (car il est bien évidemment impossible en toute logique de se faire une idée d’un livre sans l’avoir lu). Et cela ouvre, avec la mention de l’Evangile de Thomas, la problématique des sources de l’auteur.
L’Evangile de Thomas est un parfait exemple de pseudépigraphe (livre dont l’auteur est faux). Il fait partie de ces livres qui circulaient dans les milieux gnostiques au début de l’Eglise et qui avaient été attribués à des personnes éminentes de l’Eglise pour se faufiler dans la tradition. Mais l’Eglise avait témoigné en édictant le canon des écritures de ses textes, et laissé de côtés les textes extérieurs, qui font partie de l’histoire chrétienne, mais uniquement de façon périphérique, ou au sens large. Quel travail sérieux peut sortir de sources pareilles ? en se nourrissant des sornettes maçonniques et des hérésies gnostiques, on ne peut pas aller loin. C’est pourquoi l’auteur n’a été nulle part en fin de compte.
On notera enfin, cette phrase d’une arrogance folle : « peut-être sans bien la comprendre ». Bien entendu, l’Evangile étant inspiré par l’Esprit Saint, son ou ses auteurs, ont sans le savoir fait passer l’infini. Mais c’était, à n’en pas douter, puisqu’ils avaient été choisis par le Christ ou ses proches disciples, et enseignés par Lui en personne (en tout cas pour Matthieu), des maîtres dans cette problématique textuelle, biblique et spirituelle. Matthieu et son école ont donc réalisés un véritable chef d’œuvre. Les contours du texte sont extrêmement juifs. Donc autant dire que 99% du texte et de son génie échappent à notre sherlock holmes en tablier. Et ce n’est pas avec du new age, du bouddhisme, et de la littérature gnostique que l’on peut percer ses trésors et mystères.
En terme de sources, d’outils et de méthode, seront plus utiles les techniques d’exégèse d’Antioche, d’Alexandrie, la christologie byzantine, l’exégèse rabbinique. Bref, tout ce que rejette l’auteur par principe et par bêtise. Un bouddhiste sérieux ne trouverait-il pas saugrenu que les outils cités soient utilisés sur un texte fondateur pour les bouddhistes ?