Marie dans la liturgie orthodoxe

l’Annonciation

Synaxaire : Le texte du synaxaire débute ainsi de façon très solennelle : « Lorsque le temps de la rédemption du genre humain qui aurait lieu par l’incarnation du Fils de Dieu fut advenu, il fallait absolument trouver une vierge pure, irréprochable et sainte, une vierge qui serait digne d’incarner le Christ Dieu, Celui qui n’a pas de corps, et pour servir le mystère de notre salut. Ainsi, il a été trouvé une Vierge plus pure que la pureté, plus irréprochable que tout édifice de pensée, plus sainte que toute sainteté, la Très Pure et Très Sainte Vierge Marie, la progéniture de la racine stérile des saints et des justes Joachim et Anna, fruit des prières et du jeûne parental, fille de la royauté et du sacerdoce. »

Le synxaire nous replonge là où l’office du 21 novembre nous avait laissé. Marie, vivant dans la sainteté et la prière au Temple de Salomon, nourrie par l’ange. La Vierge consacrait beaucoup de temps à la lecture et la méditation des Ecritures. Elle pensait beaucoup à cette annonce mystérieuse qu’on peut lire dans le rouleau d’Isaïe : « Voici, la vierge concevra dans son sein et enfantera un Fils et sera appelée du nom d’Emmanuel, ce qui s’interprète, Dieu est avec nous ». Trop humble pour s’imaginer qu’il s’agissait d’elle, elle concevait un amour passionné à la fois pour le Messie attendu mais aussi pour cette vierge qui devrait concevoir et mettre au monde le Messie. Sa seule ambition était de devenir servant de cette vierge. Marie savait grâce à la prophétie des semaines du prophète Daniel que le temps était arrivé. Puis un soir, au milieu d’une veillée de prière, une grande lumière s’éleva et brilla devant elle. Et de la lumière une voix retentit en disant « Tu enfanteras Mon Fils ! ». Dieu avait vu l’humilité de Marie et l’avait élue pour être cette vierge. Ce premier contact, la Vierge l’a eu à 12 ans. Elle n’en a parlé à personne jusqu’à l’Ascension du Christ. Elle se mit alors à attendre pour voir comment s’accomplirait ce miracle.

A quatorze ans, le grand prêtre lui demanda, comme cela était la coutume pour toutes les vierges du temple, de quitter le Temple et d’épouser un homme. Marie répondit qu’elle avait été donnée à Dieu par ses parents, et avait fait le vœu de garder perpétuellement sa virginité. Elle était une vierge consacrée au Seigneur. Il lui était impossible d’épouser un homme mortel. Les prêtres étaient interloqués, ne sachant trop que faire. Ils lui refusèrent néanmoins l’accès au temple mais n’osaient pas la marier. Ils savaient qu’il y avait lieu ici d’irriter considérablement le Seigneur. Les prêtres prièrent et Dieu leur envoya la réponse suivante : il leur fallait trouver un homme digne à qui confier la Vierge, qui la protégerait et qui lui permettrait d’accomplir son vœu. Il fallait prendre des hommes sans femmes de la tribu de David, et chacun prendrait un bâton de bois. Les bâtons de tous les candidats furent déposés sur l’autel. Celui d’un des hommes devint vert. Ceci permit aux prêtres d’identifier l’homme qui pourrait accueillir Marie. C’est Zacharie, le père du Baptiste, qui dirigea cet office un peu particulier qui eut lieu à la fête de la dédicace du Temple. Le bâton permit bien évidemment d’identifier Joseph qui emmena donc la Vierge chez lui. Celle-ci continua à vivre comme elle vivait au Temple : prière contemplative, lecture des saintes Ecritures et travail manuel.

Elle ne parlait que brièvement avec les deux filles de Joseph, ne sortait jamais. Quatre mois passèrent ainsi. Et Dieu envoya l’archange Gabriel délivrer le message qui fonde cette fête de l’Annonciation.

Le synaxaire dans de très belles lignes montre comment Gabriel ne sait pas comment faire pour mener à bien sa mission. Elle semble simple pourtant. Mais Gabriel se dit qu’il va peut-être effrayer Marie. Si Dieu aime tant cette jeune fille, il convient aussi de lui parler avec certains égards. Il imagine plusieurs formulations dans son esprit. Il est venu dans un mélange de crainte et d’honneur. On se souvient que la Vierge était nourrie par les anges à Jérusalem. Elle n’était donc pas particulièrement effrayée par une nouvelle apparition angélique. Mais c’est la teneur du message qui la mit en émoi. Le moment tant attendu et déjà annoncé était finalement venu. Elle s’inquiéta simplement de son vœu de virginité. En effet, chez les juifs les vœux sont des choses extrêmement importante. Faire un vœu devant Dieu et ne pas le respecter revient à invoquer le Nom de Dieu en vain, et c’est un péché très grave. Mais Gabriel la rassura. Elle était bien cette Vierge annoncée par Isaïe. L’Esprit Saint ferait en sorte que tout advienne sans que sa volonté ne soit jamais brisée. Et celui qui a pu créer Adam de l’argile put bien évidemment très facilement créer le Christ de la chair de Marie. Et enfin Gabriel rassure Marie de la sorte : elle sera Vierge avant, pendant et après l’accouchement.

Voyons maintenant quelques prières tirées des offices du 25 mars.

Le lucernaire des grandes vêpres contient ceci : « La Vierge pure dit à l’archange de Dieu: Tu m’apparais sous les traits d’un mortel et tes paroles dépassent l’humaine raison! Tu dis que le Seigneur est avec nous et qu’il habitera dans mon sein, mais comment deviendrai-je, dis-le-moi, le séjour de l’Infini, le temple saint du Seigneur qui siège sur le trône des Chérubins? Comment cela se fera-t-il, puisque le mariage m’est inconnu, comment donc enfanterai-je un enfant?
L’Archange lui répondit: Lorsque Dieu le veut ainsi, les lois de la nature sont renversées, il opère des prodiges surhumains; crois-moi, je dis la vérité, Vierge toute sainte et immaculée. Alors la Vierge s’écria: Qu’il me soit fait selon ta parole à présent, j’enfanterai le Dieu transcendant, de ma chair s’incarnera le seul Tout-puissant pour ramener les hommes à leur ancienne dignité par la fusion de sa divinité et de notre humanité. ». On voit bien ici les interrogations légitimes de Marie et comment Gabriel la rassure.

Le tropaire ton 4 naturellement est le suivant : « Aujourd’hui, c’est l’aurore de notre salut, où se manifeste le mystère éternel: le Fils de Dieu devient fils de la Vierge et Gabriel annonce cette grâce. Avec l’Ange disons donc à la Mère de Dieu: Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. »

Le canon des odes des matines met en avant des dialogues, chose rarissime, afin de mieux comprendre l’épisode biblique rapporté par saint Luc :
« La Mère de Dieu : Il n’y a plus de chef en Juda, le temps est donc venu où doit paraître le Christ, l’espérance des nations; mais explique-moi comment je l’enfanterai, dans ma virginité.
L’Ange : Vierge, tu veux savoir de moi le mode de ta conception, mais il est impossible de l’expliquer: dans sa puissance créatrice, l’Esprit saint, te couvrant de son ombre, en sera l’ouvrier.
La Mère de Dieu : Ma première aïeule, pour avoir suivi le conseil du serpent, fut exclue des délices divines; c’est pourquoi je crains ton étrange salutation, prenant bien garde de faillir.
L’Ange : Moi qui me tiens auprès de Dieu, je suis envoyé pour te révéler sa volonté; pourquoi me craindre ou te garder de moi? Vierge toute-pure, c’est moi plutôt qui te crains et te révère saintement. »

On voit ici le parallèle Eve – Marie exposé clairement. Marie se souvient de la naïveté d’Eve, et sait bien que la dernière fois qu’une femme a écouté un ange, ce fut une catastrophe. Eve n’avait pas douté de l’ange et avait désobéi à Dieu. Ici on voit Marie qui doute de l’ange et qui obéit à Dieu. Les matines montrent, et c’est passionnant à lire, un Gabriel qui peine à convaincre. Marie veut rester dans l’obéissance à Dieu.

Bien évidemment, on trouve aussi des prières qui rappellent son rôle dans l’intercession : « Que retentissent nos accents de victoire en ton honneur, invincible Reine, toi qui nous sauves des périls du combat, Mère de Dieu, Vierge souveraine! Vers toi montent nos louanges, nos chants d’action de grâce. De ton bras puissant dresse autour de nous le plus solide des remparts, sauve-nous de tout danger, hâte-toi de secourir les fidèles qui te chantent: Réjouis-toi, Epouse inépousée. » dit le kondakion ton 8 de la sixième ode.


La Dormition


Et enfin la dernière grande fête consacrée à la Theotokos est le 15 août. L’occident l’appelle « Assomption » et l’orient l’appelle « Dormition », mais c’est la même réalité théologique derrière, à part quelques petites nuances romaines que nous verrons au moment adéquat. L’occident semble avoir du mal aujourd’hui à considérer la mort dans le parcours de la Theotokos. Les textes orthodoxes sont pourtant très très clairs. Commençons par le Synaxaire du 15 août.

Synaxaire : Par rapport aux événements majeurs de l’histoire chrétienne, et donc dans le cycle liturgique, nous sommes après l’Ascension et la Pentecôte. Marie fait partie de l’Eglise, qui commence à répandre son message dans le monde entier. Elle vivait dans la maison de l’Evangéliste Jean près de Jérusalem, et son unique souhait était de rejoindre son Fils. Elle allait souvent prier au mont des oliviers, dernier lieu terrestre foulé par le Seigneur. Un petit aparté historique : il existe toute une tradition de Marie résidant à Ephèse avec saint Jean, et nous verrons cela dans le dernièr billet, consacrée à Marie dans l’histoire. Mais traditionnellement, la dormition de Marie se déroule à Jérusalem. Dans un merveilleux écho à l’Annonciation, l’ange Gabriel lui apparaît lors d’une de ses prières au mont des oliviers et lui annonce sa mort dans trois jours. Le synaxaire montre alors comment Marie, avec l’aide de Jean se prépare à ce décès : la décoration de la chambre et du lit, l’encens, les bougies, la nourriture pour l’enterrement. Le synaxaire montre aussi comment elle prie afin de revoir une dernière fois les apôtres qu’elle a accompagné depuis le début du ministère du Christ. Comment les arbres se sont inclinés pour lui rendre les honneurs qui lui étaient dus.

Saint Jean avait naturellement prévenu saint Jacques, le chef de l’Eglise naissante, et la nouvelle s’était répandue partout. Nombreux étaient les chrétiens qui venaient voir Marie avant son départ. Elle leur racontait sa nouvelle rencontre avec l’Ange. Tous pleuraient, la suppliaient de ne pas les abandonner, mais elle répondait qu’il fallait au contraire se réjouir car elle serait bien plus proche de son fils et bien plus en mesure de les aider qu’elle ne l’était aujourd’hui.

Elle demanda à ce que son corps soit enseveli dans le village de Gethsémané près du mont Eleon, près de Jérusalem dans la vallée de Josaphat, là où étaient déjà ensevelis ses saints parents : Joachim et Anne, ainsi que son époux Joseph. Puis le synaxaire rapporte un événement absolument extraordinaire, qui confirme s’il en était besoin, la puissance de la prière de la Theotokos. Les anges, partant aux quatre coins du monde amenèrent les apôtres à Jérusalem et les placèrent tous devant la porte de la maison. Se voyant, ils se réjouirent naturellement, se demandant pourquoi le Seigneur les avait ainsi précipitamment réunis à Jérusalem. C’est Jean qui en larmes à la fois de joie et de tristesse leur annonça la nouvelle du départ proche de la Mère de Dieu. Ils entrèrent, la trouvèrent étendue sur le lit et se prosternèrent devant elle : « Tu es bénie par le Seigneur qui a fait le ciel et la terre ! ». Elle leur répondit « la paix soit avec vous, frères du Seigneur ». Elle demanda immédiatement comment ils étaient tous arrivés ici. Et comprenant ce que les anges avaient fait pour obéir à sa prière, elle remercia Dieu de tout son cœur. Je cite le synaxaire : « Alors elle leur dit : « Ô amis et disciples du Christ, ne pleurez pas ! Ne mêlez pas ma joie à votre douleur, mais réjouissez-vous avec moi, car je vais vers mon Fils et mon Dieu ; et vous enterrez mon corps, en l’emmenant à Gethsémané. Après cela, retournez au service de la parole qui est devant vous, et moi, après que je sois enlevée, si Dieu le veut, vous pourrez me voir ! “ Pendant que la divine Mère parlait avec les saints Apôtres, arriva aussi le divin Apôtre Paul, le vase choisi, qui, tombant aux pieds de la Mère de Dieu, se prosterna et, ouvrant la bouche, la bénit en disant : « Réjouis-toi , Mère de vie et illumination de ma prédication, bien que je n’aie pas été béni par la vue du visage du Christ, mon Seigneur, avant son ascension au ciel ; mais, te voyant maintenant, je crois que je le vois”. ». Le synaxaire précise que Paul était accompagné de Denys l’Aréopagite et Hiérothée, premier évêque d’Athènes, ainsi que de Timothée. Elle s’entretint avec chacun des disciples de son Fils qui étaient présents.

Puis vint le 15 août. A l’heure que le Seigneur avait choisie, la maison fut emplie d’une clarté aveuglante, éclipsant même la lumière des bougies. Les apôtres furent effrayés. Le toit semblait avoir disparu. Le ciel s’ouvrit et le Christ en gloire vint du ciel, entouré d’Anges et d’Archanges et de toutes les puissances célestes et il s’approcha de la toute sainte. Marie entonna une dernière fois le cantique que Luc a rapporté dans son évangile : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; ». Ces paroles prennent une autre dimension quand on sait que le Christ s’est penché sur le lit de mort de Marie. Un dialogue poignant s’ensuit entre le Christ et sa Mère, avant que son âme immaculée ne quitte enfin son corps. Le synaxaire insiste sur le caractère paisible et sans souffrance de cette mort, qui donne le nom à la fête. Je cite : « Celui qu’elle a conçu sans corruption et qu’elle a enfanté sans douleur, a retiré de son corps sans douleur son âme pré-honorée et n’a pas laissé son corps pré-honoré voir la corruption. ». Les apôtres virent émerveillés l’âme monter aux cieux. Un parfum étrange qui submergea tous les arômes terrestres sortit du corps de la toute pure, un parfum d’une beauté humainement indescriptible.

Les apôtres ont soulevé le corps de la toute pure et entourée d’une multitude de chrétiens en recueillement, ils ont emmené le corps suivant les volontés de Marie. Le cortège partit donc de Jérusalem pour aller jusque Gethsémani.

Le synaxaire témoigne aussi de la haine discontinue des dignitaires religieux juifs, qui entendant parler du cortège et de l’intérêt qu’il suscitait parmi le peuple voulu envoyer des hommes en arme pour saisir le corps et le jeter au feu. Mais les anges ne permirent pas ce blasphème et rendirent aveugles les soldats qui souhaitaient accomplir cela.

Le cortège passa à proximité d’un prêtre du Temple de Jérusalem, Atonius. Reconnaissant les apôtres, il comprit qu’il s’agissait de la communauté chrétienne qui adorait le Seigneur Jésus. Sans respect pour le moment, déclara : ‘c’est le corps qui a enfanté ce trompeur, qui a enfreint la loi de nos pères ! voyez quel honneur on lui fait !’. Il se précipita sur le cortège avec le dessein de faire chuter le corps. Mais lorsque ses mains touchèrent le support sur lequel reposait Marie, ses mains furent invisiblement tranchées, et restèrent collées au lit. Atonius comprit sa tragique erreur et tomba à genoux, repentant : « Ayez pitié de moi, serviteurs du Christ ! ». Pierre s’écartant un moment du convoi lui dit : « la guérison ne te sera accordée que par le Christ lui-même ! celui-là même que vous avez injustement tourmenté et tué. Crois en lui ! confesse par ta bouche, maintenant, qu’il est le Christ, le Fils de Dieu ». Atonius proclama alors « Je crois que Le Christ est le Sauveur du monde, celui annoncé par les prophètes d’avant ! Nous le connaissions avant même qu’il soit le Fils de Dieu, mais par envie, nous obscurcissant de malice, nous n’avons pas voulu confesser les gloires de Dieu et l’avons injustement condamné à mort. Mais Lui, avec le pouvoir de la divinité, ressuscité le troisième jour, nous a tous remplis, ses ennemis, de honte, parce que nous avons essayé de cacher sa résurrection, donnant beaucoup d’argent aux gardes ; mais je ne pouvais pas, car sa gloire resplendissait partout. »

Pierre lui dit d’avancer là où étaient ses mains et d’appeler avec foi la Sainte Vierge Mère de Dieu. Il retrouva à l’instant ses mains. Il resta néanmoins une marque rouge à l’endroit où avait eu lieu la coupure. Inutile de préciser qu’il rejoignit l’Eglise. Arrivés à Gethsémani, ils ensevelirent le corps.

L’apôtre Thomas arriva trois jour après. Les apôtres étaient restés les trois jours près du tombeau, chantant des psaumes jour et nuit. Thomas était très contrarié que Dieu l’ai privé de la dernière bénédiction de la Toute-Sainte, du privilège d’avoir vu les cieux s’ouvrir et le Seigneur recueillir son âme. Il se lamentait de ne pas l’avoir vu une dernière fois. Les apôtres imaginèrent alors d’ouvrir le tombeau pour permettre à Thomas de trouver réconfort à sa grande peine. Mais le tombeau était vide. L’odeur merveilleuse était toujours là, mais le tombeau était vide. Il ne restait que le voile de la Vierge que Thomas embrassa.

Les apôtres prièrent avec ardeur pour comprendre et connaître ce qu’il s’était passé. Le soir, la Vierge leur apparu dans les airs, entourée d’anges. Elle dit aux apôtres : « Réjouissez-vous, car je suis toujours avec vous !” Alors, remplis de joie, au lieu de “Seigneur, Jésus-Christ”, ils ont crié : “Sainte Mère de Dieu, aidez-nous !”. Les apôtres enseignèrent donc toute l’Eglise sur ce miracle : la Mère immaculée de Dieu fut ressuscitée le troisième jour, par son Fils Dieu, et fut emmenée avec son corps au ciel. En cela le Christ honorait sa mère comme le lui commandait la Loi qu’il avait lui-même donnée à Moïse, et il accomplissait les paroles prophétiques suivantes : « Lève-toi, Seigneur, dans ton repos, toi et l’arche de ta sanctification ». Et tous comprirent pourquoi Dieu avait retardé Thomas : pour que tous voient et comprennent. Les calculs tirés de divers synaxaires disent que la Dormition eut lieu 48 ans après l’Incarnation du Verbe et qu’elle vécut en tout 63 ans. Ce qui permet de conclure qu’elle enfanta le Christ lorsqu’elle avait 15 ans. Mais d’autres synaxaires et Pères de l’Eglise donnent des comptes alternatifs si bien qu’il n’y a pas une certitude absolue sur la question.

Voilà pour le synaxaire.

Le lucernaire des vêpres ton 2 proclame : « Quelles hymnes t’adressèrent en tremblant tous les Apôtres du Verbe en ce jour faisant cercle autour de ton lit funèbre, Vierge immaculée? Frappés de stupeur, ils s’écriaient: Voici qu’est enlevé le palais du grand Roi et se lève l’arche de sa sainteté; portes, ajustez vos frontons, pour qu’en la plénitude de la joie puisse entrer la Porte de Dieu qui sans cesse appelle sur le monde la grâce du salut. »

Le tropaire de la fête, ton 1, est le suivant : « Dans ton enfantement tu as gardé la virginité, dans ta Dormition tu n’as pas quitté le monde, ô Mère de Dieu: tu as rejoint la Source de la vie, toi qui conçus le Dieu vivant et qui de la mort délivres nos âmes par tes prières. »

Le premier cathisme des matines, ton 1, interroge le roi : « Dis-nous, David, quelle fête est célébrée maintenant? -Celle, dit-il, que dans le livre des Psaumes j’ai chantée comme Vierge, fille et servante de Dieu, le Christ l’a transférée dans ses demeures en l’au-delà, lui qui est né virginalement de son sein; c’est pourquoi se réjouissent les mères, les filles, les épouses chrétiennes en disant: Réjouis-toi, Vierge passée au royaume d’en-haut. »

Le dernier chant avant le canon des odes rappelle bien les préfigurations de l’Ecriture ainsi que le nouveau rôle de Marie : « Tabernacle immaculé, lorsqu’advint ton trépas, les Apôtres qui entouraient ta couche te considéraient avec tremblement; les uns te contemplaient, saisis d’admiration; et Pierre dans ses larmes te cria: O Vierge, je te vois étendue, toi qui enfantas la Vie de l’univers, et je suis frappé de stupeur, car en toi demeure celui qui sera notre jouissance en la vie de l’au-delà. Vierge pure, intercède constamment auprès de ton Fils et ton Dieu, pour qu’il sauve le peuple chrétien »

L’hypakoi de la troisième ode des matines répond au cantique de Marie : « D ‘âge en âge nous te disons bienheureuse, Vierge Mère de Dieu: en toi le Christ notre Dieu infini a bien voulu se laisser limiter; et nous avons le bonheur de posséder ta constante protection: jour et nuit tu intercèdes pour tous et par tes prières est affermie la force du peuple chrétien, Aussi dans nos hymnes nous te chantons: Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. »

Concluons sur la phrase qui invite à la proclamation du synaxaire : « Bien que morte le quinze, elle vit à jamais »


La Theotokos dans les autres cycles liturgiques


Passons maintenant aux prières dans les cycles réguliers de type prières journalières ou hebdomadaire. Ce que nous avons vu précédemment arrive une fois par an, puisque sur le cycle annuel. Mais la Theotokos est aussi mise à l’honneur dans les autres cycles : hebdomadaire ou journalier.

Dans ces prières particulières, nous avons des prières appelées « theotokion ». Ces prières sont centrées sur la Mère de Dieu et il est absolument normatif de clore un groupe de plusieurs prières par une prière dédiée à la Mère de Dieu. Par exemple, dans les prières des canons des Matines, on peut entendre ce genre de choses : « Vierge, en ton sein tu as conçu notre Dieu par l’Esprit saint, demeurant inconsumée malgré le feu dévorant: c’est donc toi que le buisson ardent sans être consumé à Moïse le Législateur d’avance a révélé bien clairement. »

Dans la divine liturgie, il y a également des prières qui lui sont dédiées. Les deux plus importantes sont probablement les deux suivantes :

A la fin de chaque ecténie le diacre proclame « Faisant mémoire de notre toute sainte, immaculée, bénie par-dessus tout et glorieuse Souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge, Marie, et de tous les Saints, confions-nous nous-mêmes, les uns les autres, et toute notre vie, au Christ, notre Dieu. ». On voit donc que son titre est proclamé sans hésitation.

Puis évidemment l’hymne qui lui est dédié, hymne qui dans la tradition byzantine est le moment où le chantre va réaliser le chant du texte suivant, bien souvent le plus complexe selon la technique de chant : « Il est digne en vérité de te bénir, toi, ô Mère de Dieu toujours bienheureuse et très pure, et Mère de notre Dieu. Toi, plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins, qui sans corruption as enfanté Dieu le Verbe, toi, véritablement Mère de Dieu, nous te magnifions. »

On voit dans cet hymne que l’Eglise a bien conscience de l’incomparable sainteté de Marie.