Evangile selon Saint Matthieu

1.2 Jacob engendra Juda et ses frères (p 14)


texte original

1.2 Jacob aber erzeugte Juda u. seine Brüder.

1. Juda wird mit Namen aufgeführt, weil er zu den Ahnherren des Messias gehört.

TanchB וישב p§ 11 (91B) : Juda gig hinab (Gn 38,1) um den letzten Erlöser zu stellen, das ist der König, der Messias; denn aus ihn sollte der König, der Messias, hervorgehn. || TanchB וישב p§ 3 (103A) : auch in der Zukunft wird der Kriegsgesalbte (damit ist der Messias b. Ephraim oder b. Joseph gemeint, s. bei Lk 24,26) von Joseph erstehn; aber der Gesalbte, der von Jehuda ersteht (d. i. der Messias), wird stärker sein als jener; denn es heißt Sach 10, 6: Ich mache zu Helden das Haus Jehuda, aber dem Hause Joseph helfe ich. || TanchB ויחי p§ 12 (110a): Warum heißt es Gn 49, 8: Jehuda, dich werden deine Brüder preisen? Weil alle Israeliten nach deinem Namen werden Juden genannt werden, u. nicht nur dies, sondern auch weil der Messias aus dir hervorgehn wird, der Israel helfen wird, s. Jes 11,1: Eine Rute wird aufgehn aus dem Stumpf Isais. || Vgl noch die Zitate zu 1, 3.

2. Neben Juda werden seine Brüder genannt, wohl um ihre Gleichwertigkeit mit ihm auszudrücken u. sie dadurch zu ehren.

TanchB ויחי p§ 17 (111a): Es heißt Gn 49,28: „Er (Jakob) segnete sie; jeden mit dem, was seinem Segen gemäß war, segnete er sie.“ Er segnete „ihn“ steht nicht geschrieben, sondern er segnete „sie". Warum dies ? Weil er dem Jehuda beigelegt hatte die Stärke des Löwen u. dem Joseph die Stärke des Ochsen u. dem Naphtali die Schnelligkeit des Hirsches u. dem Dan den Biß der Schlange, so könnte man meinen, daß der eine größer sei als der andre; deshalb faßt er sie alle zum Schlüsse zusammen : einen jeden in Gemäßheit seines Segens segnete er sie. Parallelen: Tanch ויחי Ende (58b); GnR 99 (63a). Ähnlich R. Eleazar (um 270) in NuR 13 (169c) u. R. Berekhia (um 340) in Midr HL zu 4, 7 (113b). || NuR 13 (169d): „Ganz schön bist du, meine Freundin, und kein Fehl ist an dir" HL 4,7. Die Stelle redet von den Stammesfürsten. Als sie zur Einweihung des Altars ihre Opfer darbrachten (Nu 7), brachten sie nicht alle an Einem Tage dar, sondern jeder einzelne an seinem bestimmten Tage, s. Nu 7, 11: „Je ein Fürst täglich." War da nun etwa der zuerst darbrachte ganz besonders geehrt (wörtl. geliebt) u. sollte Jehuda, der zuerst darbrachte, geehrter sein als alle ? Deshalb hat R. Chelbo (um 800) gesagt: Bei allen Stämmen steht „sein Opfer" (zB Nu 7, 19.25.81 usw.), aber bei dem Fürsten von Jehuda steht „und sein Opfer" (Nu 7, 13). Brachte dieser nicht zuerst dar? und doch heißt es „und" sein Opfer ! Es hätte nicht so heißen sollen; vielmehr bei dem ersten hätte es heißen sollen „sein Opfer" u. bei den folgenden „und sein Opfer". Warum so ? R. Berekhja der Priester u. Rabbisohn (um 340), hat gesagt: Damit, wenn Jehuda, der zuerst darbrachte, sich stolz über seine Brüder erheben u. sagen sollte: „Ich bin der Geehrteste unter euch, denn ich habe zuerst dargebracht", diese ihm antworten können: „Du bist es, der zuletzt dargebracht hat, denn so steht geschrieben: „Und sein Opfer" (Vers 13); damit hat er dich zum Anhängsel (Nebensache) deinen Brüdern gegenüber gemacht. Das wollen die Worte besagen: Ganz schön bist du, meine Freundin. || NuR 13 (169c): Nu 7, 12: „Nachschon, Sohn des Amminadab vom Stamme Jehuda." Die Schrift genealogisiert ihn nach dem Namen seines Stammes: das ist eine Ehre (Lob) für ihn, eine Ehre für seinen Vater, eine Ehre für seinen Stamm.

traduction proposée

1. Juda aura son nom répertorié, puisqu’il appartient aux ancêtres du Messie.

TanchB וישב p§ 11 (91B) : Juda descend (gn 38,1) pour présenter le dernier rédempteur, c’est à dire le roi, le messie; car de lui devait sortir le roi, le messie. TanchB וישב p§ 3 (103A) : aussi dans le futur sera l’oint pour la guerre (c’est à dire le messie b. ephraim ou b. joseph, voir lc 24,26) sortira de joseph; Mais l’oint qui s'élève de Juda (c’est à dire le messie) sera plus fort que cela; car il est dit dans Za 10:6 « Je fortifierai la maison de Juda, Et je délivrerai la maison de Joseph ». || TanchB ויחי p§ 12 (110a) : pourquoi est-il dit en Gn 49 :8 Juda, tu recevras les hommages de tes frères » ? Parce que tous les israélites seront appelés Juifs de par ton nom, et pas seulement cela, mais aussi parce que le messie sortira de toi, qui aidera Israël, voir Isaïe 11,1 : « Puis un rameau sortira du tronc de Jessé, et un rejeton naîtra de ses racines. ». Pour les autres citations voir 1 :3.

2. en outre Juda aura ses frères nommés, probablement pour exprimer une égalité, et ainsi les honorer.

TanchB ויחי p§ 17 (111a): il est écrit en Gn 49,28: „il (Jacob) les bénit. Il les bénit chacun selon sa bénédiction.“ Il „le“ bénit n’est pas écrit, mais il „les" bénit. Pourquoi cela ? Parce qu’il attribua à Juda la force du Lion et à Joseph la force du bœuf, et à Naphtali la rapidité du cerf, et à Dan la morsure du serpent, et pour qu’on ne puisse pas penser que l’un est plus grand que l’autre, il les résume au final ainsi : il les bénit tous ensemble. Parralèlles : Tanch ויחי Ende (58b); GnR 99 (63a). semblable R. Eleazar (um 270) dans NuR 13 (169c) et R. Berekhia (en 340) dans Midr HL sur 4,7 (113b). || NbR 13 (169d) : « Tu es toute belle, mon amie, et il n'y a pas de tache en toi! » (Cant 4,7). Le passage parle des chefs tribaux, et comment ils ont apportés leurs sacrifices pour la dédicace de l’autel (Nb 7), ils ne sacrifiaient pas tous en un jour, mais chacun amenait au jour qui lui était assigné, v. Nb 7,11 « un prince chaque jour ». Est-ce ainsi que celui qui offrait le premier était honoré (lit. Aimé) ? C’est pourquoi R. Chelbo (vers 800) a déclaré : pour chaque tribu il est dit « son sacrifice » (par ex Nb 7:19,25,81 etc), mais pour le prince de Juda il est écrit « et son sacrifice » ! n’a-t-il pas sacrifié en premier ? et pourtant il y a un « et » devant son sacrifice. Cela ne devrait pas être ainsi. Il devrait y avoir « son sacrifice » pour lui et « et son sacrifice » pour les suivants. Pourquoi donc ? R. Berekhia et fils du Rabbi (vers 340) a dit : ainsi, si Juda qui a sacrifié en premier s’élevait fièrement au-dessus de ses frères et disait « je suis le plus honoré d’entre vous car j’ai sacrifié en premier », ceux-ci auraient pu lui répondre : « c’est toi qui a offert le dernier car c’est ainsi qu’il est écrit ‘et son sacrifice’ »; c’est ainsi qu’il a fait de ses frères un appendice (une question subalterne). C’est ce que signifient les mots : tu es très belle mon amie || NbR 13 (169c) : Nb 7,12 : « Naason, fils d’Aminadab de la tribu de Juda ». L’Ecriture le généalogise par le nom de sa tribu : c’est un honneur (louange) pour lui, un honneur pour son père, un honneur pour sa tribu.



Commentaire/Analyse

Le but pour Strack et Billerbeck est ici de nous montrer un texte de la tradition rabbinique qui illustre le fait que Matthieu n’a as simplement mentionné Juda, mais « Juda et ses frères », ce qui est un peu absurde dans le cadre d’une généalogie. On voit bien, ne serait-ce dans ce détail que Matthieu dispense une théologie dans sa généalogie. Une généalogie simple n’aurait pas mentionné les frères. Le but était simplement de voir que le Christ descendait de Juda, et pas que celui-ci faisait partie d’une fratrie. Mais théologiquement, il a été impossible à Matthieu de ne pas mentionner les frères. Et il semble effectivement, que chez les juifs, Juda soit indissociable de ses frères, et que l’on veuille rappeler une sorte d’égalité de dignité entre eux, égalité qui rejaillirait probablement sur l’ensemble du peuple ensuite. Strack et Billerbeck ont choisis plusieurs textes ici, mais celui qui donne le problématique de l’ordre des sacrifices est un modèle d’intelligence herméneutique. Voyons comment il procède.

Si vous prenez le chapitre 7 du livre des Nombres, vous avez une longue et fastidieuse description des sacrifices, ou plutôt offrandes, apportés par chaque tribu. Et le texte montre bien que la première tribu à apporter ses offrandes est la tribu de Juda. Ainsi se matérialise le fait que c’est la tribu à laquelle a été donnée le gouvernement, la royauté. C’est cette tribu qui dirige. Le fait que cela ne soit pas Juda en personne, mais bien la tribu issue de sa personne est important vis-à-vis du Christ. C’est une autorité dont on hérité. La personne ayant héritée de cette autorité avec la plus grande manifestation est véritablement le roi David. Puis, dans le livre des Nombres, on voit les autres tribus donner leur offrande ensuite, avec chacune un jour dédié, dans un processus très codifié. Et les rabbins ici font remarquer que lorsque la tribu de Juda a offert des choses au Seigneur, la phrase en hébreu commence par un « et ». Tous les autres ont une rédaction du type « le sacrifice de … », mais pour Juda c’est de la forme « et le sacrifice de Juda », ce qui n’est pas correct, effectivement, dans la logique d’organisation entre les tribus. Ceci disparait le plupart du temps dans les traductions françaises. Et d’ailleurs on peut considérer que ce « et » de Moïse ne voulait pas montrer cela, et était davantage une liaison avec le verset précédent, dans un procédé stylistique très très courant dans la Bible. Un « et » marque le fait que l’on passe à autre chose. Mais ici, les rabbins prennent toutes les occurrence de « untel présenta son offrande ». Seul Juda a un « et ». Ils en déduisent que cette suprématie de Juda se fait d’une certaine façon sur des égaux. On est ici pas très loin des subtilités du « primus inter pares ».