Les bases de la théorie de l’économie selon la philosophie de la nature : 

idéalisme et natur-philosophie « l’à priori de l’économie »

L’économie comme action

Les actes économiques de toute espèce sont pour nous quelque chose de tellement habituel et quotidien qu’ils nous paraissent naturels et, comme toujours dans ce cas, ils ne soulèvent pas de problème particulier. Aussi faut-il un certain effort d’abstraction philosophique pour voir que ce qui semble aller de soi nous présente une énigme, une question difficile et complexe. Des siècles d’expérience scientifique se sont écoulés avant que Kant ne soulève sa question « copernicienne » : comment cette expérience est-elle possible, quels sont les conditions et les présupposés de la connaissance objective, quel est son à priori ? Et des siècles aussi de vie économique sont passés avant que la philosophie ne se pose consciemment la question : comment l’économie est-elle possible ? Quelles sont les conditions et les présupposés de l’action objective, quel est son a priori ?
Certes, l’économie est un fait de la réalité, de même que l’est l’expérience au sens de Kant. Seulement, la question concerne non pas le fait, mais son principe : ce qu’il faut lui supposer, d’ordre positif aussi bien que d’ordre négatif.
La tâche d’une analyse philosophique consiste à dégager ces conditions préalables et à voir les bases par lesquelles elles reposent nécessairement. La tâche est donc d’abord critico-analytique et elle est tout à fait analogue à celle de La critique de la raison pure de Kant. En second lieu, elle est métaphysique, puisque les conditions de l’économie ont à être étudiées non seulement sous l’angle formel, mais aussi quant à leur contenu positif.





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Commentaire/Analyse

Révolution copernicienne fait ici référence à une vision qui change totalement la perspective. Avant Copernic, les gens pensaient que la terre était immobile au centre de l’univers et que le soleil effectuait une révolution autour de notre planète. Depuis Copernic, les gens pensent qu’elle se meut autour du soleil, et le soleil a pris la place centrale. Le sujet n’est pas ici de revenir sur la fausseté copernicienne, et la vérité de la cosmologie biblique, mais simplement d’expliquer de façon correcte les expressions utilisées ici.

Le Père Serge pose ici une question très intéressante, pour nous qui aujourd’hui achetons, vendons, regardons les prix, comparons, l’économie fait partie intégrante de nos vies. Nous regardons ce qui est cher, bon marché. Nous n’imaginons pas un seul instant un monde sans argent, sans organisation économique. Un penseur marxiste moderne, Guy Debord, appelait ceci un spectacle. Nous sommes dans la société du spectacle. Et ce spectacle est tellement permanent qu’il nous semble impensable de nous demander : mais d’où vient ce parasitisme sur les choses qui consiste à leur accoler une valeur marchande ? Les sociétés sans argent, dites primitives, sont aujourd’hui très peu nombreuses. L’argent arrive à s’infiltrer partout. La question copernicienne devient donc : mais d’où vient l’économie ? Qu’est-ce qui justifie son omniprésence et sa toute-puissance ? Le fait de poser la question est d’une très grande puissance. Ce n’est pas forcément aussi puissant que la question existentielle que nous nous posons comme pour marquer la sortie de l’enfance et le passage à l’âge adulte. Mais c’est tout de même une question d’une très grande profondeur et d’une très grande sagesse, qui revient à demander à la vie : est-il normal que tu sois ainsi ? Le Père Serge semble dire que cette attitude est très Kantienne, alors qu’elle me semble au final terriblement théologique. La théologie aide à porter un regard sur le monde.

La théologie aide à questionner le réel :

  • Comment cet événement se relie-t-il au plan divin ?
  • Mon action est-elle an harmonie ou en opposition avec la volonté divine ?
  • Qu’est-ce que Jésus aurait dit de cela ?
  • Quel est l’enseignement de l’Eglise sur cette chose ?

Ces quatre grandes catégories de questions théologiques sont particulièrement adaptées à l’économique. Mais plus que se demander : mon achat est-il en harmonie avec le divin, il faut se demander si l’acte même d’acheter est bien en phase avec le monde tel que l’a voulu Dieu. Dieu veut que l’homme transfigure le monde et soit dans une relation d’être. Est-ce seulement possible en économie ?