ésotérisme chrétien : préambule

La voie initiatique

L’autre voie permettant au divin de faire irruption dans la conscience et la matière du « petit moi », est la voie initiatique.
Cette voie fut celle des religions de l’ancienne Egypte, des grecs, des perses et des romains, est encore aujourd’hui celle de l’hindouisme, du bouddhisme et du soufisme.
Les occidentaux ne connaissent généralement du soufisme que la pratique spectaculaire des danses sacrées.
Le yoga, la voie initiatique de l’hindouisme et du bouddhisme, ne fut longtemps connue en occident que par les capacités de contorsions spectaculaires de certains adeptes, ou par l’étonnante insensibilité à la douleur des fakirs.
Il s’agit de la même erreur qui consisterait à ne considérer dans le christianisme que les processions pratiquées aux rogations, ou la pratique de la discipline, cette mortification physique et douloureuse, que certains moines et moniales s’appliquaient, il y a peu encore dans leur cellule.
Le mot initiation et ses dérivés (initié, initier, initiatique, etc.) méritent que l’on s’y attarde.
Il est courant d’entendre par initiation ce qui n’est, en réalité, que l’apprentissage d’un savoir, ou d’un savoir-faire. Ainsi l’usage a consacré des expressions comme : initiation à la couture, à la peinture, etc. l’Église contemporaine évoque l’initiation au baptême, à la foi, etc.
S’agissant de la voie ésotérique, le mot initiation recouvre une toute autre ambition. Il s’agit de la mise en route d’un processus destiné à amener l’adepte à un niveau de conscience tel que la conscience divine puisse faire irruption dans ce qu’il est convenu d’appeler jusque là, « la personne » ou « le petit moi ».
Dans chacune des voies initiatiques l’adepte est mené aux niveaux supérieurs de spiritualité par des maîtres capables d’adapter l’enseignement au besoin particulier de chaque élève et de lui éviter les erreurs dangereuses.
Chaque adepte est amené à un éveil progressif, étape après étape, jusqu’à atteindre, s’il est initialement prédisposé, le niveau suprême où il peut alors connaître la non dualité en Dieu (quel que soit le nom qu’on se permet de lui donner, ou la conception que l’on se permet d’en avoir).
Yoga signifie union en général, union avec le Divin. Le yoga, à ce que croient beaucoup d’occidentaux, n’est pas une méthode monolithique et universelle. Ce terme recouvre un certain nombre de méthodes ou disciplines par lesquelles on parvient à cette union.
Sa Sainteté le Dalaï-lama, dans son livre intitulé le monde du bouddhisme tibétain (collection « les chemins de la sagesse », la table ronde) expose différentes voies contemporaines du yoga. Ces voies comportent plusieurs niveaux. Sa Sainteté distingue une série de pratiques qui constitue le tantra inférieur, et expose trois niveaux de tantra supérieur dont la pratique peut être progressive ou simultanée. Le tantra est une pratique spirituelle constituant une voie d’éveil.
Les yoga soutras de patanjali furent consignés par écrit il y a plus de 2000 ans. Grâce à eux, il nous est possible d’avoir une idée assez précise des différentes étapes de la voie pratiquée et enseignée par ce sage et la transformation progressive de l’adepte.
Une des conséquences de la voie initiatique est qu’elle amène à distinguer entre l’exotérisme et l’ésotérisme.


Commentaire/Analyse





La Didache (ou doctrine des douze apôtres) est l’un des plus vieux enseignements de l’Église. Elle vient des apôtres et constitue les enseignements primordiaux dispensés dans l’Église primitive. On y voit une Église encore très juive dans ses pratiques mais où la dimension éthique est mise très en avant. La Didache commence ainsi : « Il y a deux voies : l’une de la vie, et l’autre de la mort. Mais la différence est grande entre les deux voies ». Les apôtres, donnant l’enseignement du Christ rapportent donc quelque chose de totalement opposé à la tolérance moderne, au vivre ensemble qui nivelle tout vers le bas : il n’y a que deux voies dans la vie. Une mène à la mort, une à la vie. Et c’est tout. Il n’y a pas une troisième voie. Ceci se comprend philosophiquement lorsque l’on raisonne sur la vérité. La vérité est exclusive. Elle ne peut pas être non exclusive. Cela veut dire que deux vérités contradictoires ne peuvent être vraies en même temps. Si elles s’excluent l’une l’autre, alors seulement une des deux est vraie (ou bien les deux sont fausses, ce qui est également possible). Exemple : ou bien Jésus a été crucifié ou bien Jésus n’a pas été crucifié. On ne peut pas réunir les juifs, les chrétiens et les musulmans sur cela. Ou bien Jésus est le Messie ou bien il ne l’est pas. On ne peut toujours pas réunir les juifs, les chrétiens et les musulmans sur cette question. Sa résurrection est également une vérité exclusive. Ou bien il est ressuscité, ou bien il ne l’est pas.

La petite musique que l’on entend dans les milieux maçonniques, dans les divers cercles initiatiques, ou dans les mouvements new-age (et Dieu sait que j’ai pu perdre un temps précieux dans ces cercles) est la suivante : chaque religion a une part de la vérité globale qui est bien trop complexe pour être saisie dans son intégralité. Ainsi, ce qui est fondamental est également accessible dans le Christianisme, l’hindouisme, le bouddhisme, l’islam, etc. Chacun de ces courants a deux facettes : un face grand public, exotérique (exo pour extérieur) à l’intention de la majorité des gens, et une face réservée aux initiés, ésotérique (éso pour intérieur). Les exotérismes divergent mais les ésotérismes convergent. Voici la petite musique qui nous est resservie ici, et que je voudrais commenter. L’auteur va ensuite expliquer dans les points suivants de son introduction ce que sont que l’exotérisme et l’ésotérisme, mais on peut déjà tirer quelques conclusions liminaires.



Quand on étudie sérieusement les religions on voit qu’elle convergent superficiellement mais qu’elles divergent profondément au niveau de leurs proclamations principales. On se souviendra que l’auteur avait promis des preuves irréfutables, des arguments décisifs. Et qu’avons-nous ici : l’affirmation gratuite et absolument pas étayée de cette soi-disant convergence entre toutes les religions. L’auteur nous réunit allègrement les égyptiens, les grecs, les bouddhistes, les hindouistes. Or, pour faire des affirmations aussi fortes et définitives il faudrait pouvoir réaliser un travail encyclopédique en religions comparées, dans la veine de Mircea Eliade. L’auteur cite-t-il quelqu’un ? Il n’étaie pas sa position, car elle n’a jamais été étayée par personne de sérieux dans les milieux académiques. Comme je le disais, les religions convergent superficiellement. Cela vous montre où travaille l’auteur. Mais il y a une astuce : c’est la partie initiatique ! Les partisans du grand gloubiboulga religieux sortent cet atout. Les études académiques, aussi fouillées soient-elles, ne prennent pas en compte la dimension initiatique secrète. Quelqu’un de rationnel dira que cela est dû au fait le plus simple et le plus limitant : il n’y a pas de dimension cachée qui soit inconnue. Les maçons vous répondront qu’il existe bien une partie cachée, mais sans jamais pouvoir le prouver au final… On aura noté l’incroyable orgueil et arrogance à l’œuvre dans la dichotomie maçonnique de l’auteur : la plèbe, la masse stupide et ignorante, suit la voie exotérique, tandis que l’élite, les gens instruits, les initiés suivent la démarche ésotérique. Or, ayant côtoyé les deux cercles, je peux témoigner que les gens qui sont dans l’ésotérisme sont les plus stupides. L’immortel auteur de ce livre était médiocre en grec, ignorant en hébreu, imperméable à toute logique élémentaire, travaillait sans méthodologie et ce fameux travail ésotérique n’avait produit sur lui absolument aucun des fruits que l’annonce publicitaire pouvait laisser attendre. On parlait d’union avec Dieu. On en était loin. Il n’y avait chez lui aucune trace qu’on peut retrouver chez des saints. Car en fait, comme disait quelqu’un, on reconnaît l’arbre à ses fruits. La démarche réservée à la masse inconséquente nommée peuple, produit des saints. Chaque siècle, elle a produit des saints, et des martyrs. Elle a aussi produit un travail scientifique et académique de grande ampleur, témoignant d’une grand subtilité et d’une immense érudition. Par contre, la démarche initiatique n’a jamais produit de fruits du tout (ou alors des livres comiques comme celui que je commente). Ce sont de doux rêveurs prêts à croire à la moindre chose un peu merveilleuse du moment qu’il ne s’agit pas d’un dogme de l’Église. Certains veulent devenir magiciens et voient Jésus comme un magicien. Certains veulent devenir thaumaturges et voient Jésus comme un thaumaturge. Ces mouvements sont une auberge espagnole spirituelle, intellectuellement très médiocre, qui ne mène à rien.

Il existe deux courants dans l’Église orthodoxe francophone actuelle qu’il m’est donné de côtoyer : un courant maçonnico-compatible et un courant hostile. Le courant maçonnico-compatible rejoint la franc-maçonnerie sur toute la partie sociétale. Je peux témoigner avoir entendu des orthodoxes valider des points (comme l’avortement) qui ne me font absolument pas douter concernant leur orthodoxie : ils sont pas orthodoxes. Ces gens là pensent bien faire, mais sont le ver dans le fruit. Ils sont la voix de la religion du monde. Ils sont les apôtres de la tolérance et du vivre ensemble républicain. Prions Dieu pour qu’Il ouvre leur cœur à Son message véritable. Et puis il y a le courant hostile, qui est très sensible à tous les discours anti-maçonniques les plus virulents : les maçons sont à l’origine de la révolution française, ils adorent le Diable sans le savoir au départ puis en connaissance de cause dans les hauts grades, etc. J’ai une position plus équilibrée que ceci, de par mon expérience. Les maçons n’ont pas fait la révolution française. Ils ne sont pas assez bons pour ça. Ça demande du talent tout de même, quelque chose de cette ampleur. Ils n’en ont pas. Ils sont aussi inoffensifs qu’un cortège syndical ou qu’une manifestation de retraités. Concernant la révolution française, il y a eu un mouvement beaucoup plus profond, dans lequel certains se sont inscrits. D’ailleurs, il y eut des maçons, fameux anti-révolutionnaires, tel que Joseph de Maistre. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans les hauts grades (j’ai arrêté cette mauvaise plaisanterie au grade de compagnon), mais à mon avis ce n’est pas plus méchant qu’une éolienne : on y brasse de l’air (je dois témoigner néanmoins, pour être parfaitement honnête, que je ressentais un grand malaise lors des rituels d’ouverture et de fermeture, mais je ne saurais l’expliquer). En fait tous ces mouvements initiatiques ne servent qu’à une chose : faire perdre du temps, et de l’argent au passage, et surtout mettent devant les yeux cette sottise initiatique qui n’existe pas, et qui ne peut pas exister, et qui repose exclusivement sur l’orgueil et la bêtise. Dieu aime toutes ses créatures. Il veut toutes les sauver. Le salut qu’il offre est donc accessible à tous, et ne se trouve pas dans des officines ridicules, tenues par des gens ridicules, au savoir ridicule, et aux enseignements ridicules. Il est dans la Sainte Église Catholique et Apostolique, tenue par la Tradition apostolique des évêques, et grâce aux enseignements et actions des Saint Pères de l’Église. Si des maçons lisent cette page, je leur demande de bien réfléchir à où ils sont, à ce qu’ils font, et à ce qu’ils croient, car le moindre livre d’histoire montre la fausseté de leur foi. Je répète également une fois encore, qu’en dehors des zozos comme l’auteur de ce livre, il y a de belles personnes égarées en maçonnerie et que leur place est dans l’Église, après une bonne confession et une longue catéchèse pour repartir sur de bonnes bases.



Si la maçonnerie n’a aujourd’hui plus d’influence, ce n’était pas le cas à une époque. Et l’influence qu’elle eut à cette époque (la troisième république particulièrement) fut extrêmement néfaste pour la France. Mais ce qui est néfaste, n’est pas la maçonnerie en tant que telle, ce sont les réseaux qu’elle permet de constituer. Les réseaux politiques et économiques de cette époque furent très mauvais pour la France. Faut-il interdire la franc-maçonnerie ? pour répondre à cette délicate question, il convient déjà de dire qu’il n’y a pas une franc-maçonnerie. Il y a des maçonneries. Car il s’agit d’une démarche. Politique pour certains, spirituelle pour d’autres. La partie politique et affairiste demande à réfléchir sérieusement à cette question d’interdiction, car elle est en contradiction flagrante avec la démocratie la plus élémentaire. Les discussions politiques concernant les citoyens d’une nation ne peuvent pas être secrètes, par définition. Pour la partie « spirituelle », il ne sert à rien d’encadrer la bêtise. Si des gens veulent finir en enfer, même Dieu ne saurait les en dissuader. Mais il est évident qu’il y aura une section avec tablier bien fournie dans les cachots du démon.