ésotérisme chrétien : préambule

3 -Préalable historique

La Syrie, berceau du Christianisme ?

Le fait est considérable, c’est précisément en Syrie que commence l’épopée extraordinaire de Jésus. « Jésus parcourait la Galilée entière, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’Evangile du Royaume, guérissant toute maladie et infirmité parmi le peuple. Sa réputation se répandit dans toute la Syrie… » (Mt 4:23-24).
Ce sera en Syrie que, en dehors de la Palestine, se développe, dès la mort du Christ, le christianisme.
Damas et Antioche, dès les premières années de notre ère, possèdent chacun une communauté chrétienne.
C’est à Damas, et non chez les apôtres, que Paul fut initié à l’enseignement de Jésus par un disciple nommé Ananie (Ac 9:10-19).
Jean Danielou considère Antioche comme le premier centre d’une communauté pagano-chrétienne (Jean Danielou, L’Église des premiers temps, éditions du Seuil). Les membres de ces communautés y sont appelés les hommes de la voie. Jésus n’a-t-il pas dit : « je suis la voie » ?
C’est encore à Antioche que le nom de chrétien apparaît pour la première fois dans les milieux politiques romains qui désignaient ainsi les partisans d’un certain Chrestos.
Jean Danielou précise que la population d’Antioche, principalement syrienne, était très cosmopolite. Antioche, dit-il, apparaît comme le premier centre d’une communauté importante de pagano-chrétiens. Antioche a été très tôt, en face de Jérusalem, le centre de l’expansion du christianisme.
Selon Jean Daniélou, l’Evangile de Matthieu, si sa rédaction définitive est postérieure, paraît bien l’écho de la catéchèse en milieu antiochien (Jean Danielou, l’Église des premiers temps, éditions du seuil).
Tout me porte à penser que le public populaire pagano-chrétien de Matthieu était plus familier des pratiques, de la sagesse et des concepts du bouddhisme ou de l’hindouisme, que de la sagesse gréco-latine classique qui était plutôt la culture de l’intelligentsia.
Les masses populaires n’avaient pas l’accès facile aux cours des pédagogues gréco-romains. Au contraire, l’enseignement des religions que les Romains appelaient exotiques était dispensé gratuitement par des sages qui vivaient (et vivent encore souvent) en pauvre parmi les pauvres.
Ainsi l’enseignement de Jésus n’avait rien d’original ou de choquant pour ces communautés côtoyant, ou même pratiquant plus ou moins, ces religions indiennes.
C’est le plus naturellement du monde que les tous premiers disciples, hors les Hébreux, furent syriens.
La bonne compréhension des textes évangéliques des trois témoins directs de Jésus que furent Matthieu, Jean et Thomas se doit de tenir compte de ce préalable historique.


Commentaire/Analyse



Ceci est peut-être un des chapitres les moins faux de cet ouvrage. Bien évidemment, il véhicule les mêmes postulats erronés, les mêmes conclusions fantaisistes, mais il a au moins un point positif : il met en avant l’importance de la Syrie dans l’histoire du Christianisme. La première phrase est presque comique à son niveau de ridicule : « Le fait est considérable, c’est précisément en Syrie que commence l’épopée extraordinaire de Jésus » nous dit le comique franc-maçon, en citant l’Evangile de Saint Matthieu : « Jésus parcourait la Galilée entière, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’Evangile du Royaume, guérissant toute maladie et infirmité parmi le peuple. Sa réputation se répandit dans toute la Syrie… » (Mt 4:23-24). Ici, on se perd en conjecture. L’auteur croit-il que la Galilée faisait partie de la Syrie ? Faisons un peu d’histoire, et laissons l’humour à la franc maçonnerie. Au temps de Jésus, la terre sainte est divisée en plusieurs grandes parties. Au nord, nous trouvons la Galilée. Les endroits marquants de cette région sont familiers pour tous les lecteurs du NT : Nazareth, Capharnaüm, lac de Tibériade, Mont Thabor, etc. La Galilée est biblique depuis l’AT. Il en est fait mention depuis le livre de Josué. La Syrie n’est certes pas très éloignée, mais Jésus n’a pas « commencé » en Galilée. La proximité géographique explique cette précision de Matthieu. On le comprend aisément ainsi : ce que faisait Jésus n’avait pas seulement un écho puissant en Galilée, où il agissait, mais également dans les régions voisines, tel qu’en Syrie. Pourquoi l’auteur ne le comprend-il pas ainsi ? Car, vous le savez si vous suivez cette progression de commentaires, le postulat de l’auteur est que rien n’est moins juif que Jésus. Rien n’est moins sémite que le christianisme. Le vrai enseignement de Jésus était la version locale de ce qui se pratiquait en extrême orient : zen, méditation, prière en position du lotus, etc. Jésus n’est pas Dieu. Jésus n’est pas le Messie d’Israël. C’est juste un maître en yoga venu enseigner la « voie » aux juifs. C’était tellement révolutionnaire que l’on comprend que le Sanhédrin l’ait fait tuer… Et bien évidemment, Jésus n’est pas mort ni ressuscité. Bref, le laïus relativiste satanique classique que l’on trouve dans le vomi maçonnique.

Néanmoins, une fois que l’on a écarté toutes les sottises de l’auteur, il n’en reste pas moins que la Syrie est importante pour le Christianisme. C’est en allant dans la capitale syrienne que le criminel Saül de Tarse devient Saint Paul, l’apôtre des nations. C’est à Damas qu’il est baptisé et reçoit le feu de l’Esprit. C’est à Antioche que notre nom de chrétiens nous est donné. Il était à l’origine probablement une insulte.

Autre point intéressant à relever dans les erreurs de l’auteur : cette vision d’un Evangile de Matthieu destiné aux pagano-chrétiens d’Antioche, d’après Jean Danielou. N’ayant pas lu Danielou sur ce point, je ne saurai dire si l’auteur a tordu ce que disait Danielou, ou bien s’il suit une erreur parce qu’elle sert son narratif délirant. En tout cas, une chose est sûre, s’il est bien un évangile qui n’est pas premièrement destiné au païens, c’est bien l’Evangile de Saint Matthieu. Tous les critiques bibliques modernes et la patristique se rejoignent : Matthieu a écrit pour les communautés juives, afin de les convaincre de la messianité (surtout) et de la divinité (de façon plus subtile et cachée) du Christ. Prenez ne serait-ce que la généalogie du début : c’est typiquement juif, surtout en remontant jusqu’Abraham. Luc faisant remonter jusqu’à Adam, on comprend la démarche universelle et universaliste de son propos. Luc nous dit que Jésus est le Messie pour tout homme. Matthieu nous montre qu’il est Messie d’Israël, fils de David et d’Abraham. Les propos n’ont pas le même objectif premier. Matthieu a même été d’abord rédigé en hébreu/araméen nous précise Saint Irénée de Lyon. Cela empêche-t-il un païen de le lire et de s’en instruire ? certainement pas. Saint Jean Chrysostome est probablement au point culminant de son talent de commentateur en expliquant précisément cet évangile. C’est dire si des non-juifs peuvent y trouver leur compte.