Evangile selon Saint Matthieu

paragraphe 3 notes C et D


texte original

Note C : Mid 5,4 : Dort (in der Quaderhalle, vgl Schürer 2,211) pflegte das große Synedrium Israels seine Sitzungen zu halten u. die Priesterschaft (nach ihrer tauglichkeit zum priesteramt) zu beurteilen. || Tos Sanh 7,1 (425) Chag 2,9 (235) : dort (in der Quaderhalle) saßen sie u. prüften die abstammung der priesterschaft u. die der levitenschaft. Ähnlich Qid 76B. über die prüfungsnormen s. Qid 4,4 (S.2).

Note D : Joseph. C. Apion 1,7 : die prüfung der vorfahren beobachten wir nicht nur im jüdischen Lande selbst, sondern wo nur immer ein Teil unsres Geschlechts sich befindet, da erhält sich auch die den Priestern geltende genaue bestimmung betreffs ihrer verehelichung; ich meine die priester in ägypten u. in Babylonien, u. wo sonst in der welt etliche aus dem priestergeschlecht zerstreut leben; denn sie senden nach Jerusalem Verzeichnisse, die väterlicherseits den namen der eltern u. der früheren Ahnen enthalten, auch welche leute die Zeugen (für die einzelnen angaben sind).

traduction proposée

Note C : Mid 5,4 : là (dans la halle rectangulaire, cf Schurer 2,211) siégeait habituellement le grand Sanhderin qui tenait ses réunions d’évaluation pour l’aptitude à la prêtrise. Tos Sanh 7,1 (425) Chag 2,9 (235) : là (dans la halle rectangulaire) ils s’asseyaient et examinaient la lignée pour la prêtrise et le lévitisme. De même Kid 76b sur les normes de test. Voir Kid 4,4 (s2)

Note D : Fl. Josephe. Con. Apion 1, 7 : nous n’observons pas le test des ancêtres uniquement en terre juive elle-même, mais seulement où il existe toujours une division sexuelle des notres, et où l’on reçoit les prêtres avec une règle précise applicable pour ses fiançailles ; Je pense ici aux prêtres en Egypte et à Babylone, et dans le monde où ce domaine concerne les prêtres ; Ils envoyaient à Jérusalem les registres, les noms du côté paternel et ceux des affranchis parmi les ancêtres, et aussi quelles personnes ils ont engendrés (qui sont notés à ce propos).




Commentaire/Analyse

La littérature rabbinique est déroutante si l’on cherche une cohérence simple, évidente. Dans les premiers textes ramenés par Strack et Billerbeck, on a vu que nombres de rabbins considéraient le judaïsme diasporique babylonien comme étant le meilleur. Mais ce judaïsme semble, dans les notes exposées ici, comme en relation de dépendance vis-à-vis de Jérusalem. Ne devrait-on pas s’attendre à trouver finalement une dépendance de Jérusalem vis-à-vis de Babylone, si le judaïsme babylonien était de si grande qualité ? C’est qu’ici le problème n’est pas lié au lieu, mais il est lié à l’autorité qui est sollicitée : le Sanhedrin.

Dans le Christianisme, si l’on est habitué uniquement aux récits évangéliques, on a la vision suivante du Sanhedrin : tribunal inique, composé de gredins avides de pouvoir. La caricature de la religion et de la justice. La description du Sanhedrin dans la littérature rabbinique est toute autre. Il ne s’agit pas ici de la cécité du coupable vis-à-vis de sa culpabilité, mais de celle du fonctionnement normal et historique du Sanhedrin. De la même façon, consulter un texte montrant le fonctionnement de la justice, exposera le fonctionnement normal de la justice, mais ne vous montrera jamais les erreurs judiciaires, les fiascos ou les cas de corruption. Le procès de Jésus est un modèle de fonctionnement inversé du Sanhedrin. Tribunal bâti pour exercer la clémence, il a été impitoyable. Tribunal dédié à l’application de la Loi, il a été incapable d’identifier le Messie attendu. Pourquoi ?

Parce que le Sanhedrin part d’un postulat particulier : ce tribunal rabbinique est composé uniquement des autorités les plus éminentes et les plus incontournables qui soient. Ainsi, il dysfonctionnera s’il se retrouve mélangeant les authentiques spirituels (Joseph d’Arimathie, Gamaliel, etc) et les gredins (Anne, Caïphe, etc). Pourquoi les assemblées politiques dysfonctionnent aujourd’hui à ce point ? Parce que les hommes politiques sont ce qu’ils sont. Ici, dans un contexte politique, rien ne surprendra personne. Mais comment peut-on se retrouver avec un Sanhedrin mélangeant le bon grain et l’ivraie ? Difficile de répondre à cette question. Mais on voit dans ces extraits de la littérature rabbinique, que ce tribunal avait une centralité énorme dans de nombreux de domaines : qui peut épouser qui, qui peut exercer la prêtrise, etc. Ainsi, même s’il s’agit d’un pouvoir religieux, il s’agit d’un pouvoir. Et le pouvoir est un moteur important pour les âmes ambitieuses.

Aujourd’hui même dans l’Eglise orthodoxe, des situations d’évêques corrompus sont connues. Rien de neuf donc sous le soleil comme dirait l’Ecclésiaste. Mais le pouvoir détenu par le Sanhedrin était peu commun avec ce qui existe dans l’Eglise, à part peut-être dans le cadre d’un grand synode ou d’un concile. Le pouvoir du Sanhedrin était si grand, que Judas a chuté spirituellement en croyant que tout se jouerait dans la destinée messianique de Jésus de Nazareth lorsqu’il passerait devant cette juridiction rabbinique précise : plus important que de guérir les paralytiques, rendre la vue aux aveugles ou ressusciter les morts !! la messianité de Jésus éclaterait devant ce tribunal. Judas n’a eu que partiellement tort : c’est le Messie souffrant qui est apparu dans sa gloire paradoxale.