texte original

οὕτω μὲν Ἰοῦν ἐς Αἴγυπτον ἀπικέσθαι λέγουσι Πέρσαι, οὐκ ὡς Ἕλληνές, καὶ τῶν ἀδικημάτων πρῶτον τοῦτο ἄρξαι. μετὰ δὲ ταῦτα Ἑλλήνων τινάς (οὐ γὰρ ἔχουσι τοὔνομα ἀπηγήσασθαι) φασὶ τῆς Φοινίκης ἐς Τύρον προσσχόντας ἁρπάσαι τοῦ βασιλέος τὴν θυγατέρα Εὐρώπην. εἴησαν δ᾽ ἄν οὗτοι Κρῆτες. ταῦτα μὲν δὴ ἴσα πρὸς ἴσα σφι γενέσθαι, μετὰ δὲ ταῦτα Ἕλληνας αἰτίους τῆς δευτέρης ἀδικίης γενέσθαι: καταπλώσαντας γὰρ μακρῇ νηί ἐς Αἶαν τε τὴν Κολχίδα καὶ ἐπὶ Φᾶσιν ποταμόν, ἐνθεῦτεν, διαπρηξαμένους καὶ τἄλλα τῶν εἵνεκεν ἀπίκατο, ἁρπάσαι τοῦ βασιλέος τὴν θυγατέρα Μηδείην. πέμψαντά δὲ τὸν Κόλχων βασιλέα ἐς τὴν Ἑλλάδα κήρυκα αἰτέειν τε δίκας τῆς ἁρπαγῆς καὶ ἀπαιτέειν τὴν θυγατέρα. τοὺς δὲ ὑποκρίνασθαι ὡς οὐδὲ ἐκεῖνοι Ἰοῦς τῆς Ἀργείης ἔδοσάν σφι δίκας τῆς ἁρπαγῆς: οὐδὲ ὤν αὐτοὶ δώσειν ἐκείνοισι.

traduction proposée

De cette façon, les Perses disent que le premier des torts était comment Io arriva en Egypte, contrairement aux grecs. Ceux-ci disent (sans pour autant les nommer) que le problème vint de l’enlèvement par les Phéniciens de la fille du roi de Tyr. Ces grecs étaient peut-être Crétois. Les torts étaient donc équilibrés, surtout après que les grecs se soient rendus coupables d’une seconde injustice.
Ils naviguèrent dans un grand navire verre la terre colchide, et sur le fleuve Phase, et repartirent une fois Médée, la fille du roi enlevée. Lorsque les colchides envoyèrent un émissaire par rapport à l’enlèvement et à la réparation pour ceci, les grecs répondirent que justice n’avait pas été faite pour Io d’Argos, et que rien ne serait donc fait pour cet enlèvement.



Commentaire/Analyse

Avant d’analyser proprement dit le texte, quelques précisions. La Colchide est le nom antique pour la Géorgie. Le fleuve « Phase » est le nom antique de l’actuel Rioni. Tyr par contre, et c’est déjà davantage connu, est une ville du sud Liban. Nous avons donc ici tout un jeu géopolitique de l’Antiquité.

Il est question ici de l’enlèvement d’une certaine Médée, princesse colchide. Ce qui est intéressant ici, du point de vue historique, est que nous sommes à la jonction entre l’histoire, la culture et la mythologie. Médée est une pièce d’Euripide, qui fut contemporain d’Hérodote. Il y est décrit l’histoire de Médée et de Jason dans le mythe de Jason et des argonautes. Ici, nous rentrons dans le mythologique. Et pourtant Hérodote en fait un événement historique. C’est assez fascinant qu’on on y pense. Nos esprits modernes et rationnels font une claire séparation entre l’historique et le mythique. La vision moderne est que l’histoire décrit le réel du passé, tandis que le mythique décrit davantage des histoires plus ou moins religieuses, porteuses de sens sur l’origine et le devenir de l’homme. A priori, il n’y a aucun rapport entre les deux. Souvent on présente le biblique comme étant une exception à cela. Hérodote nous prouve au contraire qu’il s’agit d’une constante antique. L’antiquité ne fait pas de différence entre l’historique et le mythique. Les deux s’interpénètrent. L’histoire grecque antique est peuplée de ses mythes. Le mythique grec est une vision historique du passé. Les grecs avaient une vision historique de leurs mythes. Pas étonnant qu’ils aient aussi bien reçu le biblique…