ésotérisme chrétien : préambule

Le terme de la voie initiatique

Contrairement aux mystiques, l’initié ne fera l’expérience des états spirituels les plus élevés qu’à partir du moment où il connaîtra l’harmonie totale entre :
Son mental conscient et inconscient, par voie de conséquence, ses pensées ;
Les organes de son corps, par conséquent tous les désirs et appétits de la nature.
Lorsque l’initié a connu l’expérience de l’indifférenciation en l’UN, il a atteint définitivement la sérénité. Il a vaincu l’illusion de l’égo, ou, plus précisément l’illusion d’un égo stable, permanent et personnel, s’est dissoute. Il ne subsiste ni sujet ni objet en tant qu’entités séparées. L’initié s’est alors libéré de tout désir, de toute souffrance.

Le secret indispensable

Le secret non seulement nécessaire, mais indispensable.
La connaissance de l’enseignement, acquise par indiscrétion, avant que le disciple ait l’expérience suffisante de l’étape préalable, l’amènera à des conclusions intellectuelles qui ne dépasseront que très difficilement son mental, et qui risquent d’être définitives.
Il faut avoir fait l’expérience de la dégustation de nombreux vins de qualité avant d’être capable de savourer pleinement les subtilités d’un cru exceptionnel. Tous les connaisseurs avisés ont un jour fait l’expérience de la frustration éprouvée en espérant faire apprécier un cru sublime à une personne qui n’a jamais connu que des vins de consommation courante. Le risque est grand que cette personne ne conclue définitivement qu’il n’y a aucun intérêt à dépenser tant d’argent pour si peu de différence.
En outre, certaines pratiques telles que la méditation, lorsqu’elles ne sont pas guidées par un maître, peuvent avoir des conséquences désastreuses, pour soi, pour autrui.


« dans l’ancienne religion égyptienne, certains rituels commençaient par de terribles menaces envers le lecteur qui en révélera le contenu au profanes : l’indiscret qui dévoilerait le rituel osirien « fin de l’ouvrage » sera massacré, dit l’auteur du papyrus Salt 825. Il y a donc des dieux et des mythes dont la connaissance est réservée aux manipulateurs agréés » (Claude Traunecker, les dieux de l’Égypte, collection que-sais-je).
Jésus dit dans ce même sens « ne donnez pas les choses saintes aux chiens et ne jetez pas vos perles devant les porcs… » (Mt 7 :6).
L’Ange met en garde Gitta : « n’oublie pas que ce qui te vivifie réduirait les autres en cendres » (dialogue avec l’ange, entretien n25, avec Gitta).
Ce secret n’est objectivement pas sans comporter des inconvénients. Il permet à certains de faire croire qu’ils sont initiés, les profanes pourront s’y laisser prendre.
Si l’Église acceptait de parrainer l’ésotérisme, les corrupteurs, les faux prophètes, les fakirs, les « jeteurs de sort », etc, n’auraient que peu de chances d’entraîner dans leur sillage les brebis égarées de la spiritualité contemporaine.
Jésus nous met en garde contre les nombreux faux prophètes. Il ne ne nous propose qu’une seule parade : « on reconnaît un arbre à ses fruits ».
Notre histoire actuelle a dramatiquement constaté quels pouvaient être les fruits de certaines sectes pratiquant à des fins douteuses une pseudo spiritualité s’appuyant sur un système présentant quelques caractéristiques laissant supposer à leurs adeptes qu’ils suivent une voie initiatique.


Commentaire/Analyse





On voit comment notre spécialiste de l’ésotérisme peine à défendre la notion de secret, si attirante pour certains dans la franc-maçonnerie, et dans les écoles initiatiques en général. Mais voyons déjà sa description de la voie initiatique par ses résultats, avant de la voir sous l’angle de l’apprentissage.

On nous dit que le niveau initiatique le plus élevé est atteint lorsqu’il y a harmonie parfaite entre le corps et l’âme. On se demande où est passée la troisième composante de l’homme, à savoir son esprit… En effet l’homme n’est pas seulement corps et âme mais bel et bien corps – âme – esprit. Mais nous ne sommes plus à une approximation près… Puisque le processus est secret, notre grand maître ne nous dévoile pas comment réaliser cette harmonie parfaite. Le terme « indifférenciation » me laisse perplexe et je décide de considérer qu’il s’agit du gloubiboulga maçonnico-bouddhico-newage propre à ce genre d’escroquerie spirituelle. Il me semble que l’auteur veut indiquer une sorte de fusion en Dieu. Plus intéressant, la promesse de la fin de la souffrance et du désir, ce qui cadre bien avec la vision bouddhiste et avec l’attaque violente faite contre les mystiques, accusés de parvenir au bout de la route divine via la souffrance. Ici, on aura pas mal. Promis. Il n’y aura plus sujet ni objet. Cela semble indiquer une sorte de fusion hindouiste, où je disparais pour me fondre dans cette grande force impersonnelle. Le Christianisme proclame autre chose, de bien plus précis : la participation à la nature divine. Je ne disparais pas. Je demeure. Éternellement en Dieu. Car Dieu veut maintenir éternellement cette relation que j’ai noué avec Lui pendant ma vie. C’est tout autre chose. La promesse maçonnique est qu’il n’y a plus de souffrance, parce qu’il n’y a plus d’être personnel. La promesse chrétienne authentique est qu’il n’y a plus de souffrance ensuite, mais que ce processus est douloureux, aussi. Pas seulement, mais aussi. Contemplez le Christ en Croix. Et ensuite relisez cette prose maçonnique. Je n’ai rien besoin d’ajouter sur ce sujet.

Passons au secret. L’arnaque est brillante. L’auteur nous dit qu’il ne peut pas nous expliquer comment enlever toute cette souffrance, car le secret fait partie de la recette. Mais si vous lisez attentivement, il n’explique jamais pourquoi. Le secret est la façade protectrice de l’absence véritable de technique, de méthode alternative à l’Évangile. Son premier exemple est sur cet œnologue débutant, incapable de discerner le génie d’un grand cru particulier. Mais rien n’est secret là-dedans. C’est d’expérience et de maturité dont il s’agit ici. Il n’est question que du temps nécessaire au fait que le savoir s’imprègne en nous. Que la vie creuse son sillon. Il est rare de voir des personnes pleinement réalisées tôt, même si cela est parfois possible. Cela demande du temps. Pas du secret. Du temps.

L’auteur mélange ensuite allègrement les cultes égyptiens, le Christ et son livre de révélation angélique. Sou ce fatras niveleur, le message est clair : tout se vaut, tout mène au même but. Ne vous y laissez pas prendre. L’Évangile est à part. C’est le témoignage de l’Église sur le Christ. Cela ne saurait être comparé aux religions sataniques égyptiennes et à cette prétendue révélation angélique. Les paroles du Christ sont détournées : il ne s’agit pas réserver ses paroles à des initiés, puisque nous devons baptiser le monde entier, mais de cesser de nous épuiser avec qui ne veut pas entendre, avec qui ferme son cœur, avec qui s’aveugle dans son orgueil. L’Église ne parrainera jamais l’ésotérisme, car il n’y en a pas. Si un jour elle le faisait elle ne serait plus l’Église, et les fidèles devraient chercher des évêques restés sérieux. La conclusion est assez comique : il ne suffira pas d’affirmer qu’il existe une vraie initiation et une pseudo initiation : toute initiation du type maçonnique est une escroquerie. On ne trouve pas le Christ au temple maçonnique (ni protestant d’ailleurs). Il n’y a pas d’autre lumière que celle que Dieu a mis dans son Église.