La révélation naturelle comme base de la croyance naturelle et d’un sens de l’existence

section 9 (p17-18)

texte original roumain

Ordinea sensurilor nu e produsul psihicului uman si nici nu se încheie cu produsele acestuia. Căci ea ni se impune fără să vrem si prin aspirațiile ce le sădește în noi depășește posibilitățile noastre psihice. Omul nu poate trăi fără ea. Dar ea se impune ca un orizont personal, infinit și superior omului, care solicita libertatea lui pentru a se împărtăși de ea. Ea îl cheama pe om la o anumita împartasire de ea în libertate înca din existența pamânteasca.

Sfântul Maxim Marturisitorul a remarcat faptul că totul își atinge împlinirea în om, iar acesta își realizează sensul său în unirea cu Persoana dumnezeiască infinită în viața Ei spirituală.

Sensul sau scopul final spre care tinde acesta trebuie înțeles în conformitate cu ființa umană liberă si capabila de a se dezvolta ea însăși Ia infinit. Dacă raționalitatea ordinii impersonale inferioare își găsește împlinirea si rostul în servirea ființei omului superior naturii, acesta, ca persoană conștientă și liberă, aspiră să-și găsească împlinirea raționalității și a sensului sau nu în desființarea sa într-o esența și mai înalta decât toata ordinea materiala și spirituala, dar supusă monotoniei și limitării imanente, ci într-o comuniune cu o persoana transcendenta și libera. Căci ființa superioară omului nu poate fi decât tot de caracter personal. Iar dacă relația superioară între persoane se realizează în comuniune, relația noastră deplin si etern satisfăcătoare trebuie să fie o comuniune cu o ființă de caracter personal, înzestrată cu infinitate si libertate. Numai o ființă transcendentă în acest sens poate fi mereu noua și datatoare de viața în aceasta comuniune cu omul. Așa cum omul, ca ființa cea mai înalta din lume, este o persoana și, ca atare, conștient de sensul întregii ordini inferioare pe care o împlinește, tot așa el trebuie să-și găsească, cu toate sensurile treptelor inferioare lui, împlinirea sensului lui într-o persoană conștientă de acest sens și de toate sensurile din lumea ce îi este inferioară. Numai o persoana și mai înaltă, și în ultimă analiză Persoană supremă, poate fi conștientă de sensul întregii existențe, cum este omul conștient de sensurile lumii inferioare lui. Dar Persoana supremă nu mai proiectează acest sens total asupra omului fără ca acesta să-și însușească el însuși într-un mod conștient acest sens; ci îl comunica acestuia, ca unei persoane care si-1 însușește în mod conștient si prin aceasta își îmbogățește conștiința și toată ființa sa, aflându-și chiar în aceasta împlinirea propriului său sens.

Prin aceasta Persoana supremă promovează caracterul de persoană conștientă și libera a ființei noastre.
Numai o persoană superioară poate promova și satisface aspirația naturii umane după împlinirea sensului ei, întrucât numai ea face ca această natură umană sa nu mai fie obiect înghițit de o treaptă așa zisă "superioară", dar în fond inferioară, pentru ca e inconștientă. Dacă treptele inferioare omului ar fi personale, nici el nu le-ar putea reduce la starea de obiect, deci nici Persoana superioară omului nu-l reduce pe el la starea de obiect, dizolvându-l sau confundându-l în Ea.

traduction proposée

L’ordre des sens n’est le produit du psychisme humain et ne se limite pas à ses résultats. Car il ne s’impose pas sans que nous le voulions et par les aspirations qu’il sème en nous, dépasse les possibilités de notre psychisme. L’homme ne peut pas vivre sans lui. Mais il s’impose comme un horizon personnel, infini et supérieur à l’homme, qui sollicite sa liberté pour communier d’elle. Il appelle l’homme à une certaine communion dans la liberté de l’existence terrestre.

Saint Maxime le Confesseur a remarqué le fait que tout vers l’accomplissement de l’homme, mais que ceci se réalise dans le sens d’une union avec une personne divine infinie dans sa vie spirituelle.

Le sens ou le but final par lequel tend ceci doit se comprendre en conformité avec un être humain libre et capable de se développer lui-même à l’infini. Si la rationalité des ordres impersonnels inférieurs trouve l’accomplissement et l’intérêt dans le service des êtres humains de nature supérieure, lui, en tant que personne consciente et libre, aspire à trouver l’accomplissement des rationalités et son sens, non pas dans la disparition dans une essence plus élevée que tous l’ordre matériel et spirituel, se soumettant à une monotonie et des limites immanentes, mais à une communion avec une personne transcendante et libre. Parce que l’être supérieur à l’homme ne peut être qu’une personne. Et si la relation supérieure entre personnes se réalise dans la communion, notre relation pleine et éternellement satisfaisante doit être en communion avec un être personnel, doté d’infinité et de liberté. Seule un être transcendant de cette façon peut être toujours donateur de vie en communion avec l’homme. Ainsi comme l’homme, en tant qu’être le plus élevé du monde, est une personne, et qu’en tant que tel, conscient du sens entier des ordres inférieurs qu’il accomplit, c’est ainsi qu’il doit se trouver, avec tous les sens des niveaux inférieurs à lui, l’accomplissement du sens dans une personne consciente de ce sens et de tous les sens du monde qui lui sont inférieurs. Seulement une personne plus grande, et finalement personne suprême, peut être conscient du sens total de l’existence, comme l’homme est conscient des sens des mondes qui lui sont inférieurs. Mais la personne suprême ne projette plus ce sens total sur l’homme, sans que celui-ci s’approprie cela de façon consciente ; et il communique ceci, qui se l’approprient consciemment, et par cela il enrichit la conscience et tous les être, trouvant en cela son sens et accomplissement.

Par cela la personne suprême promeut le caractère de personne consciente et libre de notre être.
Seule une personne supérieure peut promouvoir et satisfaire l’aspiration naturelle humaine concernant l’accomplissement de son sens, parce que seule elle peut faire que cette nature humaine ne soit plus un objet englouti par un niveau qu’on dira « supérieur », mais au fond inférieur, car inconscient. Si les niveaux inférieurs à l’homme étaient personnels, il ne pourrait pas les réduire à l’état d’objet, donc aucune personne supérieure à l’homme ne peut le réduire à l’état d’objet, le dissolvant en elle ou se confondant avec lui.


Commentaire/Analyse





De nombreuses choses dans cette section très dense, mais deux qui me semblent essentielles. La première est une attaque très brutale, mais subtile, contre les conceptions extrêmes-orientales et la seconde est le fait de voir l’homme comme acteur privilégié de la création.

Attaque des visions extrêmes-orientales : ces conceptions, bien qu’étant très diverses – le bouddhisme par exemple est le produit d’une réflexion pour subvertir l’hindouisme – on un grand point commun : ce à quoi on donne un caractère divin le plus élevé n’est pas personnel. On remarquera d’ailleurs que Staniloae n’a toujours pas abordé la dimension trinitaire du divin. On remarquera aussi son approche très philosophique : il ne part pas d’un donné révélé pour fonder son approche, mais se base sur sa propre réflexion (avec néanmoins un élément issu de la révélation, mon point suivant : l’homme en couronnement de la création). L’homme, pour pouvoir réaliser son accomplissement, accomplir sa vocation véritable, va devoir aller vers ce divin qui lui est supérieur. Mais comme ce divin est personnel, il ne s’agit pas, contrairement à l’extrême orient, de disparaître dans un grand tout impersonnel, mais d’établir une relation personnelle avec cet autre divin. Souvent, en occident, on est amené à rencontrer des gens qui opposent religion et spiritualité, délaissant la première au profit de la seconde, pensant y gagner cette fameuse liberté dont parle le théologien roumain. Il n’y a pourtant pas de liberté envisageable si l’on est plus soi-même. Disparaître dans ce grand tout, ce n’est pas la liberté : c’est simplement considérer le monde de façon méprisable : quitter une souffrance pour aller vers le bonheur. Les gens adhérant à cette vision spirituelle s’imaginent être une partie du divin, et leur approche est au final terriblement gnostique.

Si un travail de critique textuel était réalisé sur les textes hindous, je ne serai pas surpris que l’on découvre qu’il ne sont pas si vieux qu’on le prétend, et que la gnose a eu une influence plus ou moins marquante sur eux. Tout ce qui est Yoga et autres genres techniques participent de cette spiritualité et leur grand moteur est le confort, le bien-être. C’est pourquoi elles ont tant de succès en occident. Pourtant, le Christ en Croix nous rappelle en permanence que la vérité est parfois très douloureuse. Ainsi, le but de la vie et le véritable but de l’homme n’est pas de disparaître dans le grand vide impersonnel qui n’a rien à dire, rien à offrir, mais bien d’établir cette relation (d’où le fameux « Dieu est amour »). Dieu est une personne, et tout le but de la vie est d’établir une relation d’amour avec lui. Pas une relation de soumission comme dans les religions enfantines, mais une relation d’amour filiale (« Notre Père »).

C’est en ce sens que l’homme est la couronne de la création. Car il peut établir cette relation. Il semble que rien dans le monde (ni les animaux, ni la matière, ni les autres êtres vivants – laissons ici de côté les anges qui sont un sujet en soi) ne peut établir cette relation libre. Comme l’a expliqué Staniloae depuis de nombreuses pages maintenant, le monde est le lieu où s’établit cette relation. Le monde comme moyen, et pas comme fin. D’où la possibilité de domination qui a été confié à l’homme. Domination douce et bienveillante s’il comprend sa vocation, déstructurante et mauvaise s’il ne la comprend pas et tourne sa capacité de relation vers le monde et donc vers la mort. L’état du monde nous fait comprendre que l’homme n’a pas saisi sa vocation. Staniloae renvoie ici dos à dos, le trader qui jouit du monde, et le moine bouddhiste qui se retire du monde. Les deux forment une impasse. Parce que Dieu est une personne.