ésotérisme chrétien : préambule

L’ésotérisme source d’œcuménisme

L’ésotérisme n’exclut ni ne prend en compte aucune des théologies élaborées par les religions exotériques. Chaque maître se contente d’enseigner comment prier et se comporter selon sa propre foi.

Ne pas confondre niveau initiatique et fonctions

Une fonction éminente ne nécessite pas forcément un niveau initiatique très élevé. En revanche pour ce qui concerne la régulation de l’enseignement fondamental et des rites, seuls des initiés de haut niveau peuvent se prononcer.

A chacun son rôle : le directeur d’un hôpital est rarement un médecin ; on ne demande pas les mêmes compétences à l’un et à l’autre. Le commandant en chef des armées ne sait pas forcément piloter un avion, ce qui n’enlève rien à son autorité, ni à l’efficacité et à la compétence avec laquelle il remplit sa mission. Le virtuose, le chef d’orchestre, l’impresario et le directeur de salle de concerts n’ont pas le même niveau de compétence musicale ; ils sont cependant indispensables et complémentaires. Seul un œnologue, dégustateur avisé, peut se prononcer valablement sur la qualité d’un cru particulier.

Il incomberait toujours aux paroisses, aux prêtres et aux évêques d’assurer, outre le gouvernement de l’Église, la promotion de l’Évangile, de préparer les catéchumènes, d’enseigner un comportement moral, social, et une éthique conforme à la voie enseignée par Jésus. C’est la mission dont s’acquitte l’Église actuelle depuis son origine.

En revanche, pour souhaiter les disciples souhaitant suivre la voie vers l’unité dans le Père, il faut des maîtres suffisamment avancés sur cette voie.

Par nature, cette maîtrise-là, ne pourra jamais être enseignée par des professeurs dans des séminaires.

Aucune hiérarchie ne pourra jamais nommer un maître. La maîtrise ne sera jamais une conséquence de l’érudition, de l’ancienneté, ou une distinction pour bons et loyaux services.

Religion

La spiritualité est la base de toutes les religions. La spiritualité ne suffit pas à faire une religion. Chaque religion appuie sa spiritualité sur une conception hypothétique et théologique de l’au-delà. Cette conception, dans le christianisme, est exprimée sous forme de dogmes.

Chaque religion possède ses rituels où sont codifiés toutes les célébrations du culte. Les rituels ne sont pas de simples cérémonials, ils appliquent des processus traditionnels destinés à favoriser la communication entre les participants présents et l’Éternel, entre le présent et l’éternité.

La sobriété du rite et le petit nombre de participants, sont des facteurs favorables, sinon indispensables à une profonde spiritualité. La pompe et le faste des grandes cérémonies publiques, qu’elles soient religieuses, politiques, ou militaires, sont davantage destinées à impressionner les foules, à exalter l’adhésion, la fidélité communautaire et la fierté d’appartenance des participants.

Chaque religion nécessite une structure hiérarchique qui n’est pas forcément pyramidale. Seules les différentes versions du Christianisme, héritières de la religion universelle de l’État romain, possèdent une structure hiérarchique internationale centralisée. Toutes les religions possèdent un système d’enseignement, des moyens économiques, des moyens de contrôle de l’orthodoxie, etc., qui leur sont indispensables.

Jésus n’a pas fondé une religion, il a enseigné aux brebis d’Israël la voie spirituelle qui est la sienne. L’enseignement de Jésus et des Évangiles ne concerne que la spiritualité.


Commentaire/Analyse





Comme toujours, l’auteur mélange habilement vérité et mensonge pour introduire son poison maçonnique dans les esprits. Voyons d’abord l’œcuménisme. Il s’agit d’une lèpre moderne dont les évêques et patriarches actuels répondront devant le trône divin. En effet, il y a derrière l’œcuménisme trois phénomènes, tous plus toxiques les uns que les autres. Le premier est l’œcuménisme a l’intérieur du « monde chrétien ». C’est le mouvement dit de l’unité des chrétiens. Ce mouvement entretient cette idée fausse que le Corps du Christ est divisé en plusieurs parties, deux ou trois selon les sensibilités œcuméniques. Mais le Corps du Christ n’est pas divisé. L’Église est une. Il y a ceux qui sont dans le Corps et ceux qui sont en dehors du Corps. Ces assemblées reviennent donc à faire prier ensemble des chrétiens ayant gardés intacts le dépôt de la foi avec ceux ayant déviés dans cette tâche. Pourtant, les Pères de l’Église, que nous sommes censés prendre en modèle, ont édicté des canons d’une simplicité biblique pour proscrire les prières avec les hérétiques. Ces assemblées œcuméniques sont tout simplement anti-canoniques et contraires à l’enseignement des Pères. Le second phénomène est celui qui voit dans l’œcuménisme, le dialogue religieux au sens large : avec les juifs, les musulmans, etc. Il étend l’erreur de prier avec les hérétiques à des hérésies encore plus grandes. Il ne s’agit pas bien entendu de ne jamais se rencontrer, de ne jamais discuter. Il s’agit de faire en sorte que le message religieux et l’excellence liée au salut soit communiquée de façon limpide. Il est évident et sain, que parfois, les religieux vont se retrouver dans le même « camp ». Par exemple, lors des délibérations sur le mariage homosexuel, pendant le quinquennat de François Hollande, il me semble que juifs, musulmans et chrétiens étaient tous unis dans l’opposition à cette disposition légale. Mais ceci n’est pas une manifestation d’œcuménisme. Chacun l’a fait, en harmonie avec sa propre doctrine. Il n’a justement pas été question de diluer sa doctrine, au nom du dieu tolérance, dans la doctrine des autres. Le troisième phénomène lié à l’œcuménisme est la tentation du syncrétisme. C’est cette idée chère aux ésotéristes, qui est de dire : chaque religion est un chemin particulier sur la montagne de la vie spirituelle, mais chacune parvient au sommet. Imaginons un sommet à escalader. Le christianisme orthodoxe serait une voie sur la face nord, le bouddhisme une voie sur la face sud, le judaïsme libéral une voie sur la face ouest, etc. Le chrétien exotérique aurait la naïveté de croire qu’il est le seul à accéder au salut, tandis que l’initié, grâce à sa connaissance plus large, accède à une vision d’ensemble, moins simpliste et ô combien plus évoluée. A cela il suffira de répondre Jn 14:6 : « Jésus lui dit: Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. ». Cette déclaration terriblement anti-œcuménique de Jésus vient juste après cette parole qui pouvait pourtant sembler plus accueillante : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. » (Jn 14:2). Ces demeures ne sont pas des « territoires religieux » au paradis. Il n’y a pas un paradis musulman, un paradis juif, etc. Ajoutons, évidemment, que le salut est une décision divine, ineffable, incompréhensible pour la justice humaine, mais il semble que la relation au Christ soit un élément déterminant dans cette décision.

Passons maintenant à la nomination des maîtres. Il est évident qu’on ne nomme pas un maître. Le maître, un jour, devient maître, et cela est ainsi. Les maîtres dans l’Église, sont de deux natures : les guides spirituels et les saints. Dans l’Église antique, le peuple nommait ses évêques par acclamation. Le peuple savait et sait reconnaître les saints. Le peuple sait reconnaître ses guides spirituels. Si vous vous confessez à quelqu’un et que vous stagnez dans votre vie spirituelle, alors vous savez que ce guide n’est pas pour vous, ou pas guide du tout. Notre franc-maçon a ici une vue qu’il ne cache même pas : les prêtres apprendraient la morale aux gens, tandis que les maîtres dont il estime faire partie s’occuperaient de la dimension spirituelle des choses, et le tout sera bien séparé. L’auteur ne nous dit pas que les prêtres et les maîtres seraient distincts, mais on le comprend aisément. Lorsque l’Église « fonctionne » bien, elle produit des guides spirituels et des saints, et ses évêques gardent le cap. Si la première chose est relativement constante, on peut constater aujourd’hui un certain appauvrissement au niveau épiscopal. Pourquoi ? à cause de la sociologie des évêques. Il s’agit, dans de nombreux cas, de moines du monde. Il ne s’agit pas de moines ayant vécu une vie monastique sous la guidance d’une Père spirituel véritable, avec une vie liturgique intense. Nous avons aujourd’hui, dans le monde orthodoxe, certains évêques n’ayant pas passé un seul jour dans un monastère, à crucifier leur volonté propre. Nous avons des universitaires diplômés qui étudient jusqu’aux plus hautes cimes de la bêtise universitaire. Ne nous étonnons pas alors, de voir l’Église dans la désastreuse situation dans laquelle elle est plongée aujourd’hui.



Finissons sur la troisième partie du texte analysé, à savoir l’articulation entre religion et spiritualité. C’est parce que l’institution religieuse est parfois (la période actuelle en est une triste illustration) anti-spirituelle, que l’on se permet d’imaginer une dissociation entre religion et spiritualité. Mais ce n’est pas parce que l’Église traverse ce genre de crise que la vie spirituelle doit se faire en dehors du cadre religieux. Le principal problème de l’Église actuellement, et cela est en soi un paradoxe qu’il convient de méditer, est qu’elle n’est plus persécutée. Nous avons donc comme évêques, soit des gens sincères, soit des gens carriéristes qui cherchent une position et un standing de vie. Nous nous retrouvons donc avec des synodes d’apparatchiks. Lorsque l’Église est persécutée, vous pouvez être sûrs qu’il ne reste que des gens sincères, par définition. C’est une période de grande sincérité qui s’ouvre devant nous, à plus ou moins brève échéance, ce qui permettra un salutaire grand nettoyage de printemps. L’auteur distille son venin maçonnique sur deux concepts : faire du Christianisme la religion de l’empire romain, et Jésus n’a pas fondé de religion. Examinons ces deux points avec attention. Le premier point montre une capacité de révision de l’histoire qui laisse pantois. L’empire romain a persécuté les chrétiens pendant près de trois siècles avant de leur reconnaître une liberté religieuse. L’auteur laisse entendre que l’empire romain a créé de facto la religion chrétienne. Son discours est en fait de dire qu’il y a eu un Christianisme primitif dont il est l’ardent défenseur, et qu’il fut substitué par un Christianisme officiel créé de toute pièce par l’administration romaine. Mais cette thèse est aussi stupide que son auteur. Si le Christianisme authentique, originel, véritable, fut une sorte de crypto-bouddhisme, totalement dissocié de la matrice juive originelle, n’adorant pas Jésus en tant que Dieu, on se demande bien pourquoi ces trois siècles de persécutions. L’auteur ne cesse de nous dire, que le Christianisme véritable est une voie spirituelle, à l’image des autres, équivalente aux mystères initiatiques antiques. Pourquoi cette exclusivité de la persécution ? Les textes historiques à notre disposition nous montrent l’entêtement chrétien antique à ne pas adorer l’empereur comme Dieu, ce privilège étant réservé au Dieu d’Israël seul, et à son incarnation dans la chair, le Christ Jésus. Tout ceci ne colle pas. Tout ceci n’est pas sérieux, comme tout ce qui sort de la franc-maçonnerie.



Le meilleur pour la fin : Jésus n’a pas fondé de religion. Bien évidemment, Jésus n’a pas laissé à ses disciples un règlement intérieur institutionnel qui pourrait définir le cadre administratif d’une religion. C’est parce que le cadre religieux actuel est corseté dans le maillage institutionnel de la loi de 1905, des associations cultuelles, que nous perdons notre temps dans des assemblées générales, dans des bilans financiers, dans des rapports moraux, dans des réunions de bureaux, etc, etc. Effectivement, Jésus n’est pas venu fonder cela. Cette vie religieuse institutionnelle chrétienne en France est vécue ainsi parce que le feu de la Pentecôte est devenu une petite braise de fin de foyer. On peut à peine s’y réchauffer. Nous ne sommes plus les portes voix d’un Christ qui cherche toujours à ébranler le monde. Jésus n’est pas venu fonder cette chose sage et douce qu’est devenu le clergé chrétien aujourd’hui (à quelques notables exceptions bien sûr, le fameux petit reste paulinien). Jésus a fondé une communauté de radicalité lumineuse qui a pour but de renverser le monde. Ce n’est certainement pas la sottise maçonnique dont l’auteur est l’éloquent ambassadeur, dont la niaiserie n’a d’égal que son inculture religieuse crasse, qui est l’héritière de cette communauté radicale primitive. C’est l’Église orthodoxe institutionnelle, qui malgré toutes ses pesanteurs, toutes ses erreurs, toutes ses cécités, est la seule héritière légitime de cette première communauté. C’est cela que le Christ est venu fonder. Il est venu fonder une Église qui a les pieds sur terre et la tête dans les cieux. Le reste n’est que bavardage maçonnique. Du charbon pour l’enfer.