Philocalie volume 1

Les Apophtègmes de Saint Antoine le Grand

texte original roumain

Omul cu judecată luînd aminte la sine cumpănește cele ce i se cuvin și-i sînt spre folos. Acela cugetă care lucruri sînt folositoare pentru firea suflutelui său și care nu. Așa se ferește el de cele nepotrivite, care i-ar vătăma sufletul și l-ar despărți de nemurire.

traduction proposée

L’homme avec jugement se souvenant de soi met en perspective les choses qui conviennent et qui sont à utiliser. Il pense aux choses qui sont utiles pour la nature de l’âme et celles qui ne le sont pas. Ainsi, il se protège des choses inappropriées, qui pourraient blesser son âme et le séparer de l’immortalité.


Commentaire/Analyse





Saint Antoine continue son exploration des caractéristiques de l’homme rationnel. C’est ainsi qu’il faut comprendre « l’homme avec jugement ». Un tel homme (au sens général bien sûr, il ne s’agit pas d’expliciter un salut réservé exclusivement au genre masculin) sait mettre en perspective les bonnes et mauvaises choses.

La dernière phrase laisse à penser qu’il s’adresse ici à un public déjà chrétien, déjà baptisé, ayant déjà le Christ comme Seigneur. En effet, il considère comme acquise l’immortalité. Or, l’immortalité, dans une perspective chrétienne n’est assurée qu’aux chrétiens. Et d’une certaine façon, cela vient confirmer une chose qui restait un peu ambiguë dans les apophtegmes précédents. Antoine le Grand est en train de faire un portrait robot du chrétien : il est rationnel (puisqu’il est tourné vers Dieu), il comprend la dimension spirituelle des épreuves, il a compris que le bien est à venir, il relativise avec justesse la problématique des richesses et de l’argent. Ici Antoine ajoute une chose fondamentale : il est conscient de son immortalité, et il la protège.

Et c’est là une chose fondamentale à saisir dans la vision chrétienne de la vie. Bien évidemment, Saint Antoine le Grand savait qu’il mourrait, lorsqu’il a enseigné de protéger son âme pour l’immortalité. Il est d’ailleurs mort à l’âge de 105 ans. S’il y a bien une chose qui soit sûre, c’est la certitude de notre mort. Nous avons choisis la mort, collectivement, en Adam, dans le jardin. Nous choisissons le péché, et chaque jour nous entérinons notre péché. En aimant mal, pas assez, pas du tout, en faisant de nous le centre de tout. Mais !! il y a un mais de taille. Le Christ nous a racheté sur la Croix et nous offre la vie éternelle dont il jouit aujourd’hui, et dont il jouissait avant même que le monde ne fût. Ainsi, on voit que pour Saint Antoine, ce salut est bien concret, bien présent, bien réel. Il est tellement concret, présent et réel, qu’il s’agit de ne pas le mettre en danger par des erreurs qui pourraient le remettre en cause.

Précisons enfin, pour être tout à fait clairs, que d’une certaine façon, celui qui passera l’éternité coupé de Dieu, sera d’une certaine façon « immortel », puisque subissant, malheureusement, un châtiment éternel. Mais Antoine utilise le terme d’immortalité, pour le cas où nous sommes en Dieu, en la vie de la vie.