Evangile selon Saint Matthieu

Troisième paragraphe + Note A du troisième paragraphe


texte original

Die aufstellung u. fortführung genealogischer register wurde dadurch notwendig, daß zum dienst an heiligtum u. zu den damit verbundenen gerechtsamen, wie auch zu öffentlichen ehrenämtern, nur männer sicherer u. makelloser abstammung zugelassen werden dürften (vgl. schon Esra 2:61-63 , Neh 7:63-65) (a). Welche vorausstezung zB erfüllt sein mußten, wenn die abstammung eines priesters als legitim anerkannt werden sollte, kann man den bestimmungen entnehmen, die für den priester bei eingehung einer ehe maßgebend waren (b). Wo diese bestimmungen außer acht gelassen wurden, galt die nachkommenschaft als mit einem makel behaftet. Die prüfung der legitimität der herkunft lag dem synedrium (c) nach fest bestimmten regeln (c) ob. Selbst die im auslande wohnenden priester versäumten es nicht, vor ihrer verehelichung die zur prüfung ihres eigenen stammbaumes, sowie desjenigen ihrer verlobten erforderlichen urkunden nach jerusalem einzusenden (d).

Note A : Qid 4,4 : wenn ein priester eine frau priesterlichen gesclechts heiratet, so muß man rückwärts die vier mütter (mütterliche vorfahren der braut während der letzten vier generationen), deren zahl acht beträgt, prüfen; Nämlich ihre mutter u. die mutter ihre mutter, die mutter des vaters, ihrer mutter u. deren mutter; die mutter ihres vaters u. deren mutter, die mutter des vaters ihres vaters u. deren mutter. Wenn er die tochter eines leviten oder eines israeliten heiratet, so fügt man zu diesen (vier generationen) noch eine generation hinzu. Dagegen bedarf es keiner prüfung vom altar an aufwärts, von dukhan an aufwärts u. vom synedrium an aufwärts. Desgleichen dürfen alle, von denen feststeht, daß ihre vorfahren zu den öffentlichen beamten, oder zu den almosenpflegern gehört haben, ihre tochter, ohne daß es nötig ist, eine prüfung aufwärts anzustellen, an die priesterschaft verheiraten. [Denn wenn ein priester am altar u. ein levit auf dem dukhan, einer östlich vom altar befinlichen estrade, als sänger mitgewirkt hat, oder wenn jemand mitgleid einer gerichts- oder einer sonstigen öffentlichen behörde war, so war dessen legitime herkunft ja schon geprüft; mithin war eine ernaute prüfung der ahnen seiner tochter nicht nötig, falls diese an einen priester verheiratet werden sollte.]

traduction proposée

La liste et la continuité du registre généalogique devint donc nécessaire, pour qu’au service du sanctuaire et dans les droits relatifs à cette fonction, comme pour les fonctions publiques honorifiques, seuls les hommes de lignée parfaite et certaine soient autorisés (cf Es 2 :61-63, Neh 7 :63-65) (a). Quelle condition par exemple doit être remplie, quand la lignée d’un prêtre devait être reconnue comme légitime, on peut déduire la règle, qui pour le prêtre pour l’accord d’un couple, était une chose déterminante (b). Où ces buts furent ignorés, on validait déjà la descendance avec un défaut. Le test de légitimité de l’ascendance reposa sur le Sanhedrin (c) qui régula les choses de manière certaine (c). Ainsi ceux qui parmi les prêtres habitaient dans des pays étrangers ne manquaient pas, lorsque devait être testé leur arbre généalogique dans le cas de fiançailles, ainsi que les actes nécessaires de la fiancée, d’envoyer les documents à Jérusalem (d).

Note A : Kid 4,4 : quand un prêtre épouse une femme d’ascendance sacerdotale, alors l’on doit remonter les quatre mères (les ancêtres maternelles de l’épouse pendant les quatre dernières générations), soit un nombre total de huit personnes à examiner. précisément sa mère et la mère de sa mère, la mère du père, sa mère, la mère de celle-ci ; la mère de son père et de sa mère, la mère du père de son père et sa mère. Quand il épouse la fille d’un lévite ou d’un israélite, alors on ajoute encore à ces quatre générations, une génération supplémentaire. Par contre, il n’y a nul besoin de test en remontant depuis l’autel, la birkat kohanim ou le Sanhedrin. De même sont autorisés tous ceux pour qui cela est clair, dont les ancêtres étaient fonctionnaires publics ou officiers de charité, et qui veulent épouser une fille de prêtre. [Car lorsqu’un prêtre officie à l’autel, ou un lévite pour la birkat kohanim, dans le cas d’un autel oriental, et a chanté sur l’estrade ou quand l’un des membres d’une cour de justice – ou a participé à une autorité publique, alors on examinait son éventuelle ascendance illégitime ; Donc un test renouvelé des ancêtres de la fille n’était pas nécessaire, si elle devait épouser un prêtre.]




Commentaire/Analyse

Nous sommes toujours dans le commentaire du premier mot du premier Evangile : généalogie (des deux premiers mots en grec pour être précis). L’étendue du commentaire montre à quel point dans le fonctionnement interne d’Israël, la généalogie avait pris une grande importance, ouvrant ou fermant irrémédiablement une fonction ou une union. S&B montrent d’abord deux exemples scripturaires bibliques tirés des livres d’Esdras et de Néhémie, relatant le même événement, et mettant ceci en exergue. Ces deux livres ont pour contexte le retour des Juifs d’exil de Babylone suite à l’intervention du souverain perse Cyrus en leur faveur :

Esdras 2:61-63 : «Et parmi les fils des sacrificateurs: les fils de Habaja, les fils d’Hakkots, les fils de Barzillaï, qui avait pris pour femme une des filles de Barzillaï, le Galaadite, et fut appelé de leur nom. Ils cherchèrent leurs titres généalogiques, mais ils ne les trouvèrent point. On les exclut du sacerdoce, et le gouverneur leur dit de ne pas manger des choses très saintes jusqu’à ce qu’un sacrificateur ait consulté l’urim et le thummim.»

Néhémie 7:63-65 : «Et parmi les sacrificateurs: les fils de Hobaja, les fils d’Hakkots, les fils de Barzillaï, qui avait pris pour femme une des filles de Barzillaï, le Galaadite, et fut appelé de leur nom. Ils cherchèrent leurs titres généalogiques, mais ils ne les trouvèrent point. On les exclut du sacerdoce, et le gouverneur leur dit de ne pas manger des choses très saintes jusqu’à ce qu’un sacrificateur eût consulté l’urim et le thummim.»

S&B s’appuient également sur la Mishna, le traité Kiddushin traitant des unions (kiddushin signifiant mariage(s)). La mishna 4 :4 est la suivante : « Celui qui épouse la fille d’un Cohen doit investiguer au travers de quatre mères qui sont huit : sa mère, la mère de sa mère, la mère du père de sa mère et sa mère, la mère de son père et sa mère, et la mère du père de son père et sa mère. Si elle est fille d’un Lévi ou d’un Israël, on en rajoute encore une ». Le contexte ici n’est pas celui de n’importe que Juif désirant marier une fille de Cohen, mais bien celui d’un Cohen voulant épouser une fille de Cohen. Je rappelle que les mentions de Lévi et d’Israël faites ici, sont des « classes » matrimoniales, faisant partie des dix classes recensées par les rabbins à la sortie d’exil de Babylone. Nous avions vus dans les commentaires précédents que ces dix classes ne pouvaient indistinctement se mélanger du point de vue matrimonial, mais que l’on cherchait au contraire à conserver une certaine « pureté » de lignage.

Sans que ce soit ensuite très clair, S&B poursuivent partiellement sur la mishna 4:5 qui examine aussi ce qui doit être fait et ce qui est permis dans le cadre des unions. Voici le texte complet de la mishna 4:5 : «De l’autel et en arrière on ne vérifie pas, de l’estrade on ne vérifie pas, du Sanhedrin on ne vérifie pas. Tous ceux dont les ancêtres sont connus pour avoir occupés des fonctions publiques ou des collecteurs de charités peuvent donner leurs filles à épouser à un Cohen et il n’est pas nécessaire d’investiguer dans leur lignée. R’ Yose dit : aussi celui qui a été témoin au tribunal de Yeshanah près de Sephoris. R’ Chanina ben Antignos dit : celui qui est listé dans l’armée du roi». Cette mishna est donc la continuité directe de la précédente, et expose tous les cas où une investigation a déjà été réalisée et devient donc inutile (car en double). L’autel en question est ici celui du Temple de Jérusalem et une vérification était déjà faite (c’est le Talmud Kid 76B qui l’affirme). L’estrade en question était bien évidemment celle de la musique liturgique au Temple de Jérusalem, et il est question ici des Lévites qui servaient liturgiquement de cette façon (toujours le Talmud 76B pour la référence). De même pour le Sanhedrin, qui vérifiait les ascendances avant de vous accepter en son sein. A noter l’expression « et en arrière » qui signifie « plus haut dans la lignée des ancêtres ». A noter le cas des collecteur de charités, qui est éclairci ainsi par Rashi : la collecte avait le lieu aussi le vendredi après-midi, pendant que tout le monde se préparait pour Shabbat. C’est un éclaircissement assez classique de Rashi, qui pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Car, par d’autres sources, on sait (Maïmonide principalement) que les autres mentions faisaient aussi des études généalogiques avant de vous admettre : l’armée du roi David et les cours de justices de la ville de Yeshana. Il se peut donc que la collecte devait être confiée à un homme honnête, et le critère de pureté généalogique devait être un filtre supplémentaire servant à s’assurer de l’honnêteté de la personne (le lien apparait bien artificiel ici). Mais étant donnée la tonalité très dure des livres d’Esdras et Néhémie, je ne pense pas qu’il faille s’aventurer dans une vision romantique où celui qui fait de la charité se retrouve avec une lignée purifiée. Il s’agit plutôt de montrer, que faire la charité (ou y participer de façon plus globale) était vu avec le même prestige qu’une fonction sacerdotale, administrative, liturgique ou militaire.



Voici pour l’explication littérale. Quelle conclusion pour l’Evangile, relativement au Christ ? Les généalogies des personnages les plus importants de la vie étaient scrutés de façon impitoyable. Il eut été étonnant que le Messie en personne ne subisse pas le même traitement. On retrouve bien, ici, la dimension juive de l’Evangile de Matthieu, attestée par Saint Irénée de Lyon dans son Traité contre les hérésies (introduction - partie “préliminaire” du livre III) : “Ainsi Matthieu publia-t-il chez les Hébreux, dans leur propre langue, une forme écrite d’Évangile, à l’époque où Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l’Église”. Le Messie d’Israël doit se conformer aux règles strictes régissant la vie de ce peuple. Matthieu ne tarde pas, ne serait-ce qu’un verset, à répondre à cette injonction séculaire.