Projections historiques

original anglais

Gaza

After very many histories of this place in the Holy Bible, which there is no need to repeat here, -- in this city did Alexander the Great, at length, besiege Babemeses the Persian, by the space of two months. "And that city, which before-time was most famous, was laid waste by him, and rendered desert." Not that he had destroyed the building of the city, or consumed it with fire; for presently after his death, Antigonus and Ptolemy, his captains, fighting, it had walls, gates, and fortifications: but that he divested it of its ancient glory, so that it was at last melted into a new city of that name built nearer the sea, where formerly had been 'the haven of the Gazaeans.' That is called by Diodorus, 'old Gaza'; and 'Gaza desert,' by Strabo, and the New Testament, Acts 8:26. At last it was called 'New Maijuma,' and after that 'Constantia': -- concerning which, see Eusebius, of 'the Life of Constantine,' book iv. chap.28; and Sozomen's 'Ecclesiastical History,' book v. chap.3...
There is mentioned the 'mart of Gaza,' one of the three more famed marts, -- to wit, that of Gaza, and of Aco, and of Botna.

There was a place also without the city, which was called, 'The waste (or desert) of the leper's cloister.'

traduction

Gaza

Après les nombreuses histoires concernant ce lieu dans la Sainte Bible, qu’il n’est nul besoin de rapport ici, –Alexandre le grand, dans cette même cité, a réalisé durant deux mois, le siège de Babémésès le Perse. « Et cette ville qui auparavant était la plus fameuse, fut ravagée et rendue déserte ». Non pas qu’il ait détruit les constructions de la ville, ou l’ait incendiée. Car après sa mort, lors de l’affrontement entre Antigone et Ptolémée, ses capitaines, elle avait encore des murs, des portes et des fortifications : mais il a cédé son ancienne gloire à une nouvelle cité, construite plus près de la mer, dans ce qui fut autrefois le refuge de gazéens, ce que Diodore appelle le ‘vieux gaza’ ; Strabo le nomme ‘désert de gaza’ ainsi que le NT en Act 8:26. Enfin il fut appelé ‘nouvelle Maijuma’, puis ‘Constance’ : à ce propos voir ‘la vie de Constantin’, par Eusèbe, Liv 4 ch 28, ainsi que Sozomène et son histoire ecclésiastique, Liv 5 ch 3...
On y mentionne le ‘marché de Gaza’, un des trois plus célèbres marchés, à savoir Gaza, Aco et Botna.

Il y avait également un lieu hors de la cité, qu’on appelait ‘les déchets (ou désert) du cloître des lépreux’.




Commentaire/Analyse

Lorsqu’aujourd’hui nous entendons ou lisons le terme Gaza, il est difficile de ne pas penser à cette petite bande de terre entre l’état d’Israël et l’Egypte, lieu de nombreux conflits depuis l’histoire moderne du retour des juifs sur la terre promise.

Et l’on se dit assez spontanément que Lightfoot écrit sur ce même endroit en nous donnant les détails historiques, bibliques et rabbiniques, ce qui est le cadre de son exposition géographique marquant le début de son ouvrage. Et justement, en lisant attentivement, on découvre que le Gaza antique n’est pas le gaza moderne. La construction de nouvelle ville portant le même nom était une chose connue (ce serait exagérée de dire courante). Nous avons des exemples célèbres aux USA, où New-York était non pas la nouvelle York (ville d’Écosse), mais nommée en l’honneur du duc d’York, mais a du se nommer « new » pour se différencier. Auparavant nommée New Amsterdam, elle fut conquise par les anglais aux dépends des hollandais. Nous trouvons également une ville nommée Paris, sans qu’elle se nomme New Paris. Le problème du doublon n’était donc pas une problématique systématique. Le renommage est même une problématique plus large que celle des simples cités. Cela concerne parfois les pays : le nom de Roumanie devient le nom officiel de l’entité résultante de la réunion entre Moldavie et Valachie. Autre exemple : le nom Iraq devient officiel en 1932 sur le mandat britannique en Mésopotamie.

Mais revenons à Gaza, et surtout à nos perceptions mentales sur Gaza. Voyons le verset cité en Act 8:26 «Un ange du Seigneur, s’adressant à Philippe, lui dit: Lève-toi, et va du côté du midi, sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, celui qui est désert.». On voit ici, qu’à cette époque, il y a une ambiguïté : ancien ou nouveau gaza. Gaza désert (ancien) ou Gaza au bord de la mer (nouveau). D’où la précision apportée sur le désert, αὕτη ἐστὶν ἔρημος en grec, où ἔρημος fait véritablement référence à des endroits désertiques, abandonnés. Ce petit exemple illustre à merveille un des écueils principaux dans l’herméneutique biblique : nous projetons dans le texte nos constructions mentales, historiques, etc. Et ceci nous empêche de percevoir le sens premier, c’est à dire que nous perdons ce que la Bible veut nous dire…