Le Jésus des esséniens et autres gnostiques - partie 2



Les catégories de texte : canonique, apocryphe, etc (19:56 à 22:43)

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Le conférencier s’emmêle un peu les pinceaux entre apocryphe et canonique. Les évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean sont canoniques. Cela veut dire que l’Eglise témoigne de leur authenticité. Elle connait ceux qui les a produit et ils sont sûrs. Au contraire, un texte apocryphe est un texte dont l’Eglise ne témoigne pas de son authenticité. Les évangiles de Philippe, Thomas ou Marie-Madeleine, mais il y en a bien d’autres sont apocryphes. Il y a aussi les notions de pseudépigraphes et de deutéro-canoniques qui concernent certains textes, mais ne complexifions pas les choses.

Le conférencier essénien nous dit que les évangiles canoniques n’ont pas cet appel à l’intériorité que l’on peut retrouver dans les évangiles apocryphes. Pourtant, dans Luc, il est dit « Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur répondit: Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point: Il est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au dedans de vous. » (Luc 17:20-21). Donc cette intériorité, elle est bien là. C’est un élément parmi tant d’autres. Ce n’est pas la clé de voûte de toute chose. Mais dans l’Evangile de Thomas, ce n’est pas non plus le discours central. Celui-ci reprend d’ailleurs énormément de paroles évangéliques.

Le Christ dans l'histoire (22:43 à 23:43)

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Nous n’avons jamais dit qu’il n’y avait rien avant le Christ. Au contraire, la Bible présente un tout cohérent : un récit de création, une raison au pourquoi des choses et une eschatologie. Nous intégrons passé, présent, avenir. Nous savons d’où nous venons. Nous savons pourquoi le monde est ainsi. Nous savons qu’il avait besoin du Christ. Nous savons où nous allons. Cette façon de présenter les choses fragmentées est tout simplement un mensonge. Nous n’avons pas besoin de dénigrer la cohérence des autres pour nous imposer. Les méthodes esséniennes manquent clairement d’élégance.

Une preuve par l'art ? (23:43 à 27:02)

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Il appelle ici à une approche holistique des choses, et c’est une nécessité parfois. Mais son opposition est complètement artificielle. L’art qu’il appelle préhistorique peut tout aussi bien être tribal ou naïf ou encore contemporain. En tout cas, il devrait s’intéresser à l’icône, qui ne recherche pas l’exactitude anatomique mais la représentation de choses spirituelles avec un langage particulier. Mais on va voir ensuite une profession de foi gnostique tout à fait classique.

Premier coming-out gnostique (27:02 à 29:38)

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Si vous prêtez attention à ce petit discours qui ne tient pas aux yeux de l’histoire, vous avez quelque chose de très gnostique au final. La matière c’est mal, la matière comme antithèse de l’intériorité, la matière comme opposée à la spiritualité. Auguste prolonge à Rome ce que les Pharaons avaient déjà réalisé à leur époque : auto-divinisation idolâtrique. Le pharaon déjà se considérait comme un dieu et faisait l’objet d’un culte civil. L’empereur romain fait de même. Ce qui se produit à Rome n’est pas plus incarné que ce qui se passe en Égypte. Le talent de construction d’un aqueduc romain est-il plus grand que celui d’une pyramide ? Ceci est un débat d’architecte et on ne va répondre sur ce plan. Mais notez bien comment l’essénien reprend ces catégories spirituelles des cultes gnostiques : la matière c’est mal. Voyons comment il va nous présenter Jésus dans cette dynamique historique factice.

César et les Césars

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Alors ici il y a une confusion sur César. César, le premier était une personne, Jules César. Il est mort en -44, assassiné à Rome. Donc Jésus n’est ni né, ni mort et ressuscité sous ce césar. Car ensuite, César devient un titre, comme Hérode. Il y a le premier Hérode et ensuite les autres, qui reprennent son nom en tant que titre. Donc dire que Jésus est mort sous César, c’est comme dire qu’il est mort sous un empereur romain. Le problème avec cette vision de massification de l’histoire qui fait correspondre Jésus et César, c’est qu’elle ne cadre pas avec l’histoire. Jules César est déjà divinisé et Octave, sous le nom complet officiel de « Imperator Caesar Divi Filius Augustus » devient officiellement le premier empereur romain. Mais c’est aussi un César. Et il est aussi dieu. Donc Jules César était dieu, mais pas du tout du vivant de Jésus. Ensuite César Octave, surtout donné par l’histoire comme Auguste, est empereur et dieu. Et là, pendant ce règne-là, nait Jésus. Donc cette idée saugrenue d’équilibre ne résiste pas à un court examen historique.

Ajoutons, que si Jésus naît sous Auguste, il est crucifié sous Tibère qui est empereur jusqu’en 37.

Ensuite, le conférencier par rapport à Jésus semble vouloir dire que Jésus proclame sa divinité mais de façon inversée à celle de César. Jésus semble, dans cette vision, vouloir proclamer une divinité partagée par tous au final, à cause du « vous êtes des dieux », divinité de l’humanité dans sa dimension spirituelle opposée à sa massification dans la matière présentée comme mauvaise. Il y a ici une incompréhension flagrante de la divinité du Christ, qui est au cœur de ce que défend le christianisme. Jésus ne partage pas une étincelle de divinité, comme chaque être humain. La nature humaine et la nature divine sont radicalement différentes. La particularité de la nature humaine, est qu’elle peut communier, participer, - et ces mots doivent être prononcés avec prudence et distance – la nature humaine peut participer à la nature divine. Pour Jésus c’est différent. Jésus a les deux natures, intégralement : il a la plénitude de la nature humaine et la plénitude de la nature divine. C’est cela que le christianisme ne veut pas et ne peut pas négocier, c’est cela qu’affirme un grand nombre de dogmes. Ceci dit, bien que Jésus soit Dieu, bien que l’Evangile le proclame sans la moindre ambiguïté, Jésus n’a jamais dit « je suis Dieu ».

Justement, au contraire de ces empereurs romains qui se proclamaient dieu sans l’être, Jésus ne l’a jamais dit tout en montrant qu’il l’était. S’il y a une opposition à remonter, c’est celle-là. Mais les empereurs romains n’inaugurent rien ici. Les souverains égyptiens, ou antiques en règle générale avaient assez communément un statut divin.

Ensuite, l’expression « vous êtes des dieux » viens d’un psaume qui voit Dieu proclamer à une assemblée « vous êtes des elohim ». Mais pour bien comprendre ce psaume et bien comprendre ce que Jésus répond à son auditoire dans l’Evangile de Jean, « elohim » ne veut pas toujours dire Dieu. Parfois, cela veut dire Dieu, mais parfois cela veut dire autre chose. Mais le commentaire de ce verset prendrait trop de temps. L’important, par rapport à cette folie essénienne moderne, est de bien comprendre que les hommes ne sont pas des dieux. La Bible passe son temps à différencier les hommes et les dieux.

Le Christ, un des envoyés (30:59 à 35:09)

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Grand classique de la vision maçonnique, initiatique et autre approches du genre : le but est de faire du Christ, un envoyé parmi d’autres. Dans cette vision très œcuméniste au final, il est une étape parmi d’autres, un moment parmi d’autres, un messager parmi d’autres. Et là, pour les messagers de l’équilibre, on ratisse large : Enoch, Noé, Krishna, Moïse, etc etc. Et cette vision très relativiste attaque de nouveau les religions. Chaque religion qui est née est en fait la réponse niaise et superficielle d’une populace stupide qui n’a pas compris le message du messager. Le message était pourtant simple : il faut avoir une vie intérieure, une profondeur, bla bla bla. C’est fou ça quand même. C’est pourtant pas si compliqué à comprendre. Moïse vient pour parler vie intérieure, et ces idiots d’hébreux comprennent qu’il ne faut pas manger de porc et de lapin. C’est vraiment dommage. Pythagore vient pour parler vie intérieure et ces idiots de grecs se mettent à faire de la trigonométrie. C’est vraiment dommage. Platon vient pour parler vie intérieure, et ces idiots de grecs se mettent à philosopher. C’est vraiment dommage.

On savourera aussi cette affirmation gratuite et simple à faire : les esséniens descendent d’Enoch. Comment le prouvent-ils ? Quels sont leurs documents historiques, leurs textes fondateurs ? Car même le livre d’Enoch ne parle pas des esséniens.

La naissance des religions (35:09 à 37:13)

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Ici, notre essénien essaie de nous donner le ressort psychologique inconscient qui donne des religions. Pour lui, c’est parce que nous aimons mal, avec une morbidité du passé que l’homme créé des religions. C’est probablement aussi naïf comme approche que la vision des lumières qui voyait chez le prêtre, un homme qui s’accapare un pouvoir qu’il ne pourrait pas obtenir via la lutte ou via le travail, pouvoir basé sur les superstitions et les peurs des autres. Ça c’est la version disons voltairienne. Ici, nous voyons notre essénien, confis de son sentiment de supériorité d’initié qui a vraiment compris le message, alors que nous, les neuneus exotériques, nous restons à la surface des choses, englués dans nos limitations.

Il prend comme exemple, la mort de Jésus, exemple justement de ce que nous n‘arrivons pas à dépasser. Nous nous engluons, nous stagnons dans cette mort et nous ne pouvons pas avancer. Ah mais pardon !! Cette mort, elle est tellement différente de toutes les autres morts !! Ce qu’il faut comprendre, et ça il n’en parle jamais pour ne pas avoir à s’y confronter, c’est que cette mort débouche sur la résurrection. Tout le christianisme repose sur ce tombeau vide. La résurrection du Christ c’est notre espérance de résurrection. La mort du Christ c’est notre espérance de rachat. Le sang du Christ c’est notre espérance de sanctification. Donc, c’est un peu normal qu’on se focalise dessus. Nous avons plus à y gagner que de manger des graines germées et de batifoler nus dans les prairies. Là, l’essénien veut nous échanger le château de Chambord avec un F2 à Créteil. Je suis désolé, mais seul un imbécile peut abandonner le christianisme des Pères pour ce genre de sornettes.

La religion c'est la guerre !! (37:13 à 39:23)

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On savait que notre essénien n’était pas très fort en histoire, mais là on en a une fois de plus la confirmation. Comprenons nous bien, cette chaine n’a pas pour ambition de défendre le catholicisme romain, plus grand pourvoyeur d’hérésies et d’antichristianisme devant Dieu. Néanmoins, la vérité nous oblige. Les différentes inquisitions catholiques romaines mises bout à bout dans l’histoire ont tué moins que les révolutionnaires français entre 1789 et 1793. On est loin des millions de morts. Ces guerres étaient des conflits politiques qui instrumentalisaient la religion. Et les protestants se sont affreusement mal conduit à cette époque, pour certains.

Elle est vierge, elle est pas vierge. Est-ce l’essentiel de la question ? L’essentiel c’est le message d’intériorité de Jésus nous dit-il. Si Jésus nous a enseigné que sa Mère était vierge, avant, pendant et après l’accouchement, alors c’est quelque chose qui a une valeur inestimable. Non pas que nous devions tuer pour le protéger. Dieu n’a pas besoin de notre violence pour protéger la vérité. Mais c’est quelque chose d’inestimable. Cela nous apprend les relations entre la matière et le monde céleste. Cela nous enseigne sur les relations entre le physique et le métaphysique. Comment le fini peut donner naissance à l’infini. Comment la rédemption de la matière se réalise aussi dans la matière. Bien sûr que les guerres de religion sont une horreur, mais reprocher aux chrétiens les guerres de religion est un raccourci historique assez minable.

Un dernier mot par rapport au prophète des musulmans. On voit comment il garde un ton très respectueux. Le but de cette distance respectueuse c’est de capter les musulmans qui veulent garder l’islam exotérique, l’islam classique, et qui veulent y ajouter un peu d’ésotérisme, à la Guénon. Mais on notera tout de même comment il opère les mêmes faussetés pour y parvenir. Il est obligé de mentir à tous pour asseoir son scénario. Chaque musulman instruit dans sa religion vous le dira. Mahomet se considérait non pas comme le dernier relativement au moment où il parlait. Il se considérait comme celui qui fermait la prophétie au sens historique.



Enoch, fondateur des esséniens (39:23 à 42:03)

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Ici c’est très fumeux, basé sur rien. Rien ne nous dit qu’Enoch a été le premier qui veuille sanctifier de la sorte la création divine. La relation qui est décrite est plutôt vertueuse et remet bien Dieu au centre des choses. Mais il n’est nul besoin d’aller perdre son temps avec des fables esséniennes pour vivre ainsi sa relation avec Dieu. Rejoindre la véritable Eglise du Christ sur terre le fera parfaitement bien.



To be continued….