Philocalie volume 1

Introduction aux écrits de Saint Antoine le Grand

texte original roumain

Sfintul Antonie a fost cel dintîi monah care s-a retras în pustie, fiind urmat de mai mulți ucenici. Viața lui, care a umplut de uimire lumea din acea vreme, a fost descrisă de Sfîntul Atanasie, patriarhul Alexandriei. Născut într-un sat din Egiptul de Mijloc, după moartea părinților săi, țărani cu bună stare, Antonie s-a hotărît, pe la vîrsta de 18-20 ani, să vîndă tot ce moștenise, să împartă săracilor și să-și închine viața Domnului. Aceasta s-a întîmplat pe la anul 270 după Hristos. La început nu s-a depărtat prea mult de locurile în care trăiau oameni. Cîtăva vreme i-a slujit drept adăpost un mormînt gol. Pe urmă, crescîndu-i dorința după singurătate, s-a retras în munții nisipoși de pe malul drept al Nilului. Mai tîrziu a părăsit și acest loc, și pe monahii care se strînseseră în jurul lui și s-a dus în mijlocul pustiei din preajma Mării Roșii, de unde venea numai la anumite răstimpuri pentru a da sfaturi pelerinilor care alergau să i le ceară. A murit în anul 356 și a fost înmormîntat intr-un loc necunoscut, neavînd lîngă el decît@1 doi oameni de încredere@1, cărora le-a poruncit să nu descopere@1 locul mormîntului. Ca scrieri adevărate ale lui au fost dovedite pînă acum șapte scrisori amintite încă de Sfîntul Ieronim (1)

(1) : Dovada a făcut-o F. Klejna cu lucrarea Antonius und Ammonas. Eine Untersuchung über Herkunft und Eigenart der ältesten Mïnchsbriefe, în "Zeitschrift für katholische Theologie", 62 (1938), pp 309-348 (cf Marcel Viller S.I. Karl Rahner S.I. Aszese und Mytik in der Väterzeit, Herder, Freiburg im Breisgau, 1939, p. 89).

Aceste șapte epistole sînt tipărite (în Migne, Patrologia Graeca, toom 40) în două redacții, ambele în traducere latină. Prima redacție (977B-1000B) e o traducere de la 1516 a lui Symphorian Champerius după un manuscris grec, care n-a fost indicat și a rămas necunoscut. A doua, care cuprinde un text mai larg, tradus după un manuscris arab, o formează primele șapte epistole din cele douăzeci date toate sub numele lui Antonie (999C-1066B), din care însă pe cele treisprezece din urmă (1015D-1066B) Klejna le-a dovedit că sînt ale lui Ammonas, ucenicul și urmașul lui Antonie la conducerea chinoviei de la Pispir. În timpul mai nou a început să fie descoperit și textul copt, cel original, al unora din aceste epistole. O. Bardenhewer (Geschichte der altkirchlichen Literatur, Vol III, ed. a II-a Herder, Freiburg im Breisgau, p 81) scria la 1923, pînă nu se dovedise că aceste epistole sînt ale lui Antonie, că ele nu pot fi ale lui și din motivul că sînt prea de cuprins general și lipsite de putere și de sevă ca să fie de la marele ascet. Cum stăm însă cu autenticitatea celor 170 de capete pe care Nicodim Aghioritul, care a trăit la sfîrșitul veacului al XVIII-lea, le-a așezat în fruntea Filocaliei ? Nici Bardenhewer, nici Viller-Rahner, din care iau aceste însemnări, nu le pomenesc între scrierile atribuite lui Antonie. Ele nu se cuprind nici în Patrologia lui Migne. Nu știm, de asemenea, după ce manuscris le-a luat Nicodim Aghioritul. Ne dă această dreptul să afirmăm cu siguranță că nu sînt ale Sfîntului Antonie ? Nu, acest drept nu-l avem. Chiar dacă azi ele nu s-ar mai găsi în nici un manuscris ascuns pe cine știe unde, Nicodim Aghioritul le-a luat sigur din vreun manuscris care s-a putut pierde. Faptul că aceste au și ele același caracter general nu poate fi un argument sigur că nu sînt ale lui Antonie, cum nu e pentru epistole se pot constata, deși ele sînt o lucrare deosebită, cu cuprinsul ei propriu. Asemenea înrudiri am avea, de pildă, în ideea de "om rațional" pe care o folosesc și capetele și epistolele; În prețul ce se spune și în unele, și în altele pe "deosebirea dintre bine și rău", pe caracterizarea lui Dumnezeu ca "medic" ș.a.m.d

traduction proposée

Saint Antoine a été le premier moine à s’être retiré dans le désert, suivi de nombreux disciples. Sa vie, qui a stupéfié les gens de son époque fut décrite par Saint Athanase, patriarche d’Alexandrie. Né dans un village d’Egypte centrale, après la mort de ses parents, des paysans aisés, Antoine décida vers les 18-20 ans de vendre tout son héritage, de le partager entre les pauvres et de mener une vie d’adoration du Seigneur. Ceci s’est passé en 270 après JC. Au début il ne s’est pas trop éloigné des endroits habités par les hommes. Au bout de quelque temps, il prit pour demeure un tombeau vide. Puis, le désir de solitude grandissant en lui, il s’est retiré dans les montagnes de sable de la rive droite du Nil. Plus tard, il abandonna ce lieu, et entouré des moines qui s’étaient assemblés autour de lui, il s’est rendu au milieu du désert, près de la mer rouge, où venaient de temps en temps le voir des pélerins en quête de conseils spirituels. Il est mort en l’an 356 et fut inhumé dans un lieu inconnu, par deux hommes de confiance, auxquels il avait ordonné de ne point révéler le lieu de son tombeau. En tant qu’écrits authentifiés comme étant les siens, il n’y a actuellement que sept lettres répertoriées par Saint Iéronim (1).

(1)La preuve est faite par F. Klejna avec les travaux de Antonius et Ammonas. Eine Untersuchung über Herkunft und Eigenart der ältesten Mïnchsbriefe, în "Zeitschrift für katholische Theologie", 62 (1938), pp 309-348 (cf Marcel Viller S.I. Karl Rahner S.I. Aszese und Mytik in der Väterzeit, Herder, Freiburg im Breisgau, 1939, p. 89).

Ces sept lettres sont imprimées (dans Migne, Patrologia Graeca, Tome 40) dans deux rédactions, les deux traduites en latin. La première rédaction (977B-1000B) est une traduction de 1516 de Symphorian Champerius d’après un manuscript grec, qui n’est pas indiqué et reste inconnu. La seconde, qui comporte un texte plus important, traduite d’après un manuscript arabe, forme les sept premières épitres des vingt attribuées à Antoine (999C-1066B), dont Klejna a prouvé des treize dernières (1015D-1066B) qu’elles sont d’Ammonas, son successeur et disciple, à la tête du monastère de Pispir.

A une époque plus récente fut découvert également un texte copte, l’original, d’une de ces épitres. O. Bardenhewer (Geschichte der altkirchlichen Literatur, Vol III, ed. a II-a Herder, Freiburg im Breisgau, p 81) écrivit en 1923, qu’on ne pouvait prouver que ces épitres étaient bien d’Antoine, qu’elles ne pouvaient être les siennes au motif de son contenu trop général et du manque de la puissance et de la sève d’un ascète de sa stature. Comment Statuons nous concernant l’authenticité des 170 chapitres que Nicodime l’Aghiorite, qui a vécu à la fin du XVIIIème siècle, a placé au début de la Filocalie ?

Ni Bardenhewer, ni Viller-Rahner, de qui je tire ces notes, ne mentionnent ces écrits comme attribués à Antoine. On ne les trouve pas non plus dans la Patrologie de Migne. Nous ne savons pas non plus quel manuscript a utilisé Nicodime l’Aghiorite. Cela nous donne-t-il le droit d’affirmer avec certitude qu’elles ne sont pas de Saint Antoine ? Non, nous n’avons pas ce droit. Seulement si aujourd’hui on ne peut trouver un manuscript caché l’on ne sait où, Nicodime l’Aghiorite l’a certainement pris d’un manuscript qui a pu se perdre. Le fait que celles-ci ont le même caractère général ne peut être un argument sûr qu’elles ne sont pas à Antoine, de même que l’on ne peut constater sur les épitres, si elles ont un contenu particulier qui leur soit propre. Nous trouvons la proche parenté dans la parabole de l’idée de « l’homme rationnel » qu’il utilise dans les chapitres et dans les épitres. Dans le ce qui est dit dans les uns, et dans les autres par « la distinction du bien et du mal », sur la caractérisation de Dieu médecin et ainsi de suite.


Commentaire/Analyse





Ainsi commence la philocalie du Père Dumitru Staniloae : par une question liée à la critique historique. On sent ici tout l’influence allemande dont il fut l’objet (il étudia dans le cadre d’un doctorat en Allemagne). J’ai déjà évoqué le problème ainsi que le caractère le plus souvent inutile de cette approche dans un autre billet (consacré à Strack et Billerbeck). Le contexte allemand de cette notion de critique historique ne doit pas nous faire croire à une science exclusivement allemande. Si le début de l’épidémie se trouve bien en Allemagne, les foyers d’infection sont partout dans le monde moderne : USA, Angleterre, France, Italie.

Si on peut résumer la problématique à laquelle se heurte le Père Dumitru, elle sera la suivante : dans son recueil philocalique, Nicodime l’Aghiorite attribue un certain nombre de textes à Antoine. Or, il est le seul à le faire. Ni la Patrologie de Migne, ni les savants allemands ne le font, car il faut une preuve pour cela. Et la question est : le choix de Nicodime peut-il suffir de preuve ?

Le fait que le texte se prouve bien présent dans la philocalie roumaine du Père Dumitru indique qu’il n’a pas souhaité user d’une prudence occidentale et qu’il a préféré rester conforme à la composition orientale. L’époque à laquelle vécut Nicodime est le nœud du problème : le XVIIIème siècle. C’est un siècle bien trop avancé pour pouvoir utiliser l’argument de l’oralité seule comme vecteur de transmission. Nicodime a très certainement du bénéficier de l’accès à un texte écrit quelconque comme base de son travail de compilation. Car qu’est-ce que la philocalie ? Une compilation de textes spirituels par des grandes figures (monastiques pour la plupart me semble-t-il) de l’Eglise, agencées dans un corpus dédié au témoignage et à la guidance spirituelle. Il n’y a pas de dogmatique, pas d’exégèse : juste des enseignements choisis des Pères.

Le mode de fonctionnement Juif traditionnel de la compilation, qu’il soit midrashique ou talmudique, est absolument identique : une auteur chargé de l’assemblage pioche dans tout l’enseignement traditionnel et choisit une juxtaposition particulière en suivant un but théologique particulier. Dans le cas Juif, cet enseignement traditionnel était avant tout oral, et la juxtaposition fonctionne beaucoup sur le mode : rabbi A dit au nom de rabbi B. Certaines scènes étant historiquement ou chronologiquement absurdes, il semble évident que leur agencement est réalisé pour susciter une réflexion. Lorsqu’un texte du Talmud met en scène un rabbi parlant avec un empereur romain, on est très certainement dans la parabole plus que dans la véracité historique. Ainsi, si la compilation est un classique traditionnel hérité de la matrice juive, ce n’est pas pour autant que Nicodime a reçu une tradition orale.

Le fait que Migne ne le prenne pas est le plus questionnant : peut-être, la philocalie ne faisait-elle pas partie de ses sources (puisque produite à la même époque). Le fait que les « savants » allemands ne retrouvent pas les traits littéraires recherchés est déjà un trait d’une problématique plus accessoire, voire subalterne. On pourra se dire que dans tous les cas c’est bien l’enseignement de Saint Antoine, car :

  • Soit Nicodime avait un texte de référence
  • Soit un disciple d’Antoine a composé le texte d’après l’enseignement de son maître

    Dans tous les cas, c’est la théologie d’Antoine. Et cela est bien plus important que son authenticité scripturaire.