Le concile de Sardique (345) - partie I : la lettre du Pape Jules qui précède le concile
Le concile de Sardique de 345
On se souvient qu’avant le concile d’Antioche qui nous avait servi de jalon historico-canonique dans le billet précédent, un concile avait été réuni à Rome, par le pape Jules Ier afin d’étudier la situation à Alexandrie. Jules premier écrivit une longue lettre qui mérite d’être lue et commentée, car le concile de Sardique qui nous intéresse ici, est un événement important dans la définition de la conciliarité de l’Eglise, et comment Rome a un rôle à jouer dans cette conciliarité. Nous tenons cette lettre du traité d’Athanase, connu sous le nom « apologie contre les ariens ». Elle est donnée en intégralité par le Père Wladimir Guettée, dans son histoire de
l’Eglise, au troisième tome. Voici la lettre :
« Julius à Danius, Flaccillus, Narcissus, Eusèbe, Maris, Macedonius, Théodore et leurs amis qui nous ont écrit d’Antioche, nos frères bien-aimés, salut dans le Seigneur. J’ai lu la lettre que mes prêtres Elpidius et Philoxenus m’ont apportée, et j’ai été étonné qu’après vous avoir écrit avec affection et amour de la vérité, vous m’ayez répondu d’une manière peu respectueuse et avec amertume. L’orgueil et l’arrogance de ceux qui ont écrit éclatent dans toute la lettre; ce sont là des sentiments fort éloignés de la foi chrétienne. Il convenait de répondre affectueusement et non avec amertume à ce qui était écrit avec affection. N’est-ce pas une preuve d’affection d’avoir envoyé des prêtres pour consoler les affligés et engager ceux qui nous avaient écrit à se rendre à notre invitation, afin que, toutes discussions étant pacifiées, il n’y eût plus lieu, ni pour les uns ni pour les autres, aux persécutions ni aux calomnies ?
Je ne sais pourquoi vous avez manifesté des sentiments qui nous ont induits à penser que vous n’avez dit qu’avec dissimulation ce qui paraissait être dit pour nous honorer. Les prêtres que j’avais envoyés, et qui devaient revenir joyeux, sont revenus tristes à cause de ce qu’ils ont vu. Quant à moi, après avoir lu votre lettre, je ne l’ai communiquée à personne, espérant que l’arrivée de quelques-uns d’entre vous la rendrait inutile. Je ne pouvais en effet la faire connaître sans causer à plusieurs une douleur profonde. Mais lorsqu’il fut nécessaire de la communiquer, personne d’entre vous n’étant venu, je vous avoue que tout le monde a été étonné que de telles choses eussent été écrites par vous. L’esprit de dispute y éclatait en effet au lieu de l’esprit de charité. Si celui qui a écrit cette lettre n’a voulu que donner une preuve de son éloquence, il aurait pu réserver cette éloquence pour d’autres occasions. Dans les choses ecclésiastiques, ce n’est pas l’éloquence qu’il faut rechercher, mais on doit suivre les canons apostoliques; et l’on doit particulièrement veiller à ne pas scandaliser même un des plus petits d’entre les enfants de l’Eglise; il vaut mieux, selon la sentence ecclésiastique, se mettre une meule au cou et se jeter à l’eau, que de scandaliser un des plus petits. S’il a plu à quelques-uns d’entre vous d’écouter la colère et d’écrire une telle lettre (je ne pense pas que tous vous y ayez consenti), le soleil ne devait pas se coucher sur cette colère ou, du moins, on ne devait pas la consigner par écrit.
Qu’avez-vous trouvé dans ma lettre qui pût légitimer un tel emportement ? Est-ce parce que nous vous avons engagé à venir à un concile ! Vous auriez dû, au contraire, accueillir cette invitation avec joie. En effet, ceux qui n’ont aucun doute au sujet de leurs actes ou, comme ils disent, de leurs jugements, ne peuvent se montrer mécontents que ces jugements soient contrôlés; ils sont persuadés que ce qu’ils ont jugé avec justice ne peut être trouvé injuste. C’est pour cela que les évêques réunis au grand concile de Nicée, avec la permission de Dieu, ont permis de discuter les actes d’un concile dans un concile postérieur, afin que les juges ayant devant les yeux l’autre jugement qui pourrait intervenir, fussent plus attentifs dans leurs décisions; et que pour ceux qui étaient jugés, la sentence ne fût pas considérée comme un effet de la haine ou de l’inimitié des premiers juges. Si vous n’acceptez pas pour vous une coutume, antique certainement, mentionnée et adoptée dans un grand concile, cela ne peut vous faire honneur. Une coutume établie dans l’Eglise et confirmée par les conciles ne peut être abrogée par quelques particuliers. »
Le Père Guettée précise que Julius ne voyait pas les décisions d’un concile comme définitif et que la possibilité d’un appel devant une autre juridiction existait toujours sur le plan du principe. Les eusébiens considéraient que leurs décisions étaient en quelque sorte immuables.
La lettre de Julius se poursuit ainsi : « Vous devez d’autant moins vous affecter que vous tous qui vous groupez autour d’Eusèbe, vous nous avez envoyé une lettre avec trois délégués : le prêtre Macarius et les diacres Martyrius et Hesychius. Ils trouvèrent ici les prêtres d’Athanase auxquels ils ne purent répondre. Se voyant réfutés sur tous les points, ils demandèrent que l’on réunît un concile, et que l’on adressât des lettres de convocation à Athanase d’Alexandrie et à tous ceux qui étaient d’accord avec Eusèbe, afin que, en présence de tous, on rendît un jugement équitable. Ils promirent alors que l’on prouverait tous les crimes reprochés à Athanase. Martyrius et Hesychius eurent avec nous une conférence publique, en présence des prêtres d’Athanase qui gardèrent le silence, pleins de confiance dans la bonté de leur cause. Je dois dire que vos délégués ont été réfutés sur tous les points, et c’est ainsi qu’ils ont été amenés à demander un concile. Si Martyrius et Hesychius n’avaient pas demandé de concile, j’en aurais moi-même pris l’initiative pour décharger ceux qui m’avaient écrit, et en faveur de nos frères qui se prétendaient injustement condamnés; Mon invitation, dans ce cas, aurait encore été juste et équitable, conforme à la doctrine de l’Eglise et agréable à Dieu. A plus forte raison l’est-elle lorsque ceux que vous tous qui êtes avec Eusèbe avez jugés dignes de votre confiance, ont demandé un concile; nous ne pouvions rejeter une telle demande, et notre devoir était de l’accueillir avec empressement. Ceux qui en montrent de l’indignation nous paraissent bien hardis, et les reproches de ceux qui n’ont pas voulu se rendre à notre invitation nous semblent suspects et peu honnêtes. A-t-on le droit de se plaindre lorsque d’autres font ce que l’on a fait soi-même ? Si, comme vous l’écrivez, chaque synode a une autorité qui doit être respectée, et si l’on agit avec mépris envers un juge lorsqu’on contrôle sa sentence, considérez, mes bien-aimés, je vous en prie, qui sont ceux qui déshonorent un synode, et qui cassent les jugements prononcés. Je ne vous en citerai qu’un exemple, afin de ne pas paraître y mettre de la passion ; cet exemple est si horrible qu’il suppléera à tout ce qu’on pourrait ajouter. »
Le Père Guettée commente ainsi : L’évêque de Rome, dans ce remarquable passage, ne prétendait pas à cette autorité supérieure que ses successeurs se sont attribuée à dater du VIIIème siècle. Il ne se donnait pas comme juge suprême des causes ecclésiastiques, et ne mentionnait pas les appels à son siège, lesquels n’existaient pas encore. Le seul tribunal ecclésiastique, dans chaque province, était le concile, et l’appel régulier d’une sentence devait être adressé à un autre concile qui avait le droit de faire un nouvel examen de l’affaire. Aucun évêque en particulier n’était juge; à plus forte raison aucun n’était juge universel. Ce n’était point en vertu d’un droit appartenant à son siège que Julius et son concile de Rome se trouvaient investis du droit de porter une sentence dans les discussions orientales, mais parce que les adversaires, de part et d’autre, avaient pris l’évêque de Rome pour arbitre; et cet évêque savait que cet arbitrage ne pouvait être exercé par lui que de concert avec les évêques occidentaux; c’est pourquoi il les avait convoqués au concile de Rome. Tous les faits, même ceux qui se passaient à Rome, prouvent que la constitution de l’Eglise, au IVème siècle, continuait à être conciliaire, comme dans les siècles précédents.
La lettre de Julius continue de la sorte : « Les ariens, rejetés autrefois à cause de leur impiété par Alexandre, évêque d’Alexandrie, de bienheureuse mémoire, ne furent pas seulement expulsés de toutes les villes, mais furent frappés d’anathème par tous ceux qui avaient assisté au grand concile de Nicée. Leur crime, en effet, n’était pas léger, car ils avaient péché non seulement contre un homme, mais contre Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, Fils du Dieu vivant. Cependant, ceux qui avaient été rejetés de tout l’univers, que l’Eglise entière avait réprouvés, sont admis maintenant; vous ne pourrez, je pense, entendre cela qu’avec peine. Quels sont donc ceux qui ont méprisé le synode ? Ne sont-ce pas ceux qui regardent comme nuls les suffrages de trois cents évêques, et préfèrent l’impiété à la piété ? En effet, l’hérésie des ariens a été examinée et condamnée partout et par tous les évêques. Il n’en est pas de même d’Atha nase et de Marcellus d’Ancyre, évêques qui comptent un grand nombre de défenseurs, lesquels se sont prononcés en leur faveur verbalement ou par écrit. Quant à Marcellus, on nous a attesté qu’au concile de Nicée il a résisté aux ariens. Pour Athanase, on dit qu’il n’a point été convaincu à Tyr, et qu’il n’était pas présent dans la Maréote lorsqu’on fit une enquête contre lui. Or vous Savez, mes bien-aimés, que ce qui est fait par une seule partie, en l’absence de l’autre, est nul de plein droit et suspect. Cependant, nous avons voulu garder la neutralité entre eux et entre ceux qui les ont accusés; nous avons invité tous ceux qui nous ont écrit à se rendre au concile que nous avons convoqué, afin que les choses soient examinées avec soin, que l’innocent ne soit pas condamné, que le coupable ne soit pas absous. Le synode n’est pas méprisé par nous, mais il l’est par ceux qui, avec légèreté et témérité, admettent les ariens malgré la sentence qui les a frappés. Quelques-uns des juges sont maintenant allés à Jésus-Christ; mais il en reste, et ils supportent avec peine qu’on ait méprisé leur jugement.
En ce qui concerne Alexandrie, un certain Carponis, condamné comme arien par Alexandre, vint ici avec quelques autres également condamnés comme hérétiques. Ils étaient envoyés par un certain Grégoire. Nous l’avons appris du prêtre Macarius et des diacres Martyrius et Hesychius, lesquels, avant l’arrivée des prêtres d’Athanase, nous engageaient à envoyer des lettres de communion à un certain Pistos, alors que Athanase était évêque d’Alexandrie “. Les prêtres d’Atha nase, étant arrivés, nous apprirent que ce Pistos était un arien, expulsé par Alexandre et par le concile de Nicée, puis ordonné par un certain Secundus, que le concile de Nicée avait condamné comme arien. Martyrius et ses compagnons ne contestaient ni la condamnation de Pistos ni son ordination par Secundus. Veuillez, je vous prie, me dire quels sont les coupables : est-ce nous qui n’avons pas consenti à écrire à l’arien Pistos, ou bien ceux qui nous engageaient à mépriser un grand concile, et à envoyer des lettres à des impies, comme s’ils eussent été pieux ? Le prêtre Macarius, qui avait été envoyé avec Martyrius et Hesychius, ayant appris que les prêtres d’Athanase étaient arrivés, et que nous voulions le confronter avec eux, partit pendant la nuit, quoiqu’il fût malade. Nous sommes convaincu qu’il a agi ainsi parce qu’il avait honte d’entendre les preuves qui condamnaient Pistos et qui invalidaient l’ordination faite par Secundus, ordination qui ne pouvait être acceptée par l’Eglise. En effet, l’accepter comme valide eût été regarder comme non avenue une décision qu’un synode et les évêques avaient prise avec tant de sagesse et de prudence, et comme en présence de Dieu.
Si, comme vous l’écrivez, les exemples de Novatianus et de Paul de Samosate prouvent que les sentences des conciles doivent rester en vigueur, il était encore plus convenable que les décrets de trois cents évêques fussent respectés, et qu’un concile universel ne fût pas méprisé par quelques individus; car les ariens sont hérétiques comme ceux que vous avez nommés, et des décrets ana logues ont été rendus contre les uns et les autres. A la vue de telles entreprises, quels sont ceux qui ont allumé la flamme de la discorde ? Vous nous en accusez dans votre lettre. Peut-on cependant nous reprocher d’avoir excité la discorde, lorsque nous avons seulement pris le parti de nos frères affligés, et que nous observons les canons? Ceux-là ne doivent-ils pas plutôt en être accusés qui ont violé les décrets des trois cents, et qui ont méprisé toutes les résolutions du concile ? Non-seulement on a admis les ariens, mais des évêques ont été transférés d’un lieu à un autre. Si vous considérez l’honneur épiscopal comme égal et le même, et si, comme vous l’écrivez, vous ne mesurez pas la dignité des évêques à la grandeur des villes, il eût fallu que celui auquel on avait confié une petite ville y restât; il n’aurait dû ni mépriser celle qui lui avait été confiée pour passer à une autre qui ne lui appartenait pas, ni dédaigner celle que Dieu lui avait donnée, pour courir après une vaine gloire humaine. »
Le Père Guettée commente : Julius faisait ici allusion à Eusèbe, transféré de Birouth à Nicomédie, et de ce dernier siège à Constantinople. Il est à remarquer que les eusébiens avaient écrit dans leur lettre que l’évêque de Rome n’avait pas une dignité épiscopale supérieure, malgré la grandeur de la ville où était son siège; et que Julius admet cette doc trine orthodoxe; que la dignité épiscopale est la même et pareille chez tous les évêques, sans exception. Si la papauté eût existé alors, Julius aurait certainement profité de cette occasion pour affirmer ses droits divins et condamner les eusébiens comme hérétiques. Il suffira de comparer la doctrine de Julius au IVème siècle avec celle des papes à dater du VIIIème siècle, pour apercevoir l’abîme qui sépare l’ancien épiscopat romain de ce qu’on a appelé depuis la papauté.
La lettre de Julius continue : « Il aurait fallu, mes bien-aimés, venir ici, et ne pas refuser, afin que l’affaire fût terminée. La raison le voulait ainsi. Mais peut-être le délai qui vous était fixé était-il trop court pour que cela vous fût possible; vous vous plaignez en effet dans votre lettre que le temps aurait manqué pour assembler un concile. Ce n’est là, mes bien aimés, qu’un prétexte. Si vous étiez partis et que vous ne fussiez pas arrivés à temps, on eût pu dire que le terme fixé aurait été trop court; mais vous n’êtes pas partis et vous avez retenu nos prêtres jusqu’au mois de janvier; cela suffit pour démontrer que, en parlant de temps, vous n’avez recours qu’à un prétexte digne d’hommes qui se défient de leur cause. Ceux qui sont en cause seraient bien venus, s’ils avaient pu espérer une décision favorable; ils n’auraient calculé ni l’espace ni le terme fixé, s’ils avaient confié leur cause à l’équité et à la justice. Peut-être ne sont-ils pas venus à cause des circonstances, car vous dites dans votre lettre que si nous avions considéré l’état des choses en Orient, nous ne vous aurions pas engagé à venir à Rome. Si c’est à cause des circonstances que vous n’êtes pas partis, comme vous le dites, vous auriez bien dû d’abord, à cause de ces circonstances, ne pas donner lieu, dans les Eglises, à tant de schismes, de gémissements et de larmes. Une telle conduite prouve bien que ce ne sont pas les circonstances qui vous ont touchés, mais que vous n’avez pas voulu vous conduire avec sagesse.
Je suis étonné que, dans votre lettre, vous vous plaigniez de ce que j’aie écrit seulement à ceux qui sont avec Eusèbe et non à vous tous. Je trouve, dans ce reproche, plus de légèreté que de sincérité. N’ayant reçu contre Athanase que la lettre qui m’a été remise par Martyrius et Hesychius, je n’ai pu répondre qu’à ceux qui m’avaient écrit contre lui. Vous ne deviez pas per mettre aux amis d’Eusèbe de nous écrire isolément ; l’ayant permis, vous n’avez aucun droit de vous plaindre de ce que nous ayons répondu à ceux qui nous avaient écrit. S’il était convenable que la réponse fût pour vous tous, il l’était aussi que la lettre fût écrite au nom de tous. La convenance nous obligeait à répondre à ceux qui nous avaient écrit pour nous faire partager leur conviction. Si vous êtes étonnés que je vous écrive seul, veuillez considérer qu’ils ne m’ont pas écrit non plus comme formant un concile. J’ai donc eu, mes bien-aimés, une bonne et légitime raison d’écrire ainsi.
Dans les affaires de l’Eglise, l’évêque n’écrivait point en son nom personnel. La constitution de l’Eglise étant conciliaire, tout se faisait en concile, et le premier membre de l’assemblée écrivait en nom collectif, et comme organe du concile. Julius écrivit à la demande du concile de Rome, comme l’atteste saint Athanase; mais la lettre des eusébiens n’ayant pas été adressée au nom d’un concile, mais par des individus, Julius devait répondre de la même manière, pour ne pas reconnaître de caractère canonique à une pièce qui n’en avait pas. Mais il a bien soin de déclarer qu’il ne faut pas considérer sa lettre comme contenant seulement ses appréciations personnelles, ce qui lui eût enlevé tout caractère canonique.
Je dois vous déclarer, continue-t-il, que, quoique je vous aie écrit seul, les sentiments ne m’appartiennent pas à moi seul, qu’ils sont ceux de tous les évêques d’Italie et des autres évêques de nos contrées (donc ici de l’Occident se ;on une note du Père Guettée). Je n’ai pas voulu les engager tous à vous écrire, de peur d’être importun pour un grand nombre d’entre eux ; mais des évêques se sont rendus ici à l’époque qui avait été fixée, et leur opinion a été celle que je vous notifie dans cette lettre. Ainsi, mes bien-aimés, quoique je vous écrive seul, considérez les sentiments exprimés comme ceux de tous (1). C’en est assez pour faire voir que plusieurs d’entre vous n’ont allégué que d’injustes et vaines chicanes.
Ce que je viens de vous dire suffit pour établir que sans témérité et sans injustice, nous avons pu admettre à notre communion nos collègues Athanase et Marcellus (2)
Il ne sera pas inutile cependant de nous étendre un peu sur ce sujet. D’abord Eusèbe seul avait écrit contre Athanase ; plusieurs d’entre vous nous ont ensuite écrit. En même temps, plusieurs évêques d’Egypte et d’autres provinces nous écrivirent en faveur d’Athanase. J’ai observé d’abord que vos lettres ne s’accordaient pas entre elles; sur plus d’un point, la seconde réfute la première, et la première convainc la seconde de fausseté. Quand des lettres sont ainsi en contradiction, on ne peut avoir confiance en elles. Si vous voulez que nous croyions à vos lettres, vous devez convenir que nous devons croire aussi à celles qui ont été écrites dans un but contraire; et, à plus forte raison, puis qu’elles viennent des lieux où les choses se sont passées, tandis que les autres viennent de pays éloignés. On a dit que l’évêque Arsenius avait été tué par Athanase ; or nous avons appris qu’il vit et qu’il est l’ami d’Atha nase. On allègue l’enquête faite dans la Maréote; et Athanase affirme qu’elle n’a été faite qu’en présence d’une des deux parties; que le prêtre Macarius qui était accusé, et l’évêque Athanase n’y ont assisté ni l’un ni l’autre. Nous savons cela, non-seulement par le témoignage d’Athanase lui-même, mais par les pièces de l’enquête, lesquelles nous ont été remises par Martyrius et Hesychius. En lisant ces pièces, nous avons bien vu que Ischyras, l’accusateur, assistait à l’enquête, mais que Macarius et l’évêque Athanase n’y étaient pas; que les prêtres d’Athanase ayant demandé qu’il fût présent, cela leur fut refusé. Il eût fallu, mes bien-aimés, que l’accusé fût présent aussi bien que l’accusateur, si l’on avait voulu prononcer une sentence équitable. A Tyr, Macarius se trouvait en même temps qu’Ischyras, et l’on n’a pu rien établir. On devait procéder de même, dans la Maréote, et mettre l’accusé en présence de l’accusateur, afin de le convaincre, ou de rendre la calomnie évidente. Cela n’ayant pas été fait et l’accusateur ayant assisté seul à l’enquête avec ceux qu’Athanase avait récusés, tout ce qui a été fait est suspect.
Athanase se plaint de ce qu’on n’ait envoyé dans la Maréote, pour faire l’enquête, que ceux qu’il avait récusés, et qui lui étaient suspects, c’est-à-dire Theognis, Maris, Théodore, Ursace, Valens et Macedonius. Nous le savons, non-seulement par son témoignage, mais par une lettre d’Alexandre, autrefois évêque de Thessalonique. Cette lettre a été produite par Athanase; elle était écrite à Denys, qui avait le titre de comte (3) dans le concile.
Alexandre y dénonçait le complot qui existait évidemment contre Athanase. Celui-ci a produit aussi un docu ment écrit tout entier de la main d’Ischyras, et dans lequel il déclare que son calice et son autel n’ont été ni brisés ni renversés, et qu’il avait été gagné par certaines personnes qui l’avaient engagé à élever ces accusations calomnieuses. Des prêtres de la Maréote sont ensuite Venus, attestant que Ischyras n’avait jamais été prêtre de l’Eglise catholique, et que Macarius n’était pas coupable des violences sacrilèges qui lui étaient reprochées. Des prêtres et des diacres, qui sont venus ici, ont fourni des témoignages nombreux en faveur de l’innocence d’Atha nase, ayant affirmé qu’aucune des accusations élevées contre lui n’était vraie, et qu’elles ne sont que l’effet d’un complot ourdi contre lui. En outre, tous les évêques d’Egypte et de Lybie ont attesté que son ordination avait été libre et conforme aux règles de l’Eglise; que toutes vos accusations sont fausses; qu’il n’avait commis aucun meurtre; que personne n’avait été tué à son occasion ; qu’aucun calice n’avait été brisé; que toutes ces accusations étaient contraires à la vérité.
En présence de tant de témoignages et de preuves en faveur de l’innocence d’Athanase, je vous le demande, que devions-nous faire ? qu’exigeait de nous la règle ecclésiastique, sinon que nous ne condamnions pas un tel homme, que nous l’admettions au contraire, et que nous le regardions comme un véritable évêque, ce que · nous avons fait. Il est resté ici un an et demi, attendant ceux qui voudraient venir l’accuser. Tout le monde com prenait qu’il n’aurait jamais eu cette hardiesse , s’il n’avait eu une confiance absolue dans la bonté de sa cause. Ce n’est pas de son propre mouvement qu’il s’est rendu ici, mais il s’y est décidé après avoir reçu de nous une lettre analogue à celle que nous vous avons adressée à vous-même. C’est après tant et de si minutieuses pré cautions que nous sommes accusé par vous d’avoir agi contre les canons (4).
Examinez qui sont ceux qui violent les canons : Est-ce nous qui avons admis à notre communion un homme qui nous a fourni de si nombreuses preuves de son innocence; ou bien est-ce vous qui, à Antioche, c’est-à-dire à trente-six étapes d’Alexandrie, avez choisi un évêque pour cette ville et l’y avez envoyé avec une troupe de soldats? Vous n’avez pas ordonné d’évêque, lorsque Athanase était exilé dans les Gaules ; c’est alors cependant qu’il eût fallu le faire, si Athanase avait été reconnu coupable; mais, au retour de son exil, il trouva son Eglise vacante et qui l’attendait.
En vertu de quel droit a-t-on envoyé un évêque à sa place ? D’abord, il n’appartenait pas à quelques individus de devancer la décision d’un concile, puisqu’on savait, par nos lettres, qu’un concile devait être assemblé. En outre, il n’était pas permis de prendre une nouvelle décision contre une Eglise; car de quel canon ecclésias tique, de quelle tradition apostolique a-t-on pu s’auto riser pour envoyer, dans une Eglise qui était en paix, et à la place d’Athanase qui était en communion avec tant d’évêques, Grégoire, un étranger, qui n’a même pas été baptisé à Alexandrie, qui y est à peu près inconnu, qui n’a été demandé ni par les prêtres, ni par les évêques, ni par le peuple ? De quel droit l’a-t-on ordonné à Antioche, et l’a-t-on envoyé à Alexandrie, non avec des prêtres et des diacres, non avec les évêques d’Egypte, mais avec des soldats? Ceux qui sont venus ici nous ont raconté ces choses et s’en sont plaints. C’était avec raison, car . alors même que Athanase aurait été reconnu coupable dans un concile, ce n’était pas un motif d’ordonner un individu contre le droit et contre la règle ecclésiastique ; il aurait fallu en choisir un dans l’Eglise même, dans l’ordre sacerdotal et dans le clergé de cette Eglise; celui qui aurait été ainsi choisi, aurait dû être institué par les évêques de la province; et on n’aurait pas dû violer tous les canons apostoliques. Si on avait agi à l’égard de l’un d’entre vous comme on l’a fait contre Athanase, n’auriez-vous pas réclamé, n’en auriez-vous pas appelé à l’observation exacte des canons ? Bien-aimés, nous vous le disons, en présence de Dieu et en toute sincérité, ce que vous avez fait n’est ni pieux, ni légitime, ni conforme au droit de l’Eglise. Ce que Grégoire a fait au début de son administration témoigne bien de ce qu’a été son ordination. Ceux qui sont venus ici d’Alexandrie nous ont raconté, et les évêques du pays nous ont écrit que, dès le début de Grégoire, une église a été brûlée, que des vierges ont été dépouillées de leurs vêtements; que des moines ont été foulés aux pieds; que des prêtres et de nombreux fidèles ont été déchirés de coups; que des évêques ont été jetés en prison ou dispersés; que les saints mystères, que l’on accusait si haut le prêtre Macarius d’avoir violés, ont été pris et jetés à terre par des païens. Or tout cela a eu lieu pour arriver à faire reconnaître par quelques personnes l’ordination de Grégoire, mais ne sert qu’à faire voir quels sont ceux qui violent les canons. Si son ordination eût été légitime, Grégoire n’aurait pas eu besoin d’employer des moyens violents contre ceux qui refusaient de lui obéir. C’est en présence de tels faits que vous nous écrivez que la paix règne à Alexandrie et en Egypte. Alors la notion de la paix est changée, et vous appelez paix les faits que nous avons mentionnés.
Comme vous m’avez écrit que Marcellus était impie envers le Christ, j’ai pensé que je devais vous notifier qu’il a déclaré calomnieuses les imputations élevées contre sa doctrine. Lui ayant demandé de faire l’exposition de sa foi, il l’a faite avec une telle exactitude que nous avons été convaincu que l’on n’avait pas de reproche à lui faire “. Il a confessé qu’il croyait sur le Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ce que croit la sainte Eglise catholique; qu’il n’avait pas seulement mainte nant cette foi, mais qu’il l’avait toujours eue. Nos prêtres qui étaient au concile de Nicée ont confirmé par leur témoignage ce qu’il affirmait de sa foi et de la profession qu’il en avait faite alors contre l’hérésie d’Arius. J’ai cru devoir vous avertir qu’il n’adhère à aucune hérésie, et qu’il abhorre toute hérésie contraire à la saine doctrine. Comme sa foi était pure, et qu’il la pro fessait, qu’avions-nous à faire, je vous le demande, sinon de le regarder comme évêque, comme nous l’avons regardé en effet, et de ne pas le rejeter de notre communion ?
Je ne vous écris point pour défendre auprès de Vous la cause de ces évêques, mais pour vous assurer que nous avons agi légalement et conformément aux canons en les admettant à notre communion, et que vos accusations sont vaines. Il est juste que vous, mainte nant, corrigiez ce qui a été fait illégalement, et cher chiez, par tous les moyens, à rendre la paix à l’Eglise ; afin que la paix que le Seigneur nous a donnée subsiste ; que les Eglises ne soient pas divisées, et que l’on ne vous accuse pas d’avoir causé des schismes. Car, je vous l’avoue, ce que vous avez fait conduit plutôt au schisme qu’à la paix.
Athanase et Marcellus ne sont pas les seuls qui soient venus ici apporter leurs plaintes; de nombreux évêques et beaucoup de prêtres y sont venus de Thrace, de Cœlesyrie, de Phénicie et de Palestine. Il en est qui sont venus d’Alexandrie ou d’autres provinces, lesquels, outre les faits déjà relatés, ont affirmé, en présence des évêques, que les Eglises souffraient violence, et qu’il s’y passait des choses analogues à celles qui avaient lieu à Alexandrie. Ils ont cité des faits pour appuyer leurs affirmations. Des prêtres, arrivés récemment d’Egypte et d’Alexandrie avec des lettres, ont attesté en pleurant que beaucoup d’évêques et de prêtres qui voulaient se rendre au concile en avaient été empêchés. Ils disent qu’après le départ d’Athanase et jusqu’aujourd’hui, les évêques étaient frappés avec violence et jetés en prison; que des évêques, vieillis dans le ministère, étaient livrés à des tribunaux civils; que la plupart des prêtres et des fidèles souffraient persécution; que l’unique motif de ces violences était de forcer à reconnaître Grégoire et à communiquer avec les ariens, ses partisans.
A Ancyre en Galatie, on a eu recours à des pro cédés analogues à ceux d’Alexandrie, comme Marcellus lui-même l’a attesté. Ceux qui sont venus ici ont attribué ces crimes à plusieurs d’entre vous; je ne veux pas les nommer, mais vous pourrez les connaître par une autre voie. Je n’ai pour but, dans ma lettre, que de vous exhorter à vous rendre au concile, afin que vous y entendiez ces accusations, et que vous compreniez qu’en n’y venant pas, vous restez suspects au sujet de tout ce que l’on vous reproche. J’ai appris qu’un petit nombre d’entre vous étaient auteurs du mal. Ayez donc assez de charité pour corriger ce qui a été fait contre les canons, et réparer le mal que l’on a commis. Ne m’écrivez pas : Vous avez préféré la communion de Marcellus et d’Athanase à la nôtre ; car ce serait là un subterfuge inspiré par la haine et l’esprit de contention, et non un argument de paix. Dans tout ce que je vous ai écrit, j’ai eu pour but de vous démontrer que nous avions bien agi en cette circonstance, et que vous n’aviez pas de reproche à nous faire. Vous auriez pu nous reprocher de les avoir admis à notre communion, si nous n’avions pas examiné leur cause et s’ils ne s’étaient pas justifiés; mais, dès que nous ne les avons admis que conformément aux canons, nous vous en prions au nom du Christ, ne divisez pas les membres de l’Eglise. et préférez la paix du Seigneur aux renseignements infidèles qui vous sont donnés. Il n’est pas juste de sacrifier aux préjugés de quelques-uns ceux qui n’ont point été convaincus des crimes qui leur étaient reprochés, et de contrister ainsi l’Esprit. Si vous pensez encore qu’on peut les convaincre, venez, puisque plusieurs nous ont écrit qu’ils avaient de quoi les confondre.
Donnez-nous, nos bien-aimés, une assurance à ce sujet, afin que nous puissions en avertir les inculpés et les évêques qui doivent se rendre au concile ; que les coupables soient condamnés, et que la paix soit enfin rétablie dans l’Eglise. C’est déjà bien assez de ce qui a été fait jusqu’ici, et que des évêques, en présence d’autres évêques, aient été envoyés en exil. Je ne veux pas envenimer la discussion, mais, pour dire la vérité, on a déjà été trop loin dans les discussions et les violences. Admettons que Athanase et Marcellus aient été juste ment déposés de leurs sièges, mais que direz-vous des autres évêques et prêtres qui sont venus ici de divers lieux, comme je vous l’ai dit; car ils se plaignent des mêmes injustices et des mêmes violences. O bien-aimés ! les jugements de l’Eglise ne seront donc plus rendus à l’avenir selon l’Evangile, mais pour prononcer des sentences d’exil et de mort ? Si, comme vous le dites, ceux que vous avez condamnés étaient coupables, il fallait les juger, non pas comme vous l’avez fait, mais selon la règle ecclésiastique; il fallait nous écrire à tous, afin que ce qui était juste fût décidé par tous. C’étaient, en effet, des évêques qui souffraient, et les Eglises qui étaient troublées n’étaient pas des Eglises ordinaires, mais des Eglises qui ont été gouvernées par des apôtres. Pour quoi ne nous a-t-on pas écrit, surtout à propos de l’Eglise d’Alexandrie ? Ne connaissez-vous pas la coutume qui est de nous écrire d’abord, et, ensuite, de décider ce qui est juste. Si donc l’évêque de cette Eglise d’Alexandrie don nait lieu à des soupçons, il fallait d’abord en écrire à notre Eglise. »
Le commentaire du Père Guettée sur ce passage est ici décisif : On a beaucoup abusé de ce passage de la lettre de Julius en faveur de l’institution papale. Cependant, les paroles du saint évêque de Rome condamnent cette institution. En effet, il confond d’abord l’évêque de Rome avec tous les autres évêques, et affirme que la décision devait être collective. Il s’en réfère ensuite à une simple coutume, pour dire que l’on aurait dû s’adresser d’abord à son Eglise, dès qu’il s’agissait d’une affaire grave qui concernait des Eglises apostoliques; enfin, il affirme que c’était à son Eglise et non à sa personne qu’il fallait s’adresser. Ces diverses affirmations se réduisent à ceci : que, dans les causes qui regardaient l’Eglise entière, il fallait s’adresser à tous les évêques; que, d’après la coutume et non d’après un droit, ni divin, ni même ecclésias tique, on devait s’adresser d’abord à l’Eglise de Rome, reconnue justement comme la première, à cause de son importance, et parce que, par elle, on obtenait l’assenti ment de l’Occident sans lequel rien de catholique ne pouvait être décidé. Cette doctrine est catholique, et basée sur la constitution épiscopale et conciliaire de l’Eglise; elle est par conséquent la négation de l’institution papale d’après laquelle l’évêque de Rome aurait, de droit divin, une autorité absolue et universelle sur toute l’Eglise. Les partisans de la papauté sont dans l’usage, comme nous l’avons déjà remarqué, de donner comme preuves à l’appui de cette institution des textes qui la réfutent et la confondent, dès qu’on veut bien les examiner sans préjugés, et les accepter dans leur véritable sens.
Julius termine ainsi sa lettre : « Ceux qui ne nous ont point fait connaître ce qu’ils ont fait, et qui ont agi comme ils l’ont voulu, veulent que nous y consentions sans connaissance de cause. Telles ne sont pas les règles établies par Paul; telle n’est pas la tradition des Pères. C’est une règle et une institution nouvelles. Je vous en prie, prenez en bonne part ce que je vous écris, car je n’ai en vue que le bien commun. Je vous notifie ce que nous avons reçu du bienheureux apôtre Pierre; et je le crois si connu de tout le monde que je ne vous en aurais pas écrit, si nous n’avions pas été si émus de ce qui est arrivé. Des évêques sont arrachés de leurs sièges; on en établit d’autres à leur place et l’on oblige les fidèles à reconnaître ceux dont ils ne veulent pas. Je vous en prie, qu’il n’en soit plus ainsi, et écrivez plutôt contre ceux qui agissent de la sorte, afin que les Eglises ne soient plus troublées; que les évêques et les prêtres n’aient plus de violences à supporter; que les fidèles ne soient plus obligés d’agir contre leur con science. Ne prêtons pas à rire aux païens, et n’attirons pas sur nous le courroux de Dieu! Chacun de nous, au jour du jugement, aura à rendre compte de ce qu’il aura fait en cette vie.
Que tous aient des sentiments agréables à Dieu, afin que les Eglises, ayant reçu leurs évêques, se réjouis sent en Notre Seigneur Jésus-Christ, par lequel gloire soit au Père dans les siècles des siècles. Amen. Je désire, très-aimés frères, que vous vous portiez bien dans le Seigneur. »
Voilà pour cette longue lettre. Le Père Guettée avait trouvé important de la reproduire en intégralité, et il nous a semblé que sa connaissance est importante.
1 : L’évêque de Rome reconnaît ici que l’assentiment des évêques donne à son opinion de la valeur. Aujourd’hui, les papes prétendent donner, en vertu de leur prétendue infaillibilité, au témoignage épiscopal toute sa valeur. Deux doctrines ne peuvent être plus contradictoires entre elles.
2 : Nous avons eu déjà plusieurs fois occasion de remarquer que les évêques, pour être considérés comme légitimes, devaient être en communion avec les autres évêques. C’est pour cela qu’ils s’adressaient mutuellement des lettres de communion après leur ordination. Lorsque des discussions s’élevaient, les évêques légitimes envoyaient aux autres évêques leur défense, afin de prouver qu’ils étaient dignes d’être reçus en communion. On agissait ainsi, non-seulement à l’égard de l’évêque de Rome, mais de tous les autres. Cependant, il arrivait que la communion de l’évêque de Rome avait une grande importance, parce que cet évêque entraînait ordinairement avec lui le reste de l’Occident et que, par lui, un évêque se trouvait en communion avec une grande partie de l’Eglise.
3 : Ce titre était donné aux délégués qui appartenaient à l’entourage impérial, et représentaient l’empereur lui-même dans certaines missions
4 : L’évêque de Rome reconnaissait alors qu’il était obligé de suivre Ies canons, c’est-à-dire des lois faites par les évêques, qu’il n’avait pas le droit de s’y soustraire. Aujourd’hui, les papes se prétendent au-dessus des canons : affirment qu’aucune loi ne peut leur être imposée par les évêques; qu’eux seuls donnent aux canons leur valeur en vertu de leur souveraine et divine autorité. Sur ce point, comme sur tant d’autres, les évêques actuels de Rome ont une doctrine contraire à celle des anciens évêques de cette ville. L’histoire dira à quelle époque ces changements ont commencé, et comment ils se sont développés.