Quelques commentaires sur la 'fraternité orthodoxe'
Bonjour
Je voudrais ici commenter une émission du dimanche matin, émission consacrée à l’orthodoxie. L’émission en question est celle du 8 janvier 2023, consacrée à la « fraternité orthodoxe ». Pour bien comprendre ce qui sera dit, il est préférable de regarder l’émission dans un premier temps. Ce commentaire sera l’occasion de quelques réflexions sur l’histoire de l’orthodoxie française et sur son avenir.
Ecouter l’émission
La Fraternité orthodoxe bénéficie d'un local catholique romain (0:00 – 1:01)
Remarquons d’emblée la réunion qui se tient dans un cadre de bonnes relations œcuméniques. C’est l’église catholique romaine qui a prêté un de ses bâtiments, pour que puisse se tenir ce congrès. C’est donc l’œcuménisme et le dialogue initié depuis près d’un siècle qui permet, ou disons qui facilite grandement ce congrès. Et déjà, immédiatement, un orthodoxe formé, soucieux, instruit devrait se dire que quelque chose ici ne va pas.
Est-ce que saint Athanase d’Alexandrie quémandait des locaux aux ariens égyptiens pour se réunir ? est-ce que les iconodules logeaient chez les iconoclastes ? Alors, on va me dire : on ne peut pas comparer les catholiques romains à des hérétiques tels que le furent les ariens et les iconoclastes !! Et bien pourtant, force est de constater que les catholiques romains ont basculé dans le schisme puis dans l’hérésie. Dans les hérésies même devrai-je dire : filioque, infaillibilité du pontife romain, autorité juridictionnelle universelle du pontife romain, immaculée conception de la Vierge Marie, communion sous une seule espèce, etc etc. Donc, s’il ne nous appartient pas de hiérarchiser les hérésies, de considérer qu’elles sont plus ou moins dangereuses pour le salut, ce qui nous est demandé est de ne pas souscrire à l’une d’entre elles, quelle qu’elle soit. Qu’on ne se méprenne pas ici : il ne s’agit pas de ne pas avoir de connaissances ou même d’amis qui ne soient pas orthodoxes. Il s’agit de ne pas sortir des limites qui nous ont été transmises pour une orthodoxie sérieuse. Se réunir chez les catholiques romains, travailler à une future unité avec les catholiques romains doit éveiller, à minima, chez quelqu’un de sérieux, un sentiment de malaise.
Nous voudrions apporter ici quelques précisions d’ordre canonique, de façon à ce que les décrets de l’Eglise ne soient pas vécus et appliqués comme quelque chose de contre-productif. Prenons un exemple. Vous passez le week-end chez un ami catholique qui vous demande de célébrer un office de vêpres orthodoxes, chez lui, dans son salon. Rien dans le droit canon ne s’y oppose. Ce qu’il faut bien évidemment, c’est que vous ne fassiez pas de mélange syncrétique bizarre improvisé avec un office romain et il faut que ce soit vous seul qui meniez la prière. Ainsi, vous témoignez de la beauté de nos offices de prières, et qui sait ce que cela peut provoquer chez votre ami. Imaginons maintenant que votre ami soit un catholique dévoué, et qu’il ait même carrément aménagé une chapelle privée. Il ne faut pas non plus tomber dans les extrémités pharisiennes et croire que sa foi romaine aurait souillé le lieu et l’aurait rendu impropre à un office orthodoxe. Ce que le droit canon dit, et vous pouvez voir aussi les commentaires du Pedalion pour vous convaincre de l’esprit des canons, c’est qu’il est interdit d’aller en tant qu’orthodoxe, à une prière organisée par un groupe de gens se rattachant à une institution hérétique. La « fraternité » ici est coupable non pas de prier seule dans un lieu habituellement catholique, mais bien de sa participation à l’œcuménisme qui lui vaut la jouissance du lieu. On ne peut pas obéir au droit canon mais accepter les fruits de la désobéissance.
La naissance de la "fraternité orthodoxe" (1:01 – 3:01)
Père Jean, nous nous connaissons, et permet moi donc de t’interpeler directement, au cas où tu regarderais cette vidéo. Tu sais très bien que le droit canon de l’Eglise règle ce problème, depuis le quatrième siècle, depuis le concile de Nicée. Le canon 8 en effet, et tu le sais mieux que moi, stipule qu’il ne peut pas y avoir deux évêques dans une même ville ; sous-entendu, un diocèse, est un découpage géographique qui est administré par un seul évêque. Les orthodoxes savent faire ça depuis qu’il y a des évêques. C’est tout de même fou qu’on ne puisse pas y arriver en France !!!
Car pour ceux qui ne connaissent pas bien la situation, chaque patriarcat historique, en dehors de ses frontières propres a envoyé des responsables pour s’occuper des diasporas. Ainsi, les roumains ont créé une structure pour les roumains, qui sont plusieurs milliers en France. Les russes ont fait de même. Les grecs, les serbes, les bulgares, etc. Si ces évêques étaient des gens sérieux, ils auraient créé des diocèses afin d’organiser l’orthodoxie en France. On peut imaginer un évêque russe dans le nord, un roumain dans l’ouest, un serbe dans l’est, etc. Reconnaissons que les vagues d’immigration n’ont pas été simultanées mais successives, et que c’est la tragédie communiste puis l’effondrement des bolchéviques qui a favorisé ou permis certains flots de population. Les premiers arrivés furent les russes blancs. Puis les diverses diasporas se sont retrouvées sur le sol français : formidable occasion de prendre la place d’un catholicisme devenu grotesque après Vatican 2. Il n’y avait qu’à se servir, le fruit était mûr.
Mais comme le dit le Père Jean, à la place de la concorde nécessaire pour, non pas établir, mais bien rétablir l’orthodoxie en France, pays qui fut orthodoxe pendant mille ans, avant le grand schisme, il y a eu des rivalités des églises nationales. S’il y a pu y avoir ici ou là, des incompréhensions pastorales, des difficultés linguistiques chez les laïcs, les grands fautifs, à quelques notables exceptions dont je ferai mention plus loin, sont les évêques. Fonctionnaires en soutane, gestionnaires de diasporas en mal du pays, ils n’ont pas vu la France comme une terre de mission que Dieu, souverain de l’histoire leur ordonnait de rechristianiser après l’effondrement catholique. Non, ils ont vu la France comme un gâteau, dans lequel il y avait du foncier à gagner, des espèces sonnantes et trébuchantes à récupérer. Ils ont alors organisé de sages assemblées paroissiales, de tièdes congrès, de soporifiques assemblées générales, d’académiques conférences magistrales réservées à une petite élite intellectuelle. Tout ceci a gardé le saint Esprit comme une petite braise, à la place d’un feu qui ne demandait qu’à tout embraser. Tout a été cadenassé et il ne s’est rien passé. Il y a eu un essor de l’ECOF dans les années 70-80, et c’est tout. J’y reviendrai plus tard, pour faire les précisions historiques qui manquent à cette émission d’initiés.
Le but de la "fraternité orthodoxe" (3 :01 – 4 :38)
Rentrons plus en détail maintenant, dans ce qu’est la « fraternité orthodoxe » qui est tout de même le sujet de ce reportage que nous commentons. La fraternité a voulu être un lieu de rencontres pour les orthodoxes de différentes origines, de différentes juridictions. Et disons le tout de suite, le but est totalement louable et totalement respectable, avec le bémol que j’ai mis sur la situation canonique due à la médiocrité des évêques. Mais nous savons comment fonctionne le monde. Il faut toujours aller au-delà des déclarations de principe, et voir ce qui est dit et fait de façon plus précise.
Concernant la grande idée de la « fraternité », d’être un espace au-delà des juridictions, il reste évident que la découverte mutuelle des habitudes liturgiques, les différentes traditions musicales ou iconographiques ne peuvent qu’être profitable pour tout orthodoxe. Mais pour bien saisir ce qui s’est joué historiquement avec la « fraternité » il faut revenir à la destinée historique de l’Eglise orthodoxe en Russie. Sans cette histoire, on ne saisit pas ce que représente la « fraternité » dans le paysage orthodoxe. Ce qu’elle a fait, ce qu’elle n’a pas fait, pas pu faire, pas voulu faire ne peut se comprendre sans une connaissance à minima de l’histoire de l’Eglise russe, histoire dans laquelle, pour le monde officiel, il y a toujours un grand absent : l’Eglise russe hors-frontière.
Je vais essayer de retracer cette histoire très synthétiquement et rapidement, car le sujet n’est pas directement celui-là. En Russie, le patriarcat avait été supprimé par Pierre le Grand au 18ème siècle. En 1917, le jour de la Dormition, l’Eglise russe tint un concile connu sous le nom de concile de Moscou. Le patriarcat est restauré et Tikhon devient patriarche. Quelques semaines plus tard seulement, la révolution éclate et les bolchéviques prennent le pouvoir. Une partie des évêques part à l’étranger. Ils formeront, avec la bénédiction du patriarche Tikhon ce qui est connu sous le nom d’Eglise russe hors frontières. Pour ceux qui restent en Russie, schématisons par les deux grandes voies : le martyr dans le goulag et la clandestinité ou bien la soumission aux bolchéviques dans une église marionnette. Les orthodoxes clandestins et non soumis aux bolchéviques prendront le nom glorieux d’Eglise des catacombes, en référence aux chrétiens des premiers siècles. Les autres, deviendront le patriarcat de Moscou.
L’Eglise russe hors frontières, connue souvent sous l’acronyme anglophone ROCOR fuit en Serbie, puis en France, puis aux USA. En Europe occidentale, un des évêques auquel Tikhon avait donné la responsabilité pastorale se détache de l’Eglise russe hors frontières puis rejoint le patriarcat de Constantinople. C’est le métropolite Euloge. Je ne vais pas rentrer dans les détails des pourquoi et des comment des trajectoires de chacun, mais l’on se retrouve avec 3 structures ecclésiales russes : les hors frontières, les fidèles à Moscou, les fidèles à Constantinople. Ce qui est intéressant dans toute la vidéo, c’est qu’il n’est question que de Constantinople et de Moscou. A mots voilés, par allusion. Mais l’Eglise russe hors frontières, dont les contributeurs de cette chaine sont issus, n’existe pas. Pour ceux qui veulent rallier large, faire vivre toutes les sensibilités de l’orthodoxie, résonner de toutes les richesses, nous n’intéressons pas.
Une fois que l’on voit cette disposition en trois branches : ROCOR, Moscou et archevêché relié à Constantinople, il ne reste plus qu’à mettre les personnages importants dans les branches adéquates. Jusque 2018, l’institut de théologie saint-Serge de Paris et la crypte de la rue Daru étaient de l’archevêché et donc dépendant canoniquement de Constantinople. Les noms de théologiens tels que Alexandre Schmemann, Serge Boulgakov ou Georges Florovsky sont liés à cette histoire. Moscou, dans les personnalités connues peut compter le métropolite anglais Antoine Bloom, connu sous le nom d’Antoine de Souroge, ainsi que le théologien Vladimir Lossky. Et enfin, côté russe hors-frontières on notera comme personnalité marquante pour les français, le théologien Seraphim Rose et bien évidemment l’évêque saint Jean de Shangaï. Il est important d’avoir cette répartition à l’esprit, afin de savoir qui parle, et d’où il parle. Je parlais toute à l’heure des évêques et de leur responsabilité devant l’histoire et devant Dieu par rapport à l’établissement d’une juridiction orthodoxe en France. Maintenant nous avons le recul nécessaire : qui a œuvré véritablement, non pas en paroles mais en actes ? saint Jean de Shangaï. C’est ROCOR qui a fait le nécessaire pour qu’il y ait une orthodoxie française. Et il y a une grande nuance entre une orthodoxie francophone et une orthodoxie française. C’est lui qui a pris la décision d’ordonner l’évêque Jean Kovalevsky au sein de la structure appelée ECOF, Eglise Catholique Orthodoxe de France. Et pour ceux qui connaissent les dessous de l’histoire, dès ce moment l’évêque Jean Kovalevsky a été la cible d’attaques permanentes, de tous ceux qui appellent la naissance d’une orthodoxie française avec leur bouche et dont tous les actes prouvent l’exact contraire. Mgr Jean, souvent appelée Evgraph est ordonné par saint Jean de Shangai en 1964. Il mourra en 1970. La dette de tous les orthodoxes français à son égard est immense. Sans lui vous ne seriez probablement pas sur cette chaine YouTube, à nous écouter aujourd’hui. On peut lister de nombreuses erreurs ensuite de la part de Mgr Jean, la principale probablement en la personne de son successeur qui a fait de l’ECOF quelque chose de non orthodoxe. Cette orthodoxie française que nous appelons tous de nos vœux, ne passera plus par l’ECOF, dont les manquements canoniques ont même effrayés le patriarcat roumain, qui pourtant s’effraie difficilement…
l’appel d’Olivier Clément à la jeunesse (04:38 – 06:06)
La personne qui intervient est Olivier Clément. C’est une des personnalités de l’orthodoxie en France au 20ème siècle. Elle a évolué au sein de ce troisième groupe russe, lié à Constantinople dont je parlais précédemment. On notera la diction particulière et caractéristique d’Olivier Clément. Auteur de nombreux livres, il est présenté ainsi sur Wikipedia : « Professeur au lycée Louis-le-Grand et à l’Institut Saint-Serge, homme de dialogue, d’ouverture et de tolérance, questionnant la modernité, porte-parole d’une orthodoxie ouverte au monde et au dialogue œcuménique, il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages et de très nombreux articles. ». Il invite les jeunes à la rencontre. Très bien. Mais au même moment Mgr Jean fait l’ECOF. C’est un évêque sacré par saint Jean de Shangaï. S’il y avait une dynamique à rejoindre, c’était celle-là. Surtout que les manquements canoniques que reprochera ensuite saint Jean de Shangaï à Mgr Jean, c’est ce que wikipedia appelle ouverture, tolérance, questionner la modernité et être ouvert au dialogue. Ces travers-là, Mgr Jean malheureusement les a eu également. Alors, il faut maintenant s’interroger : pourquoi Mgr Jean n’a pas été soutenu par la fraternité orthodoxe, puisque le but était soi-disant de redonner à la France une structure ecclésiale orthodoxe ? En 1964, tous les espoirs étaient permis. Que s’est-il passé ? difficile à dire. Mais aujourd’hui, lorsque vous voyez les responsables historiques de la fraternité orthodoxe, ne voyez pas des gens qui prônent le rapprochement inter-juridictionnel. Ça c’est l’emballage. Voyez des gens qui ont tout fait pour que l’orthodoxie française n’arrive pas, ou tout du moins pour qu’elle n’arrive que par eux, selon leurs limites et paradigmes propres, ce qui revient finalement au même.
Pourquoi ces blocages ? On peut émettre deux théories principales. La première est celle que j’appellerai la compétition pour l’orthodoxie française. Il ne peut y avoir qu’une orthodoxie française. Mais laquelle ? Celle de Constantinople ou une orthodoxie vraiment française. L’institut saint-Serge fut jusqu’en 2018 le promoteur d’une ecclésiologie quasi papiste, où Constantinople prenait la place de Rome. L’idée était de dire que les patriarcats existants gardaient leur territoire canonique hérités de l’histoire et que Constantinople aurait le reste du monde. Et la France était dans le reste du monde. Seconde théorie, celle de l’orientation par rapport à la modernité. ROCOR, Moscou et l’archevêché étaient au final les émanations des lignes de fractures de la société russe : ROCOR avait les tradis, les monarchistes et un anti-communisme farouche. Moscou était alors une marionnette du pouvoir communiste et l’archevêché était d’une certaine façon le représentant des forces progressistes russes qui avaient triomphé en février 1917. La question – consciente ou pas - était donc de savoir si l’orthodoxie française serait plutôt moderniste ou plutôt traditionnaliste, et la lutte s’est peut-être jouée également sur ce terrain. Mgr Jean, sacré évêque par un homme à l’orthodoxie exigeante, sérieuse, et donc monarchiste comme saint Jean de Shangaï a du apparaître douteux, inadapté à la situation. Ce que véhiculait la fraternité orthodoxe jusqu’en 2018 : oui à une orthodoxie française, mais multi juridictionnelle, et donc anti canonique, mais sous la supervision de Constantinople. Les jeunes réunis ici avaient-ils conscience d’être l’enjeu de ce genre de luttes ? probablement pas.
la « fraternité orthodoxe » suit le modèle des confréries antiques (06:06 – 08:54)
Les confréries sont en effet une institution chrétienne antique, qui voyaient les laïcs agir pour des missions non exclusivement réservées au clergé. Cela pouvait être des activités liées à la bienfaisance qui est inhérente à la nature de l’Eglise. En occident il y eut d’innombrables confréries qui intervenaient sur des terrains aussi divers que le financement d’œuvres religieuses ou le secours aux nécessiteux.
La « fraternité » nous est présentée ici comme une de ces confréries. L’intervenant nous confirme à mots voilés ce que je disais précédemment : les laïcs orthodoxes ont vu que les évêques étaient totalement inaptes à régler la situation et à respecter le droit canon de l’Eglise et ont voulu faire quelque chose par eux-mêmes. Mais il y a une grande naïveté dans cette démarche. Vous ne pouvez pas forcer un évêque à faire ce que vous voulez. Et ceci nous montre une des choses dont meurt le monde orthodoxe officiel actuellement : la déconnexion entre le peuple et les évêques. L’usage de l’Eglise de faire choisir l’évêque par le peuple avec le consentement des autres évêques, usage orthodoxe antique, s’est aujourd’hui substitué à une décision pyramidale, totalement verticale. L’archevêché se souviendra encore longtemps de comment on leur a fait avaler l’élection de Mgr Job, avant que Jean de Doubna ne reprenne les rênes de la structure. Nous y reviendrons. Donc, quelle est la situation pour eux : des structures qui ne cooptent que le même type de personnes, sans adéquation et approbation des laïcs. Les laïcs se retrouvent donc avec des évêques qui représentent leurs patriarches, patriarches eux-mêmes en harmonie avec les agendas des états qui les financent et qui leur offrent le caractère officiel qui dupe tant d’orthodoxes. Sachant cela, la création de la « fraternité orthodoxe » se comprend. Les laïcs frustrés de la médiocrité de leurs évêques veulent faire bouger les choses et se rassemblent en créant cette entité. On pourra avoir une lecture plus cynique des évènements : la « fraternité » a été créé pour canaliser et stériliser les volontés de création d’une orthodoxie française, et pour que celle-ci n’advienne soit jamais, soit dans un cadre qui ne présenterait aucun danger pour personne.
l’ACER-MJO, pilier de la « fraternité orthodoxe » (08:54 – 10:44)
L’ACER-MJO est la composante la plus importante des mouvements de jeunesse évoqués. Il suffira à chacun d’aller voir sur la charte de l’ACER-MJO pour y voir les relations avec le mouvement de jeunesse américain bien connu YMCA. La mise à disposition des moyens de presse et d’édition vaut une sorte de financement en soi. On voit également que les relations œcuméniques sont une priorité. Donc, le ver était dans le fruit dès le départ. Les choses ne sont pas orthodoxes, et les gens avec la colonne vertébrale véritablement orthodoxe ne pouvaient pas s’inscrire à l’ACER. Bâtir une orthodoxie française demande à ce qu’elle soit orthodoxe. Cette évidence presque tautologique ne pouvait au final que fracturer les gens.
Charte de l’ACER-MJO
A mettre au crédit de la fraternité cette fois, ce sont toutes les publications dont il a été fait mention, dans le domaine liturgique. Nous le verrons plus en détail lors de la présentation de leur calendrier.
allocution de Mgr Mélétios du patriarcat de Constantinople (10:44 – 12:15)
Ceci est un modèle de langue de bois épiscopale mélangée à un aveu d’une subtilité toute byzantine. Qui parle ? Il s’agit du métropolite Mélétios, faisant partie du patriarcat de Constantinople. Il fait référence au début, au patriarche Athénagoras premier, qui fut patriarche entre 1948 et 1972. Ce patriarche est très intéressant. Il est dommage qu’Olivier Clément n’ait pas voulu dans son livre d’entretien avec lui, relever les détails que je vais donner ici. Détails tous vérifiables, mais qui demandent l’ouverture d’esprit minimale pour le faire. Athénagoras était un franc-maçon du 33ème degré du rite écossais ancien et accepté. Dois-je rappeler que la double appartenance n’est pas possible d’après de nombreux canons. Ce triste personnage n’aurait jamais dû être ne serait-ce que lecteur. Le deuxième point à relever s’explique par son parcours : c’était un agent de la CIA. Il vous suffira de googler quelques minutes pour vous en convaincre. Métropolite de Constantinople aux USA avant de devenir patriarche, c’est le président Truman qui met à sa disposition un avion pour qu’il se rendre à Istanbul une fois élu patriarche. Il faut bien comprendre que le Phanar est une marionnette américaine en orient. Le Phanar est à Washington ce que le patriarcat de Moscou est au pouvoir russe en place, quelle que soit sa nature. Troisième point à retenir pour Athenagoras : il lève dans les années 60, de façon unilatérale, les anathèmes posés par le patriarche Michel Cérulaire lors du grand schisme de 1054. On voit donc que la dialogue pan-orthodoxe était pour Athenagoras, une priorité, mais de façon très variable.
Le métropolite ramène cette citation de ce sinistre personnage « il faut, à toute occasion, faire fermenter la conciliarité orthodoxe ». Comment faut-il le comprendre ? il faut faire pourrir la synodalité ? C’est la citation typique de faux spirituels qui suivent un autre agenda.
Mélétios dit ensuite : « c’est ce que tente de faire inlassablement votre fraternité, je dirai même notre fraternité ». L’aveu ici est d’une cruauté incroyable. Vous allez inlassablement essayer de faire ce que nous pourrions installer en un instant si nous le voulions. Mais ce n’est pas notre intérêt, notre agenda, ni ce que nous demandent de faire ceux qui nous tiennent. Et quand il dit « notre fraternité » il ne ment pas. C’est Constantinople qui tient la boutique et qui s’assure que rien ne se passe, et qui s’assurera de l’échec de l’ECOF. La charte de 1960 stipule en effet « On mentionnera directement le nom du patriarche œcuménique, selon une formule dont la pratique du « Fellowship » de saint Alban et de saint Serge a montré de la fécondité. ».
Mélétios précise ensuite comment il souhaite cette orthodoxie en occident : « sans prosélytisme ». Là, c’est l’œcuménisme à son apogée. Normalement, un métropolite orthodoxe devrait exhorter les jeunes à la mission : témoignez autour de vous. Amenez vos proches, vos connaissances, vos voisins, vos collègues à une divine liturgie. Nous devons obéir au Christ qui nous commande de faire des disciples. Mais non. Pas de mission. Pourquoi ? Parce que Constantinople et les autres patriarcats orthodoxes ont fait un marché avec Rome : vous arrêtez l’uniatisme et la mission chez nous, et on ne fait pas de mission chez vous. Vous vous occupez des cathos en terres orthodoxes, et on s’occupe des orthodoxes en terre catholique. Status quo. La paix des braves. Ceci sera gravé dans le marbre en 1993, dans la déclaration de Balamand. L’article 14 déclare entre autre « C’est la raison pour laquelle l’Église catholique et l’Église orthodoxe se reconnaissent mutuellement comme Églises sœurs, responsables ensemble du maintien de l’Église de Dieu dans la fidélité au dessein divin, tout spécialement en ce qui concerne l’unité. Selon les paroles du Pape Jean-Paul II, l’effort œcuménique des Églises sœurs d’Orient et d’Occident, fondé dans le dialogue et la prière, recherche une communion parfaite et totale qui ne soit ni absorption ni fusion, mais rencontre dans la vérité et l’amour ». Ceci est la parfaite illustration de la théorie des branches chère à l’œcuménisme : les latins et les orthodoxes sont détenteurs chacun d’une partie de la vérité, et c’est dans la rencontre, l’union et la synergie que se redécouvre la totalité de ce que le Christ a légué.
Mélétios enfonce le dernier clou du cercueil de l’orthodoxie en France, devant cette assemblée qui aurait dû le huer, en déclarant attendre de l’orthodoxie en occident qu’elle soit « un lieu privilégié de témoignage et de partage au cœur de la culture moderne ». Voilà comment réduire l’orthodoxie à une particularité historique, à une curiosité intellectuelle.
le calendrier liturgique de la « fraternité orthodoxe » (12:15 – 14:19)
Sur ce versant-là, la « fraternité » est inattaquable. Leur calendrier - si on oublie un instant qu’il met en avant le nouveau calendrier - est très bien réalisé, et très utile. La mention des saints français est vitale ne serait-ce que pour deux raisons : premièrement, montrer aux orthodoxes de diaspora qu’il exista une orthodoxie française, pendant un millénaire, et qu’elle a aussi laissé des noms prestigieux dans l’histoire de l’Eglise. Deuxièmement, pour les français qui viendraient plus naturellement d’un catholicisme en décomposition terminale, cette souche commune, ce millénaire de saints français est déjà familier à leurs oreilles. Le passage vers l’orthodoxie devient plus simple, plus naturel.
ateliers et conférences au congrès (14:19 – 16 :31)
Ceci est un format classique de ce que l’on peut trouver à la « fraternité orthodoxe » : les conférences et les ateliers. Ici, c’est le Père Christophe d’Aloisio qui s’exprime. Il fut une figure marquante de la période animée que traversa l’archevêché entre 2013 et 2020.
En 2013, le Métropolite Gabriel de Comane décède et le patriarche Bartholomée décida de pousser Mgr Job comme évêque à la tête de l’archevêché. Le moins que l’on puisse dire est que la façon dont Mgr Job fut élu n’a pas beaucoup plu à la majorité des laïcs et il s’en est suivi une période tout à fait délétère avec la suspension de divers clercs, dont le Père Jean qu’on a vu au début de la vidéo. Puis en 2016, devant la situation impossible, Jean Renneteau est fait évêque de Chariopoulis et prend la tête de l’archevêché. Il se montrera un évêque zélé du patriarche.
En 2018, il faut s’arrêter quelques instants sur la situation internationale. Constantinople décida de créer une structure ecclésiale dépendant d’elle sur le territoire canonique ukrainien, territoire dépendant de Moscou. Ceci a entraîné une rupture de communion entre Moscou et Constantinople. On reproche souvent au monde traditionaliste d’être profondément divisé. C’est vrai. Mais même le monde officiel l’est aujourd’hui. Certains patriarcats ont choisi de rester en communion et avec Constantinople et avec Moscou, ce qui donne un sens bien mystérieux à leur sens de la communion de foi. Mais ceci n’est pas le sujet. En jeu la place de position dominante dans le monde orthodoxe. D’un côté Constantinople, marionnette américaine sous perfusion d’argent étranger, et de l’autre Moscou, marionnette du pouvoir en place au Kremlin et qui lui donne la caution de moralité et de conservatisme dont a besoin la société russe pour se reconnaître dans sa structure de pouvoir. Nous sommes ici dans les apparences, puisque le patriarche de Moscou était pour le KGB ce qu’était Athenagoras pour la CIA.
Revenons à l’évêque Jean de Chariopoulis. Dès qu’une tête dépasse et exprime sa désapprobation envers les actes de Bartholomée en Ukraine, il renvoie, il suspens, il excommunie. Puis contre toute attente, dans un geste karmique un peu difficile à comprendre, Bartholomée suspend à son tour l’évêque Jean. Celui-ci tente alors une manœuvre et propose à l’archevêché de rejoindre Moscou. C’est l’un des plus beaux retournements de veste de l’orthodoxie francophone. Père Jean Gueit que vous avez vu, qui avait été réintégré après le départ du turbulent Mgr Job appuie ce mouvement qui fait sens du point de vue historique. Les Pères Alexis Struve et Christophe d’Aloisio que nous avons vu choisiront de rester à Constantinople. C’est toute cette histoire qu’il faut avoir à l’esprit quand on voit les uns et les autres agir et parler.
Le Père Alexis nous parle de la redécouverte de la liberté dans l’Eglise. Pour ceux qui savent lire entre les lignes, il plaide ici pour la démocratie libérale face à la méchante Russie totalitaire. Il ne digère pas le passage à Moscou… C’est quelque chose qu’il va énoncer plus clairement dans le passage qui suit.
le patriarcat de Moscou n’agit pas de façon chrétienne (16:31 – 19:38)
Il n’y a rien à commenter sur les notions d’accueil de réfugiés et d’aide aux nécessiteux et malheureux qu’engendre le conflit en Ukraine. Mais on notera la présentation plus que déséquilibrée et mondaine dans la situation russo-ukrainienne. Le rôle d’un prêtre n’est pas d’être l’écho de la pensée dominante française. Le rôle d’un prêtre est d’à minima amener un peu de profondeur et de complexité dans l’analyse, mais surtout de le faire en rapport avec le biblique, avec le théologique.
Le Père Alexis déclare ici que le soutien du patriarcat de Moscou à Poutine n’est pas chrétien dans cette guerre. Ce n’est pas ce soutien qui donne au patriarcat de Moscou son caractère non chrétien. C’est sa participation active à l’œcuménisme depuis qu’il existe. C’est sa participation aux prières communes interdites par le droit canon. C’est de n’avoir jamais fait l’inventaire de son passé de collaboration avec les bolchéviques. Le patriarche actuel était sous Brejnev, délégué du patriarcat de Moscou au conseil œcuménique des églises. Il est lui-même ancien agent du KGB, et comme pour Athenagoras côté Constantinople, tous les documents sont disponibles pour ceux qui veulent bien les consulter. Tout est dit. Il ne s’agit pas de se réveiller en 2022, un jour de février et de découvrir un peu naïvement que Kyrill soutient Poutine. Il y aurait beaucoup à dire sur cette guerre mais ce n’est pas le sujet.
Ajoutons ici, que la « fraternité » s’inscrit totalement dans cette orthodoxie qui se pense compatible avec la démocratie, avec la république française. Mais il n’y a pas de compatibilité possible dans une théologie politique bien comprise. L’Eglise devant être le reflet sur terre des réalités célestes, la démocratie comme l’expliquait saint Jean de Krondstadt est par essence diabolique. Dieu n’est pas un président élu. Dieu est le roi du ciel. Il gouverne de façon absolue. C’est Satan qui a voulu changer les règles, qui a voulu qu’on écoute la voix des autres. C’est Satan le premier révolutionnaire et le premier démocrate. Voir des orthodoxes bénir et apprécier des régimes qui ne sont pas chrétiens, cela prouve que la catéchèse dont on parle qui est dispensée, n’est pas complètement orthodoxe.
prière pour la paix en Ukraine (19 :38 – 20 :52)
Cette prière dédiée à la paix mérite aussi un commentaire. La divine liturgie prie déjà, dans la grande ecténie, pour la paix dans le monde. On peut répéter les choses si on croit que Dieu ne comprend pas le message qui s’élève déjà à chaque liturgie. On peut aussi déclarer précisément la problématique de la terre d’Ukraine, pourquoi pas. Mais on peut penser que Dieu connait bien la situation aussi, et qu’il n’était pas forcément nécessaire d’apporter toutes ces précisions. Je ne sais pas si quand l’OTAN a bombardé la Serbie avec de l’uranium appauvri il y a quelques années, est-ce que la fraternité a fait des prières dédiées ? Je l’espère. Je ne sais pas si quand les USA et leurs larbins ont détruits l’Irak, la Lybie et ont tenté de déstabiliser la Syrie, la fraternité orthodoxe a fait des prières dédiées ? Je l’espère.
La fraternité a-t-elle organisé des prières pour le Donbass martyrisé depuis 2014 ? Je n’en ai pas entendu parler. C’est probablement un défaut de communication de leur part ou d’attention de la mienne. Le Père Alexis pense que ceci va ouvrir les cœurs. Nous verrons bien. La prière est quelque chose d’extraordinaire. On ne sait jamais.
témoignage d’un membre du patriarcat d’Antioche (20:52 – 22:48)
Cette notion de témoignage semble être très importante pour les différents intervenants. Témoigner dans l’antiquité c’était donner sa vie pour le Christ et c’était accepter mille tourments. Plus personne ne témoigne comme cela aujourd’hui en France. L’orthodoxie officielle, c’est 15 minutes, certains dimanche matins sur France 2.
Le patriarcat dont fait partie cet intervenant témoigne de la façon antique. Depuis que l’occident, avec lequel cette orthodoxie mondaine a tant envie de dialogue mais sans faire de prosélytisme, a choisi d’intervenir dans la région troublée du moyen-orient, le christianisme arabe, qui est liturgiquement superbe et que je vous invite à découvrir, a payé un tribut élevé à la déstabilisation engendrée par ce même occident. La cohabitation avec la religion ultra tolérante qu’est l’islam, religion de paix et d’amour, d’émancipation de la femme, s’est toujours traduite par le fait que soit versé le sang des chrétiens. Mais il faut comprendre le cahier des charges auquel est tenu cette émission pour pouvoir être diffusée sur la télévision d’état. Nous ne pourrons jamais entendre ici dire les choses que l’orthodoxie dit sur l’avortement. Puisque dire quelque chose contre l’avortement est même aujourd’hui répréhensible du point de vue pénal. Est-ce que finalement le témoignage le plus fructueux ne serait pas de dire à la télévision d’état que nous ne souhaitons pas être compatible avec elle, et de libérer le créneau pour les fausses religions ? Secouons la poussière de nos chaussures !
témoignage d’une membre du patriarcat de Géorgie (22 :48 – 24 :32)
A priori cette dame n’est pas du tout concernée par le fait de créer quelque chose au-delà des juridictions en attendant l’hypothétique juridiction française dont la France a besoin. En ce cas la « fraternité » devient simplement, entre guillemet, un lieu de rencontre et d’échanges. Et en ce cas c’est fondamentalement positif. Mais est-il besoin de recourir à la « fraternité » pour cela ? est-il besoin d’être sous la supervision du patriarcat de Constantinople, dont la seule présence est antithétique de l’orthodoxie ? La fraternité en tant qu’organisation est hautement questionnable, mais la fraternité en tant qu’opportunité de rencontres est hautement positive. Mais l’opportunité de rencontre peut très probablement s’envisager en dehors de ceux qui vont faire le programme, filtrer les conférenciers, filtrer les ateliers. Imagine-t-on un atelier intitulé « Constantinople : un siècle de violations canoniques » ou « saint Luc de Crimée : un faux saint de l’orthodoxie moderne ».
une unique juridiction en Europe occidentale (24 :32 – 26 :48)
Cette idée est une mauvaise idée du point historique, théologique et ecclésiologique. C’est une idée papiste à la sauce orthodoxe. On nous dit qu’il ne faut qu’une juridiction pour l’Europe occidentale. Mais l’organisation de l’Eglise est de pouvoir suivre au mieux le troupeau. Ici, l’idée semble être de refaire la construction européenne du départ mais au niveau ecclésiastique. Mais va-t-on avoir un métropolite français pour des allemands ou un métropolite allemand pour des français ? quel est donc ce bloc « europe occidentale » ? quelle est sa cohérence historique et religieuse ? il n’y a à priori qu’un seul élément de cohésion dans cet ensemble considéré : c’est d’avoir été catholique romain avant la Réforme. Ainsi, on voit bien la logique papiste qui sommeille derrière cette idée absurde. Et vous trouvez dans ce regret d’avoir vu arriver les roumains, les bulgares et les serbes cette idée que bien évidemment, ce papisme orthodoxe devait se retrouver sous la houlette de Constantinople. On se demande bien pourquoi ? Surtout quand Constantinople est le faux nez de la franc-maçonnerie, de l’œcuménisme et du département d’état américain.
Non, ce qu’il faut c’est quelque chose qui suive la dynamique politique, comme l’Eglise l’a fait depuis toujours. Les gens qui veulent dépasser le national, sont des gens qui dans le politique sont toujours pour le supra national. Ils n’ont que le mot liberté à la bouche, mais déjà politiquement, leurs modèles sont totalitaires. Ils veulent dépasser le national et se réfèrent ainsi à l’organisation ecclésiale impériale qui était supra nationale. Mais en épousant l’organisation impériale, l’Eglise suivait la dynamique politique de son temps, et aujourd’hui ce sont les nations qui incarnent les dynamiques politiques. Ainsi, pour les français, il nous faut une métropole orthodoxe de France, avec un métropolite à Paris, et des évêques dans les grands diocèses, formant un synode français. C’est celle-là la logique. Les évêques orthodoxes actuels devraient être reconduits dans leurs pays ou intégrer éventuellement ce synode, après quelques décennies de pénitence pour toutes les violations canoniques dont ils se sont rendus coupables. Mais comme disait Jésus, il vaut mieux des outres neuves pour du vin neuf. Inutile de perdre son temps avec ce genre d’évêques. Mais ce sera au métropolite de discerner, et à lui seul.
La fraternité pensait la chose possible dans les années 70 mais ce qu’il s’est passés depuis 90 aurait rendu les choses plus difficiles ? Mais on croit rêver. Entre les années 70 et 90, vous n’avez pas trouvé le moyen de créer une juridiction française ? Regardez la lettre que la fraternité a envoyé au patriarche Bartholomée en 2009, vous savez le planteur de sapins : « Nous avons été informés que dans quelques semaines se tiendra à Genève une réunion préparatoire préconciliaire qui abordera la difficile question de l’organisation de la présence orthodoxe en Occident. Nous plaçons notre espoir dans nos évêques pour la mise en conformité de cette organisation avec l’ecclésiologie de communion que nous confessons et que nous venons de vivre durant ces 3 jours. Nous prions Votre Sainteté d’entendre l’urgence de ce message et la détresse qui s’y exprime, et vous supplions pour que nos attentes soient prises directement en considération. ». En 2009 rien n’avait bougé. Et en attendant une impulsion de Constantinople, il est fort à parier qu’on peut attendre un courrier en 2029, en 2049 et en 2069, pour le centenaire. Il ne se passera jamais rien !
le problème d’engagement des personnes (26 :48 – fin)
Je suis très optimiste Père Jean. Je t’accompagne dans la nécrologie que tu fais d’une certaine façon de cette idée de la fraternité. Et c’est ce qui renforce mon optimisme sur le devenir de cette juridiction française. Un jour, j’avais demandé à un évêque du monde officiel ce qu’ils attendaient pour créer cette juridiction, et il m’avait dit que ces choses-là prennent du temps. Comme si les apôtres avaient attendus 50 ans avant de former des communautés, nommer des presbytres, etc. Détachez-vous de ces faux évêques, de ces orthodoxies qui violent les canons en faisant de l’œcuménisme. Les gens sentent bien que tout ça est bidon : il n’y a plus de vocation. Il y a de moins en moins de personnes. C’est un mouvement descendant.
Le Père Placide Deseille pointait aussi les évêques du doigt car il avait dit, quelques années avant de mourir que si les évêques ne faisaient rien, dans 50 ans il n’y aurait plus d’orthodoxie en France. Disons qu’il n’y aura plus de fausse orthodoxie. Et on peut s’en réjouir. Maintenant, c’est aux français de faire le choix radical de la vérité. Voulez-vous que la France redevienne une terre chrétienne ? Voulez-vous cesser d’être les otages de ces rivalités juridictionnelles étrangères dont les agendas sont bien éloignés du message christique ? Est-ce que vous pensez que la France a un rôle particulier dans l’histoire ? Qu’elle est née dans le baptême de Clovis et de ses guerriers par saint Rémi ? Qu’il s’est joué quelque chose de central pour son histoire le jour où les révolutionnaires ont tué le Roi Louis XVI ? Que le christianisme est profondément incompatible avec tout autre régime que la monarchie ? Que la restauration de la bonne forme de gouvernement devra obligatoirement s’accompagner de la restauration d’une foi droite et donc orthodoxe ? Que les milliers de français qui meurent chaque année avant que d’être nés est le plus odieux des crimes et que la France risque un châtiment terrible pour les millions de morts que cela engendre ? Que vous ne descendez pas du singe mais que vous êtes les créations les plus précieuses de Dieu et qu’il vous aime par-dessus tout et veut votre salut ? Que ce salut n’est offert que dans l’Eglise orthodoxe que le Christ a fondé sur la foi de saint Pierre et non sur sa personne ? Si votre cheminement vous a amené à répondre oui à toutes ces questions, votre place est avec nous… dans les catacombes.