Exégèse biblique : Evangile selon saint Matthieu : étude du verset 1
Chapitre 1 - Verset 1 : Βίβλος γενέσεως Ἰησοῦ Χριστοῦ, υἱοῦ Δαυῒδ, υἱοῦ Ἀβραάμ
Analyse philologique
Βίβλος dénote quelque chose d’écrit, à cette époque sur le support du papyrus. Théophraste, le philosophe botaniste grec parle du papyrus déjà dans ses ouvrages. Il meurt en -288. Dans le NT, à chaque fois que Biblos est utilisé, c’est soit pour un livre physique (Act 19 :19 « Bon nombre de ceux qui avaient pratiqué les sciences occultes rassemblaient leurs livres et les brûlaient devant tout le monde ; on en évalua le prix : cela faisait cinquante mille pièces d’argent. »), soit pour une portion de la Bible en tant que livre saint : « Et sur le fait que les morts ressuscitent, n’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au récit du buisson ardent, comment Dieu lui a dit : Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? » (Mc 12 :26), mais cela peut être une réalité plus mystique : « Ainsi, le vainqueur portera des vêtements blancs ; jamais je n’effacerai son nom du livre de la vie ; son nom, je le proclamerai devant mon Père et devant ses anges. » (Apo 3 :5).
γενέσεως a pour racine γένεσις, qui a donné son nom le plus célèbre au premier livre de la Bible : la genèse. En hébreu on dit béréshit, mais c’est le terme grec qui est rentré dans les habitudes. C’est un terme grec élégant qu’on retrouve dans l’Iliade d’Homère, où il a la signification d’origine.
Genesis veut avant tout dire origine, source, mais il peut aussi dire naissance ou même naturel dans le sens « originel ». Par exemple quand Jacques écrit « Car, si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel (genesis), et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt quel il était. » (Jac 1 :23-24)
Si on regarde du côté de l’AT on a deux correspondances très intéressantes dans la Gn depuis le grec de la LXX : en 2 :4 et 5 :1, sur les deux premiers mots de l’évangile de Matthieu : biblos geneseos.
« Ceci [est] le livre de la génération du ciel et de la terre, quand ils furent faits, au jour où le Seigneur Dieu fit le ciel et la terre, » (Gn 2 :4)
« ceci [est] la généalogie des hommes au jour où Dieu fit Adam ; à l’image de Dieu, il l’a fait : » (Gn 5 :1).
Le pivot est un peu plus compréhensible en 5 :1. Ce sont des engendrements humains de génération en génération, une généalogie. Gn 5 offre le même type de chose que Mt 1. C’est plus compliqué à comprendre pour Gn 2 :4. Mais au final, Gn nous montre les origines des cieux et de la terre. Matthieu va donc nous montrer les origines de Jésus de Nazareth. Et ces origines peuvent se comprendre aussi bien comme une origine humaine que comme une origine des cieux et de la terre. Et Jésus est bien quelqu’un qui réunit en lui le ciel et la terre.
Ensuite on a le terme Ἰησοῦ qui est le génitif de Ἰησοῦς, qui est bien évidemment le nom en grec de Jésus, dont l’hébreu était Yeshua. Cela signifie « Dieu sauve ».
Puis vient le terme Χριστοῦ, génitif de Χριστός qui a donné le terme Christ en français. C’est bien entendu le terme grec pour rendre le massiah hébreu, signifiant messie.
Puis vient le terme υἱοῦ, génitif du mot υἱός signifiant fils. Et on voit que Jésus est présenté ici comme fils de David puis comme fils d’Abraham.
On notera que ce premier verset n’a pas de verbe. Cela donne à penser à certains que ce serait le titre d’une première partie de l’ouvrage.
Principe de la généalogie
Cela peut paraître étonnant de commencer un ouvrage avec une généalogie. Tout d’abord nous avons une sorte de document officiel dans le cadre royal. Un prétendant au trône de n’importe quel dynastie doit prouver son ascendance royale. La généalogie est un outil précieux dans ce cadre. En Israël, la chose était classique également dans la prêtrise. Le livre des Chroniques nous montre le soin que les hébreux mettaient à conserver leurs généalogies. Les tous premiers chapitres du premier livre des chroniques ne sont que des généalogies. Déterminer une ascendance, attribuer le droit à un héritage, à un patrimoine ou à un droit particulier : tout ceci justifie l’existence des généalogies. Lorsque le livre d’Esdras déclare au chapitre 7 : « Après ces choses, sous le règne d’Artaxerxès, roi de Perse, vint Esdras, fils de Seraja, fils d’Azaria, fils de Hilkija, fils de Schallum, fils de Tsadok, fils d’Achithub, fils d’Amaria, fils d’Azaria, fils de Merajoth, fils de Zerachja, fils d’Uzzi, fils de Bukki, fils d’Abischua, fils de Phinées, fils d’Éléazar, fils d’Aaron, le souverain sacrificateur. Cet Esdras vint de Babylone: c’était un scribe versé dans la loi de Moïse, donnée par l’Éternel, le Dieu d’Israël. Et comme la main de l’Éternel, son Dieu, était sur lui, le roi lui accorda tout ce qu’il avait demandé. » (7 :1-5), le livre nous dit que cet Esdras a une légitimité de par son identité.
Esdras est connu dans la tradition juive pour avoir mis au clair toutes les généalogies de tout le monde afin de permettre la bonne réglementation au niveaux des possibilités et interdits relatifs au mariage. La jurisprudence rabbinique antérieure au Christ déclare la chose suivante : « Dix classes familiales (comprendre ici catégories de gens à considérer dans les droits au mariage) sont parties de Babylone (là on parle du retour d’exil) : prêtres, lévites, israélites, chalalim (enfants de prêtres nés d’une femme interdite par la loi), prosélytes, affranchis, bâtards (descendants de parents hors mariage), les nethinim (descendants des Gabaonites – ceux qui avaient menti à Josué en Jos 9, shethuqim (on connait la mère et pas le père), et les enfants trouvés. Les prêtres, les Lévites et les Israélites sont autorisés à se marier entre eux; Les lévites, les Israélites, les profanes, les prosélytes, les affranchis, les bâtards, les nethinim, les shethuqim et les enfants trouvés sont tous autorisés à se marier entre eux. ». Ceci est légiféré dans le traité Qiddushin sur le mariage. Les registres établis avec soin par Esdras permettaient de pouvoir observer ceci. L’importance était religieuse avant tout. Il ne fallait pour le service au sanctuaire que des gens aux origines absolument pures.
On se souviendra de ces passages bibliques qui mettent ceci en lumière : « Et parmi les fils des sacrificateurs: les fils de Habaja, les fils d’Hakkots, les fils de Barzillaï, qui avait pris pour femme une des filles de Barzillaï, le Galaadite, et fut appelé de leur nom. Ils cherchèrent leurs titres généalogiques, mais ils ne les trouvèrent point. On les exclut du sacerdoce, et le gouverneur leur dit de ne pas manger des choses très saintes jusqu’à ce qu’un sacrificateur ait consulté l’urim et le thummim. », repris à l’identique dans le livre de Néhémie. Le but de cette rigidité était de conserver un sacerdoce lévitique et aaronique tel que voulu par Dieu dans la Torah. L’examen avait lieu sur 4 générations. La mishna Quiddushin 4 :4-5 déclare : « Lorsqu’un prêtre épouse une femme d’ascendance sacerdotale, il est nécessaire de remonter jusqu’à quatre mères (ancêtres maternels de la mariée au cours des quatre dernières générations), dont le nombre est de huit : à savoir, sa mère, et la mère de sa mère, la mère du père de sa mère, et sa mère, la mère de son père, et sa mère, et la mère du père de son père, et sa mère. Lorsqu’il épouse la fille d’un Lévite ou d’un Israélite, une autre génération s’ajoute à ceux-ci (quatre générations). ». Flavius Josèphe va dans le même sens et témoigne : « Quiconque fait partie du sacerdoce doit avoir des enfants avec une femme qui appartient à son propre peuple, et ne doit pas regarder la richesse et les autres honneurs, mais doit enquêter sur la famille, en déduisant son ascendance des archives et en produisant de nombreux témoins. » (contre Apion). Il précise dans les antiquités juives comment la législation pour le grand prêtre était encore plus stricte : il ne pouvait pas épouser une veuve ayant les bonnes généalogies mais uniquement une vierge.
On pourra se demander, à l’époque de Matthieu et de ses premiers lecteurs/auditeurs si ces données généalogiques pouvaient être vérifiées et consultées quelque part. Flavius Josèphe ou des rabbins d’avant 70 et la destruction du temple témoignent de leur capacité à pouvoir consulter des archives et produire des données généalogiques.
Analyse du terme « Christos »
Il faut essayer de comprendre de quoi il s’agit exactement. Ici Matthieu utilise l’expression sans article défini, et à d’autres endroits il utilise un article ce qui signifiera Jésus le Messie. Ici c’est Jésus-Christ, presque comme un nom, et pas comme un titre. A noter dans l’Evangile de Jean l’existence de la version grécisée de l’hébreu « messias », d’où cette bizarrerie en français « Ce fut lui qui rencontra le premier son frère Simon, et il lui dit: Nous avons trouvé le Messie (ce qui signifie Christ). » (Jn 1 :41). En fait il dit : nous avons trouvé le ‘messias’ ce qui signifie ‘christos’. Ceci montre peut-être une version aussi en hébreu de l’Evangile de Jean traduite ici de façon très littérale. Dans toute la littérature rabbinique, le messie est le titre du roi qui amène le salut à la fin des temps. Il y a beaucoup dans la littérature apocalyptique juive l’expression « les jours du messie » pour désigner les derniers jours du monde. Les termes roi et messie sont souvent équivalents ou accolés dans cette littérature. Le messie est celui qui a reçu une onction. Il est l’oint de Dieu. 6 passages fondent l’existence du messie dans la littérature biblique avant Jésus. Il s’agit des versets suivants ps 2 :2, ps 18 :50, ps 20 :7, ps 89 :52, ps 132 :17, 1 Sm 2 :10 et 2 Sm 22 :51. Une littérature juive abondante, avant ou après Jésus fait l’exégèse de ces 6 versets pour découvrir des attributs du messie.
Listons ces passages un par un.
Ps 2:2 : « Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils et les princes se liguent-ils avec eux contre l’Éternel et contre son oint ? ». Le texte hébreu dit « contre son masiah » et le texte grec « contre son christ ». Donc les choses sont déjà claires dans le texte du psaume en tant que tel. Les textes juifs parlent pratiquement tous ici de la lutte finale et eschatologique avec Gog et Magog.
Ps 18:50 : « Il accorde de grandes délivrances à son roi, et il fait miséricorde à son oint, à David, et à sa postérité, pour toujours. ». En hébreu et en grec on a bien aussi masiah et christ. Le Talmud de Jérusalem déclare en Bekhakhot 2.5..A.10 : « ce roi messie, qu’il soit d’entre les vivants ou d’entre les morts s’appellera David ».
Ps 20:7 : « Je sais déjà que l’Éternel sauve son oint; Il l’exaucera des cieux, de sa sainte demeure, par le secours puissant de sa droite. ». Un texte rabbinique intéressant tiré du midrash des lamentations déclare : « « Si (le roi) Ézéchias voulait chanter une chanson sur la chute de Sennachérib, il se serait fait roi et Messie (mlk hmshych), et Sennachérib de Gog et Magog. Mais il ne l’a pas fait, mais a cité (Ps 20:7) : “Maintenant je sais que Yahweh assiste le Messie.…” Qu’est-ce qui vient après cela ? ‘Yahvé, aide le roi (notez qu’il ne dit plus « le Messie » ; la dignité est perdue) ; puisse-t-il nous entendre le jour où nous appelons ‘ ». Ce texte montre qu’Ezekias, un très grand roi, si grand que des rabbins se sont demandés s’il n’était pas le messie, et s’il était donc nécessaire d’encore l’attendre, Ezekias a renoncé lui-même en citant ce psaume à prétendre au titre de Messie.
Ps 89:52 : « Souviens-toi des outrages de tes ennemis, ô Éternel! De leurs outrages contre les pas de ton oint. ». Verset important qui entraîne chez les rabbins la connaissance à propos du fait que le messie sera moqué, qu’il devra souffrir.
Ps 132:17 : « Là j’élèverai la puissance de David, je préparerai une lampe à mon oint, ». Les commentaires sont davantage sur le messie guerrier qui affronte les empires.
1 Sm 2:10 : « Les ennemis de l’Éternel trembleront; Du haut des cieux il lancera sur eux son tonnerre; L’Éternel jugera les extrémités de la terre. Il donnera la puissance à son roi, et il exaltera le cor de son oint. ». Les commentaires se concentrent sur le cor du messie et comment celui-ci sera utilisé.
2 sm 22:51 : “Il est la tour du salut de son roi, et il fait miséricorde à son oint, à David, et à sa postérité, pour toujours. ». Un midrash sur les psaumes s’étonne de ce terme ‘tour’ ici, qui est presque systématiquement absent des traductions françaises : « “Que signifie ‘tour’ ? Que pour eux le roi, le Messie (mlk hmshych), sera comme une tour, et Prov 18:10 dit : « Le nom de Yahweh est une tour forte ; le juste s’y précipite et est sauvé. ».
L’expression de Fils de David
L’expression de Fils de David est une appellation messianique. Les psaumes de Salomon, un livre intertestamentaire avait scellé le débat chez les juifs sur le fait que le messie descendrait bien de David et avait popularisé l’appellation « fils de David » chez les juifs : « « Vois, ô Seigneur, et suscite-leur leur roi, le fils de David pour le temps que tu choisiras, ô Dieu, pour régner sur Israël ton serviteur. ».
La Bible avait popularisé une attente au travers de ces 5 versets concernant un descendant de David :
2 Sm 7:12-14 : « Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j’élèverai ta postérité après toi, celui qui sera sorti de tes entrailles, et j’affermirai son règne. Ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom, et j’affermirai pour toujours le trône de son royaume. Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils. S’il fait le mal, je le châtierai avec la verge des hommes et avec les coups des enfants des hommes; »
1 Chr 17 :11 « Quand tes jours seront accomplis et que tu iras auprès de tes pères, j’élèverai ta postérité après toi, l’un de tes fils, et j’affermirai son règne. »
Ps 89: 4-5 « J’ai fait alliance avec mon élu; Voici ce que j’ai juré à David, mon serviteur: J’affermirai ta postérité pour toujours, et j’établirai ton trône à perpétuité. » dans la TM et le Ps 88 :4-5 des LXX : « J’ai conclu une alliance en faveur de mes élus, j’ai fait un serment à David, mon serviteur : Pour toujours, j’assurerai ta descendance, j’affermirai ton trône de génération en génération. »
Ps 132 :11 « L’Éternel a juré la vérité à David, Il n’en reviendra pas; Je mettrai sur ton trône un fruit de tes entrailles. » en TM et 131 :11 en LXX : « En vérité, le Seigneur l’a juré à David et ne se dédira pas : « j’établirai sur ton trône le fruit de tes entrailles ; » »
Is 9:6 : « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur son épaule; On l’appellera admirable, conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. »
Is 11:1 : « Puis un rameau sortira du tronc de Jessé, et un rejeton naîtra de ses racines. »
On notera que Jessé était le père de David. Mais ces versets n’appelaient pas explicitement cette postérité, cette descendance « fils de David ». C’est le livre des psaumes de Salomon qui grave cette appellation dans la conscience juive. « Fils de David », c’est la réponse à cette promesse divine établie dans tous ces versets. Je n’ai rien vu qui voulait différencier messie et fils de David.
La mention à Abraham arrive après celle de David. Ce n’est donc pas la chronologie qui joue ici. D’ailleurs, une fois qu’on a dit fils de David on pouvait s’abstenir de dire fils d’Abraham, puisque David descend bien d’Abraham. Il est probable que Matthieu veut revenir au début du peuple hébreu qui débute en Abraham, et qui est aussi le dépositaire de promesses divines :
Gn 22:18 : « Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix. ». Le Christ est celui qui va permettre à ce verset de devenir réalité.
Références patristiques
Passons maintenant aux commentaires patristiques qui se servent ou qui expliquent ce premier verset.
Athanase d’Alexandrie (PG 26) : épitre festale XI (710 du pdf) : « Et selon Matthieu : et celui qui naîtra de la semence de David, c’est Emmanuel, le Fils du Dieu vivant, de qui les Juifs et les ariens détournent leur visage ; mais nous l’adorons en le connaissant. ». rien de particulier à commenter ici.
Irénée de Lyon, démonstration de la prédication apostolique, point 35 et 36 : « Fils d’Abraham et de David
- Le Fils a accompli la promesse faite à Abraham. Par cette promesse, Dieu lui avait dit qu’il rendrait sa postérité aussi brillante que les étoiles du ciel. C’est cela qui est arrivé quand le Christ est né de la Vierge qui descendait d’Abraham. C’est aussi cela qui est arrivé quand il a disposé, comme des lumières dans le monde, ceux qui croyaient en lui. C’est-à-dire que le Christ a rendu justes les autres peuples en leur donnant une foi pareille à celle d’Abraham. En effet, Abraham a cru en Dieu, alors Dieu l’a reconnu comme juste en tenant compte de sa foi.
De la même façon, nous aussi, c’est en croyant que nous sommes rendus justes. Oui, celui qui croit en Dieu est juste, et ainsi il aura la vie. La promesse a été faite à Abraham à cause de sa foi et non à cause de la Loi. Oui, Abraham a été rendu juste par la foi, et ce n’est pas pour les justes que Dieu a fait la Loi (1 Timothée 1, 9). De même, nous aussi, ce n’est pas par la Loi que nous sommes devenus justes mais par la foi. La Loi et les prophètes sont les témoins de cette foi, et par celle-ci nous recevons le Fils de Dieu. - Le Fils a aussi accompli la promesse faite à David. En effet, Dieu avait promis à David de lui donner un fruit, un enfant venant de lui. Il serait roi, un roi qui serait roi depuis toujours et pour toujours. Ce roi, c’est le Christ, le Fils de Dieu devenu Fils de l’homme : il est venu, comme un fruit, de la Vierge qui elle-même descend de David. ». On voit donc ici qu’Irénée voit bien chez Matthieu, que les titres fils de David et fils d’Abraham sont bien la réponse aux promesses qui jalonnent tout l’AT.
Basile de Césarée, contre Eunome, livre 2, PG 29, p 702 du pdf, 602 migne, : « Car remarquez avec quelle diligence, avec quelle clarté les voix divines prouvent par leur témoignage la génération du Fils, qui existe depuis toujours. Car puisque Matthieu est bien devenu l’interprète de la génération selon la chair, comme il le dit lui-même : Livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David ; Et Marc fit de la prédication de Jean le commencement de l’évangile, disant : “le commencement de l’évangile de Jésus-Christ, comme il est écrit dans le prophète Isaïe : la voix de celui qui crie dans le désert ». Ici Basile voit une génération selon la chair. Les promesses s’accomplissent, mais via une descendance belle et bien physique.
Cyrille d’Alexandrie : commentaire sur Matthieu (PG 72, p190 pdf, 366 migne)
« L’Evangile est un discours contenant l’annonce des choses selon l’Evangile pour le bénéfice de l’auditeur, l’affectant de joie après qu’il a reçu ce qui lui avait été annoncé; ou le mot de bien, indiquant la présence; ou le discours de l’interprète qui attend.
1, 1. Jésus-Christ.
Le Christ a donc dit que les anciens rois et prêtres étaient solennellement oints d’huile, versée sur eux dans une boîte en cornaline. Mais notre Jésus-Christ n’a pas été appelé Christ parce qu’il a été oint d’une corne, mais parce qu’il a été béni de l’Esprit divin : car il avait vraiment et proprement l’Esprit Saint.
fils de David fils d’Abraham
Abraham a cru Dieu alors qu’il était encore dans le prépuce. Puis, ayant reçu les promesses et étant circoncis, il garda sa foi inviolable. Cela ne peut pas être absurdement référé à un certain logement de la signification mystique de l’Église du Christ, qui a été recueillie parmi les nations par la circoncision. En effet, il est probable que dans ce qui a été dit d’Abraham la figure de deux peuples les a précédés qui ont cru au Christ. Mais là, en effet, le prépuce est d’abord circoncis. Car c’est l’œuvre de la nature ; Mais la circoncision est un précepte et une loi. Il a donc précédé à juste titre celui-ci. Enfin, la circoncision a été rendue au prépuce. Car il valait certainement mieux rapprocher la nature et la loi que de les séparer l’une de l’autre. De plus, David était une figure du Christ. Après que Saül ait été chassé, David a réussi: de même Adam, qui a été expulsé d’Eden à cause de sa désobéissance, a été remplacé par le second Adam à sa place. Bien sûr, afin de restaurer le premier Adam à son ancienne place. »
Cyrille place ici un commentaire complexe et puissant. Il déclare que l’onction dont il est question est celle du SE. Il ne s’agit pas d’une huile comme les rois, qui témoigne d’un droit, d’une ascendance. Il est oint directement par Dieu. Ensuite, Abraham étant celui qui a inauguré la circoncision et à qui Dieu a demandé la circoncision, Cyrille regarde ce qu’elle signifie pour l’Eglise. Elle signifie dit-il l’union de la nature et de la loi, et donc de la suprématie ou disons de la domestication de la nature par la loi. L’Eglise commence dans la circoncision, avec les juifs. C’est cela qu’incarne Abraham. Puis Cyrille évoque David, type du Christ qui remplace avec succès un prédécesseur déchu, Saul, comme Christ remplace avec succès un prédécesseur déchu Adam. Différence entre David et Christ : David ne permet pas à Saül d’être sauvé, tandis que Christ le permet à Adam.
Théodoret de Cyr rapporte ce premier verset dans son introduction au commentaire des psaumes (PG 80, 867 migne, 477 pdf) : « Christ est le fils de David en tant qu’homme, selon le saint Sermon sur les Evangiles : “Le livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.” Mais il en est le Seigneur et le fondateur, en tant que Dieu. Car voici sa voix : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite. » »
Tertullien : de Carne Christi, PL 2, 789 migne, 410 pdf, : « Deleant igitur et testimonia dæmonum filium David proclamantia Jesum sed testimonia Apostolorum delere non poterunt, si dæmonum indigna sunt . Ipse imprimis Matthæus, fidelissimus Evangelii commentator, ut comes Domini, non aliam ob caussam, quam ut nos originis Christi carnalis compotes faceret, ita exorsus est : Liber genituræ Jesu Christi, filii David, filii Abraham. His originis fontibus genere manante, cum gradatim ordo deducitur ad Christi nativitatem ( 1 ) , quid aliud quam caroipsa Abrahæ et David, per singulos traducem sui faciens , in virginem usque describitur inferens Christum , imo ipse Christus proditur ( 2) de virgine ? » => « Ils peuvent donc anéantir le témoignage des démons qui ont proclamé Jésus fils de David ; mais quelque indignité qu’il y ait dans ce témoignage, celui des apôtres qu’ils ne pourront jamais effacer, il y a d’abord Matthieu, ce très fidèle chroniqueur de l’Évangile, parce que le compagnon du Seigneur ; sans autre raison au monde que de nous montrer clairement l’origine charnelle du Christ, il commence ainsi son Evangile : “Le livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.” »
Hilaire de Poitiers PG 09, 919 migne, 479 pdf : « partie d’une tribu, la famille est contenue dans une succession et une origine. Et étant donné en tant que fils de David et d’Abraham, cela devait être démontré, puisque Matthieu a commencé ainsi : le livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham (Matthieu 1:1): il n’y a pas de différence selon qui on place comme origine, à condition que l’humanité est censée avoir une personne comme origine. Ainsi Joseph et Marie sont de la même tribu ; En montrant Joseph comme étant de la famille d’Abraham, il montre la même chose pour Marie. » Hilaire ici rentre dans les subtilités de la généalogie dès le départ de son commentaire. Nous allons laisser ça pour un peu plus loin.