Origène, non fêté puisque non saint

Origène n’est pas à proprement parler un saint. Vous ne trouverez pas son nom sur un calendrier de saints à commémorer. Il a même été condamné par un concile œcuménique. Pourtant, sans être totalement comparable à un Arius ou à un Nestorius, grands hérétiques condamnés par un concile œcuménique, Origène est un théologien dont l’impact sur l’histoire de l’Eglise fut tellement important que nous ne pouvions pas ne pas en parler. Nos informations proviennent du sixième tome de l’histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée.

Origène est né à Alexandrie en 185 de notre ère. Nous sommes donc encore dans cette période où l’Eglise est régulièrement et cruellement persécutée. Il nait dans une famille chrétienne. Il voit son père, Léonide, mourir décapité sous ses yeux, en 202 lors de la persécution de Septime Sévère. Le jeune Origène, n’a que 17 ans mais aspire également au martyre. Sa mère l’en empêche. Il doit aider la famille de neuf enfants laissée sans ressources par la mort du père et la confiscation de tous leurs biens. Instruit par son père qui était professeur de littérature, dans les belles-lettres et la Sainte Ecriture, il enseigne la grammaire pour aider sa famille. Son père, chrétien dévoué avait fait mémoriser à Origène des passages entiers de l’Ecriture, chose assez courante dans l’antiquité. Il devient en même temps catéchète de l’école catéchétique d’Alexandrie. Certains pensent même qu’il en fut rapidement le dirigeant, mais ceci n’est pas certain. Ce qui est sûr, est qu’il adopte une grande rigidité de mœurs en se soumettant à une grande ascèse. Sorte de proto-moine, il vit seul, marche pieds nus, dort à même le sol, et porte une simple tunique. Ses jeûnes et ses veillées nuisent à sa santé et il est d’une condition fragile. Il acquiert assez rapidement une réputation à Alexandrie. Une anecdote rapportée par Porphyre, mérite d’être citée. Porphyre, philosophe néoplatonicien venait suivre les cours de philosophie de Plotin. Lorsqu’une fois entra Origène à l’un de ses cours, Plotin s’interrompit et déclara en rougissant « on ne saurait enseigner devant des gens qui connaissent tout ce qu’on peut leur dire ». Origène discute avec les païens, les hérétiques et les orthodoxes pour défendre la doctrine de l’Eglise. Il fréquente les philosophes dont il étudie les doctrines et assiste également les martyrs dans les persécutions. Son zèle fait de lui un maître en sciences en humaines mais aussi en théologie. Une particularité d’Origène, qui n’est pas si répandue que cela parmi les théologiens, est sa connaissance pointue de l’hébreu. Bourreau de travail, on doit s’imaginer Origène enseignant le jour et étudiant la nuit.

Sa réputation commence à dépasser Alexandrie. Ses voyages le mèneront à Rome, Antioche, Césarée de Palestine, Athènes, Césarée de Cappadoce, Nicomédie ou Tyr. Il y fréquente les bibliothèques à la recherche de manuscrits, faisant des conférences avec les païens pour défendre la position orthodoxe. Epiphane déclare qu’Origène pendant toutes ces années de voyage et d’échanges a composé des milliers d’homélies et de commentaires sur la Sainte Ecriture. Il a donné une explication sur tout, de la Genèse à l’Apocalypse. Il a également produit des traités de morale et de dogmatique. Un homme riche d’Alexandrie, Ambroise, qu’il avait ramené du gnosticisme valentinien à l’orthodoxie, impressionné par son érudition le finance en lui offrant une maison, un secrétaire et sept copistes, et supporte le coût de toutes ses publications. Pour l’anecdote, Ambroise deviendra diacre, et c’est lui qui encouragera Origène à réfuter Celse, dans ce qui sera son ouvrage le plus connu. Néanmoins, au bout d’un moment, soucieux de son indépendance, et pour mettre ses actions en accord avec sa vision ascétique des choses, il vend toute sa bibliothèque, et vit chichement en copiant des manuscrits. Néanmoins, ce spectacle ascétique explique aussi pourquoi Origène eut de son vivant un tel impact. Beaucoup voyaient quelqu’un vivre réellement l’idéal de pauvreté de l’Evangile.

Origène suscitait déjà de virulents débats de son vivant, et cela ne changea pas jusqu’à sa condamnation officielle et canonique. Les évêques de Palestine, de l’Achaïe, de Cappadoce, de Phénicie ou d’Arabie l’ont en haute estime : ils le convient parfois pour réfuter ou condamner un hérétique. A Alexandrie, il est en froid avec son évêque et subit une excommunication, ce que nous verrons en détail un peu plus loin. Grégoire le Thaumaturge, Eusèbe de Césarée ou Jean Chrysostome le défendent, mais Théophile d’Alexandrie, Jérôme ou Epiphane le voient comme un hérétique. Jérôme reconnaît l’étendue colossale de son travail « il a plus écrit qu’un homme ne saurait lire » mais tout en admirant certaines de ses exégèses, le condamne du point de vue théologique. L’appréciation qui semble le mieux résumer l’opinion que suscite Origène est due à Cassiodore, un théologien latin : « là où il est bon, personne n’est meilleur. Là où il est mauvais, personne n’est pire que lui ».

Sa relation à son patriarcat et particulièrement à son évêque mérite d’être relatée. Malgré son ascèse, sa vertu et sa science théologique, nul à Alexandrie n’a jamais fait entrer Origène dans les rangs du clergé. Il resta un simple catéchète, et donc dans les rangs des laïcs. On peut conjecturer dans les rangs du clergé alexandrin une possible jalousie. En visite en Palestine, les deux évêques importants du lieu, Alexandre de Jérusalem et Théoctiste de Césarée donnèrent la parole à Origène pour qu’il explique l’Ecriture Sainte au peuple, en pleine église. Démétrius, évêque d’Alexandrie et donc d’Origène, apprenant la chose envoya deux diacres chercher Origène lui sommant de rentrer au plus vite pour reprendre ses activités catéchétiques. Origène s’exécuta. En 228, Démétrius accepta que son prodige parte pour la Grèce, où les hérétiques faisaient des ravages. Passant naturellement par la terre sainte, il revoit ses deux amis évêques, qui lui offrent le sacerdoce et l’élèvent à la prêtrise. Origène restera un an en Grèce pour lutter contre les hérétiques. Puis il rentra en Egypte et trouva naturellement un Démétrius plutôt aigri et hostile. L’ordination d’Origène par les évêques palestiniens n’étaient pas du goût du métropolite d’Alexandrie. Saint Jérôme déclare que l’ordination était canonique. Les deux évêques palestiniens connaissaient suffisamment Origène pour que l’ordination ait du sens. Démétrius contre-attaqua et révéla l’auto-mutilation d’Origène, qui d’après les canons apostoliques rendait quiconque impropre à devenir prêtre (canon 22). Démétrius envoya une lettre en ce sens à tous les évêques. Lassé de la situation, Origène quitta définitivement Alexandrie en 231 pour aller s’établir à Césarée de Palestine, où il fonda une école avec le soutien enthousiaste de ses deux amis évêques. De cette école de Césarée, sortiront Eusèbe, le célèbre historien, saint Pamphyle de Césarée et saint Grégoire le Thaumaturge. Tous écriront des apologies d’Origène pour le défendre des accusations d’hérésies. A son départ, Origène avait 46 ans et avait passé 28 ans à l’école catéchétique.

Cette auto-mutilation, pour ceux qui ne la connaissent pas, mérite d’être évoquée plus précisément, puisque Démétrius a utilisé cet argument pour lui nuire. Cette auto-mutilation est la première chose qui fait débat relativement à Origène ; il s’agit d’une auto-castration. C’est probablement sa position de catéchète, le poussant à enseigner la doctrine chrétienne aussi bien aux hommes qu’aux femmes, qui l’a mis dans une position qui pouvait nuire à la pureté de ses intentions. Poussé par une exigence immense vis-à-vis de lui-même, il a eu recours à cet acte définitif, probablement mû par une lecture littérale de ce verset de l’Ecriture « il y a des eunuques qui se sont rendus tels pour le royaume des cieux ». Démétrius, évêque d’Alexandrie l’a d’abord félicité pour sa ferveur et la sincérité de sa foi. Il l’invita à continuer la catéchèse avec encore plus d’ardeur, ce qui ne nous montre pas Démétrius sous le meilleur jour. Nous avons vu que les sentiments de Démétrius pour Origène ont bien évolué. Plus important que ces mesquineries épiscopales : Origène s’est lui-même renié par la suite, commentant ce passage des eunuques comme devant être lu de façon métaphorique. Le droit canon de l’Eglise interdit très précisément les auto-mutilations. Certains remettent en cause l’historicité de cette auto-mutilation d’Origène. Selon eux, Eusèbe aurait colporté de façon maladroite un ragot des ennemis d’Origène pour lui nuire. Son commentaire du passage sur Matthieu est tellement dur avec ceux qui pourrait être tentés par une lecture littérale que cette castration leur semble très improbable. On pourra rétorquer, que la mention de Démétrius devient alors étonnante. Il n’a jamais été dit que l’accusation de Démétrius était fausse. Elle fait défaut à la charité mais pas à la vérité. Il semble donc que le commentaire d’Origène soit une condamnation d’une faute de jeunesse, et non une preuve de l’absence de la castration.



Démétrius apprenant la constitution de l’école créée par Origène à Césarée, réunit un synode d’évêques et édicte à l’encontre d’Origène une interdiction d’enseigner, une condamnation d’exil, et une déposition du sacerdoce. Saint Jérôme relatant la chose, parle de « chiens enragés qui aboient contre lui ». Son exil dura 23 ans, période pendant laquelle il réalisa la plus grande partie de son travail. L’attitude de Saint Jérôme à l’encontre d’Origène est finalement très équilibrée, même si elle reflète probablement différentes périodes de la vie : d’abord partisan enthousiaste puis violemment hostile en comprenant la totalité de ses positions. Se méfier du théologien Origène n’empêche pas de voir la mesquinerie de son évêque Démétrius. Rejeter catégoriquement les hérésies d’Origène n’empêche pas non plus de saluer un des sommets de son travail : les hexaples. Hexaples vient du grec hexa qui signifie six. Il s’agissait pour Origène, sur chaque verset de l’Ancien Testament, de poser six versions différentes du même verset. Travail colossal si on se souvient que nous parlons de quelqu’un au troisième siècle. Son but était de mettre un terme aux disputes philologiques sur le texte, disputes principalement au cœur de la controverse entre juifs et chrétiens. Ce travail inestimable a été perdu au 7ème siècle, et il ne nous en reste que quelques fragments. Voyons plus en détails les six versions choisies par Origène :

  • Colonne 1 : le texte hébreu
  • Colonne 2 : la translitération de l’hébreu en grec.
  • Colonne 3 : la traduction grecque d’Aquila de Sinope
  • Colonne 4 : la traduction grecque de Symmaque l’Ebionite
  • Colonne 5 : la traduction grecque des LXX
  • Colonne 6 : la traduction grecque de Théodotion

On peut saluer ce travail colossal, l’intention qui le sous-tend mais aussi se distancier quelque peu avec les bases intellectuelles de ce travail. Colonne 1 : le texte hébreu. Cela semble donc être la référence. Bien évidemment que l’hébreu est la référence. Mais quel texte hébreu ? Conservé par qui ? Les textes disponibles chez Flavius Josèphe, chez les samaritains, et les manuscrits de la mer morte jettent un certain discrédit sur le texte hébreu aujourd’hui connu comme massorétique, et sa prétention à être le texte de Moïse. Mais nous ne savons pas non plus quel texte hébreu a utilisé Origène.

La seconde colonne peut apparaître très artificielle. Mais elle montre qu’Origène était un fin connaisseur de l’hébreu. En effet le même mot hébreu, s’il n’est pas accompagné de sa vocalisation peut se lire de plusieurs façons, et également signifier plusieurs choses différentes. En effet, à part trois lettres particulières, toutes sont des consonnes. En français par exemple, « riche », « roche » et « ruche » ne se différencient pas si l’on enlève les voyelles. Si j’écris « l rch rch d l rch » on pourrait aussi bien lire « la riche ruche de la roche » mais aussi « la riche roche de la ruche ». C’est la même chose en hébreu. Cette seconde colonne permet donc à Origène de postuler quelles voyelles ont été choisies.

La colonne 3 pose de vraies questions. Aquila de Sinope est un prosélyte, converti par le fameux Rabbi Akiba, un des piliers des rabbins de la Mishna, une autorité rabbinique comparable à un Chrysostome ou un Basile de Césarée pour les chrétiens. Aquila a rendu en grec le texte hébreu de façon philologique. Le fait qu’il veuille traduire de nouveau le texte, alors que la LXX existe, montre bien qu’il y a une idée anti-chrétienne ici. Rappelons qu’Aquila vient après le Christ. L’idée ici est probablement de condamner la LXX comme porteuse de versets qui induisent les chrétiens en erreur. Est-ce vraiment une bonne idée de poser un texte rabbinique comme une autorité visant à départager les juifs et les chrétiens ? A noter, qu’on se demande si Aquila et Onkelos ne sont pas une seule et même personne. Onkelos est l’auteur d’une traduction de la Bible en araméen, avec le même objectif : contrer les versets appuyant une vision chrétienne.

La colonne 4 rend le travail de Symmaque l’Ebionite. Je rappelle qu’un ébionite est un hérétique. Il considère que Jésus n’est pas Dieu. Comme pour Aquila, il est bien évident que l’hérésie n’empêche pas d’être un traducteur émérite. Saint Jérôme pense le plus grand bien et d’Aquila et de Symmaque. Mais cette appartenance à l’hérésie va à un moment ou un autre pencher dans un autre sens que celui de l’orthodoxie. Et soumettre la LXX à la comparaison de ce genre de travaux, c’est oublier une chose : l’écrasante majorité des citations de l’AT dans le NT sont tirées de la LXX ou des paraphrases de la LXX. Il n’y a pas de version grecques alternatives qui ont permis aux traducteurs ou aux auteurs grecs des Evangiles de composer leur Evangile. Notons néanmoins pour ne pas adopter une posture ne correspondant pas à la réalité, que les Evangiles ne citent pas toujours la LXX, et citent parfois des versets provenant davantage de l’hébreu aujourd’hui conservé dans la tradition massorétique (celle défendue par Aquila), voir ni dans la LXX ni dans le texte massorétique.

La colonne 5 est la LXX. Profitons-en pour dire qu’il existe plusieurs manuscrits divergents de la LXX en circulation dans l’antiquité, manuscrits dont nous possédons certains bouts. Ainsi, l’objectif d’Origène de savoir lequel est le bon est un objectif louable, mais ses deux premiers témoins grecs ne sont pas bons dans cette démarche.

La colonne 6 est la version de Théodotion. Le cas de ce Théodotion, un juif hellénistique du deuxième siècle est plus épineux. Théodotion était également ébionite. Mais le pasteur d’Hermas et le dialogue avec Tryphon de Justin Martyr ne citent pas la LXX mais Théodotion. Pour épaissir le mystère, Jérôme déclare dans un écrit que le livre de Daniel en grec retenu par l’Eglise n’est pas celui de la LXX mais bien celui de Théodotion. Ces trois simples faits montrent que dans le domaine des manuscrits bibliques et des textes de référence, rien n’est simple ni trivial, et ceci justifie amplement la démarche d’Origène. A noter pour l’anecdote, que les hexaples furent au départ des tétraples : Aquila, Symmaque, la LXX et Théodotion. Puis il ajouta les deux colonnes liées à l’hébreu. Puis après la découverte de deux autres manuscrits grecs cela devient les octaples, et même les énéaples, mais nous ne savons rien de ce qui composait cette ultime et neuvième colonne.

Revenons à Origène et à sa vie proprement dite. Sa renommée et son érudition l’avait même introduit dans les cercles impériaux. Il établit même une correspondance, malheureusement aujourd’hui perdue, avec l’impératrice Marcia Otacilia Sévéra, épouse de l’empereur Philippe l’arabe. Mais Dèce se révolte contre Philippe et accède au trône en 249. Persécuteur de l’Eglise, Dèce ne manqua pas d’attaquer son plus illustre représentant d’alors. Origène, âgé de 65 ans, est jeté aux fers. Il est torturé pendant 2 ans, jusqu’à ce que Dèce ne soit renversé et assassiné. Origène, mourra peu de temps après, en 254, à l’âge de 69 ans.

Finissons cet exposé en expliquant pourquoi Origène n’est pas aux côtés d’Augustin ou de Grégoire de Nazianze chez les docteurs de l’Eglise, et ce qui lui valut les attaques et sa condamnation. Il s’agit de son ouvrage « le livre des principes » ou « periarchon ». Il y décrit son système philosophique. Il précise dans l’introduction de l’ouvrage « qu’il ne faut admettre comme vrai que ce qui ne s’éloigne en rien de la tradition ecclésiastique et apostolique ». Après cette mention rassurante et pleine de bon sens, Origène enseigne l’éternité du monde, la préexistence des âmes et l’apocatastase (le fait que tous seront sauvés, même le démon). On voit bien ici, un peu à la façon de Philon d’Alexandrie, un système qui mélange christianisme et platonisme. Origène reprend la vieille antienne platonicienne de la chute de l’âme dans le corps, chute résultant de fautes dans une vie précédente. On voit ici toute l’altération de la doctrine du péché originel. Ceci lui donne également une vision très particulière du Christ : il aurait mérité son union avec Dieu de par les mérites d’une vie antérieure. Certes, Origène maintient la réalité du libre-arbitre et la nécessité de la grâce divine pour chaque personne, mais il arrive dans son système à nier totalement la gratuité de la grâce divine et l’initiative divine dans l’économie du salut. Et enfin, la résurrection finale de la chair, doctrine orthodoxe, devient pour lui un anéantissement de toute nature corporelle. On retrouve bien ici le dégoût platonicien du corps, corps prison, corps tombeau. Un spécialiste d’Origène écrira malgré cela « Ainsi en est-il à l’égard du célèbre alexandrin : son caractère moral n’a pas souffert des défauts de son système, et, malgré les erreurs qui déparent son periarchon, il nous est permis de blâmer l’ouvrage sans être obligé de condamner l’auteur ». Ce genre d’avis positif sur Origène se retrouve assez facilement dans les milieux académiques et modernistes. Il faut pourtant garder à l’esprit qu’Origène a été condamné au concile de Constantinople en 543, puis au concile œcuménique de Constantinople en 553. Une grande partie de ses écrits seront détruits à ce moment. Lorsque l’Eglise, sous la guidance de l’Esprit Saint se prononce, le débat devrait être clos. Si l’on débat les décisions dogmatiques de conciles œcuméniques, alors tout peut être remis en cause au final. Et l’attitude envers Origène est bien symptomatique du relativisme actuel. Est-ce à dire que l’on ne doit pas lire Origène ? Est-ce à dire que l’on ne peut pas être parfois admiratif de la pertinence et de la puissance de ses exégèses ? Origène reste quelqu’un que l’on peut lire et admirer d’un certain point de vue. Mais il faudrait plutôt se lamenter qu’un tel esprit soit finalement tombé dans l’hérésie et n’ait pas su conserver la doctrine. Et avoir toujours ce fait à l’esprit. Origène doit aussi nous aider à nous souvenir que la plus stricte des ascèses n’est pas un gage d’orthodoxie. Origène doit nous aider à nous souvenir que la plus incroyables des éruditions n’est pas un gage d’orthodoxie. Bienvenue dans les catacombes.