Qu'est-ce que l'Orthodoxie ?



Introduction

Ce texte a pour but, pour le néophyte complet, de présenter le christianisme orthodoxe, mais depuis l’intérieur. Il ne s’agit pas ici de faire une présentation académique qui soit neutre ou impartiale. Ce blog parle depuis l’intérieur si j’ose dire.

Commençons par un peu d’étymologie. Orthodoxie vient de deux mots grecs : Orthos qui veut dire droit et Doxa qui veut dire opinion, croyance. C’est donc la « bonne opinion ». Il existe des orthodoxies dans beaucoup de domaines bien évidemment, et pas uniquement le domaine religieux mais le principe est exactement le même à chaque fois. L’orthodoxie est la position qui est conforme à la première opinion dans un domaine, première au sens chronologique et d’exactitude. L’orthodoxie représente donc une forme de tradition dans son domaine, et se distingue des autres courants de ce domaine à partir du moment où surgissent des réformateurs, des modificateurs. C’est alors l’éternelle lutte entre les défenseurs de la tradition et les modernistes qui souhaitent une évolution. La position moderniste peut parfois être la bonne, cela dépend des domaines. Mais revenons au christianisme orthodoxe qui est le sujet de ce texte.

En partant de cette compréhension de l’orthodoxie, le christianisme orthodoxe authentique est la foi de toutes les églises qui ont gardé de façon intacte et inaltérée les enseignements du Christ et du collège apostolique. Elle s’oppose en cela, d’un point de vue doctrinal, et nous verrons cela en détail plus loin, à l’orthodoxie officielle et moderniste, au catholicisme romain et au protestantisme sous toutes ses formes.

Résumé de la foi par un survol biblique

Je vais énoncer maintenant ce que croit un chrétien orthodoxe respectueux de sa tradition. Certains pourront déclarer vouloir s’écarter ici ou là sur certains points, mais en ce cas ils ne seraient plus en accord avec la tradition orthodoxe justement. Un orthodoxe croit la chose suivante : il y a 7531 ans, Dieu a créé le ciel et la terre, le monde tel que nous le connaissons, avec les végétaux, les animaux, et le premier couple fondateur de l’humanité : Adam et Eve. Il a tout créé en 6 jours par la puissance de sa parole. Il a également créé un monde céleste. Une première rébellion angélique qui a eu lieu dans le monde céleste a eu des répercussions dans l’endroit où vivaient Adam et Eve : le jardin d’Eden. La vocation première d’Adam et Eve étaient d’être, en union et en obéissance avec Dieu, les maîtres de ce monde terrestre créé. Séduits et trompés par un ange rebelle, Adam et Eve ont désobéi à Dieu et le lien qui existait entre Dieu et l’humanité s’est rompu. Adam et Eve furent alors doublement touchés : par la mort, et par une corruption additionnelle que l’Eglise appelle « péché originel ». Comme la mort, le péché originel se transmet aux descendants. Pour éviter que cette coupure ne devienne éternelle, Dieu a chassé les hommes du paradis et les a appelé à néanmoins peupler le monde, car viendra un descendant particulier à cette humanité, qui sera capable de vaincre le serpent ayant causé la chute, et de la restaurer dans son état premier. Cette personne extraordinaire sera attendue avec le titre de Messie. Pour pouvoir identifier ce messie, Dieu va d’abord choisir un homme : Abraham. Il va nouer une alliance avec Abraham, avec Isaac son fils, et avec Jacob le fils de celui-ci. Dieu sera appelé le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Il va faire des promesses à ces trois hommes que la tradition appelle les patriarches. D’eux sortira un peuple, le peuple d’Israël, nom que Dieu donnera à Jacob à un moment de sa vie. De ce peuple sortira le Messie. Le peuple grandit, et s’établit en Egypte, le plus grand empire d’alors. Les égyptiens oppriment Israël en le réduisant en esclavage et Dieu entend leur cri de détresse. Il envoie Moïse, un prophète qui va incarner la délivrance. Dieu frappe puissamment l’Egypte jusqu’à ce qu’Israël puisse partir vers une terre que Dieu a promis à Abraham : la terre de Canaan. Lorsqu’Israël aura conquis militairement cette terre, elle sera le seul endroit du monde qui voit une population vivre sous la volonté divine. En effet, partout sur terre, les peuples vivent en suivant les dieux antiques, faux nez de démons que sont les anges rebelles. Ainsi, la Bible décrit des guerres, mais qui ont une dimension surnaturelle qu’il ne faut pas laisser de côté pour bien comprendre ce qui se joue. Avant qu’Israël n’entre en terre promise, Dieu va leur donner une loi. Cette loi manifeste Sa volonté et est extrêmement contraignante. Elle légifère tous les aspects de l’existence : relation à Dieu, relation au temps, relation à l’espace, relation à l’autre, alimentation, etc. Très complexe, cette loi est impossible à respecter. Par exemple, il y a un commandement de Dieu qui demande d’aimer son prochain comme soi-même. Ceci est impossible à n’importe quel homme, précisément à cause du péché qui le parasite et qui le pousse à toujours se tourner vers lui-même, vers sa propre finitude et vers sa propre fragilité. La loi de Moïse avait donc ce double rôle : identifier le Messie, car ce serait celui qui accomplirait parfaitement cette loi impossible, sans commettre la moindre transgression d’aucune sorte, jamais, pas une foi, et ce serait une façon pour Israël de se distinguer de tous les autres peuples alentours par sa curieuse foi monothéiste. La loi voulait aussi qu’Israël se souvienne de toutes les transgressions que le péché entraine mécaniquement. Israël était donc constitué en tant que seul peuple à adorer le seul vrai Dieu. L’histoire d’Israël est une histoire tumultueuse, faite d’une interminable succession de chutes et de relèvements. D’abord guidé par Josué, le disciple de Moïse, puis par des juges, Israël va demander un roi. Ce sera la grande dynastie davidique d’où sortira entre autre le fameux roi Salomon connu pour sa grande sagesse. Lors de la sortie d’Egypte, Dieu manifestait sa présence dans le tabernacle, une sorte de petit temple portatif qui permettait à Israël de bouger et d’être nomade. Mais avec la dynastie davidique vient le moment de la sédentarisation. Salomon va donc construire un temple à Dieu. Ce sera le lieu de la présence divine parmi son peuple. Mais Israël depuis la sortie d’Egypte alterne les périodes de rébellion et de repentance. Dieu avait été très clair avec eux. L’obéissance s’accompagnerait de bénédictions et la désobéissance s’accompagnerait de malédictions. La désobéissance prendra deux formes principales, hideuses aux yeux du Seigneur : d’abord l’idolâtrie, le fait de se tourner vers les dieux des peuples voisins. Puis, tout aussi grave pour Dieu : le manque de compassion, de charité, d’entraide, les pauvres laissés dans un état de misère, les veuves non soutenues, l’égoïsme, l’appétit de pouvoir, etc. Ces mauvaises passions humaines conduisirent le royaume davidique à se séparer en deux : le royaume d’Israël au nord et de Judah au sud. Dieu enverra des prophètes pendant des années et des années pour signifier au peuple son mécontentement, pour les exhorter à la vertu, et aussi pour leur donner des précisions sur comment reconnaître ce messie qui viendrait résoudre les problèmes que le peuple n’arrivait pas à régler par ses propres forces. L’un précisait qu’il naîtrait à Bethleem. L’autre précisait qu’il serait rejeté par son peuple. Au fur et à mesure du temps le portrait devenait de plus en plus précis. Devant les désobéissances du peuple les malédictions se succédaient : le royaume d’Israël au nord s’effondre et est occupé par la puissance assyrienne. Puis c’est le tour du royaume du sud, Judah de voir sa capitale, Jérusalem, occupée et le temple détruit par l’armée de Babylone. Le peuple est emmené en exil à Babylone. Le choc est immense. C’est comme si Dieu avait abandonné son peuple. Certains se mettent à douter de Dieu. Mais d’autres relisent ce qu’avaient annoncé les prophètes et se souviennent que Dieu est tenu par ses promesses : le peuple sera libéré, pourra retourner à Jérusalem et rebâtir à Dieu un temple dont la gloire surpassera le premier. Et Dieu fidèle à sa promesse suscite en Perse un souverain qui va défaire militairement la puissance de Babylone et permettre aux juifs de revenir à Jérusalem et de rebâtir le second temple. Puis à la domination perse succédera la domination grecque avec les conquêtes d’Alexandre le grand, puis enfin la domination de l’empire romain. C’est à ce moment que se produit l’évènement qui va faire basculer l’histoire du monde. Une jeune fille vierge de Galilée, Mariam, que nous connaissons culturellement sous le nom de Marie, a en elle toutes les qualités humaines que Dieu demande de ses créatures. Comme toute créature humaine descendant d’Adam et Eve, elle est touchée par la souillure du péché originel, mais son âme est absolument pure de toute chose négative. Elle aussi a été annoncée de manière voilée par les prophètes. Dieu envoie son messager habituel, l’Ange Gabriel pour signifier à Marie qu’elle a été choisie entre toutes les femmes pour enfin donner naissance au Messie, Yeshua, que nous connaissons culturellement en France sous le nom de Jésus de Nazareth. Les orthodoxes se souviennent de cela lors de la fête de l’Annonciation. Ce messie n’aura pas de père humain. Son Père est Dieu, et sa mère est Marie. Joseph, l’époux de Marie sera le père légal de Jésus aux yeux des hommes, celui qui l’élèvera. Neufs mois plus tard, comme Dieu l’a annoncé par la bouche de son prophète des siècles auparavant, Jésus naît à Bethleem, en Judée, près de Jérusalem. Les orthodoxes se souviennent de cela lors de la fête de la Nativité, la fête de Noël bien connue de tous. Retracer tout ce que nous savons de la vie de Jésus prendrait trop de temps ici. Prenons les points de son existence que l’Eglise a choisi de mettre en avant via des fêtes liturgiques : Jésus est baptisé, immergé dans le Jourdain par le prophète Jean le Baptiste et commence son ministère. Les orthodoxes se souviennent de cela lors de la fête de la Théophanie. Après un ministère de trois ans où Jésus aura enseigné, guéri, prêché, parlé, chassé les démons, il rentre à Jérusalem pour la Pâque qui commémore la sortie d’Egypte dont je parlais précédemment. Il est accueilli par une foule enthousiaste qui le reconnait comme Messie. Les orthodoxes se souviennent de cela lors de la fête des Rameaux. Comme prophétisé, Jésus, malgré cet accueil triomphal sera rejeté par son peuple. L’aristocratie religieuse corrompue et collaborant avec les romains, fomente un complot contre un Jésus qui n’a cessé de mettre en lumière leur hypocrisie et leur médiocrité. Après avoir célébré le repas pascal suivant le rite mosaïque, Jésus est arrêté par la police du Sanhedrin, le tribunal religieux qui veut sa perte. Nous nous souvenons de cela lors de la célébration liturgique du Jeudi Saint. A la suite d’un procès inique, il est envoyé chez les romains pour être condamné à mort. Les romains, sous la pression du Sanhedrin consentent à exécuter Jésus, qui après être cruellement flagellé est condamné à mourir crucifié à l’extérieur de Jérusalem, entre deux voleurs. Nous nous souvenons de son martyre, de son agonie et de sa mort lors de la célébration liturgique du Vendredi Saint. La dépouille de Jésus est placée à la hâte, avant que le Shabbat ne débute, dans le tombeau d’un membre influent du Sanhedrin qui l’admirait mais qui n’avait pas pu le sauver de la cabale : Joseph d’Arimathie. Le dimanche matin, des femmes parmi ses disciples se rendent au tombeau pour nettoyer selon les coutumes juives le corps martyrisé de Jésus. Elles sont les premières à voir que le corps de Jésus n’est plus dans le Tombeau, mais que Jésus est bel et bien ressuscité. Nous revivons cette incroyable joie lors de la célébration pascale, la fête la plus importante du christianisme. Le Christ ressuscité apparaît ensuite de nombreuses fois à ses disciples puis au bout de 40 jours, réalise son ascension aux Cieux et siège à la droite du Père. Les orthodoxes se souviennent de cela lors de la fête de l’ascension. Puis 10 jours après, les disciples, assemblés à Jérusalem avec la Mère de Dieu reçoivent l’Esprit Saint. Les orthodoxes fêtent cela chaque année lors de la fête de le Pentecôte.

La Pentecôte inaugure l’ère de l’Eglise. Il convient d’expliquer ce qu’elle est et comment elle fonctionne. Chaque être humain, héritant du péché originel a une coupure avec Dieu. Tout le monde va mourir, et il n’y a pas d’exception à cela (à part deux épisodes bibliques, mais restons simples). L’homme s’est librement coupé de Dieu et Dieu respecte absolument la liberté humaine. Ainsi, Dieu a mis en place un moyen pour chaque être humain de librement renouer avec Lui. Ce moyen, c’est l’Eglise. Elle a la charge sur terre d’être le reflet des réalités célestes, des vérités divines. Le premier enseignement fondamental que le Christ a donné a ses disciples est que Dieu n’est pas une monade repliée sur elle-même comme dans les fausses visions juives ou musulmanes. Dieu est une Trinité d’amour. Dieu est une communion d’amour. L’Eglise se doit donc d’être une communion d’amour. Dieu est vérité. L’Eglise est aussi le lieu de la vérité que lui a enseigné le Christ. Cette vérité est exprimée par la doctrine. Être dans l’Eglise est un absolu équivalent à avoir la doctrine vraie. L’Eglise est donc et le lieu de l’amour pour le prochain et le lieu de la doctrine vraie. Les deux doivent être tenus et gardés en même temps. C’est quelque chose qu’un esprit moderne a du mal à concevoir. Il va considérer que la personne qui n’a pas gardé la vraie doctrine peut tout de même rester dans l’Eglise. Il y a ici une confusion au sens orthodoxe. Nous ne cessons pas d’aimer la personne qui n’a pas la vraie doctrine, mais cette personne qui n’a pas la vraie doctrine est de facto sortie de l’Eglise. La doctrine a été enseignée par le Christ à ses disciples. Parmi ses disciples, 12 avaient une importance particulière : les apôtres. C’est à eux en premier lieu, mais à nous aussi, qu’il a confié la mission d’aller dans toutes les nations et de convertir tous ceux qui seront ouverts à cette invitation divine, de renouer ce qui fut coupé en Eden. Ces apôtres ont donc commencé à répandre le message et à former des communautés un peu partout selon leurs voyages. Dans les communautés, ils ont institué des personnes chargées d’être leurs continuateurs. Très rapidement ces personnes ont pris le titre d’évêque. Evêque en grec se dit episkopos, qui signifie gardien : l’évêque a pour fonction de garder la doctrine intacte, et de la transmettre comme il l’a reçue. Le christianisme est donc hautement traditionnel. La plupart de ceux qui sont restés dans l’histoire comme « père de l’Eglise » étaient souvent évêques. Ils furent les grands conservateurs de la Tradition, et ont combattu les hérétiques qui voulaient introduire une modification sur un ou plusieurs points de doctrine.



Brefs éléments de doctrine

Voici de façon très très schématique et raccourcie la doctrine qu’ils ont défendu avec ardeur, souvent au prix de leur vie : Dieu est une Trinité de personnes. Les trois personnes de la Trinité sont le Père, qui est source de tout, le Fils, qui est engendré par le Père, et l’Esprit qui procède du Père. Le Père est source des deux autres personnes mais pas selon le même mode. Il n’y a qu’un seul Dieu en trois personnes.

Le Christ est l’incarnation de la seconde Personne de la Trinité. Il est à la fois Dieu et Homme. Il a toute la nature divine et toute la nature humaine. Il est le seul chemin offert à l’homme pour revenir au Père. Il n’y a aucun autre chemin valable d’aucune sorte.

L’Esprit Saint, qui procède du Père seul est la troisième personne de la Sainte Trinité. Chaque instant de la vie du chrétien est tourné vers le fait d’acquérir les charismes de l’Esprit, selon les mots de saint Seraphim de Sarov. Il s’agit, dans ce qui est accessible à l’homme, de ressembler le plus possible à Dieu. L’Eglise appelle ceci la theosis, la déification. L’Esprit commence ici, à nous transformer en Dieu, sans que nous ne disparaissions. L’Esprit a inspiré les prophètes au cours de l’histoire et toutes les écritures saintes consignées dans la Bible.

Focus doctrinal sur l'Eglise : qu'est-ce que l'Eglise ?

L’Eglise se définit selon quatre attributs : une, sainte, catholique et apostolique. Elle est une. Il n’y en a pas deux. Elle n’est pas coupée en deux entre catholique et orthodoxe, entre orthodoxe traditionnaliste et orthodoxe moderniste. Elle est sainte, c’est-à-dire tout à fait à part du monde. Elle ne se soumet pas à la modernité et à ses diktats. Elle ne fait que répéter inlassablement ses éléments de doctrines, les enseignements du Christ qu’elle appelle dogme. Un dogme, par définition ne se débat pas. Il se médite, il se vit, il se contemple, mais il ne se discute pas. On ne discute pas avec le Christ quand on est orthodoxe. Elle est catholique, dans le sens grec du terme à l’époque où le Credo a été rédigé. Catholique ici ne veut surtout pas dire catholique romain. Catholique ici veut dire universel. L’Eglise est valable pour tout être humain, pour tout descendant d’Adam et Eve, quelle que soit son ethnie. Et enfin elle est apostolique. C’est-à-dire qu’elle suit ce que les apôtres ont conservé et édicté. En ce sens, elle suit les décisions des évêques, les successeurs des apôtres, et leurs décisions prises en concile. Toute personne qui ne se soumet pas aux décisions conciliaires des évêques, que nous appelons généralement droit canon, ne peut pas non plus prétendre au qualificatif d’orthodoxe. C’est parce que nous suivons ce droit canon par exemple, que nous ne participons pas au mouvement œcuménique mondial qui cherche la réunion des différentes confessions chrétiennes, comme si l’Eglise était morcelée. Ce mouvement se caractérise d’ailleurs entre autre par des prières communes que le droit canon hérité des apôtres prohibe. Ceux qui prient avec les catholiques romains, sont des cacodoxes, pas des orthodoxes.

Différences avec les autres confessions chrétiennes

L'orthodoxie officielle moderniste

Nous pouvons aborder maintenant les différences avec les autres confessions chrétiennes. Il y a en gros trois courants chrétiens qui se différencient de l’orthodoxie véritable. Le premier est l’orthodoxie officielle. Nous appelons ainsi cette cacodoxie vautrée dans l’œcuménisme et le modernisme. N’ayant peur d’aucune bassesse, elle nous appelle orthodoxie non canonique, un comble lorsque l’on se met à compter leurs violations canoniques. Et je parle ici de la doctrine. Il ne s’agit pas ici d’aller ausculter les fêlures, les impuretés et les limites des âmes de chacun. Je ne parle que de doctrine. La plupart des cacodoxes tiennent leur légitimité des états qui les abrite et qui les finance. Mais un évêque ne sert pas de caution morale à un dirigeant politique. Un évêque garde la doctrine. Ainsi, l’orthodoxie officielle, qu’elle soit du patriarcat de Constantinople, de Moscou, de Bucarest, d’Antioche, de Belgrade ou d’Alexandrie, n’est pas l’orthodoxie. Ils ne sont pas l’Eglise. Ils sont un mensonge avec une belle liturgie, mais un mensonge. Certains ont même, pour se rapprocher des catholiques, comme Constantinople, Antioche ou les roumains, osé changé le calendrier institué par les Pères du quatrième siècle au premier concile œcuménique. Que l’on comprenne bien ici le terme œcuménique : à l’époque des grands conciles, cela voulait dire la même chose que le terme catholique dans sa compréhension antique : qui concerne le monde entier. La décision d’un concile œcuménique concerne la terre entière. La vraie et la fausse orthodoxie se sont séparées au vingtième siècle, sous l’impulsion des hérésies du patriarcat de Constantinople et sous la création par les communistes d’un patriarcat de Moscou à leur botte, dont l’actuel « patriarche » Kyrill est le sinistre héritier.

Le catholicisme romain

La seconde confession chrétienne dont il convient de parler est le catholicisme romain. L’orthodoxie et le catholicisme romain se sont séparés en 1054 principalement sur deux sujets. Le premier est la juridiction et l’autorité de l’évêque de Rome. Celui-ci s’est progressivement cru le maître de tous alors que les évêques sont toujours et ont toujours été d’une autorité équivalente. Les règles de préséances, puisqu’il en faut bien un qui parle en premier, ont ici été confondues avec de mesquines problématiques de pouvoir. Deuxième sujet épineux : le filioque, cette étrange croyance romaine que l’Esprit Saint procède du Père et du Fils. Les orthodoxes en restent humblement à ce qu’a enseigné le Christ : l’Esprit procède du Père. Depuis 1054, Rome a multiplié les innovations qui rendent tout rapprochement totalement illusoire. A noter l’extrême modernisme de Rome depuis le concile romain de Vatican 2 dans les années 60. Certains catholiques ont alors opté pour une approche traditionnelle du catholicisme. Mais nous les invitons à être cohérents dans leur démarche et à remonter à la tradition bien avant 1054. Revenez aux apôtres…

Le protestantisme

La troisième est le protestantisme. Ce courant est pluriel et est fractionné à l’infini entre de multiples appellations : luthériens, calvinistes, évangéliques, méthodistes, baptistes, etc. Le protestantisme considère que la seule autorité est la Bible. L’approche orthodoxe est différente. Nous nous souvenons que la Bible est pour partie reçue de la tradition juive d’avant le Christ, puis ensuite pour ce qui constitue le NT, c’est l’Eglise qui a produit les textes qui le composent. Ainsi, on peut conceptuellement imaginer un christianisme sans NT. Les apôtres et les premiers chrétiens n’avaient que l’AT. L’autorité ultime revient donc à l’Eglise. Le protestantisme se reconnait beaucoup en ce qu’il constate des différences entre ce que dit la Bible et entre ce que dit l’Eglise de par sa tradition. Ces différences ne sont dues qu’à des problèmes de compréhensions. Il n’y a pas deux vérités : une biblique et une liée à la tradition de l’Eglise. Les deux sont la seule, l’unique et même vérité. L’Eglise donne une place éminente à la Bible, mais rien de comparable au protestantisme. Les milieux protestants les plus conservateurs attachés à la Bible sont paradoxalement protégés des dérives modernistes que l’on peut trouver chez certains orthodoxes officiels ou catholiques romains. Ils ne sont donc pas les plus éloignés du Christ aujourd’hui, malgré le caractère récent de leur apparition : 16ème siècle pour le début du protestantisme, qui rappelons-le est issu d’un schisme interne au monde romain.



Structuration de l'Eglise

L’Eglise, née sous l’empire romain, a calqué son organisation territoriale sur celle de l’empire romain. Les provinces romaines étaient gérées par un évêque ayant préséance, appelé métropolite. Les grandes villes avec importance politique avaient des évêques ayant encore plus grande préséance : les patriarches. Sous l’empire byzantin, 5 villes avaient des patriarches : Rome, Constantinople, Antioche, Alexandrie et Jérusalem. Les 4 premières à cause de la dynamique politique. La cinquième à cause de l’histoire religieuse. L’Eglise, fidèle à cette logique a continué au long de l’histoire à suivre les dynamiques politiques pour son organisation. Aujourd’hui l’empire byzantin n’est plus, et le tsar a été assassiné. Ainsi, la dynamique historique est autour des nations. Les patriarcats sont naturellement organisés selon les nations : Serbie, Roumanie, Russie, etc. Mais l’orthodoxie est avant tout une communion de foi. Les différentes églises en communion se reconnaissent entre elles car elles ont la même foi. Certains tiraillements existent pour des limitations humaines, même entre évêques avec la même doctrine. Les mêmes phénomènes se constatent chez les cacodoxes puisque Moscou et Constantinople ont rompu la communion depuis 2018.

Liturgie

Lorsque j’ai retracé brièvement la vie du Christ, j’ai plusieurs fois fait référence à des fêtes. Celles-ci sont liées à un cadre liturgique qui est essentiel pour bien saisir l’approche orthodoxe. Si le protestantisme est centré sur la Bible, le catholicisme centré sur l’évêque de Rome, l’Orthodoxie est centrée sur l’expérience liturgique. Un cycle liturgique très complexe, d’une beauté et d’une profondeur incomparable forment cette expérience tout à fait singulière. Une chose fondamentale pour bien saisir le caractère liturgique : il s’agit moins de se souvenir, que de revivre. En effet, si beaucoup, loin de cet esprit orthodoxe patristique authentique pensent que la liturgie est la mise en beauté de certains textes et enseignements, cela conduirait à une conclusion tout à fait logique : quelqu’un de parfaitement catéchisé n’aurait plus besoin d’aller à l’Eglise. Pourtant l’expérience liturgique, fidèle à la vision antique du symbole postule que l’acte liturgique en tant que tel, permet un affranchissement de l’espace et du temps. Célébrer la fête de Noël à l’église, suivre la liturgie, ce n’est pas se souvenir que Jésus est né et s’en réjouir. C’est être à Bethleem, le jour de Sa naissance. La semaine Sainte est l’expérience la plus puissante de toutes. Nous vivons toute la semaine avec le Christ. Nous sommes au repas de la Cène quand Jean a demandé qui le trahirait. Nous sommes au pied de la Croix et assistons à son agonie. Nous accompagnons les femmes qui viennent mettre de la myrrhe sur son corps et nous découvrons avec elles le tombeau vide. C’est cela la liturgie orthodoxe. Et il ne s’agit pas ici d’une imagination débridée. Il s’agit de réalité mystique et d’expérience. Ce qui nous emmène directement au dernier point de cette présentation : les sacrements.

Sacrements

L’Eglise, lieu de l’expérience liturgique détient aussi des outils tout à fait incroyables : les sacrements. Ils sont le sommet de la réalité liturgique, de cette réunion anticipée du monde physique et du monde céleste. Cette cassure qui a eu lieu en Eden, l’Eglise, via les sacrements et la liturgie peut nous faire vivre de façon temporaire en avance leur réunion, en avance de ce que sera la réalité à la toute fin du monde. Le sacrement, en condensé, est le moyen qu’offre l’Eglise pour reconstruire le lien avec Dieu. Le sacrement le plus important est l’eucharistie, lorsque le Christ, nous permet de communier à son corps et à son sang, au moyen du symbole, réalité liturgique je le répète et j’insiste. Chaque fois qu’un prêtre invoque l’Esprit Saint à l’autel, le Christ devient mystiquement présent, grand prêtre et offrande de la liturgie cosmique, et s’offre aux orthodoxes qui communient. Ainsi peuvent-ils accomplir sa promesse d’accès à la vie éternelle. Les autres sacrements sont également connus : le premier est le baptême qui va marquer l’entrée dans l’Eglise. Si vous n’êtes pas baptisé, ou que vous avez été baptisé par des cacodoxes, des catholiques ou des protestants, ceci doit devenir une obsession : être baptisé par un prêtre d’un évêque véritablement orthodoxe. Les autres sacrements méritent d’être nommés : chrismation, confession, extrême onction, le mariage et l’ordination. La chrismation est le moment liturgique de la réception de l’Esprit-Saint qui a lieu pendant l’acte liturgique de baptême. Il consacre le corps à l’Esprit de Dieu et le fait Temple de l’Esprit. La confession consiste à permettre à l’Esprit qui réside en vous de pouvoir continuer à résider, car vous allez inévitablement commettre des péchés. Bien que baptisé, vous allez mentir, vous allez tricher, vous aller juger hâtivement, injustement, vous allez être égoïste, toutes ces choses que Dieu n’est pas. Il faut donc régulièrement vous nettoyer pour que l’Esprit continue à résider en vous. L’extrême onction est un sacrement qui est majoritairement conféré au moment de la mort mais qui concerne l’état de maladie, que celle-ci soit physique, psychique ou spirituelle. Le mariage est l’union d’un homme et d’une femme. Sacrement très mystique, il symbolise l’union avec Dieu. C’est pourquoi il ne peut qu’être monogame. Institué avant la chute, le mariage ne concerne qu’un homme et une femme. Les autres types de « mariage », qu’on ne s’y trompe pas, sont des attaques contre le mariage. Comme le mariage est un sacrement symbolique de l’union à Dieu, l’adultère devient mécaniquement symbolique d’idolâtrie, de polythéisme, d’apostasie. L’ordination permet à celui que l’évêque discerne comme ayant les charismes nécessaire, d’être fait diacre, prêtre.

Conclusion

Voilà pour ce survol. Bien évidemment trop court, bien évidemment trop général. Mais le but était de faire vite et de dire l’essentiel de l’essentiel. En espérant que cela vous aura donné envie de creuser tous les points qui ont été succinctement présentés. Sachez que la véritable orthodoxie compte quelques évêques. Elle est composée de petits synodes. Sans moyens. Elle n’a pas d’état qui va lui financer une jolie cathédrale ici, une magnifique basilique là. Mais elle a la succession apostolique. Elle a la doctrine. Elle est le lieu contre lequel l’enfer ne peut rien. Bienvenue dans les catacombes.