La révélation naturelle comme base de la croyance naturelle et d’un sens de l’existence

section 7 (p14-16)

texte original roumain

Potrivit concepției noastre, noi suntem făcuți pentru eternitate, pentru că noi aspirăm ca niște înăbușiți după infinitate, după absolut. Noi vrem să iubim și să fim iubiți tot mai mult, tinzând spre o iubire absolută și fără sfârșit. Iar aceasta n-o putem afla decât în relația cu o Persoană infinită și absolută, o Persoană conștientă, ca să folosim un pleonasm. Noi tindem să descoperim și să realizăm o frumusețe tot mai mare, să cunoaștem o realitate tot mai profundă, să inaintăm intr-o noutate continuă. Noi tindem prin toate acestea spre infinit, pentru că suntem persoană. Dar toate aceste aspecte ale unei realități infinite nu le putem afla decât într-o Persoană infinită, mai bine zis într-o comuniune de Persoane infinite în ființă, în iubire, în frumusețe. Din comuniunea mereu mai sporită cu Ea, se proiectează în noi, și prin noi peste toate aspectele lumii, noi și noi raze de realitate, de frumusețe, de noutate, se deschid alte și alte dimensiuni și orizonturi ale realității.

Comuniunea cu Persoana sau comuniunea cu Persoanele infinite devine pentru oameni mijlocul de înaitare nesfârșită în iubire, în cunoaștere. Aceasta susține interesul mereu viu al conștiinței noastre de sine. Chiar dacă conștiințele de sine umane care s-ar succeda înlocuindu-se și-ar transmite sensul existenței dobândit de ele, sensul existenței de sine al fiecăreia din ele nefiind purtat de fiecare în eternitate, pentru a-l adânci la nesfârșit, ar apărea ca neavând un rost real pentru noi. De fapt, nu subiectele sunt pentru o constiință întreruptă si nici pentru o constiință neîntrerupt eternă, ci aceasta este pentru subiect, dând sens acestuia. Numai printr-o astfel de conștiință eternă și etern in acțiune de adâncire noi ne dovedim scopul tuturor treptelor inferioare de existență, eternizând și luminând pentru veci toate sensurile și realitățile lumii. Numai prin aceasta se arată că toate sunt pentru noi, iar noi suntem pentru noi înșine un scop fără sfârșit si scopul fără sfârșit al tuturor lucrurilor din lume.

Numai prin aceasta în noi se împlinește scopul tuturor componentelor inferioare ale lumii. În eternitatea ființei noastre se luminează la nesfârșit sensul tuturor, ca conținuturi de continuă îmbogățire și adâncire a conștiinței noastre eterne. De fapt în tot ceea ce facem urmărim un scop, pentru care ne servim de lucrurile din lume. Dar noi avem nevoie de un scop final etern, mai bine zis noi înșine trebuie să fim un scop final etern, ca să ne dovedim o ființa cu sens în tot ce facem. Prin toate lucrurile pe care le facem, noi manifestăm direct sau indirect un asemenea scop etern, sau urmărim menținerea noastră ca scop etern. Noi trebuie deci să vedem scopul ființei noastre proiectat dincolo de viața noastră terestră, trecătoare, căci dacă moartea ar încheia definitiv existența noastră, noi nu am mai fi un scop în sine, ci un mijloc intr-un proces inconștient al naturii. În acest caz, tot sensul vieții noastre și toate scopurile urmarite de noi și toate lucrurile ar deveni fără sens.

traduction proposée (et corrigée par les soins d'Allan T., grand merci encore pour son aide)

Selon notre conception, nous sommes faits pour l’éternité, car nous aspirons à l'absolu comme si nous suffoquions par manque d’infinité. Nous voulons aimer et être aimés le plus possible, tendant vers un amour absolu et sans fin. Mais ceci ne peut se produire qu’en relation avec une Personne infinie et absolue, une personne consciente, pour utiliser un pléonasme. Nous tendons à découvrir et réaliser une beauté toujours plus grande, à connaître une réalité toujours plus profonde, à progresser vers une nouveauté continue. Au travers de tout cela, nous tendons vers l’infini, car nous sommes une personne. Mais tous ces aspects d'une réalité infinie ne peuvent se trouver que dans une Personne infinie, plus précisément dans une communion de Personnes infinies dans leur être, leur amour, leur beauté. A travers la communion toujours plus profonde avec Elle, sont projetés en nous et à travers nous tous les aspects du monde, encore et toujours plus de nouveaux rayons de réalité, de beauté, de nouveauté, et s’ouvrent encore et toujours plus de dimensions et horizons de la réalité.

La communion avec la Personne, ou la communion avec les Personnes infinies devient pour les hommes le moyen d'un avancement infini dans l'amour et la connaissance. Ceci soutient l’intérêt toujours vif de notre conscience de soi. Quand bien même les consciences humaines de soi se succédant et se remplaçant entre elles, se transmettraient l'une à l'autre le sens de l’existence qu'elles ont obtenu, leur sens de l’existence de soi n’étant pas porté par chacune dans l’éternité pour l’approfondir à l’infini, il apparaîtrait comme n’ayant aucun intérêt réel pour nous. En fait, les sujets ne sont pas faits pour une conscience interrompue, ni pour une conscience ininterrompue éternellement, mais la conscience est faite pour les sujets, lui donnant du sens. C’est seulement par une conscience éternelle et éternellement en action d’approfondissement que nous prouvons le but de toutes les étapes inférieures de l’existence, éternisant et illuminant pour toujours tous les sens et réalités du monde. C’est uniquement par ceci qu'est montré que tout est pour nous, tandis que nous sommes pour nous-même un but infini, ainsi que pour toutes les choses de ce monde.

C’est seulement par ceci que s’accomplit en nous le but de tous les composants inférieurs du monde. Dans l’éternité de notre être est mis en lumière à l’infini le sens de toute chose, comme contenus d’un enrichissement et d’un approfondissement continu de notre conscience éternelle. En fait, dans tout ce que nous faisons nous poursuivons un but, pour lequel nous nous servons des choses du monde. Mais nous avons besoin d’un but final éternel, ou pour le dire mieux, il faut que nous soyons nous-même un but final éternel, pour que nous prouvions que nous sommes un être qui a du sens dans tout ce qu'il fait. Au travers de toutes les choses que nous faisons, nous manifestons directement ou indirectement un tel but éternel, ou bien nous poursuivons notre maintien comme but éternel. Nous devons donc voir le but de notre être projeté au-delà de notre vie terrestre, passagère, car si la mort devait conclure définitivement notre existence, nous ne serions plus un but en soi, mais le moyen d'un processus inconscient de la nature. Dans ce cas, tout le sens de nos vies et tous les buts que nous poursuivons et toutes les choses deviendraient insensées.


Commentaire/Analyse





Paragraphe encore très complexe qui aborde plusieurs notions philosophiques, métaphysiques et théologiques. Le plus important est sans conteste la première esquisse faite de la personne, concept théologique fondamental, au centre de toute la réflexion anthropologique chrétienne. Et cette problématique de la personne fait écho, comme le montre le Père Dumitru, au fait que Dieu soit une Trinité de Personnes. Combien de fois ai-je entendu des chrétiens ignorants de leur propre foi, que ce soit chez les hérétiques protestants, chez les schismatiques romains ou même chez les orthodoxes ayant reçu la foi inaltérée, proclamer avec cette ferveur que confère l’ignorance : « à quoi peut bien me servir le fait que Dieu soit une Trinité ? tout ça, c’est des trucs de théologiens ». Quelle naïveté !!! Comme l’explique ici le Père Dumitru, la « personne » est ce qui est en relation avec d’autres personnes. La problématique première de la personne, c’est la relation. La relation nominale entre personnes est l’amour. Le péché est la déviance de cette relation « normale ». Toutes ces relations induisent beauté et nouveauté. La Trinité est le modèle absolu des relations inter-personnelles. Ainsi, comme il n’est pas humainement possible d’être ce qu’une Personne de la Sainte-Trinité est pour les deux autres, notre vie n’est qu’une progression vers cet absolu, produisant conjointement avec cette progression dans la ressemblance à la Trinité, davantage de beauté et nouveauté.

Le passage vraiment passionnant ici me semble être ce moment où le Père Dumitru conceptualise le fait que les personnes humaines se succèdent et peuvent se transmettre leur expérience de réalisation en tant que personnes. Ainsi, pour le Père Dumitru nous nous transmettons nos expériences, de façon ineffable. Et si cette transmission montrait une absence de réalisation de la personne, alors la vie deviendrait vide de sens, et l’homme en aurait une intuition. Ainsi, ce qui pousse l’homme à « continuer » est l’intuition que quelque chose est à accomplir. Et ceci va bien au-delà des instincts animaux primaires de conservation. C’est ce qu’affirme ici le Père Staniloae. Ceci tient davantage de l’affirmation que de la démonstration. Il faut bien comprendre ici que nous sommes face à des affirmations non scientifiques et toutes personnelles au Père Dumitru. Il me semble néanmoins qu’il ait raison sur ce point. C’est une des nombreuses évidences que l’homme ressent concernant Dieu : chacun cherche Dieu. Certains chutent et sont écartés de cette recherche, par confort, par conformisme, par bêtise, par éducation, par paresse. Mais les hommes libres et déterminés cherchent Dieu. Et ils le cherchent en partie de façon tout à fait personnelle, mais aussi dans une continuité avec ceux qui ont cherché avant lui. C’est de cela dont parle ici l’auteur. Cette continuité est celle de la révélation, celle de l’Église : son histoire, ses bâtiments, ses habitudes, ses usages, ses traditions, etc. Tout ceci forme La Tradition. Mais l’auteur, me semble-t-il veut témoigner, ici, de plus. D’un davantage très subtil. De quoi s’agit-il ? Y a-t-il une forme de connexion plus subtile que le fait de se laisser des livres et une histoire ? Il se passe deux phénomènes, pas si différents que cela l’un de l’autre : il y a, dans le monde métaphysique, ce que Platon appelait le monde des idées et la psychanalyse Jungienne l’inconscient collectif, un phénomène qui, à ma connaissance – mais je me trompe probablement à cause de ma connaissance non systématique de la patristique -, n’a pas encore été conceptualisée totalement. Le Père Dumitru en donne ici une esquisse. Sans tomber dans un dualisme simpliste, d’une façon subtile, dans le monde métaphysique naissent des idées qui parfois s’imposent à certains, et certains pensent des idées qui passent dans ce monde, et deviennent accessibles à d’autres. Ce cerveau collectif qui traverse les âges, et qui s’altèrent et se modifie de générations en générations rend le trésor accumulé (ainsi que les erreurs) par les autres, disponible au travers des âges.



C’est ce qui permet d’expliquer les phénomènes étranges que certains veulent interpréter comme étant compréhensibles par la réincarnation (des choses étranges comme le fait que certaines personnes parlent des dialectes ou langues inconnus d’eux sous hypnose par exemple). Résumons cette théorie que je crois distinguer chez le Père Staniloae : les pensées vont et viennent dans un monde dans lequel elles demeurent, et peuvent être partagées par les gens (comme une mémoire partagée dans le monde informatique). Les gens peuvent se connecter à certaines de ces pensées. Ce qui fait qu’ils se connectent plutôt à telle ou telle pensée reste mystérieux. Mais il est certains qu’il y a des clés bibliques pour comprendre ce phénomène, liée à l’héritage génétique et au péché. Les fautes passent les générations selon trois ou quatre générations révèle Dieu à Moïse (Ex 20:5 “car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent”), mais les bénédictions franchissent des milliers de générations (En 20:6 “et qui fais miséricorde jusqu’en mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements”).

Certaines épreuves, loupées à une génération vont se représenter aux générations suivantes, ce qui modifiera des choses dans ce monde « idéal ». C’est de monde « idéal » ou « idéique » qui transmet cette information sur la quête du divin, sur ce trésor partagé de toutes les pensées de l’humanité depuis le départ, ses échecs, ses victoires. C’est ce qui fait que chacun apporte véritablement sa pièce à l’édifice et que tout doit être vu comme global et historique. La prière d’une personne apporte du bien au bilan de l’humanité depuis Adam. Le péché d’une personne apporte du mal au bilan de l’humanité depuis Adam. Le Christ nous a montré qu’il pouvait réparer ce qui avait chuté en Adam. Chacun, à sa mesure, peut apporter sa pièce à cet édifice glorieux. C’est ce qui fait que chacun est précieux, unique, indispensable. C’est ce qui fait sens, et l’on voit que pour le Père Dumitru, l’homme est une créature qui fait sens, et la mort ne lui ôte pas cette capacité à faire sens, à comprendre, à agir.