Le paysage YouTube orthodoxe connait une nouvelle chaine orthodoxe, d’obédience sergianiste. Elle s’appelle « foi patristique ». Une vidéo de cette chaine a été faite pour répondre à notre récente vidéo « sommes-nous une parasynagogue ? ». Leur réponse durait 2 heures et j’ai réalisé une réponse qui dure 4 heures. Je propose ici de mettre les éléments centraux de l’ecclésiologie VCO.

Eglise visible et invisible

La personne attaquait le principe d’Eglise visible et invisible, disant que c’était quelque chose de propre à l’œcuménisme. C’est pourtant exact et une notion du catéchisme, qu’on peut trouver dans celui de Philarète.

Q. Comment l’Église qui est visible peut-elle être un objet de foi, puisque la foi, au dire de l’Apôtre, est la manifestation des choses invisibles ?
R. Quoique l’Église soit en effet visible, la grâce qui lui appartient et qui agit en ceux qui lui sont consacrés est invisible ; or, c’est cette grâce qui est proprement l’objet de notre foi en l’Église.

De plus l’Église est visible en tant qu’appartenant à la terre, elle renferme dans son sein tous les chrétiens orthodoxes, vivants sur cette terre, mais en même temps elle est invisible, puisqu’elle existe aussi dans le ciel, et que tous ceux qui sont morts dans la vraie foi et dans la sainteté lui appartiennent.

L’évêque Irénée de l’ERHF

La personne nous répondant est de l’ERHF ralliée à Moscou en 2007, et s’imagine qu’en étant du troupeau de cet évêque, elle est bien dans l’Eglise. Ensuite j’avoue mal connaître cet évêque Irénée. Je ne connais que deux choses. Il est en communion avec Moscou. Il commémore un ex-agent du KGB à chaque liturgie. C’est pour moi suffisant pour ne pas le prendre comme évêque. Mais tous les goûts sont dans la nature. Ensuite, dans les points positifs, il a rompu la communion avec l’inénarrable Jean de Doubna lorsque celui-ci a ordonné des gens qui n’auraient pas du l’être. (https://orthochristian.com/144528.html). Quel dommage que son zèle canonique s’arrête à l’œcuménisme du patriarcat de Moscou.

En effet, le 20 octobre 2022, il était interviewé par orthochristian, un site de news orthodoxes pro Moscou, lors de l’élection du primat du ROCOR inféodé à Moscou :

« — Le Conseil a-t-il envoyé une notification au Patriarcat de Moscou concernant l’élection du métropolite Nicolas ? Avez-vous reçu une réponse ?
Bien sûr, notre Conseil a immédiatement communiqué ses décisions au Saint-Synode du Patriarcat, comme l’est le protocole établi par l’« Acte de communion canonique » signé en 2007. Alors que l’Église à l’étranger prend ses décisions pastorales-administratives de manière autonome, dans une matière telle que une élection épiscopale ou, dans ce cas, l’élection d’un Premier Hiérarque, il soumet cette décision au Patriarcat pour ce qu’on appelle la « confirmation canonique » ; c’est-à-dire la confirmation fraternelle que tout a été fait selon les Saints Canons et les pratiques de l’Église. C’est une partie importante du maintien de l’unité et de l’intégrité canonique de l’Église dans son ensemble : que rien ne soit fait “en privé” ou en secret, ou d’une manière coupée des autres (de telles choses ne sont vraiment pas orthodoxes), mais plutôt qu’une partie de l’Église soumette volontiers ses actions au regard d’une autre, afin qu’il y ait une assurance mutuelle que l’ordre canonique est toujours maintenu. »

La renonciation de Moscou au sergianisme

J’utilise les termes sergianistes et officiels comme deux synonymes quasi équivalents. A partir du moment où vous êtes dans une structure dans l’orbite de Moscou, vous êtes dans la définition clinique du sergianisme. Certains semblent considérer que la condamnation du sergianisme par le patriarcat de Moscou est sincère et suffisante. On me dira probablement qu’il est difficile de mettre en lumière la sincérité des signataires et que mon zèle m’aveugle. Cette condamnation a probablement autant de valeur que la condamnation par Arius de l’hérésie que les nicéens lui prêtaient. La boussole idéale pour apprécier la situation sera une déclaration des autorités moscovites sur Serge le traître. Quand le patriarche Kyrill déclarait en 2017 : « «Je voudrais dire qu’il y a 90 ans aujourd’hui, le métropolite Serge Stragorodsky a signé une déclaration bien connue. C’était le 29 juillet 1927. La déclaration avait pour but de rechercher la légalisation de l’Église dans l’État laïc. L’Église, comme on le sait, était privée de tous droits; le clergé était privé même des droits électoraux et complètement disqualifié… L’absence d’existence légale de l’Église en Russie pouvait conduire à une élimination complète et à la disparition du christianisme dans le pays.

Nous savons que le métropolite Serge a franchi cette étape sans violer en aucune façon ni les dogmes ni les canons afin de créer les conditions préalables à un éventuel développement des relations avec l’État et au renforcement du statut de l’Église dans l’Union soviétique d’alors. Quelques tentatives ont d’abord réussies et l’on sait que la fin des années 1920 et le début des années 1930 ont été marquées par un grand nombre de consécrations épiscopales et l’établissement de diocèses jusque dans les districts. Il semblait que l’Église avait maintenant l’occasion de restaurer son ordre canonique… Mais, comme l’histoire l’a montré, tout cela s’était déjà terminé en 1934, lorsqu’une première vague de répression a commencé dans les années 30. Et puis vinrent 1937, 1938 et par la guerre notre Église s’était complètement vidée de son sang, le clergé et l’épiscopat ayant traversé une ère de terribles persécutions. C’est la page la plus grave de notre histoire nationale, la page la plus dure de l’histoire de l’Église. ». On est loin de l’anathème nécessaire, mais il n’y a même pas la moindre distanciation. Kyrill nous joue son petit air de flute habituel : Serge s’est sacrifié et il sauvé l’Eglise.

Je tiens d’ailleurs à préciser qu’étant le plus grand lâche que la terre ait portée, à la place de Serge j’aurais fait pareil pour sauver ma misérable existence. Mais Dieu merci, je ne suis pas évêque. L’évêque, c’est le Christ parmi nous. Il doit avoir le calibre de savoir monter sur la Croix si cela est nécessaire. Serge n’a pas eu cette envergure. Je ne pense rien de l’homme qui a voulu sauver sa vie. Je pense le plus grand mal pour l’Eglise en Russie de son choix funeste en tant qu’évêque.

Donc oui, pour conclure sur ce point, est sergianiste toute personne dépendant d’un patriarcat n’ayant aucune légitimité à cause de ses violations canoniques et à cause de son origine non apostolique. En effet, le patriarcat de Moscou est et demeure une création de Staline. Tous ceux qui sont en communion avec lui, faisant fi de cette sombre réalité sont des sergianistes. Point final.

Les évêques hérétiques dans l’Eglise

La personne avançait qu’il existait des évêques hérétiques, catégorie complètement délirante. Je pense qu’il faut la qualifier d’hérétique non condamné. Simplement, l’Eglise n’ayant pas condamné formellement ces hérétiques, ils sont restés un moment dans l’Eglise. Croire que cela a été ainsi de façon volontaire c’est désobéir à saint Paul, et c’est penser que l’Eglise a désobéi à saint Paul, lorsqu’il écrivait à Tite : « Éloigne de toi, après un premier et un second avertissement, celui qui provoque des divisions, sachant qu’un homme de cette espèce est perverti, et qu’il pèche, en se condamnant lui-même. » (Tit 3 :10-11). Saint Cyprien de Carthage me semble tout à fait aligné avec saint Paul, et totalement orthogonal avec le concept d’évêque hérétique : « Mais si partout les hérétiques ne sont appelés que des adversaires et des antéchrists, s’ils sont déclarés être des gens à éviter, à pervertir et à condamner par eux-mêmes, pourquoi ne faut-il pas les considérer comme dignes d’être condamnés par nous, puisqu’il ressort du témoignage apostolique qu’ils sont eux-mêmes condamnés ? De sorte que personne ne doit diffamer les apôtres comme s’ils avaient approuvé les baptêmes des hérétiques, ou avaient communié avec eux sans le baptême de l’Église, quand eux, les apôtres, ont écrit de telles choses sur les hérétiques. » (lettre 73). On remarquera le concept d’auto condamnation ici, qui recoupe bien avec Basile déclarant de facto les hérétiques hors de l’Eglise. J’en reviens à la dimension divino humaine de l’Eglise. Si, du point de vue de la pesanteur humaine, tel évêque, pour tout un tas de raisons historiques n’a pas été condamné par ses pairs, cela ne signifie pas pour autant qu’il était dans l’Eglise. Et effectivement couper la communion avec lui n’est jamais que l’anticipation de ce que dira l’Eglise plus tard de façon synodale. Cette auto-condamnation saint Cyprien en parle de nouveau dans sa lettre 74 : « Il est clair que les autres hérétiques introduisirent aussi plus tard leurs sectes mauvaises et leurs inventions perverses, si bien que chacun était induit en erreur; Tous, il est évident, se sont condamnés eux-mêmes, et ont prononcé contre eux-mêmes une condamnation inévitable avant le jour du jugement ; et celui qui confirme le baptême de ceux-ci, que fait-il d’autre que de s’adjuger avec eux, et de se condamner, en se rendant complice avec eux ? » Si saint Cyprien ne condamne pas ici explicitement le fait de rester en communion, on peut voir quelque chose d’assez similaire puisqu’il condamne très durement ceux qui reçoivent leur baptême, exemple ici de complicité avec eux.

Saint Hypatius, higoumène d’un monastère de Constantinople déclara à propos de Nestorius : « Depuis que j’ai appris qu’il disait des choses injustes sur le Seigneur, je n’ai plus été en communion avec lui et je ne commémore pas son nom, car il n’est pas évêque. ». On peut trouver ça dans le numéro 177 des sources chrétiennes, paru en 1971). Hypathius est déclaré saint par l’Eglise. Ce n’est pas un zélote stupide à l’ecclésiologie douteuse. C’est un saint. Et surtout, il a déclaré cela AVANT que Nestorius ne soit condamné à Ephèse. Mais bien sûr, Nestorius étant alors le seul hérétique concerné, Hypathius n’a eu qu’à rompre la communion avec lui seul. Aujourd’hui, il me semble qu’Hypathius romprait la communion avec tout les cacodoxes et serait un zélote dans un de nos synodes en résistance.

Si la première session du septième concile œcuménique discuta de comment réintégrer les évêques iconoclastes dans l’Eglise, c’est bien que l’Eglise les considéra comme exclus. Il n’y avait pas eu de jugement émanant d’un quelconque tribunal ecclésiastique. L’iconoclasme étant une hérésie, tout le monde considérait les fautifs en dehors. Il me semble qu’ici nous sommes dans le cas clinique de l’hérétique non condamné officiellement. Pour la conscience de l’Eglise, un hérétique, même non condamné, n’est pas dans l’Eglise.

Le cas d’Eusèbe de Nicomédie et du baptême de Constantin

Autant le cas d’Eusèbe de Nicomédie est ardu, autant le cas de Constantin est simple. Le « problème » serait que si le baptême d’un arien est invalide, alors le baptême de Constantin est invalide puisque fait par un arien. Sauf que les pères du second concile œcuménique ne sont pas d’accord avec ce constat. Dans le septième canon, ils reconnaissent comme valide le baptême donné par les ariens puisqu’ils ne demandent pas de baptiser de nouveau. Constantin, défenseur de l’orthodoxie nicéenne toute sa vie, n’était pas soupçonnable d’avoir besoin des ajouts que prévoit le canon.

Passons à Eusèbe de Nicomédie. Pourquoi dis-je que c’est un cas ardu ? C’est un cas ardu, parce que contrairement à des hérétiques plus francs, c’est quelqu’un qui a beaucoup menti, beaucoup louvoyé, beaucoup manœuvré. Il a par exemple beaucoup menti à l’empereur Constantin en déclarant être toujours fidèle à Nicée. Il a pourtant été un adversaire acharnée du homoousios, et a manœuvré tel un expert en complot, pour provoquer la chute d’Athanase. Il n’a pas hésité à proférer toutes les accusations les plus fausses et calomnieuses. Nous, aujourd’hui, avec tous les documents en notre possession, nous savons que c’est un arien. Mais c’était un arien déguisé en nicéen quand cela lui était utile. C’est plus compliqué de traiter avec ce genre de spécimen. Mais j’attends qu’on me montre qu’Athanase était en communion avec lui. J’attends de voir un document, un texte qui mette ceci en évidence. En ce qui me concerne Athanase et les autres nicéens n’étaient pas en communion avec les ariens. Et donc je reste sur la vision qui est proposée dans notre vidéo : il n’y avait pas de nicéens en communion avec des ariens. Si je suis la logique de Basile, et la façon de considérer l’hérésie de Cyprien de Carthage, l’Eglise ce n’était que les nicéens.

A noter qu’à l’époque de l’arianisme, disons une bonne partie du quatrième siècle, il y a eu plusieurs groupes et pas une approche binaire entre nicéens et ariens. Le terme qui a poussé les gens dans différents groupes était le fameux homoousios. Il y avait donc le parti des homoousiens incarné principalement par Athanase. Il y avait également les homoiousiens, groupe distinct du précédent. A noter que ce groupe avait un saint : saint Cyrille de Jérusalem. Il y avait également ceux qu’on a classé comme homéens, dont le plus célèbre était Acace de Césarée. Puis il y avait les ariens purs. La difficulté ici au niveau de la communion est qu’il ne pouvait pas y avoir d’accord entre les ariens et les homoousiens. Mais il pouvait très bien y avoir des orthodoxes nicéens parmi les homoiousiens. La difficulté tenait au vocabulaire. Les termes de nature et d’hypostase n’étaient pas figés comme aujourd’hui. Donc je dirai, la difficulté à l’époque était peut-être de rompre la communion sur de fausses bases. Au moins, avec l’œcuménisme aujourd’hui, c’est plus simple : c’est hérétique et simple à conceptualiser. C’est pour cela, que les officiels aujourd’hui, n’ont aucune excuse.

L’hérétique est-il automatiquement exclu ?



Dans son canon, Basile ne dit pas le mot « mécaniquement » ni le mot « automatiquement ». Ce sont les gens du monde officiel qui nous obligent en quelque sorte à rajouter ces mots faire comprendre l’esprit du canon. Car Basile ne dit pas que l’hérétique est séparé de l’Eglise après un processus dont il décrirait les phases. Non il dit juste que l’hérétique est hors de l’Eglise. Ne pas comprendre l’automaticité de la chose frise l’absurde ici. Peut-on nous donner le contexte canonique indiquant la procédure à suivre pour expulser un hérétique de l’Eglise ?

L’on prend peut-être comme justification les périodes où les évêques, confrontés à un cas d’hérésie, faisaient une enquête, réunissaient les témoignages et prenaient une décision. Mais cela n’est pas applicable sérieusement en ce qui nous concerne, aujourd’hui. Pour nos trois griefs, nous avons à peu près un siècle de recul. Je pense que c’est suffisant. Un siècle de recul pour rompre la communion avec tous les cacodoxes qui fêtent Noël avec les romains, c’est suffisant. Un siècle de recul pour rompre la communion avec tous les sergianistes qui ne tirent pas leur légitimité de leur foi, c’est suffisant. Un siècle de recul sur la participation à l’œcuménisme, et ce que celui-ci signifie, c’est suffisant.

L’anathème de ROCOR de 1983

L’œcuménisme est condamné. Et pour avaliser cette condamnation, nous nous rattachons classiquement à l’anathème de 1983 contre l’œcuménisme du synode présidé par Mgr Philarète. Nous considérons que cela est un texte normatif. Un canon si j’ose dire.

Voici le texte : « Ceux qui attaquent l’Église du Christ en enseignant que l’Église du Christ est divisée en soi-disant “branches” qui diffèrent dans la doctrine et le mode de vie, ou que l’Église n’existe pas visiblement, mais sera formée à l’avenir lorsque toutes les “branches” ou sectes ou dénominations, et même religions seront réunies en un seul corps ; et ceux qui ne distinguent pas le sacerdoce et les mystères de l’Église de ceux des hérétiques, mais disent que le baptême et l’eucharistie des hérétiques sont efficaces pour le salut ; Par conséquent, à ceux qui sont consciemment en communion avec ces hérétiques susmentionnés ou qui prônent, diffusent ou défendent leur nouvelle hérésie de l’œcuménisme sous prétexte d’amour fraternel ou de l’unification supposée des chrétiens séparés, Anathème ! ».

Bien que, je le répète, nous ne soyons forcément partisans en théorie des ruptures de communion automatique dans absolument tous les cas de figure, ici, l’anathème de Mgr Philarète précise bien que l’anathème concerne tous ceux qui seraient en communion avec qui prône, défend ou diffuse cette effroyable hérésie. Il ne s’agit donc pas tant de ceux qui se rendent coupables de la violation, mais bien aussi de ceux qui sont en communion avec ceux qui font la violation. C’est pourquoi, dans le cas de l’œcuménisme, nous nous soumettons à ce que demande l’Eglise Russe Hors Frontières de la grande époque. Je rappelle qu’historiquement, cet anathème n’est pas un coup de tête de Mgr Philarète, mais qu’il fait suite à trois épitres envoyées à tous les évêques orthodoxes à propos de l’œcuménisme. La première épitre avait été envoyée en 1969, soit 4 ans après que la CIA, euh pardon le patriarche Athenagoras ait levé les anathèmes contre les catholiques romains.

La réalité de la lutte de l’intérieur

Ceux qui croient cela ne sont pas évêque. Ils n’ont pas les outils nécessaires pour mener une véritable lutte. Mais alors je demande, et je le demande à tous ceux qui luttent de l’intérieur : si vous ne pouvez rien faire, à quoi correspond concrètement votre lutte ? Si ce sont vos évêques qui doivent mener la lutte, alors je vous le demande. Voyez vous les conciles de condamnation se tenir ? Voyez-vous les anathèmes être lancés ? Voyez vous quelque chose qui ressemble de prêt ou de loin à une lutte ? Personnellement, vu de ma lanterne, tout ceci ressemble à une belle communion, bien comme il faut, et certainement pas une lutte. Je ne vois pas votre évêque Irénée lutter contre Cyrille de Moscou et son œcuménisme. J’imagine que ROCOR ralliée a coupé la communion avec Constantinople en 2018 suite à l’affaire ukrainienne. Donc ROCOR suit les intérêts territoriaux de Moscou. Mais pas la doctrine orthodoxe. Cet épisode ukrainien est intéressant à plus d’un titre. Cela montre que l’ERHF sait réunir des conciles, condamner Constantinople, s’opposer à eux, établir des ruptures de communion. Mais l’ERHF ne l’a jamais fait solennellement pour lutter contre l’œcuménisme. Votre guerre de l’intérieur, c’est du flan.

Faut-il un empereur sachant que la plupart du temps ils ont fait du mal à l’Eglise ?

Aborder le problème ainsi est un sophisme. Est-ce parce que les empereurs russes ont été plutôt néfastes pour l’Eglise que tout empereur russe sera obligatoirement néfaste pour l’Eglise ? Est-ce parce que les empereurs byzantins ont souvent été néfastes pour l’Eglise qu’il faut oublier les Constantin, les Théodose ou les Justinien ? Lorsque je parle d’un empereur capable de remettre de l’ordre, vous me répondez 1484. Vous feignez de ne pas comprendre. Aujourd’hui Moscou, Constantinople, Belgrade, Tbilissi, Sofia, Bucarest, Jérusalem, Alexandrie, Antioche sont tous hérétiques. Vous croyez qu’ils vont faire un concile pour s’auto-condamner ? Je suis croyant, mais pas en ça. J’y crois autant que dans la pertinence du combat de l’intérieur. Seul un élément extérieur, disposant du pouvoir séculier pourrait ramener de l’ordre. Byzance étant tombée, j’avais suivi la marche de l’histoire, et le dernier empereur qui fut était russe. Ce n’est pas n’importe quoi. Cela s’appelle l’histoire. Nicolas 2 était le dernier empereur orthodoxe. Vous connaissez beaucoup de pays, aujourd’hui capable de susciter un souverain orthodoxe qui pourrait remettre de l’ordre ? Un dirigeant profane comme Vladimir Poutine ne pourrait pas car il n’incarne pas un pouvoir ayant officiellement et ontologiquement une dimension religieuse. Je ne vais pas insulter les autres pays en disant qu’ils n’ont pas la puissance nécessaire pour ce faire.

Le principe de la communion empoisonnée

Les VCOs considèrent que si l’on est en communion avec quelqu’un qui est en communion avec quelqu’un d’hérétique, cette chaine de communion est problématique. Nos détracteurs appellent ce principe « la communion empoisonnée ». Ils disent de façon imprudent que cela n’est pas du tout traditionnel. Ils disent que cela n’existe pas. Il me semble donc qu’il faille donner quelques références qui illustrent le fait de se couper de l’hérétique, mais également de celui qui communie avec l’hérétique. Le principe me semble du simple bon sens, mais visiblement ce qui me semble évident ne semble pas orthodoxe à tout le monde…

Voyons ce que disait saint Théodore le Studite, écrivant à l’évêque Euthyme de Sardes : “Vous savez, Votre Révérence, que par la voix commune des confesseurs qui sont encore sur la terre et de ceux qui sont partis vers le Seigneur, il a été décrété que le clergé qui a été une fois condamné pour communion avec les hérétiques devrait être interdit de servir jusqu’à l’examen par la Providence d’en haut. Comment pouvons-nous transgresser cette règle et en recevant une seule personne étendre la loi à tous ceux précédemment interdits et ainsi agir contrairement à notre supérieur divin et le plus élevé… et tromper d’autres confesseurs et produire la discorde parmi les gens qui suivent strictement les règles ? » (lettre 212)

Le même Théodore le Studite : « Vous savez, honoré de Dieu, que d’un commun accord des confesseurs encore vivants sur la terre et de ceux qui ont comparu récemment devant le Seigneur, il a été décidé d’interdire de servir ceux qui ont été séduits ne serait-ce qu’une seule fois dans la communion avec les hérétiques - cela va de soi jusqu’au moment de la visitation de la Providence divine, c’est-à-dire jusqu’à la convocation d’un Concile qui rétablit l’orthodoxie. » (lettre 284)

Donc on voit que pour Théodore, ceci a lieu avant la tenue d’un éventuel concile qui vient exprimer la foi de l’Eglise une.

Je confesse que notre mode de fonctionnement sur ce point est assez proche, en terme de tempérament, de ce qu’écrivait l’immense saint Théophane le Reclus, à propos de saint Paul écrivant aux Galates que celui qui prêche un autre évangile doit être anathème : « L’apôtre n’a posé que le début de l’anathématisation. Depuis lors, toutes les opinions dignes de ce châtiment ont déjà été marquées par l’Église. À l’heure actuelle, il est inutile d’attendre un acte ecclésiastique spécial pour frapper les malfaiteurs de ce jugement. Eux-mêmes mettent leur propre tête sous cette épée dès qu’ils acquièrent des opinions contraires à la vérité et commencent obstinément à insister sur elles. ». (commentaire de Galates)

J’ajoute que l’anathème de 1983 a bien évidemment une portée universelle, et ne concerne pas un hypothétique clerc à l’intérieur de ROCOR qui succomberait aux sirènes de l’œcuménisme. L’anathème lancé par Philarète concernait, et concerne encore aujourd’hui tout le corps de l’Eglise. C’est le moment où l’Eglise dans sa dimension humaine et organisée a pris conscience de la réalité céleste et mystique qui existait depuis bien longtemps. Il faut aussi que les gens qui sont sous cet anathème en comprennent les conséquences en terme de salut.





L’Eglise si elle avait fonctionné sur le mode VCO, aurait disparu.

Quelle idée bizarre. Je la reformule pour bien en saisir toute l’absurdité : si on accepte pas la cohabitation de l’orthodoxie et de l’hétérodoxie dans l’Eglise, celle-ci disparait à court terme. Comme si l’Eglise avait besoin d’hétérodoxie pour traverser le temps. Comme si l’hérésie était gage d’éternité. On nous avance le fait que saint Basile était en communion avec des gens qui étaient en communion avec des ariens. On aurait des exemples de ce genre dans tous les siècles. Mais qu’on donne ces exemples ! Je serai très curieux de voir cela. Et pour que cela soit valide, il faut bien entendu que Basile soit conscient de la turpitude de l’autre hiérarque. Car bien évidemment, si Basile n’avait pas conscience ou connaissance de la violation canonique, cela n’a aucune valeur.

L’Eglise aurait-elle disparu ? Mais pourtant, nous avons à chaque époque des évêques intraitables. Donc je ne comprends pas comment cette disparition serait même possible, en dehors même du fait que le Christ nous a dit que l’enfer ne pouvait rien contre l’Eglise. Athanase et Basile pour ne prendre qu’eux n’ont jamais été en communion avec des ariens ouvertement et officiellement ariens. Je ne comprend pas de quelle disparition vous parlez. Aujourd’hui, si Adamakis, Bartholomée, Cyrille de Moscou, Jean de Doubna ou votre évêque étaient déposés, comme ils le méritent, je ne vois pas trop ce que l’Eglise perdrait. De même si la papauté s’effondrait une bonne fois pour toutes.

Le Canon 15 de prime second n’oblige pas à la rupture de communion

Très bonne remarque. Le canon 15 effectivement n’oblige pas à rompre la communion. En effet, ce canon édité au neuvième siècle est plein de sagesse et de mémoire. Il sait que l’Eglise est pleine de tièdes, pleine d’attentistes, pleine de mièvres. Ce canon de plus est méthodologique : il indique par sa conclusion « mais au contraire ils s’efforcèrent de préserver l’Église de schismes et de divisions. » que la rupture de communion est la meilleure façon de faire. Vous prônez le pourrissement et l’attentisme. Nous prônons la rupture lorsque cela a été bien pesé, étudié et jugé nécessaire. Si les évêques avaient fait leur boulot dans les années 20 en rompant la communion avec les hétérodoxes de Constantinople, nous ne serions pas dans cette situation aujourd’hui.

La lutte de l’intérieur c’est du polypapisme

Cette ecclésiologie de lutte de l’intérieur, si elle a plusieurs caractéristiques est celle qu’on pourrait qualifier de polypapisme. Je m’explique. L’ecclésiologie papiste considère que pour être dans l’Eglise, il faut être en communion avec le Pape. Peu importe ce qu’il fait. Peu importe son respect de la doctrine. Vous êtes en communion avec lui, c’est bon, vous êtes dans l’Eglise. Pour les lutteurs de l’intérieur, c’est pareil, mais avec une pluralité de personnes. Du moment que l’on est en communion avec un des patriarches de l’Eglise officielle, indépendamment de ce qu’ils professent, font ou ne font pas. C’est bon. Vous êtes dedans. Est conférée une autorité à des gens qui ont un titre ayant une dimension historique. Vous confondez l’Eglise institution et l’Eglise comme communion de foi. Dans cette vision, l’appartenance à l’institution est plus importante que la communion de foi.

Le cas de saint Maxime le Confesseur

Il est important pour l’ecclésiologie polypapiste que Maxime soit resté au moins en communion avec un grand siège. Il est vital qu’il n’ait jamais rompu avec la totalité des sièges.

Du point de vue historique il est vrai que lorsque Constantinople était devenu monothélite, Rome ne l’était pas. Rome avait d’ailleurs tenu le concile du Latran de 649, où Maxime et le Pape Martin avaient obtenu la condamnation du monothélisme. Donc, formellement, historiquement, oui, Maxime n’a jamais rompu avec les cinq grands sièges.

Mais ceci ne prouve absolument pas le point. La question qui est posée ici est : est-ce que Maxime aurait pu, si l’empereur avait placé une marionnette à lui sur le siège romain, et sur tous les autres sièges qui constituent l’Eglise dans une vision mondaine, dans cette situation toute particulière, est-ce que Maxime aurait finalement toléré la présence hétérodoxe du monothélisme à côté de la vision des deux volontés conforme à l’orthodoxie ? Vous allez me dire que nul ne peut le savoir. Et bien si, nous pouvons le savoir, grâce à l’ouvrage « la vie de saint Maxime le Confesseur » que nous devons à un de ses disciples nommé Anastasius. Et on peut lire dans cet ouvrage, que celui qui était chargé par l’empereur de faire plier Maxime lui fit croire que tous les sièges étaient devenus monothélites. D’après Anastasius, l’émissaire lui dit : « A quelle église appartenez-vous ? A celle de Byzance, de Rome, d’Antioche, d’Alexandrie ou de Jérusalem ? Car toutes ces églises, ainsi que les provinces qui leur sont soumises, sont dans l’unité. Par conséquent, si tu appartiens aussi à l’Église catholique, entre tout de suite en communion avec nous, de peur qu’en te frayant un chemin nouveau et étrange, tu ne tombes dans ce à quoi tu ne t’attends même pas ! ». Donc ici nous sommes précisément dans le cas qu’aurait du refuser Maxime. Si les polypapistes de la lutte de l’intérieur ont raison et que les VCOs ont tort, alors Maxime doit opter pour le fait d’accepter momentanément le monothélisme puisque l’Eglise entière est monothélithe. S’il refuse la communion avec tout le monde, il sort de l’Eglise, il perd la grâce. Il va donc opter pour la tactique d’attendre. Il va mener la guerre de l’intérieur et tout va bien se passer. On est d’accord, que si vous avez raison, c’est bien cela que va faire Maxime ? Je laisse de côté le cas hypothétique où Maxime considérerait que l’émissaire impérial bluffe. Car en effet, c’était du bluff. Rome n’était pas et n’a jamais à mon sens été monothélite.

Voyons donc la réponse de Maxime qui est censé me donner tort. Maxime a répondu « Le Christ Seigneur a appelé cette Église l’Église catholique qui maintient la véritable et salvatrice confession de la foi. C’est pour cette confession qu’il a appelé Pierre bienheureux, et il a déclaré qu’il fonderait son Église sur cette confession. Cependant, je souhaite connaître le contenu de votre confession, sur la base de laquelle toutes les églises, comme vous le dites, sont entrées en communion. Si elle n’est pas opposée à la vérité, alors je ne m’en séparerai pas non plus. ». Mais que fait Maxime ? Mais est-il devenu fou ? ou pire ? VCO ? Il ne lui importe pas de rester en communion avec des sièges historiques ? Il veut juste confesser et uniquement confesser la foi des Apôtres et des Pères ? Ferait-il donc découler l’unité de la vérité, au contraire de vous qui faites découler la vérité de l’unité ?

Je trouve édifiant de produire la suite du dialogue. L’émissaire expose une foi monothélite. Maxime la refuse. Maxime lui dit : “Ils [les patriarches de Constantinople et d’Alexandrie et tous les autres évêques hérétiques de l’Orient] ont été déposés et privés du sacerdoce lors du synode local qui a eu lieu récemment à Rome. Quels mystères peuvent-ils donc accomplir ou quel esprit descendra sur ceux qui sont ordonnés par eux ? “

“Alors toi seul seras sauvé, et tous les autres périront ?” lui objectent les émissaires de l’empereur.

A cela, le saint répondit: “Quand tout le peuple de Babylone adorait l’idole d’or, les trois saints enfants ne condamnaient personne à la perdition. Ils ne se préoccupaient pas des actions des autres, mais ne prenaient soin que d’eux-mêmes, de peur qu’ils ne quittent la piété véritable. De la même manière, lorsque Daniel fut jeté dans la fosse aux lions, il ne condamna aucun de ceux qui, accomplissant la loi de Darius, ne voulurent pas prier Dieu, mais il garda à l’esprit son propre devoir, et désirait plutôt mourir que de pécher contre sa conscience en transgressant la Loi de Dieu. Dieu me garde de condamner qui que ce soit ou de dire que moi seul suis sauvé ! Cependant, j’accepterai plutôt de mourir que d’apostasier d’une quelconque façon de la vraie Foi et souffrir ainsi des tourments de conscience.”

« Mais que ferez-vous, demandèrent les envoyés, lorsque les Romains seront unis aux Byzantins ? Hier, en effet, deux délégués sont arrivés de Rome et demain, jour du Seigneur, ils communieront les Saints Mystères au Patriarche.

Le Saint répondit: “Même si tout l’univers est en communion avec le Patriarche, je ne communierai pas avec lui. Car je sais par les écrits du saint Apôtre Paul: le Saint-Esprit déclare que même les anges seraient anathèmes s’ils commençaient à prêcher un autre évangile, introduisant un nouvel enseignement.”

CQFD si j’ose dire. Maxime était en théorie prêt à rompre avec la terre entière si la terre entière était hérétique.

Le cas de Mélèce d’Antioche

J’en ai déjà parlé plusieurs fois, et je trouve que cela illustre parfaitement l’ecclésiologie et la sagesse de l’Eglise. On se souvient que Mélèce avait été élu évêque dans des conditions douteuses car sacré évêque par des ariens. Il avait même un passé arien. Ce sacre et ce passé avaient d’ailleurs motivés l’occident et une partie de l’Orient à sacrer un second évêque à Antioche. Et pourtant, contre toute attente, suite à son élection, Mélèce s’est mis à professer une foi nicéenne. Des gens, tous orthodoxes, se sont affrontés quant à savoir comment considérer Mélèce. Est-il orthodoxe ou pas ? Et bien sachant que Mélèce présida le second concile œcuménique et baptisa et ordonna saint Jean Chrysostome et qu’il aussi saint Basile de Césarée comme diacre et que celui-ci lui restera fidèle toute sa vie, on voit que ce sont affrontées au final deux visions ecclésiologiques : celle que vous prêtez aux VCOs et celle qu’ont les VCOs.

Celle que vous prêtez aux VCO dit que Mélèce, un jour arien, doit être considéré à jamais arien. Que donc un hérétique ne peut plus jamais être dans l’Eglise.

Ce que disent les VCOs est que Mélèce d’Antioche, bien que sacré dans des conditions scabreuses, bien qu’ayant eu des déclarations ariennes, doit être considéré comme orthodoxe. Nous savons qu’il existe ce qui s’appelle un parcours spirituel. Si quelqu’un d’hérétique abjure son hérésie et défend la vraie foi, au nom de quoi devrions nous le considérer hors de l’Eglise ?

Ainsi, même si Maxime seul avait été l’Eglise à un moment, celle-ci n’aurait pas disparu. Même si Maxime fut à un moment l’Eglise, il suffisait que Maxime parle à un évêque et puisse le convaincre pour que cela perdure.

Réponse à la définition de l’Eglise suivante : « l’Eglise orthodoxe c’est la communion des évêques qui communient entre eux »

Définition de l’Eglise assez fascinante, en plus d’être complètement à côté de la plaque bien sûr. Jamais, aucun théologien, aucun catéchisme ne l’a présenté et ne la présente ainsi. Car il manque un élément fondamental, celui que les polypapistes laissent de côté : la foi orthodoxe. On a bien compris leur papisme rampant et il apparait encore ici au grand jour. Pour vous, confesser la foi droite, c’est un détail. Ce n’est absolument pas un prérequis, une condition. Non. Ce qui est demandé c’est simplement d’avoir des gens qui occupent des places et qui se reconnaissent entre eux.

Comme à mon habitude, je ne vais pas donner ma définition mais je vais rapporter les différentes définitions et descriptions données par Macaire Boulgakov. L’Eglise est traitée dans le tome 2 de sa dogmatique. Page 219 il écrit : « Le nom d’Eglise du Christ s’emploie en différents sens plus ou moins étendus. Le plus étendu, c’est celui selon lequel on dit que l’Eglise de Christ est la société de tous les êtres raisonnables et libres, c’est-à-dire des Anges et des hommes, croyant en Christ sauveur, et unis en Lui, comme en leur unique chef ». On voit que dans cette toute première définition, il est demandé aux gens de croire quelque chose. On n’explique rien d’un rattachement particulier, suivant une liste de VIP avec qui être. L’Eglise, c’est avant tout une foi particulière, et celui qui dirige tout ça c’est le Christ.

Page 220 il ajoute « Dans un second sens, moins étendu, mais plus usité, l’Eglise de Christ embrasse proprement les hommes qui ont professé et qui professent la foi chrétienne, tous sans exception, n’importe le temps où ils ont vécu et le lieu où ils se trouvent, qu’ils soient sur la terre ou recueillis dans la région des morts ». Ici encore, on ne parle que d’une seule foi. Il apparait évident que ceux qui ne professent pas ou ne professaient pas cette foi n’en font pas partie et n’en ont jamais fait partie. Vous êtes donc out très rapidement. Votre définition de l’Eglise est complètement en décalage avec cela. Je la redonne pour que l’on puisse voir à quel point vous êtes à des années-lumière de l’orthodoxie : « l’Eglise orthodoxe c’est la communion des évêques qui communient entre eux ».

Macaire Boulgakov précise page 222 : « Au reste, parmi ceux qui sont morts , ceux- là seuls , d’abord , appartiennent à l’Église de Christ qui , ayant « gardé la foi » sur la terre, « ont reçu » dans le ciel « la couronne de justice , que Dieu a réservée à tous ceux qui l’aiment » ( II Tim . , IV , 8) ; et il est bien évident que ces hommes sont les membres les plus vivants du corps de Christ ( 1 ) ; ensuite ceux qui , morts dans la foi et dans la repentance , sans avoir eu le temps d’emporter de dignes fruits et n’ayant pas reçu de récompenses célestes , ont pourtant l’espoir d’atteindre l’éternelle félicité par le secours des prières de l’Église; car ces hommes aussi ont la foi en Christ, et ils se sont réconciliés avec lui par la repentance ; c’est-à - dire qu’ils ne sont point repoussés du corps de l’Église , qui par cette raison prie pour eux (2) . Mais tous ceux d’entre les morts qui , pendant leur vie , se sont eux -mêmes séparés de l’Église, ayant altéré en eux ou perdu tout à fait la foi en Jésus- Christ , et qui , étant morts dans l’impénitence, se sont privés même des prières de l’Église, ceux - là ne lui appartiennent point ». On voit ici très clairement que pour cette référence en théologie dogmatique, on ne sort pas de l’Eglise en rompant la communion avec les escrocs en soutane, mais seulement en ne confessant plus la foi orthodoxe.

Dois je vous rappeler que le Christ fonde solennellement l’Eglise lorsque Pierre fait sa déclaration de foi, et le Christ dit que ceci, cette déclaration de foi fonde son Eglise. Où voit-on que l’on doit être en communion avec des hérétiques ?

Dois je vous rappeler le Christ déclarant à la fin de Marc : « celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Mais celui qui ne croira point sera condamné ». Avez-vous une version de la Bible différente ? avez-vous « celui qui croira ce qu’il veut du moment qu’il sera en communion avec un des patriarches censés être successeurs de mes apôtres sera sauvé ? celui qui croira de façon correcte mais qui refusera cette discipline ne sera pas sauvé ». C’est ça votre Bible ?

Macaire Boulgakov explique sur de nombreuses pages que l’Eglise est ouverte aux pécheurs. Ce n’est pas pour rien s’il y a le sacrement de pénitence. A partir de la page 232, en citant le catéchisme de 1840, il explique les catégories particulières de gens qui sont exclues « par l’action visible de l’autorité de l’Eglise ou par l’action invisible du jugement de Dieu, sont séparés de l’Eglise comme des membres morts ». C’est l’article 9. Je sais que vous avez du mal avec cette dichotomie visible / invisible mais il va falloir vous y faire. C’est orthodoxe. C’est ça l’orthodoxie. A chaque fois que je donne du visible/invisible vous voulez me cataloguer œcuméniste mais cela montre juste que vous n’avez pas les bases en catéchisme. Ou alors vous pouvez me dire que Macaire Boulgakov n’est pas orthodoxe, et ce sera plus simple pour tout le monde. Faites nous une réponse pour nous dire que Macaire Boulgakov dit des hérésies. Et en ce cas les choses seront claires, pour tout le monde.

Je reprends. Les 4 catégories de gens exclus de l’Eglise, visiblement ou invisiblement sont :

      1) Les apostats de la foi chrétienne
      2) Les hérétiques. Il précise d’ailleurs pour les polypapistes du futur : « les hérétiques, qui sans avoir renié complètement la foi chrétienne, la rejettent pourtant et l’altèrent dans ses dogmes capitaux ». On se souviendra avec intérêt que saint Jean appelle les hérétiques les antéchrist, et qu’admettre des évêques hérétiques c’est considérer positivement le fait d’être en communion avec des antéchrist, et que l’Eglise c’est donc un savant mélange d’antéchrist et de saints.
      3) Les schismatiques qui refusent d’obéir à l’autorité de l’Eglise. Leur séparation est volontaire. Ici, on voit que nous ne sommes plus dans l’ecclésiologie de saint Basile.
      4) Les personnes que l’Eglise, au travers de son pouvoir de lier et délier, trouvera nécessaire d’exclure.

Macaire Boulgakov apporte une précision intéressante page 237, basée sur la lettre 43 de saint Augustin : « Quand nous disons que les hérétiques et les schismatiques n’appartiennent point à l’Eglise, nous n’entendons pas ceux d’entre eux qui tiennent secrètement à une hérésie ou à un schisme, tout en cherchant à paraitre faire partie de l’Eglise, et en restant extérieurement fidèles à ses institutions, ou qui ont adopté des erreurs hérétiques et schismatiques par ignorance et sans une mauvaise intention ni opiniâtreté ; car évidemment ils ne sont point encore séparés eux-mêmes visiblement de la société des fidèles, et ils n’ont pas été séparés non plus par l’autorité ecclésiastique, - bien qu’ils soient peut-être déjà excommuniés par le jugement de Dieu, qui est un mystère et pour nous et pour eux ».

Mais nous luttons non pas contre des gens qui ont envie de fêter Noël le 25 décembre du calendrier grégorien, mais bien contre des gens qui fêtent Noël le 25 décembre du calendrier grégorien. Ils ne souhaitent pas prier avec les hérétiques. Ils prient avec les hérétiques. Ils ne souhaitent pas obéir à leur dirigeant politique plutôt qu’au Christ. C’est ce qu’ils font.

Si ces gens fêtent Noël à la mauvaise date, violent les canons et tirent leur légitimité d’une autorité autre que le Christ, c’est qu’ils sont dans l’erreur. Comment alors peut-on les voir dans l’Eglise sachant que « la prérogative particulière de l’Eglise catholique ou universelle consiste en ce qu’en matière de foi ‘elle ne peut jamais faillir, ni tromper, ni se tromper sur elle-même, mais que, comme la Sainte Ecriture, elle est infaillible et d’une importance perpétuelle (lettre des patriarches art 2)’ » (p 286).

Je ne dis rien de neuf en disant que l’Eglise est apostolique. Lorsque saint Irénée explique comment voir la vérité de la doctrine par un enseignement crédible via une succession apostolique, comment ça marche chez ceux qui admettent des évêques hérétiques, puisque orthodoxie et hétérodoxie se côtoient ? Dans son fameux traité contre les hérésies, livre III chapitre 3 il écrit « celui qui veut connaître la vérité peut discerner dans chaque Eglise la tradition apostolique annoncée dans le monde entier, et nous pouvons nommer ceux que les Apôtres ont établis évêques des Eglises et même leurs successeurs jusqu’à nous, qui n’ont jamais rien enseigné ni connu de ce qu’imaginent les hérétiques ». Comment est-ce même concevable dans ce système d’Eglise où existe l’hérésie ? Y’a-t-il un petit signe sur la soutane de l’évêque pour indiquer si c’est un hérétique ou un orthodoxe ? Comment Irénée peut-il dire qu’aucun évêque n’a enseigné l’hérésie si il y a des évêques hérétiques ?

Verset à méditer

« Quittez la stupidité, et vous vivrez, Et marchez dans la voie de l’intelligence! Celui qui reprend le moqueur s’attire le dédain, Et celui qui corrige le méchant reçoit un outrage. Ne reprends pas le moqueur, de crainte qu’il ne te haïsse; Reprends le sage, et il t’aimera. Donne au sage, et il deviendra plus sage; Instruis le juste, et il augmentera son savoir. Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel; Et la science des saints, c’est l’intelligence. » (Pro 9:6-10)