Patristique (Saint Clément de Rome : comm 12) : les fruits de l'obéissance
Patrologie grecque
Saint Clément de Rome : première aux corinthiens - chapitre 9
Διὸ ὐπακούσωμεν τῇ μεγαλοπρεπεῖ καί ἐνδόξῳ βουλήσει αὐτοῦ, καὶ ἱκέται βενόμενοι τοῦ ἐλέους καὶ τῆς χρηστότητος αὐτοῦ προσπέσωμεν καὶ ἐπιστρέψωμεν ἐπὶ τοὺς οἰκτιρμοὺς αὐτοῦ, ἀπολιπόντες τὴν ματαιοπονίαν τήν τε ἔριν καὶ τὸ εἰς θάνατον ἄγον ζῆλος. ἀτενίσωμεν εἰς τοὺς τελείως λειτουργήσαντας τῇ μεγαλοπρεπεῖ δόξῃ αὐτοῦ. λάβωμεν Ἐνώχ, ὃς ἐν ὑπακοῇ δίκαιος εὑρεθεὶς μετετέθη, καὶ οὐχ εὑρέθη αὐτοῦ θάνατος. Νῶε πιστὸς εὑρεθεὶς διὰ τῆς λειτουργίας αὐτοῦ παλιγγενσίαν κόσμῳ ἐκήρυξεν, καὶ διέσωσεν δι’ αὐτοῦ ὁ δεσπότης τὰ εἰσελθόντα ἐν ὁμονοίᾳ ζῶα εἰς τὴν κιβωτόν.
Traduction fluide
Ainsi, obéissons à sa volonté splendide et honorable, et soyons celui qui implore sa miséricorde et sa bonté sans relâche, et que, abandonnant les travaux inutiles et les querelles qui conduisent à la mort, nous revenions à ses clémences. Tournons-nous seulement vers ceux qui furent les serviteurs splendides de sa gloire. Prenons par exemple Enoch, qui trouvé juste dans l’obéissance fut emporté sans connaître la mort ? Ou Noé qui fut trouvé fidèle et proclama au monde la régénération au travers de son action ; le Seigneur sauva les animaux au travers de lui, les faisant entrer harmonieusement dans l’arche.
Commentaire/Analyse : les fruits de l’obéissance
Saint Clément ici appelle les corinthiens à l’obéissance. Celle-ci sera priante et implorante, et il ne s’agit pas de se transformer en une sorte de militaire, ou avoir le simplisme niais musulman de la soumission. Obéir à Dieu c’est abandonner les querelles. Obéir à Dieu c’est renoncer à faire des choses qui ne sont pas en relation avec la volonté divine. C’est une part d’ailleurs intéressante et significative de la vie spirituelle. En effet, nombreux sont les gens qui mènent une vie qui peut sembler irréprochable, ne faisant de mal à quiconque, et qui peut-être, aux yeux de Dieu, sera vue comme un échec complet. Le travail inutile le plus emblématique sera l’accumulation de richesses qui ne débouche ensuite sur rien. Le message patristique quasi unanime est d’ailleurs de considérer l’épreuve des richesses comme quasi insurmontable, car la personne va perdre de vue l’essentiel, qui est souvent dans le don. Lorsque l’on a un talent pour l’accumulation, on a pas spontanément un talent pour la distribution.
Les deux exemples de Clément, tirés des épisodes bibliques, sont au scalpel. En effet, Clément nous dit au travers d’Enoch et de Noé, que lorsque nous obéissons à Dieu, nous pouvons parvenir à une forme de salut, et Enoch est le cas emblématique de cela. Mais notre obéissance peut aussi sauver ceux qui nous entourent. Dieu peut alors inscrire dans nos vies une partie de son plan ineffable. L’obéissance devient alors participation. C’est toute la différence entre l’obéissance du ministre pour son roi, et celle du fils pour son père. Cette obéissance qui est offerte en Christ ne nie en rien l’intimité que Dieu a créé entre Lui et nous. Au contraire, il s’agit d’une condition même de cette intimité. Les corinthiens, en n’obéissant pas à Dieu par leurs incessantes querelles, ont perdu cette intimité avec le Seigneur.