Saint Antoine le Grand - Apophtegme 8

texte original roumain

Să nu zică cineva că este cu neputință omului să ajungă la viața cea virtuoasă, ci numai că aceasta nu este ușor, cu toate că nici cei ce au dobîndit-o nu sînt pe deplin lămuriți asupra acestului lucru. De viața virtuoasă se împărtășesc toți oamenii cuvioșii, precum și cei cu minte iubitoare de Dumnezeu. Căci mintea cea de rînd este lumească și schimbăcioasă, răsărind și gînduri bune, și rele, ba și firea și-o schimbă, aplecîndu-se spre cele trupești. Mintea cea iubitoare de Dumnezeu însă pedepsește păcatul care se naște în oameni cu voia lor, în urma trîndăviei.

traduction proposée

Que nul ne dise que c’est avec impuissance que l’homme atteint la vie vertueuse, et que ceci n’est pas facile, car aucun de ceux qui en ont obtenu une sont plein d’explications sur cette chose. A la vie vertueuse communient tous les hommes pieux, par exemple ceux doté d’une esprit aimant Dieu. Car l’esprit ordinaire est mondain et inconstant, laissant apparaître des pensées bonnes et mauvaises, mais aussi un caractère changeant, se dirigeant vers les pensées charnelles. L’esprit aimant Dieu punit le péché qui nait dans l’humain avec sa volonté propre, succédant à la paresse.


Commentaire/Analyse

Texte toujours ambigu. Je donne ici ma compréhension sur les deux principales ambiguïtés du texte : l’impuissance de l’homme et l’esprit. Pour Antoine (et le Père Dumitru qui traduit) l’impuissance ici se veut l’inverse de la volonté. On peut relire le début du propos ainsi « ce n’est pas malgré lui que l’homme atteint la vie vertueuse ». Ceci explique le manque de facilité : quelque chose qui se fait sans volonté peut être considéré comme facile, mais ici la volonté et les actions qui en découlent font que ce chemin vers la vertu n’est pas facile.
Le mot « esprit » est polysémique, mais il faut voir ici un synonyme de pensée. La boussole de cet homme animé de la volonté d’aller vers la vie vertueuse c’est d’avoir une pensée constamment tournée vers Dieu. Car la vie vertueuse dont il est question, ce n’est jamais que la volonté de Dieu réalisée. Ainsi, la volonté dont il est question, c’est d’avoir une volonté humaine qui rejoigne la volonté divine : « que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».
Lorsque nous n’empruntons pas cette voie, nous empruntons celle du monde : esprit « mondain ». Le monde offre mille et un attraits. Ceci est souligné par l’esprit « inconstant ». L’homme mondain va aller d’un attrait à l’autre, et ceci va le rendre changeant. Antoine nous dit que tous ces attraits seront liés à la chair. Les pensées vont alors devenir charnelles. C’est là que l’on voit que le propos s’adresse à l’immense majorité des gens, car il est une petite minorité de gens qui ne se tournent pas vers Dieu mais qui n’ont pas pour autant de pensées charnelles. Mais ceci reste une observation toute théorique…
Un dernier mot sur la paresse, qui peut sembler étonnante ici. Ce que veut dire Antoine est que l’état où l’homme est mondain et a ses pensées charnelles tournées vers les attraits du monde est un état de paresse. Même si l’homme a un goût pour les attraits plus sophistiqués, se donne beaucoup de mal au travail, passe des heures dans un entraînement sportif ou artistique, il est paresseux. La paresse est l’état de l’homme dont la volonté ne l’entraîne pas vers la vertu. A cette paresse, pour celui qui répond à l’offre de salut du Christ, succède l’état qu’Antoine qualifie de volonté.